mercredi 23 décembre 2009

Le NOA (Nouvel Ordre Astrologique) : distinguer les niveaux 1 et 2

L'idée du NOA ne consiste nullement à régenter les pratiques astrologiques de A jusqu'à Z. Il n'est pas question ici d'un quelconque projet totalitaire, comme on pourrait le penser pour le système de J. P. Nicola voire de Rudhyar. Il s'agit, tout au contraire, d'un certain lâcher prise de la démarche théoricienne avec des contreparties, somme toute, assez mineures et que bien des praticiens semblent disposés à accepter. Avec le NOA, il n'est pas non plus question de prôner une déontologie déconseillant telle ou telle pratique, comme on a cru bon vouloir l'instaurer à la FDAF. Mais il ne s'agit pas non plus d'un complet laisser faire (se réduisant à un savoir faire, comme le propose un Serge Bret-Morel). Le NOA, c'est autre chose et comme pour l'œuf de Christophe Colomb, encore fallait-il y penser.
Ce que demande le NOA à ses membres, c'est d'admettre simplement de reconnaitre et d'admettre un certain modèle qui coifferait et organiserait les diverses approches de l'astrologie. Une fois le dit modèle accepté, chacun est libre de procéder comme il l'entend. Est-ce là trop demander pour permettre à l'Astrologie de trouver une certaine unité et une certaine scientificité, en amont et une efficacité sur le terrain en aval?
.Ce que demande le NOA à ceux qui reconnaissent son autorité, c'est de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, les bœufs étant censés trainer la charrue et non l'inverse. Et qu'est ce qui traine et entraine l'astrologie, si ce n'est une cyclicité offrant une certaine transparence. Au NOA, on connait ce qui se passe dans la pratique et l'on sait pertinemment que les astrologues ne sont pas au clair avec la cyclicité, en dépit de leurs dires. Et il faut que cela change! Comme nous disons, au NOA, mettre en circulation trop de cycles tuent la cyclicité, noient le discours astrologique! Il ne semble pas qu'Yves Lenoble, par exemple, ait pris la mesure du problème, dans son traité sur les cycles en astrologie....
Le NOA ne propose pas un système de plus mais un supersystéme englobant tous les systèmes et seule cette faculté englobante qualifie un supersystéme.
Avant même de déterminer ce qu'est ce supersystéme, il importe déjà de préciser ce qu'il n'est pas, à savoir qu'il ne prétend aucunement proposer ou imposer un certain zodiaque, un certain système des aspects, des maisons, une certaine série de planètes. Le NOA est ouvert à tous les systèmes sans exception, du moment qu'ils acceptent de se situer dans ce que nous appelons le niveau 2.(voir nos discussions sur teleprovidence, au cours du mois de novembre 2009)
L'idée principale du NOA est en effet la distinction entre ce qu'on appellera le niveau 1 et le niveau 2. En 1, il y a unité, en 2, il y a diversité. En 1, il y a accord sur un supercycle, en 2, il y a défocalisation et invitation à la créativité de chaque astrologue. On pourrait dire que le niveau 1 est en phase avec le masculin et le niveau 2 avec le féminin, un seul et même supercycle pouvant inspirer générer un nombre illimité d'applications.
On aura compris que le niveau 1 n'a pas et n'entend pas empiéter sur le niveau 2. Rappelons encore une fois le "contrat" : chaque membre du NOA reconnait la suprématie d'un supercycle et à partir de là, il peut aménager le dit supercycle à sa guise, en le subdivisant, en le combinant comme il l'entend, ce qui signifie qu'il peut y greffer le thème natal, les transsaturniennes etc, etc.
Cette liberté du niveau 2 a un prix, elle ne se situe pas sur le plan scientifique, à la différence du niveau 1. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.
Pour mettre un peu plus les points sur les "i", nous dirons que le niveau 1 laisse de côté toute forme de subdivision du cycle, chacun en faisant son affaire privée.
