lundi 12 avril 2010

Le cycle astrologique et le Yin/Yang

par Jacques HalBronn

Si l'astrologie chinoise met en œuvre des techniques qui font problème pour l'astrologie occidentale, cette dernière pourrait bien profiter en revanche de certaines de ses formulations et notamment de sa "philosophie".
En effet, nous avons pu remarquer (voir notre Postface à L'Astrologie du Livre de Toth, d'Etteilla, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1993) que le traité d'astrologie d'Eustache Lenoble était reparu en 1788, à une époque où il est généralement admis que l'astrologie passe par une éclipse, mais qu'on mettait en pratique ses préceptes non pas à partir des éphémérides comme il était de sa vocation initiale, mais en recourant un substitut relevant de la numérologie et du Tarot (voir le Petit homme rouge des tuileries).
En ce qui concerne l'astrologie chinoise, le décrochage par rapport à la réalité planétaire est certain.(voir notre entretien avec Annick Perthu, sur la télévision astrologique) mais la dialectique Yin Yang peut constituer un précieux apport pour le renouveau de l'astrologie occidentale et notamment au niveau de la cyclicité.
C'est ainsi que dans le cycle de 10 ans qui est une sorte de supercycle (Daykoun), les cinq premières années son Yang et les cinq dernières Yin. Cela correspond à ce que nous entendons par le passage de la conjonction à la disjonction, sur une durée de 7 ans.
Il apparait en effet que tout commence par le Yang et s'achève par le Yin mais que tout revient au Yang et ainsi de suite. Le Yang serait la locomotive et le Yin, les wagons du train ou si l'on préfère le Yang serait les bœufs et le Yin, la charrue et l'on sait que l'on ne doit pas mettre la charrue devant/avant les boeufs. Une locomotive sans trains accrochés derrière est inutile....
Même dans certains genres poétiques chinois, passés en Occident, on a la forme du quatrain dont les deux premiers doivent être à caractère philosophique et les deux derniers de nature pratique.(pantoun)
Or, force est de constater qu'on ne retrouve pas cette dualité temporelle en astrologie occidentale alors qu'elle peut parfaitement s'y inscrire.
C'est ainsi que la conjonction de deux astres amorcerait un temps Yang, le temps Yin se manifestant avec la dissolution de la conjonction (ou disjonction)
Bien entendu, après le temps Yin, il faut amorcer un nouveau cycle et revenir au Yang, tout comme après avoir mis un enfant au monde, la femme doit se rapprocher de l'homme pour qu'il la féconde une fois de plus. Une fois enceinte, la femme n'a, temporairement, plus besoin de faire appel à l'homme.. C'était d'autant plus flagrant quand la mortalité en bas âge était importante. C'est moins le cas de nos jours et cela n'est pas sans conséquence..La naissance est estivale, la conception hivernale. La nuit est un moment d'ouverture, de réception, le jour est un temps de transmission. Paradoxalement, le Yang est réceptif car il se branche sur les énergies signifiantes que les hommes ont instauré dans le cosmos alors que le Yin est émetteur en ce qu'il est aboutissement, il "délivre".(en anglais delivery), il est le '" petit livreur".
Une telle cyclicité se retrouve d'ailleurs dans la vie politique française (et ailleurs), avec la dialectique Droite/Gauche, ce qui donne lieu fréquemment à une certaine alternance au pouvoir.
La Droite est à dominante Yang, elle s'intéresse à ceux qui génèrent de l'emploi, aux chefs d'entreprise, à ceux qui exercent un certain pouvoir;
