jeudi 12 janvier 2023

jacques halbronn Sociolinguistique. La dérive réductionnlste du pluriel et du féminin par mimétisme

jacques Halbronn Sociolinguistique. La dérive réductionniste du pluriel et du féminin par mimétisme Il est toujours intéressant de déterminer les causes d'erreur et de corruption au sein d'une langue, non seulement au niveau de l'écrit mais aussi de l'oral. Cela tient fréquemment à un processus mimétique visant pour les formes les moins "nobles" à copier celles qui sont le dessus du panier. Rappelons les thèses que nous avons récemment formulées dans le cadre du réductionnisme consistant à partir d'une base donnée à la réduire, au sens alchimique du terme. C'est ainsi que nous avons signalé le passage du pluriel au singulier et du féminin au masculin en français, langue pilote à notre sens. Le phénoméne du mimétisme, on l'aura deviné, se manifeste par l'adoption du réductionisme pour les formes pour lesquelles ce n'était pas prévu, ce qui aboutit ipso facto à une certaine confusion plus ou moins dommageable. Prenons le cas de la prononciation des verbes français au pluriel, soit la forme non vouée à un processus de réduction. Force est, en effet, de constater que les formes plurielles en "ons",en "ont" se prononcent actuellement en français -et cela ne date pas d'hier- sur un mode "réducteur" avec le son 'on" qui devrait réservé au singulier du français comme 'mon", "ton", 'son" dans le cas des possessifs. Il faudrait prononcer à l'anglaise et paradoxalement, l'anglais aurait conservé, de par ses emprunts - phénoméne assez courant en l'occurrence- ce que le français aurait perdu quant à ses formes non "réduite". Un autre exemple d'anomalie se trouve à propos des adjectifs. On prononce "grande" comme on prononce "grand" en ce qui concerne la forme "an" comme tout à l'heure la forme "on", formes d'ailleurs que l'on retrouve en anglais du fait des emprunts . ex: "I don't" ou "I can't". Or ces formes dotées d'un "n" sont en principe réservées au processus de reduction alors que dans bien des cas, elles auront fini par être adoptées pour les formes "non réduites". Le français se caractérise par un usage très particulier des lettres "n" et "e", lesquelles sont susceptibles par leur présence de générer des traitements spécifiques par leur présence ou par leur absence. Cette confusion plus ou moins délibérée du pluriel avec le singulier et du féminin avec le masculin est un facteur de dysfonctionnement social. Abordons à présent le probléme sous un autre angle avec le cas de l'italien. Ce qui distingue notamment l'italien de l'espagnol (castillan), concerne les marqueurs dont on sait qu'il s'agit là d'une relation centrale pour notre anthropologie linguistique. C'est ainsi que l'italien ne marque pas le nombre par la lettre "s" comme dans les autres langues du corpus des langues latines ou latinisées (comme l'anglais). Notons que si le français recourt à l'écrit à un tel marqueur, il ne le prononce pas pour autant à la différence de l'espagnol et de l'anglais que l'on peut intégrer dans ce corpus, par le biais de sa dépendance par rapport au français. Mais, comme il a été dit plus haut, cette non -prononciation du "s" en français pourrait s'expliquer par le mimétisme décrit plus haut. Cela fait plus "chic" comme dans le cas de cette non prononciation du "r" chez les Incroyables. Notice Wikipedia: "Non contents de paraître myopes, contrefaits et malingres, les Incroyables et les Merveilleuses se signalaient également par la singularité et l’affectation de leur manière de prononcer les mots. La lettre « r », notamment, se prononçait normalement le plus souvent roulée, mais à cette prononciation jugée trop « provinciale », on commença à substituer une prononciation « à l'anglaise », plus douce, presque inaudible, qui donnait l'impression de faire disparaître le « r » aux oreilles habituées au roulement apical. Une légende veut que le « r » était tombé en disgrâce pour constituer la première lettre du mot « Révolution » qui avait « fait tant de mal ». Mais les affectations de prononciation sont un peu antérieures à la révolution et ne concernent pas uniquement le « r » : le « l » et le « g » ont aussi été affectés par cette mode d'accent cosmopolite, qui tendait à rendre moins « dures » toutes les consonnes, par affectation intellectuelle" Cette façon qu'a la langue toscane de ne pas marquer le s au pluriel nous semble typique d'une mode réductionniste qui comme son nom l'indique implique un certain raccourcissement des mots, la suppression de syllabes etc. On peut envisager que l'italien nous restitue le mode de prononciation du latin écrit dans son traitement du nombre, ce qui correspond à la pratique orale du français. Mais ce qui pose alors probléme, c'est la notion même de prononciation de l'écrit si l'on admet que l'écrit est la transcription de l'oralité. Que faut-il entendre par là? Peut-on supposer que le pluriel et le féminin s'articulent sur le mode de l'écrit alors que le singulier et le masculin reléveraient de l'oral? Le français serait parvenu à maintenir un tel dualisme là où d'autres langues du dit groupe auraient basculé soit vers l'oralité comme l'italien, soit vers l'écrit comme l'espagnol, l'anglais. Dans le cas du latin, on ne peut juger que sur un traitement relativement récent mais l'on peut raisonnablement supposer que le latin correspond ici assez bien à ce qu'il est advenu du français. En tout état de cause, la phonologie de l'italien et du français pour ce qui est des formes 'réduites" (voir le concept de réduction dans nos travaux) du masculin et du singulier, devrait servir de référence pour la prononciation du latin dans ces deux cas de figure. On aura compris que le systéme aura été perturbé et qu'il faut prendre la mesure de ces troubles pour rétablir le fonctionnement tel qu'envisagé initialement par ses concepteurs car pour nous une langue reléve d'une sorte de plan d'architecte et il ne s'agit pas d'en contester l'existence sous prétexte des dérives et des altérations qu'il aura pu subir. Il est vrai que dans certains il n'est pas toujours aisé de déterminer quelle est la régle et quelle est l'exception et parfois les exceptions auront fini par être plus nombreuses que la régle. Voilà pourquoi une base anthropologique est éminemment souhaitable. Dans le cas du pluriel, le processus de l'élection d'un seul par une masse illustre tout à fait de que nous entendons par "réduction" et dans le cas du féminin, il nous semble que là encore, c'est bien une tension entre le pluriel et le singulier qui est à l'oeuvre. JHB 12 01 23

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