par Jacques HalBronn
Le grand mérite d'André Barbault, avec le recul, aura été d'avoir voulu faire triompher le principe conjonctionnel, dans les années soixante du siècle dernier ("Les astres et l'histoire", Paris, Pauvert, 1967), reprenant d'ailleurs une idée lancée par Henri Gouchon, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. Cela vaut d'ailleurs aussi bien pour l'indice de concentration planétaire que pour son traitement du cycle Saturne-Neptune dont on retient avant tout la succession des conjonctions conduisant à 1989, de 36 ans en 36 ans.
Les réserves qu'exprime à ce sujet Charles Ridoux (in collectif "L'astrologie, d'hier et d'aujourd'hui", Rouen, 2008) sont révélatrices du caractère révolutionnaire d'une telle approche qui place à un niveau subalterne les carrés et l'opposition, pour ne pas parler des autres aspects. Cela ressort fortement de l'indice de concentration planétaire qui place au centre du système le rassemblement maximal des planètes lentes et qui considère qu'en dehors de cette conjonction -fort relative d'ailleurs- les autres configurations ne correspondent à rien de très précis.
Ce faisant, Barbault accède au niveau 1 (NOA), en faisant triompher une centralité en dialectique avec une "décentration" assez molle sur laquelle les facteurs astrologiques n'auraient guère prise. Ce que nous traduisons, à notre façon, comme signifiant que le fait astrologique ne se manifesterait que périodiquement et non tout au long de la succession des aspects auxquels on accorderait beaucoup trop d'importance, à l'instar du travail d'Yves Lenoble sur ce sujet ("Initiation à la pratique des cycles planétaires"). Il y a là un bienvenu lâcher prise qui est symboliquement représenté, dans l'indice sus nommé, par une forme de dispersion, de diffusion des énergies, dans toutes les directions.
L'astrologie a certainement un besoin urgent de tels recentrages permettant de ne pas être sur la brèche en permanence en laissant aux autres disciplines le soin de gérer ses "absences", ses "vacances". Elle doit ménager des "vides", ce qui, évidemment, ne convient pas vraiment à une certaine pratique de l'astrologie individuelle, généthliaque, qui suppose une présence astrale permanente, puisqu'il nait constamment des enfants, qu'il se passe constamment quelque chose dans le monde. C'est justement là que se situe, selon le système NOA, le passage du niveau 1 au niveau 2 qui ne serait que la gestion des suites et des prolongements aléatoires du niveau 1, avec pour conséquence, un tout autre statut scientifique et épistémologique.
Cela dit, il importait de faire évoluer la théorie conjonctionnelle en astrologie mondiale par rapport à ce qu'avait produit André Barbault. En premier lieu, le cycle conjonctionnel se révélait trop long, d'une conjonction à l'autre au point qu'en ce qui concerne l'indice de concentration planétaire, selon les calculs de Charles Ridoux, il atteindrait 500 ans environ, ce qui ne gène nullement le dit Ridoux lequel considère que l'astrologie mondiale a vocation à assumer la longue durée chère à la Nouvelle Histoire, ce en quoi, selon nous, il fait totalement fausse route!
Pour notre part, en effet, nous pensons qu'il est essentiel de réduite sensiblement l'écart entre deux conjonctions, faute de quoi le rôle des aspects intermédiaires- opposition comprise - deviendrait exorbitant, profitant d'une certaine vacance, prolongée, du pouvoir conjonctionnel. D'où la mise en place d'une périodicité conjonctionnelle de 7 ans, sensiblement plus courte que le cycle de 20 ans des conjonctions albumzariennes Jupiter-Saturne ou de 36 ans pour en revenir au cycle barbaultien Saturne-Neptune, susmentionné.