La Gauche est à dominante Yin, ce qui importe avant tout pour elle, c'est la mobilisation des masses dont la force collective fait pendant à celle de l'élite. D'où l'importance, à gauche, de l'intégration des marginaux (immigrés, jeunes, vieux, femmes, chômeurs etc.), des "cas sociaux", parce qu'elle est fondamentalement unificatrice et vit mal tout ce qui sort du rang, tant vers le bas que vers le haut. Le mot clef est solidarité, ce qui signifie que l'on fait bloc, que l'on est dans l'interdépendance, dans la communion sans aucune limitation. Mais on voit bien que le Yin ne peut exister sans le Yang, c'est le problème de la poule et de l'œuf. On a toujours besoin d'un plus petit que soi, rappelle une fable de Jean de La Fontaine aux "Grands". Mais si les sociétés sont invitées à intégrer les étrangers qui y ont trouvé accueil, il va de soi qu'elles se doivent de gérer au mieux le cas de ceux qui nés en son sein, et présentant des facultés assez remarquables, ne seraient pas récompensés décemment pour leurs travaux.. Il y a là une charité de gauche et une charité de droite. Une société qui bafoue ceux qui sont profondément marqués par elle et qui en incarnent les valeurs avec un certain brio et qui, a contrario, est obnubilée par le sort de ceux qui la rejoignent, à un certain stade, n'est-elle pas méprisable?
Il y a évidemment une complémentarité entre ces deux principes et il est regrettable que l'astrologie occidentale ne les place pas/plus au cœur même de sa démarche, tant dans le temps que dans l'espace social.
Entre ces deux extrêmes, il y a des passerelles, qui correspondent à l'équinoxialité, on passe ainsi du 2 au 4. En effet, le un engendre le deux qui est le moment où le un se dénoue et le deux engendre du 4, du fait des passerelles nécessaires pour passer de 1 à 2 et de 2 à 1.
Le Yin tend, en tout état de cause, vers la diversification ou plutôt vers la (dé)multiplication. Ce qui compte pour le Yin, ce n'est pas tant que les gens se différencient qualitativement les uns par rapport aux autres (ce qui est plutôt à caractère Yang) mais qu'ils puissent être dénombrés quantitativement et massivement. Cela signifie que l'on est voué à vivre dans un espace restreint puisqu'il faut le partager avec un très grand nombre de personnes, à l'image de ces fauteuils dans une salle de théâtre ou de cinéma et plus généralement dans les transports en commun. La valeur Yang confère un champ de conscience autrement plus ample, pour un espace moins coupé menu. Moins d'intérêts pour les détails, moins de valorisation des apports minimes que l'on peut apporter à un objet déjà constitué. La valeur Yin, à l'inverse conduit à survaloriser la plus petite valeur ajoutée. Et c'est d'ailleurs sur ce créneau du "minuscule" que s'est constituée l'astrologie du thème natal avec son maillage extrêmement fin et qui peut sembler dérisoire aux yeux du peuple "Yang". Qui ne reconnait dans cette description, la différence entre créateurs et interprètes? Le Yang survole comme un aigle et le Yin broute son pré comme un bœuf : on sait que ces deux créatures figurent conjointement sur diverses représentations (Christ Pantocrator, Arcane Le Monde, "Hayoth" du Livre d'Ezéchiel etc).
La Chine de Mao Tsé Toung illustrait bien la dialectique du chef (Yang) et du peuple (Yin)., le chef devant guider le peuple et le peuple exprimer son amour pour son leader.Il est d'ailleurs assez vain, comme on l'a fait pour le nazisme, d'essayer de distinguer le "Führer" (le guide, en allemand) de son 'Volk" car, à un certain moment, le peuple "rejoint" son chef, le "porte", y trouve son unité. En fait, le peuple utilise le chef pour se souder, pour s'unir. C'est une entité en soi qui se forme et se déforme, se fait et se défait, cycliquement tout comme le chef n'est pas constamment au "top". Les sociétés ont besoin de l'un ou de l'autre de ces processus: soit elles laissent les chefs agir à leur guise, leur donnant "carte blanche", soit elles se (re)constituent en tant qu'ensembles d'un seul tenant, se réunissant dans des meetings et apportant leur voix, leur contribution financière, certes modeste au niveau d'un individu mais considérable, si on additionne les apports de chacun (taxe, dîme, impôt).


JHB
07. 02. 10

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