Mais alors, qu'est ce que l'on met dans le niveau 1 du NOA? Un minimum. A savoir le mouvement diurne avec les résultats statistiques de Gauquelin- qui ne sont que de peu d'utilité au niveau du suivi prévisionnel- et surtout une configuration principale, alliant deux astres visibles, ayant donc une corporéité en quelque sorte minérale, tout ce qui est virtuel, invisible, appartenant au niveau 2. (voir notre entretien avec Christian Lamargot, sur teleprovidence)
Certes, nous n'en disconviendrons pas, le niveau implique que des choix arbitraires aient été effectués car toute sémiologie exige de faire des choix, ce que ne fait pas la Nature. L'astrologie relève du regard de l'Homme sur le Cosmos et non du Cosmos en tant qu'entité en soi, comme le pense un J. P. Nicola. Entendons que les hommes ne se sont pas contenté d'attribuer à chaque astre quelque nom, voire quelque fonction mais ils ont trié les astres pour ne retenir, au départ, que deux d'entre eux, condition nécessaire pour établir une cyclicité. C'est précisément le rôle des spécialistes du niveau 1 que de restituer les choix ainsi opérés en procédant par élimination mais aussi en recoupant au moyen des statistiques cycliques, ce qui relève peu ou prou de ce qu'on appelle communément l'astrologie mondiale.
L'astrologie est avant tout, en son sommet, une anthropologie des configurations célestes - une anthropocosmologie comme disait le regretté Jean Hoyoux (dont nous avons mis en ligne sur teleprovidence certaines interventions, en audio) intégrées dans la vie sociale des humains, d'abord consciemment et peu à peu subconsciemment, sur une très longue durée. Ce n'est donc pas tel ou tel astre qui agirait mais le cycle constitué par cet astre en liaison avec un autre astre, l'un des astres étant nécessairement plus rapide que l'autre.
Il faut relever à ce propos un blocage/obstacle épistémologique qui tient à l'abandon par l'astrologie contemporaine occidentale des étoiles fixes - comme c'est le cas notamment pour J. P. Nicola ou pour André Barbault -et par voie de conséquence, le surinvestissement du découpage zodiacal qui en tient lieu mais sur un mode fictif. On nous rebat actuellement les oreilles avec l'entrée de Pluton en capricorne, ce qui montre bien qu'il subsiste là, très confusément, une certaine dualité planète/étoiles. Or, le zodiaque n'est qu'une subdivision de niveau 2 (cf. supra), certes commode mais sans substrat matériel ni scientifique, tout juste capable d'une transmission livresque, avec des monuments pour support.
Ce que nous proposons pour le niveau 1, c'est d'opter pour une configuration planète-étoile, ce qui offre certains avantages à savoir la préservation des équilibres numériques au sein du système solaire, à commencer par le couple Lune-Saturne doté des mêmes chiffres : le 28, le 7. Ces chiffres ne se maintiennent strictement qu'à condition de combiner une planète avec une étoile fixe ou une série d'étoiles fixes. Tout cycle entre deux planètes détruit toute cyclicité régulière et différera avec chacun de ses partenaires. En revanche, un cycle reliant une planète et une ou plusieurs étoiles offrira une grande stabilité. Dans le cas du cycle soleil-lune, rappelons que la lunaison ne coïncide pas avec le retour sidéral de la lune et que par ailleurs, chaque cycle que la lune établira avec les planètes sera d'une durée distincte, pour chacune.
Selon nous, le supercycle de niveau 1 s'est constitué à partir du modèle soli-lunaire, à savoir le processus nouvelle lune-pleine lune au cours d'un mois et non pas tant le nombre de lunaisons pendant une année. (Même si le nombre des lunaisons a par la suite influé sur la structure du zodiaque, comme l'a montré Giuseppe Bezza, dans sa thèse sur l'Historiographie de l'astrologie)
Un certain nombre de coïncidences aura conduit à élire le cycle Saturne/étoiles fixes, en tant que calque, à une autre échelle de temps mais avec les mêmes bases numériques susmentionnées. Le dit cycle saturnien, on l'a dit, a quelque chose de lunaire et peut être découpé en 4 si l'on choisit quatre étoiles formant un carré, ce qui est le cas des étoiles dites royales, servant à marquer les points cardinaux. On passait ainsi du jour à l'année, soit une temporalité environ 360 fois plus longue.
