lundi 12 avril 2010

Le Trois en Astrologie

Par Jacques HalBronn

L'astrologie a-t-elle besoin du trois, c'est à dire du trigone et des multiples de 3, le 6 et le 12 notamment? On a là un triptyque en termes d'aspects: le trigone, le sextile et le semi-sextile. Mais on trouve aussi un nombre impair comme le 9, cher aux numérologues.(voir aussi l'ennéagramme)
Nous répondrons par la négative : la bonne filière est celle qui découpe par 2 les 360°: 180°, 90°, 45°, 22°30' (ou mieux, 22, 5, ce qui donne un total, à chaque fois, de 9)
Jean-Pierre Nicola avait noté cette dualité mais il avait considéré qu'il fallait concilier ces deux séries, au nom d'une certaine complémentarité (traditionnellement aspects harmoniques et aspects dissonants). C'est ce qui nous distingue du fondateur de l'Astrologie Conditionaliste, à savoir que nous ne cherchons pas à justifier -quitte à la reformuler- la pratique en cours des astrologues. Pour nous une réforme passe par un sévère élagage! Il faut séparer le bon grain de l'ivraie et l'ivraie pour nous ce sont les multiples de 3 qui jouent pourtant un rôle si crucial en astrologie et dont bien des astrologues doivent se demander comment l'on pourrait s'en passer, tant ils donnent des "résultats", comme de bien entendu.
Il suffit d'examiner la répartition des Quatre Eléments selon le processus des trigones pour voir à quel point le trois nous égare. Alors qu'il serait si simple d'associer un Elément avec une saison, on attribue le même Elément à trois signes, issus de trois saisons différentes (l'un au début, l'un au milieu et le dernier à la fin, ce qui tend à les différencier singulièrement et constitue un ensemble hétérogène). D'ailleurs, cette association des signes et des Eléments n'aura rien donné de bien convainquant, comme ce Verseau (Aquarius) décrété signe d'air et il aura fallu toute l'ingéniosité ou l'ingénuité des commentateurs pour en tirer quelque chose!
L'historien de l'astrologie se doit de se demander ce qui a pu conduire certains astrologues à opter pour un tel agencement. Est-ce que d'ailleurs l'Astrologie en avait besoin? Pour quoi faire? Nous avons déjà montré (voir d'autres textes du JBA) que les équinoxes et les solstices correspondaient à des valeurs complémentaires, ce qui remet en question la catégorie des signes cardinaux qui n'offre vraiment rien d'homogène. On nous dit : mais ces 4 signes initient les saisons... Mais est-ce que les "Quatre Saisons" sont une donnée si évidente que cela? Cela ne fait-il pas partie de certains découpages discutables que les astrologues se hâtent un peu vite d'adopter, y compris au niveau de certaines représentations historiques comme l'affaire des "deux" guerres mondiales, par exemple, ou de la division du monde en deux blocs....) Dire que le printemps est une saison comme l'Eté est parfaitement abusif et l'astrologie, ce faisant, construit sur du sable! Autrement dit, si les solstices correspondent à l'axe conjonction/opposition, les équinoxes correspondent aux carré, à mi parcours. Cette dialectique a été manquée par Nicola! En fait, il y a deux saisons: l'une marquée par la prédominance du jour et l'autre par la prédominance de la nuit. Ainsi, les équinoxes font songer au plus infime croissant qui succède à une nouvelle lune, une progression au départ insignifiante, un tout début encore bien modeste. Et les astrologues voudraient faire du printemps un bélier - pas l'animal mais l'instrument de siège - transperçant les portes de toute sa puissance. Le commencement d'un équinoxe est bel et bien comparable au statut d'un débutant (ou d'une débutante) qui pousse timidement la porte!.
Ce n'est pas que nous ayons plus de sympathie pour le 12 qui semble encore plus sacro-saint en astrologie! On connait les "fondements" du 12, qui ne sont pas numérologiques mais bien plutôt liés aux 12 nouvelles lunes qui se produisent annuellement. En quel honneur l'astrologie planétaire devrait-elle tenir compte d'un tel phénomène soli-lunaire? Que conventionnellement, en astronomie, on ait utilisé une telle division pour situer les planètes ne change rien à l'affaire. L'Histoire produit des artefacts qu'il serait aberrant de respecter aveuglément. Les saisons n'ont vraiment pas besoin d'être subdivisées chacune en trois, d'autant que, comme chacun sait, cela ne coïncide nullement, les équinoxes et les solstices ne débutant pas, sauf par hasard, sur des nouvelles lune, d'où les acrobaties de certains calendriers pour éviter les problèmes que connaissent les Musulmans, notamment la fixation de Pâques...La division en 2 d'une saison est tout à fait acceptable, ce qui donne un ensemble de 8 tranches (octotopos, dont la présence est attestée dans l'Antiquité)
