mercredi 23 décembre 2009

Le NOA et les niveaux involutifs

par Jacques HalBronn

S'il est relativement aisé de suivre le processus évolutif du NOA en sa phase évolutive, de 1 à 2, de 2 à 3, de 3 à 4, et qui passe par une diversification croissante des variantes, des dérivations, des ajustements, des adaptations, des emprunts de tous ordres, en revanche, le "retour" vers le niveau 1 semble faire sensiblement plus problème.
Si la description de la phase évolutive relève d'une série d'intégrations de diverses données, ce qui tend à faire perdre la conscience de l'unité originelle du modèle, celle de la phase involutive relève d'un processus d'abstraction qu'il convient ici de préciser.
On rappellera qu'au regard de la tradition astrologique, une telle phase en sens inverse se retrouve dans le dispositif des doubles domiciles, la phase involutive correspondant au passage de Saturne vers Jupiter, de Mars vers Vénus, de Vénus vers Mercure, si ce n'est que le recours à une division en 12 ne nous parait pas vraiment indispensable, division dont nous savons qu'il n'a d'ailleurs qu'une pertinence très relative, en analogie avec les 12 lunaisons englobées, non sans quelque difficulté, dans une année solaire sidérale.
Le retour, donc, de Saturne vers les luminaires fait exactement pendant à la phase précédente qui allait, quant à elle, des luminaires vers Saturne, selon un processus d'éloignement spatial croissant de la source représentée par les luminaires. La phase involutive, inversement, correspondra à un rapprochement croissant de la source..
L'intérêt du NOA, c'est qu'il n'est pas seulement un modèle épistémologique mais qu'il s'inscrit également dans une cyclicité qui comporte sa propre rythmicité. Autrement dit, la phase d'évolution tout comme la phase d'involution n'ont pas lieu à n'importe quel moment mais sont en rapport avec le modèle qui régit ce que nous avons appelé le niveau 1. Ce qui signifie que l'esprit d'involution ne se développe, en pratique, qu'au cours d'une phase d'involution en train de se produire et inversement pour l'esprit d'évolution. Il faut donc que les temps - et donc les esprits - soient mûrs pour que se déclenchent certains processus.
Cela dit, revenons à une telle problématique involutive en disant qu'elle vise à décloisonner progressivement des territoires découpés en phase évolutive. Nous pouvons parler d'un réchauffement qui va dissoudre les solides et les transformer en liquides puis en gaz. Cette chaleur croissante qui correspond en quelque sorte au rapprochement du soleil -dans le dispositif des domiciles signalé plus haut - est aussi le fait d'une plus grande grégarité, d'une multiplication des contacts, des rencontres, ce qui détermine un certain brassage et à terme une certaine fusion. Mais pour ce faire, il importe qu'ait lieu un certain délestage de ce qui avait pu s'incruster en phase évolutive et qui en quelque sorte va fondre du fait d'une chaleur croissante. En termes astrologiques, la terre cède le pas à l'eau puis à l'air -à noter que l'ordre astrologique -et zodiacal- des 4 Eléments feu- terre-air -eau ne semble pas satisfaisant au regard d'un tel processus de transformation de la matière.
Socialement parlant, nous insisterons sur la fin d'un certain isolement individuel triomphant à l'issue de la phase d'évolution, c'est à dire en phase 4 évolutive. Mais tout comme Saturne occupe deux signes successifs, nous dirons qu'il y a un Saturne évolutif qui cristallise et un Saturne involutif, lui succédant, qui réduit et amorce une remontée vers l'unité. En fait, l'on peut se demander s'il ne conviendrait pas de renverser le système des domiciles dans la mesure où l'unité est nocturne et non pas diurne, la nuit, dit-on, tous les chats sont gris. De même, comme nous l'expliquons dans un autre texte du présent "journal de bord", l'hiver est le temps d'une plus grande sociabilité, les gens venant se réchauffer au coin du feu et la parole n'exigeant pas une grande lumière pour circuler, elle qui fait avant tout appel à l'ouïe. En conséquence, la phase évolutive irait plutôt de Saturne vers le Soleil -ce qui débuterait analogiquement au solstice d'hiver - et la phase involutive du Soleil vers Saturne, de l'Eté vers l'Hiver, ce qui débuterait au solstice d'Eté.. Le niveau 1 serait ainsi saturnien et le niveau 4 solaire et non l'inverse.
