lundi 12 avril 2010

Qu’est-ce qui fonctionne en Astrologie ?

Souvent, un astrologue nous explique que l'astrologie ou son astrologie, en tout cas, "ça marche", "ça fonctionne". Mais ne s'agit-il pas en fait de montrer que l'astrologie doit nous expliquer comment "nous" fonctionnons.
Dire en effet que l'astrologie "fonctionne" impliquerait que l'on sût à quel emploi nous la destinons. A moins que l'on sous-entende que l'astrologie sert à répondre aux questions qu'on lui pose, ce qui la placerait définitivement dans le domaine de la divination, de la mancie.
Dans le mot "fonctionnement", nous n'entendrons pas seulement une description statique de ce que nous sommes. Car cette fois, nous nous trouverions dans le champ ordinaire de la psychologie, de la caractérologie.
A notre connaissance, ce qui fonctionne implique une dynamique. Quand on dit que notre corps fonctionne correctement, cela veut dire qu'il vit, qu'il passe par des cycles, tant sur le plan digestif que respiratoire. Notons que si nous mangeons de façon ponctuelle alors que nous dépensons en permanence de l'énergie.(voir Laurent Chevalier, 'Impostures et vérités sur les aliments', Paris, Fayard, 2008, p. 276)
Une certaine idée de la psychologie tend à aller dans le sens d'une constante, c'est à dire qu'elle fige, tout comme le thème natal fige le cosmos. L'astrologie habituelle est d'ailleurs écartelée entre le statique et le dynamique; Or, il nous semble que c'est par l'étude de la dynamique que l'on accède à une typologie et non en faisant le chemin inverse. Autrement dit, la détermination d'une cyclicité de la personne nous permet de savoir qui elle est et non pas l'étude de son thème qui nous dirait à quel cycle elle obéit..
La voie de l'astrologie se situerait donc dans un ni-ni: ni mancie répondant à tous les questionnements imaginables (voir Marielle-Frédérique Turpaud, à propos du Tarot, sur la télévision astrologique), ni psychologie articulée sur le "mandala" du thème natal mais bien une cyclologie mettant en évidence des récurrences et pas seulement des occurrences (ce qui "nous" arrive de façon impromptue)
Lors du Colloque "Astrologie: Unité et Diversité" (sur la Télévision Astrologique), nous avons proposé à l'assemblée l'établissement de commissions qui seraient chargées de déterminer quels cycles astrologiques "fonctionnent" et quelles étaient les personnes qui étaient déterminées par les dits cycles. Soit un double cahier des charges.
En effet, il y a des cycles qui ne fonctionnent pas et qu'il faudra donc évacuer et il y a des personnes qui ne sont pas marquées par des cycles et qu'il faudra donc aussi placer en dehors du champ de l'astrologie. A terme, une telle procédure conduirait à obtenir un nombre limité de combinatoires opérationnelles ne concernant qu'un nombre limité de personnes.
C'est le programme que nous assignons, en effet, à l'Astrologie du XXIe siècle et qui prend le contrepied de celle du XXe siècle, que l'on pourrait résumer par la formule: toute l'astronomie pour tous les humains.
Cette idée de récurrence nous parait indissociable de l'épistémologie de l'Astrologie. Sans récurrence, il n'y a pas cycle. Et cette récurrence, il nous faut la faire apparaitre, ressortir par delà les différences, les "spirales", les "évolutions" et surtout pas à n'importe quel prix.
L'astrologue n'a aucune obligation à montrer que tout marche et que ça marche pour tout le monde. Il a le droit de déclarer et de signaler ce qui ne marche pas et pour qui cela ne marche pas. Quelqu'un qui ne fonctionne pas selon au moins un cycle céleste ne relève pas de l'astrologie. Et cela n'est pas un drame pour l'astrologie. Quant à l'astrologue, il fait son métier qui consiste à déterminer qui est sensible de façon récurrente aux astres et à quelles configurations spécifiques récurrentes? On est donc confronté à deux récurrences, celle des astres et celle des humains. Et pas n'importe lesquels.
Il nous semble sain de proposer désormais aux astrologues qu'ils ne sont pas dans l'obligation à déterminer astrologiquement ce qui concerne chacun de leurs clients. Obligation de moyens, pas de résultats. Que se passe-t-il si le diagnostic est négatif? Cela se produit dans un grand nombre d'activités : telle personne se présente à une école de danse, de théâtre et on lui dit si elle est faite pour cela. Que dirait-on d'une école qui prendrait n'importe qui, sans examen d'entrée d'aucune sorte ou qui se fixerait des critères tellement vagues et primaires que tout le monde passerait le dit examen avec succès? C'est ainsi qu'il y a des "scènes ouvertes", où n'importe qui peut venir "lire" un texte, sans aucune présélection. Le grand tort des écoles d'astrologie, dans la mesure où celles-ci n'ont pas pour seul objectif de préparer au métier d'astrologue, est bien de laisser croire que tout le monde est concerné par l'Astrologie et notamment par ses cycles.