L'astrologie se rapproche plus de la musique que de la peinture. Pour Lévi-Strauss, qui vient de disparaitre, à 100 ans, la peinture se sert de données découvertes dans la nature, à savoir les couleurs -qu'elle soit figurative ou abstraite tandis que la musique génère une réalité nouvelle ."Entre peinture et musique, il n'existe donc pas de parité véritable. L'une trouve dans la nature sa matière : les couleurs sont données avant d'être utilisées et le vocabulaire atteste leur caractère dérivé jusque dans la désignation des plus subtiles nuances (...) Autrement dit, il n'existe de couleurs en peinture que parce qu'il y a déjà des êtres et des objets colorés (...) C'est seulement après coup et, pourrait-on dire de façon rétroactive que la musique reconnait aux sons des propriétés physiques (..)La peinture organise intellectuellement, au moyen de la culture, une nature qui lui était déjà présente comme organisation sensible. La musique parcourt un trajet exactement inverse : car la culture lui était déjà présente, mais sous forme sensible, avant qu'au moyen de la nature, elle l'organise intellectuellement. Que l'ensemble sur lequel elle opère soit d'ordre culturel explique que la musique naisse entièrement libre des liens représentatifs qui maintiennent la peinture sous la dépendance du monde sensible et de son organisation en objets" (Mythologiques. Le cru et le cuit, Paris, Plon, 1964, pp. 27-30)
Pour nous, en effet, l'astrologie ne serait point née d'une observation du monde- comme tant d'astrologues continuent à le prétendre- mais serait une combinatoire radicalement neuve et en cela elle échapperait au champ de l'astronomie, quand bien même la dite combinatoire se servirait-elle d'astres. Le pianiste se sert bien d'un piano....En ce sens, l'astrologie transcende la nature et en même temps l'enrichit.
Pour rester dans la sphère Lévi-straussienne, nous dirons que l'astrologie, au niveau 1, est un mythe fondateur, élaboré relativement tardivement par certaines sociétés humaines, et depuis décliné à l'infini dans les autres niveaux et c'est cette déclinaison, cette dérivation, faite d'emprunts de toutes sortes, qui lui permet de laisser son empreinte sur le monde en se laissant imprégner par lui, sans pour autant perdre son âme, ce qui exige qu'elle ne se laisse jamais définitivement marquée par ce qui se trame aux niveaux 2, 3 et 4, qui ne seraient que des avatars éphémères. En tant que mythe, constitué d'une combinatoire parfaitement arbitraire, mais servant de référentiel, de source, elle est une extraordinaire invention humaine projetée sur le monde et une autoprogrammation neurosensorielle, organique, génétique, qui ne passe pas par l'emprise aliénante de la technologie, laquelle n'existe que par la transmission culturelle. Un être humain qui nait aujourd'hui n'est dépositaire d'aucun savoir technologique, il ne sait pas instinctivement plus se servir d'un ordinateur que s'il était né cinq siècles plus tôt. En revanche, il a un rapport atavique au cosmos, du moins si son hérédité le lui permet. Rappelons que pour nous, tous les hommes n'entretiennent pas de relation directe et subconsciente avec le cosmos, sinon à un niveau primaire, celui des particules, qui ne saurait fonder l'astrologie. De proche en proche, l'astrologie se répand universellement tant comme savoir que comme effet mais il ne faudrait pas oublier que la source de tout ce processus est fort restreinte : petites causes, grands effets. Une combinatoire simple - on pourrait parler d'un accord au sens musical du terme - un nombre limité de récepteurs, un impact périodique, suffisent, à terme, par ricochet, selon un effet boule de neige, à couvrir un champ très large, ce qui est selon nous la leçon de toute causalité. A contrario, nous refusons de présenter l'astrologie, comme sont trop tentés de le faire tant d'astrologues, dans une perspective "synchroniste" selon laquelle le cosmos serait le reflet de ce que nous vivons au jour le jour, heure par heure - thème natal oblige - tous autant que nous sommes. Cela dit, rien n'empêche un astrologue de greffer, en niveau 2, 3 ou 4, ce que bon lui semble sur la trame du niveau 1...