Mais, ces considérations symboliques étant faites, revenons sur les obstacles épistémologiques qui constituent une résistance face au processus involutif de réchauffement -dont nous avons vu qu'il ne correspond aucunement à une symbolique solaire et diurne mais bien plutôt à une symbolique ignée, qui veut que l'on se (ré)chauffe quand il fait froid et que l'on s'éclaire quand il fait nuit. L'Elément Feu, un des Quatre Eléments, ne renvoie pas ici au soleil mais bien à une instance de substitution comme l'a montré Claude Lévi Strauss (Le cru et le cuit, op. cit). Le feu, que nous plaçons à part, est la force qui actionne le passage d'un des trois autres Eléments à l'autre, par sa force (en phase involutive) ou par sa faiblesse (en phase évolutive).
Le début d'une phase évolutive permet de garder le souvenir d'un point originel mais peu à peu une telle conscience du point de départ va s'estomper et les pistes vont progressivement se brouiller jusqu'à parvenir à une diversité décourageant l'analyse et les rapprochements entre des manifestations qui ne cessent de se complexifier, le cas extrême, en astrologie, étant celui de la consultation individuelle dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne se déroule pas dans la transparence au regard de ceux qui n'en sont pas partie prenante, à savoir l'astrologue et son client.
Comment donc, revenir en arrière après avoir goûté les délices de territoires personnels aussi restreints que fermés sur eux-mêmes? Comment un tel aboutissement de la phase évolutive va-t-il peu à peu faire faillite, ne plus être tenable? C'est bien là toute la question que nous posons dans le présent article. Comment sort-on d'un tel émiettement, d'un tel cloisonnement, d'un tel repli? Nous sommes au solstice d'Eté -et non d'Hiver- lorsque s'amorce un certain repli, un reflux vers le monde hivernal, nocturne; Rappelons que dans la religion juive, la "journée" commence à la tombée du jour et notamment dans le cas du septième jour, le Shabbat, qui exige un maximum d'indifférenciation, notamment la mise entre parenthèse de tout travail, lequel génère précisément un processus de différenciation, de division (du travail, de taylorisation, illustrée par les Temps Modernes de Chaplin)
Selon nous, la phase involutive passe par la mise en avant de chefs, de leaders qui feront l'unité autour d'eux, contrebalançant peu à peu ainsi les égoïsmes, les idiosyncrasies individuels. Sans chef, la phase involutive ne connaitra qu'une intensité médiocre et son bilan risque d'être assez maigre, tout comme sans relais, la phase évolutive aurait pu être également vouée à l'échec, puisqu'elle implique la diversification. En ce qui concerne l'astrologie, il n'y a pas à s'inquiéter quant à la phase évolutive, les astrologues étant tout à fait aptes à se constituer des spécificités les uns par rapport aux autres (notamment aux niveaux 3 et 4). On ne saurait en dire, autant, évidemment, pour ce qui est de la phase involutive que le NOA, précisément, s'efforce de renforcer.
Au cours de la phase involutive, certains chefs charismatiques se trouvent consacrés alors qu'au cours de la phase évolutive, ils sont remerciés, le temps de la multitude relayant celui du pouvoir solitaire. Si l'on traduit nos propos sur la base du cycle "Saturne 4 Etoiles" qui nous parait, jusqu'à nouvel ordre, asse bien convenir pour incarner le niveau 1, nous dirons que le basculement de l'évolutif vers l'involutif, correspondrait en gros au passage de Saturne dans les signe dits fixes -sans qu'il faille accorder à cette désignation la moindre signification- un tel passage étant propice à la désignation de leaders. A noter que dans bien des cas les élections organisés dans nos sociétés démocratiques, depuis la fin du XVIIIe siècle, n'ont pas lieu aux moments les plus opportuns pour dégager de vrais leaders. Les leaders élus en phase évolutive (Saturne étant en signe cardinal) sont surtout là pour faire barrage, manifester une certaine dissidence, ils n'ont pas forcément le profil voulu pour exercer l'autorité qui sera nécessaire en phase involutive aux fins d’instaurer un certain ordre, en dépassant les corporatismes.

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JHB
21.11. 09

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