L'obstacle épistémologique pour générer un cycle conjonctionnel de 7 ans tenait au fait d'un postulat selon lequel un cycle se définissait traditionnellement par le retour de l'astre rapide vers l'astre lent, formant binôme, respectant ainsi une sorte de monogamie cosmique. Notre idée consista à prôner la polygamie cosmique, l'astre rapide croisant non plus un astre lent mais plusieurs. Un tel processus était pratiquement inconcevable dans un rapport planète/planète, il devenait, en revanche, envisageable dans un rapport planète/étoiles, le nombre d'étoiles dépassant très largement celui des planètes, ce qui servit notamment au niveau de la conception ancienne de l'ascendant laquelle était stellaire et non zodiacale (comme le rappelle le traité bien oublié d'"Astrologie ancienne et moderne" paru en 1845, à Paris, voir notre article et notre interview à ce sujet sur teleprovidence)
Pour comprendre notre démarche, il importe de revenir sur la genèse du zodiaque qui renvoie, somme toute, l'astrologie aux étoiles et à une dialectique planète/étoiles devenue, par la suite planète/zodiaque. Au lieu de s'intéresser à la conjonction de telle planète avec telle étoile, on nous parle de l'entrée de telle planète dans tel signe (ou constellation, chez les sidéralistes) zodiacal (voir le cas du passage de Pluton en capricorne, grand sujet de discussion chez les astrologues, en ce moment). Quelles furent les raisons qui conduisirent à un tel glissement de l'étoile vers le signe? L'on peut penser que le zodiaque des constellations correspondit à un état intermédiaire par abstraction progressive. On commença par intégrer une étoile au sein d'un ensemble d'étoiles, ce qui permettait de couvrir un champ plus large et dans la continuité. L'on passait d'un signe à l'autre, sans discontinuer et non plus d'une étoile à l'autre, ce qui impliquait des intervalles d'une certaine durée
En restituant aux étoiles fixes un statut qu'elles avaient totalement perdu en astrologie mondiale, nous étions en mesure de reformuler radicalement la question des conjonctions, en rappelant, en passant, que la lunaison (nouvelle lune) est une conjonction d'une planète/satellite, la lune, avec une étoile, le soleil.
Ce faisant, d'ailleurs, nous transformions les carrés et l'opposition du cycle en autant de conjonctions dès lors que les étoiles prises en compte formaient entre elles un carré approximatif, constitué par les 4 étoiles fixes royales (Aldébaran, Régulus, Antarés, Fomalhaut)
Notre autre apport consista évidemment à placer au centre du système une seule planète, à savoir Saturne, en laissant soigneusement de côté les transsaturniennes mais aussi Mars et Jupiter, pour ne parler que des planètes "extérieures" à l'orbite terrestre. La question des astéroïdes ne se posait pas pour nous puisque nous ne retenions que les astres connus de l'Antiquité et non les planètes "télescopiques" comme on les dénommait au XIXe siècle dans la Connaissance des Temps. En revanche, pour ceux qui sont persuadés, comme J. P. Nicola, que le système solaire constitue un tout indissociable au regard de l'astrologie, il peut sembler bien délicat d'ignorer les astéroïdes, lesquelles ont tout à fait leur place dans la Loi de Bode, entre Mars et Jupiter!
En multipliant ainsi- en les quadruplant- les conjonctions de Saturne, l'on calmait d'autant la tentation de compléter non pas seulement par les aspects mais par les cycles d'autres planètes les intervalles interconjonctionnels de la dite planète Saturne. L'autre solution qui eut consisté à étudier toutes les conjonctions de Saturne avec les autres planètes aurait abouti à un désordre certain, d'autant que les conjonctions se seraient déplacées zodiacalement d'une fois sur l'autre. Rappelons que dans le cas des conjonctions Jupiter-Saturne, il y a un trigone entre deux conjonctions successives! En revanche, avec les conjonctions planètes/étoiles fixes, la conjonction se produit, d'une fois sur l'autre, quasiment au même endroit, la progression apparente, géocentriquement, des étoiles fixes étant comme on sait extrêmement lente (précession des équinoxes), d'où leur nom.
Rappelons qu'une conjonction est aussi ce qu'on appelle en astronomie un transit - terme utilisé malencontreusement en astrologie pour désigner le passage d'une planète sur.... un point du thème natal. Une telle dérive s'explique par le fait qu'initialement il devait s'agir des seuls retours d'une planète sur sa position radicale avant de prendre une signification bien plus large, incluant divers aspects. Lorsque l'objet le plus proche est le plus petit, on parle d'un transit, si en revanche, il est le plus gros, on parle alors d'occultation. La notion d'éclipse, soulignons-le, est également liée à celle de conjonction comme celle de syzygie qui assimile conjonction et opposition en tant qu'alignement. On notera que dans le système quadriconjonctionnel ou tétrapolaire que nous préconisons, il n'y a pas d'opposition ni de carré puisque chaque fois il y a conjonction. (Voir les travaux de l'Allemand Reinhold Ebertin sur ce sujet).
Pour en revenir aux travaux d'André Barbault, lesquels préparent logiquement les nôtres, il convient d'insister sur la nécessité d'une astrologie mondiale à taille humaine, avec une périodicité régulière de 7 ans. C'est à ce titre que l'astrologie mondiale, renonçant à l'ivresse de la très longue durée (voir aussi, dans le genre, les ères précessionnelles, Ere du Verseau etc) pourra se placer au sommet du système NOA et fera référence pour tout praticien de l'astrologie (voir débat avec Daniel Véga, sur teleprovidence, à Montpellier, 2008).
JHB
20.11. 09
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