(rapport rédigé à la suite du Colloque du NOA, "Unité et diversité de l'Astrologie" (19-20 février 2010)
par Jacques HalBronn
L'astrologie actuelle souffre essentiellement de deux maux qui la font souvent passer de Charybde en Scylla: d'une part, elle pallie un manque de structure interne par une structuration externe aléatoire, de l'autre, elle se comporte comme Procuste avec le réel, en le distordant du fait de son recours à des modèles inappropriés. Dans les deux, le problème tient à une mauvaise gestion de ses rapports à l'Astronomie.
Force est de constater que, d'une façon générale, la prévision astrologique s'est singulièrement éloignée d'une représentation cohérente de la cyclicité. A sa place que nous offre-t-on? Le recours aux transits, aux directions qui feront qu'à tel moment, telle planète "dans le ciel" intervient et/ou que, par quelque processus de "progression", cela touche à tel point du thème. On débouche ainsi sur des configurations successives (passage, par transit, d'une planète "sur" le thème natal, balayage, en direction, par une planète du dit thème natal etc.)
Avec les transits, on recourt certes à des cycles, mais leur succession, selon les données astronomiques, n'est jamais la même, ce qui fait qu'il n'y a pas de régularité dans la récurrence. Avec les directions, la succession des connexions est également tout à fait aléatoire en ce qu'elle est fonction de la structure du thème natal. Qu'est-ce qui fait problème, au regard d'une saine idée de la cyclicité? Pour nous, un cycle se développe imperturbablement: rien n'empêche le jour de se lever ou l'Eté de survenir selon des rythmes et des intervalles inchangés. Or, il n'en est pas ou plus ainsi en Astrologie, la structuration étant finalement fonction de chaque thème et/ou dépendant de la diversité des révolutions planétaires.
Arrêtons-nous sur l'épineuse question de la précession des équinoxes et sur les rapports reliant le savoir astrologique au cycle saisonnier. Les astrologues d'aujourd'hui ne savent plus bien sur quel pied danser à ce sujet -ils marchent sur des œufs - et cela devient un peu névrotique: ils sont à la fois tentés de se relier à ce cycle et en même temps, le dit cycle leur fait problème...Double bind! Prenons le cas du signe du Bélier dont le point de départ coïncide avec l'équinoxe de printemps dans l'hémisphère Nord. mais dont la symbolique populaire et imagée s'inscrit mal par rapport à ce temps "frontalier" qui est celui de l'équinoxialité qui n'est ni l'énergie initiale du solstice d'hiver ni l'aboutissement triomphant du solstice d'Eté - qui culmine avec la mort qui clôture tout et prépare à un nouveau cycle. La symbolique bélier ne nous semble décidément guère en phase avec ce moment de transition qui n'est pas sans exiger un certain ajustement (juste, mot typique de la Balance, signe de Louis XIII, dit le Juste), une certaine tentative de conciliation, une synergie. Cela pose d'ailleurs par ricochet le problème du carré, qui devrait être un aspect d'intégration des tensions, de résorption des dissonances, du moins quand il est bien assumé. En ce sens, le carré serait sensiblement moins extrême, il est "double" (puisqu'il y en a deux) que la conjonction ou l'opposition qui ne sont qu'une et correspondrait plutôt à ce qu'on atttribue généralement au trigone (120°(voir le reportage sur Patricia Lasserre, pour la Télévision Astrologique, à Parapsy 2010). C'est avec l'introduction du zodiaque dans le systéme planétaire que le trigone s'est imposé, 120° étant à rapprocher de 12 (et 30°, le semi-sextile, étant égal à 360/12)
Paradoxe qu'il faille attendre que tout se termine pour que quelque chose puisse renaitre et reprendre. Certes, le courant judéo-chrétien accorde-t-il de l'importance aux équinoxes - la Pâque/Pâques - comme au lever et au coucher du Soleil - le Shabbat commence à la tombée de la nuit)- mais il s'agit, selon nous, de marquer le passage, précisément, d'un "poste frontière", d'un 'seuil. (le gardien du seuil, Cerbère) que l'on s'apprête à franchir, non sans quelque hésitation. L'on sait quelle est la vie des populations frontalières, leur bilinguisme, parfois leur double identité, ce qui correspond à ce que l'on dit usuellement des signes "doubles", "mutables", "communs" alors même que bélier et balance sont...des signes dits cardinaux lesquels font suite aux dits signes mutables mais le mot "cardinal" vient d'un mot latin qui désigne les "gonds" d'une porte.(Janvier vient de Janus, dieu de la porte, alors même que ce mois débute au solstice d'hiver si bien que Janvier serait plutôt approprié pour désigner le mois du bélier ou de la balance tout comme le bélier désignerait plutôt le solstice d'hiver) On sait que longtemps, l'on a fluctué entre une année commençant à Pâques et une année commençant au début de l'Hiver, ce qui aura certainement entrainé des permutations dont le calendrier et le zodiaque - qui est au départ un calendrier- porte les traces.. Cela dit, certains astrologues sont prêts à soutenir que le zodiaque n'a pas à se référer spécialement au cycle des saisons, ce qui ne les empêche pas de calculer le début du signe du bélier à partir de l'équinoxe de printemps!