Certes, l'on sait le succès de la répartition des 4 Eléments selon 4 triangles, au Moyen Age, avec le système des conjonctions Jupiter-Saturne qui d'une fois sur l'autre se plaçaient au trigone de la fois précédente. Mais, pour notre part, nous ne prônons aucunement les conjonctions entre deux planètes et nous contentons des conjonctions planète/étoile fixe, qui se placent toujours au même endroit, d'une fois sur l'autre, puisque l'étoile ne bouge pas, et que la planète n'a pas à lui courir après. De même, le semi-sextile correspond grosso modo, à l'intervalle entre deux nouvelles lunes, soit les conjonctions soleil-lune, configuration qui ne nous intéresse pas davantage, et qui force la lune à rattraper le soleil qui ne l'a pas attendue.
Quid du sextile de 60° qui n'est ni sous-tendu par une conjonction Jupiter-Saturne, ni par une conjonction Lune-Soleil? Le sextile est un moyen terme entre 30° et 120°. Son fondement astronomique n'apparait même pas et pourtant que feraient nos astrologues sans lui? On pourrait en fait très bien s'en passer si ce n'est que cela manquerait dramatiquement dans le thème de plus d'un! Ce qui montre à quel point même les modèles les plus bancals et les plus douteux trouvent quelque confirmation dans une pratique complaisante.
Quant au 9 des numérologues, il a l'inconvénient d'être un nombre impair. Certes, pour notre part, nous nous servons de phases de 7 ans, mais nous n'accordons pas pour autant d'importance au nombre 7 puisque chaque phase est divisée en 8 périodes qui ne sont aucunement censées correspondre aux années, l'année terrestre étant une unité arbitraire pour mesurer les révolutions des planètes. L'astrologie se doit de travailler dans le pair. Certes, en numérologie, le 5 est-il un temps médian, à mi-chemin entre le 1 et le 9. Mais nous préférons, en astrologie, dire que le temps médian est l'axe équinoxe, qu'il est un point de passage pour passer d'une aire solsticiale à l'autre. On dira que le solstice correspond au 1 et au 3 et l'équinoxe au 2 et au 4.
Ce que nous reprocherons à la cyclicité telle que prônée par la numérologie moderne, c'est de ne pas prévoir deux points de passage, deux temps médians. Sans ces deux temps, il n'y a pas de dynamique évolution/involution comme s'il n'y avait qu'un seul solstice! Si le 1 est solsticial en numérologie, où se place l'autre pôle solsticial et comment y accède-t-on, en passant par où? Et comment ensuite reviendra--t-on au 1, lequel est tout juste précédé du 9? Le problème se pose d'ailleurs au niveau du zodiaque, est-ce qu'il est si clairement que cela indiqué que la seconde partie du zodiaque est un retour vers le point origine du bélier? Mais comment le bélier pourrait-il être un point origine, puisqu’il ne correspond pas à l'équinoxe? Le véritable axe est bel et bien Cancer-Capricorne, c'est à dire les Tropiques, ces deux signes étant aussi désignés comme des Portes.(le dieu Janus désigne la Porte, et correspond au solstice d'hiver, il est le Bateleur, premier arcane du Tarot, correspondant au mois de janvier dans les almanachs et dans le Kalendrier des Bergers) Dès lors, l'ouroboros ne se situe pas à la jonction des poissons et du bélier mais à celle des gémeaux et du cancer, ainsi que du Sagittaire et du capricorne, donc au solstice d'hiver, ce dernier étant le vrai commencement. On notera que le signe du capricorne est bi-corporé, dans certaines représentations, une chèvre avec une queue de poisson, ce qui n'est pas sans évoquer le mélange du signe des poissons et du bélier. D'où l'hypothèse suivante, à savoir que l'on aurait, à une certaine époque, équinoxialisé le zodiaque en transférant le capricorne au début du printemps et en le dédoublant en poisson et bélier, la chèvre et le bélier se ressemblant sensiblement. Quant aux manifestations de cette équinoxialisation du zodiaque, qui confère une importance tout à fait excessive au point vernal (référence sur laquelle repose l'Ere du Verseau!!!), on la retrouve dans le calendrier qui jusqu'en 1564, en France, débutait à Pâques (chez les Juifs, l'année commence à l'équinoxe d'automne), elle pourrait correspondre à un processus religieux, faisant primer les valeurs équinoxiales sur les valeurs solsticiales, ce qui correspondrait à l'époque où certaines religions s'étendent à tous les individus et ne sont plus réservées aux seuls "Grands". L'équinoxe, en effet, symbolise l'égalité. D'ailleurs, le calendrier révolutionnaire avait voulu commencer l'année à l'automne, illustrant ainsi la devise '"Liberté, Egalité, Fraternité".




JHB
02. 02.10

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