Il faut d'ailleurs dénoncer la mauvaise foi de ceux qui soutiennent une telle position, en ce que l'Astrologie qu'ils préconisent est d'une telle complexité qu'une poule n'y retrouverait pas ses petits; C'est le désordre organisé! Il est clair que ce que nous proposons exige une sérieuse décantation, un puissant élagage! Nous avons dénoncé (dans d'autres textes) la mauvaise maitrise des définitions qui conduisait inexorablement à l'idée qu'il fallait combiner les notions astrologiques puisque de l'aveu même des astrologues, aucune n'était, à elle seule, satisfaisante. Aveu d'impuissance et d'incurie!
Les travaux de Gauquelin ont montré, entre autres, que l'on pouvait accéder au général avant de revendiquer le particulier, que certaines carrières étaient embrassées par certaines personnes et point par d'autres et ce pour les "prétextes" les plus divers. L'astrologie ne s'intéresse pas aux prétextes mais aux actions qui se nourrissent des prétextes les plus divers (autre thème largement abordé au dit Colloque) car en s'intéressant à la diversité infinie des prétextes, des cas particuliers, elle ne peut que se noyer et se perdre.
Toujours dans le sens de Gauquelin, ne sera "Martien" qu'une personne née "sous" Mars (placé dans les angles), ne sera "Lunaire" qu'une personne née "sous" la Lune et ainsi de suite.
Or, une telle approche est étrangère aux pratiques astrologiques en vigueur, qui vont vers la détypologisaton, vers le mélange à outrance des facteurs selon un sophisme qui dit que ce qui la personne ne saurait être classée dans une catégorie, qu'elle est inclassable alors que l'appartenance à une catégorie ne signifie pas pour autant que l'on ne puisse appréhender sa spécificité individuelle dans un deuxième temps. Quant à l'idée selon laquelle le type de la personne serait déterminable par l'étude globale du thème natal, c'est une vaste plaisanterie en ce que cela implique de tenir compte de facteurs qui n'interviennent pas nécessairement! Pour Gauquelin, on n'est pas "Martien" parce que c'est la planète la plus forte dans le thème mais parce que l'on a un comportement professionnel martien, parce que l'on fonctionne comme un Martien. Rappelons qu'un fonctionnement est quelque chose de normatif. Une machine qui ne fonctionne pas bien est une machine qui ne marche pas normalement. L'idée d'un fonctionnement spécifique à un seul individu est aberrante. Dire que le thème nous dit comment fonctionne une personne isolément est absurde car un thème au sens actuel du terme en astrologie n'offre pas en soi un modéle de fonctionnement pertinent, un thème est un ensemble hétéroclite et en soi parfaitement illisible d'un seul tenant. Le mot "thème" d'ailleurs est utilisé abusivement car comme chacun sait un thème musical est quelque chose de reconnaissable et ne recouvre pas un ensemble inextricable!
En réalité, il ne faudrait pas dire "ça fonctionne bien" mais "je fonctionne bien" car la véritable motivation de ceux qui viennent à l'astrologie, c'est de mieux fonctionner. C'est pourquoi tant de personnes; ayant acquis un certain bagage astrologique, n'en font pas profession (sinon une profession de foi) car c'est avant tout pour s'aider elles-mêmes qu'elles se sont lancées dans une telle "initiation", dans l'espoir de mieux fonctionner, de mieux se comprendre et de mieux comprendre leurs proches, de ne plus être dans le brouillard, d'y voir "plus clair" donc d'être plus clairvoyants (mot qui désigne en anglais les "voyants", le terme "voyant" étant en fait une abréviation de clairvoyant, ancien français conservé par l'emprunteur anglais). Paradoxalement, le client y voit souvent plus clair que l'astrologie et d'ailleurs l'astrologue ne s'adresse-t-il pas à lui pour qu'il teste si le dit astrologue "fonctionne". C'est plus finalement l'astrologue en tant que personne qui est ainsi testé que l'Astrologie. Nous avons déjà signalé à quel point le client ou le patient de l'astrologue ou du tarologue était censé capter les choses, être un "médium" en quelque sorte tandis que l'astrologue peut se contenter de décrypter selon un codage établi et qui n''exige que de savoir lire des documents. Il y a là une modernité qui nous est familière, dans le cadre urbain : les gens de nos jours sont plus à l'aise devant leur écran, dans le virtuel, que face au monde réel. on le voit par exemple aux arrêts de bus, à Paris, qui indiquent dans combien de temps viendra le bus. Au lieu de regarder à l'horizon s'il arrive, l'on se contente désormais de fixer l'écran qui l'indique! Autrement dit, l'astrologue s'appuie doublement sur son client: 1 en supposant qu'il a été sensible aux positions astrales à sa naissance ou qu'il est apte à "tirer" des cartes qui font sens, et 2 en supposant qu'il se connait assez bien, est suffisamment structuré pour "juger" de la valeur de ce qu'on lui dit. C'est peut-être, dans bien des cas, beaucoup demander!



JHB
26. 02. 10

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