En ce qui concerne le référentiel stellaire, deux systèmes coexistent: l'un articulé sur les quatre étoiles fixes royales, l'autre sur une certaine étoile de la constellation du bélier, premier signe de la série zodiacale, ce qui explique probablement pourquoi ce signe est si survalorisé, non pas tant parce qu'il correspond à l'équinoxe de printemps mais parce qu'il se présente en tête de la dite série, choix qui est cristallisé par le nom des constellations, même si la dite constellation du bélier ne correspond pas vraiment, astronomiquement parlant, à l'équinoxe de printemps (Ayanamsa). Il ne fait cependant guère de doute que le nom des constellations, leur ordre, leur positionnement, s'origine dans le cycle saisonnier de l'hémisphère Nord. En effet, si l'on considère l'autre système stellaire (Aldébaran, Régulus, Antarés, Fomalhaut), l'on se demande pourquoi la constellation du bélier se trouve en tête des constellations./signes si ce n'est parce qu'à un certain stade, l'argument du point vernal aura fini par l'emporter quand les étoiles furent "zodiacalisées". Car initialement, selon nous, les étoiles fixes royales étaient associées à quatre constellations (Taureau, Lion, Scorpion, Poisson austral (Verseau) sans aucun lien avec le zodiaque saisonnier. On sera parvenu à un compromis en ce que ces quatre constellations furent intégrées - ou l'inverse- dans le zodiaque saisonnier, perturbant ainsi la cohérence saisonnière du dit Zodiaque.
On sait qu'au XVIIIe siècle, fut élaborée la théorie des ères précessionnelles qui s'appuie sur le fait que le point vernal "glisse" d'une constellation zodiacale à la précédente (d'où le terme précession, contraire de la succession) et qu'en est sorti l'idée de périodes de plus de 2000 ans, ce qui correspond selon nous à une astrologie surdimensionnée.(cycle de près de 26000 ans/25920).
Mais ce surdimensionnement se confirme, à la même époque, avec la découverte d'Uranus, la première de la série des "planètes" transsaturniennes (Neptune, Pluton, au statut désormais incertain)., ce qui est un cadeau empoisonné que l'on doit aux astronomes, qui, de surcroit, prirent la peine de mythologiser leurs nouvelles recrues. C'est ainsi que nos astrologues modernes quand ils veulent expliquer astrologiquement un événement donné et que celui-ci correspond à une
Dans le genre surdimensionné, on considérera le cas des planètes en signes. Car si les planétes en maisons font sens, comme l'a montré Jean-Marie Lepeltier (Colloque de Rennes, sur la Télévision Astrologique), du fait de leur rapidité et de leur égalité de mouvement, de la Lune à Pluton, en revanche, les planètes en signes se déplacent beaucoup trop lentement pour constituer une information utile au sujet du nouveau né. C'est pourquoi ces positions zodiacales n'apparaissent pas dans les résultats positifs de Gauquelin..
Enfin, il nous faut dire un mot d'un autre surdimensionnement, lié à l'usage même, d'office, du thème natal, à l'intention de toute personne se présentant chez l'astrologue comme si toute personne avait l'envergure exigée par une structure que nous qualifierons de patriarcale, notamment avec les maisons astrologiques qui décrivent toute une organisation dont le "titulaire" du thème serait le centre.
JHB
23.02.10
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