En conclusion, nous dirons qu'une fois un tel supercycle adopté au niveau 1, chaque astrologue est libre de greffer tout ce qu'il voudra, et cela de façon illimitée. Claude Lévi-Strauss, insistait sur l'impossibilité, la vanité, l'inanité de couvrir totalement un champ de dérivations : "Autant vaudrait de reprocher à un linguiste d'écrire la grammaire d'une langue sans avoir enregistré la totalité des paroles qui ont été prononcées depuis que cette langue existe et sans connaitre les échanges verbaux qui auront lieu aussi longtemps que cette langue existera. L'expérience prouve qu'un nombre de phrases dérisoire, en comparaison de toutes celles qu'il aurait pu théoriquement recueillir (...) permet au linguiste d'élaborer une grammaire de la langue qu'il étudie" (Mythologiques. Le cru et le cuit, op. cit, p.15)
Selon nous, l'astrologie, dans le cadre du NOA, cesse d'être une nébuleuse insaisissable, dès lors que l'on prend en compte les 4 niveaux que nous avons définis, allant du "mythe" fondateur jusqu'à l'intégration des données propres au vécu du client..." En assumant et en relativisant sa diversité, elle retrouve son unité.
Dans un article (non signé) paru sur Wikipedia, donc sur Internet, "Mises en relation des Planètes avec les Signes astrologiques", nous lisons:
"Le corpus de l'astrologie est complexe et l'on peut se demander où réside son centre. Selon Jacques Halbronn, il s'agit probablement de la mise en relation(s) des planètes avec les signes astrologiques, théorie qui renvoie également aux quatre qualités élémentales et aux quatre éléments, ainsi qu'aux aspects", l'auteur s'appuyant sur une édition de nos "Clefs pour l'Astrologie", datant de 1993. Quelle est notre position, plus de 15 ans plus tard? Notre propos, déjà à l'époque, était de différencier astrologie et astronomie, de préciser, en quelque sorte, la valeur ajoutée de l'astrologie. Mais l'on notera une grave absence, celle de la cyclicité. Nous étions loin alors de nous intéresser aux étoiles fixes, d'où l'importance accordée au zodiaque. Cette combinatoire planètes/signes nous aura absorbé, durant de longues années, et déjà fin 1969, il y a donc exactement 40 ans, nous avions procédé à une restructuration/ restauration de ce dispositif, parallèlement au travail entrepris en Italie par Lisa Morpurgo, que nous rencontrâmes en 1971, à Aalen (Allemagne). Avec le recul du temps, tout cela nous semble avoir été assez vain mais nous étions tributaires des orientations prises par nos ainés, tel un Néroman ou un Carteret. Le problème, désormais, à nos yeux, n'est plus de déterminer quelle planète va avec tel signe mais bien quelle est la configuration centrale de l'astrologie, autour de quel binôme planète/étoile elle s'est constituée, ce qui relève d'une sémiologie exclusive (qui rejette, trie, choisit) et non inclusive. (qui englobe). Décalage diachronique en ce que l'astrologie qui nous intéresse désormais, en tant qu'historien, est bien plus ancienne que celle que nous livre la Tétrabible attribuée à Claude Ptolémée (IIe siècle de notre ère) et qui comporte notamment le dit dispositif des relations planètes/signes. Cela dit, il nous apparait que les doubles domiciles de la Tétrabible comportent une forte dimension cyclique, avec une phase allant des luminaires vers Saturne et une autre en sens inverse. En ce sens, ce dispositif peut parfaitement baliser tout cycle, à condition de ne pas considérer les planètes, au sein du dit dispositif, comme autre chose que des indicateurs de parcours, classés d'après leur éloignement, selon un processus de décélération et d'accélération. La présence conjointe des luminaires laisse d'ailleurs à penser qu'un tel dispositif servit d'abord pour le cycle lunaire, les planètes n'y ayant qu'une présence fictive.


JHB
19. 11. 09

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