Souvent les astrologues mettent en avant ce conseil de Socrate, repris de l'Oracle de Delphes: Connais-toi toi-même. Mais que signifie réellement une telle expression notamment pour notre monde actuel?
Nous pensons qu'il faut comprendre avant tout qu'il importe d'être à l'écoute -dans tous les sens du terme- de son corps, cerveau compris et d'apprendre à bien le conduire, à bien le gérer.
Or, de nos jours, les gens savent mieux se servir de leur ordinateur, de leur guitare ou de leur i-pod que de leur propre corps. L'autre jour, dans le métro, nous regardions un homme jouer du saxophone, sur le quai, avec un fond sonore électrique. Il semblait être assez virtuose mais nous nous demandâmes s'il était pareillement à l'écoute de son corps.
Car savoir jouer d'un instrument, ce n'est pas une garantie que l'on ait un bon rapport avec son propre corps et l'on connait bien des instrumentistes, notamment dans le monde du jazz, qui n'avaient aucune hygiène de vie et notamment qui étaient alcooliques. En ce sens, l'instrument deviendrait un corps de substitution, de remplacement, voire constituerait comme une sorte d'infidélité par rapport à son propre corps qui serait ainsi "trompé" comme on trompe, on "trahit", un partenaire sexuel.
Nous vivons dans un monde où les gens de plus en plus tendent à mieux connaitre leurs machines que leur propre corps et cela même à un très jeune âge. Mais cela vaut déjà pour l'apprentissage de la lecture qui n'a rien à voir avec celui du langage, ce dernier exigeant de savoir tirer à volonté des sons de son propre corps. Certes, il faut savoir se servir de ses mains pour actionner la plupart des machines ainsi que de ses yeux pour regarder des objets généralement très proches. C'est ainsi que même lorsque l'on attend un bus, on va observer l'indication donnée à l'arrêt plutôt que de se fatiguer à scruter l'horizon. Bienvenue chez les myopes!
Quand on entend parler les gens de leur alimentation, on nous expose des arguments de type écologique ou éthique alors qu'au départ c'est à nous de juger de la façon dont notre corps "pense" (panse) de ce qu'on lui fait ingurgiter. On a ainsi des scènes surréalistes où des gens qui visiblement maltraitent leur corps, sont en excès pondéral, se permettent de nous donner des leçons sur les inconvénients de telle ou telle diététique. Ou alors qui avec désinvolture, nous parlent du "plaisir" que ressent le corps alors même que certains ingrédients ont des effets excitants: on est là quasiment dans une logique de viol de son propre corps!
C'est pourquoi nous sommes favorables à une réhabilitation du sifflement (voir nos compositions pour piano et wiss( à partir de whistle, sifflement en anglais, JHB, sur You Tube), ce qui permet d'explorer son corps, sans avoir à apprendre une langue donnée, un texte, donc une sorte de "machin" qui ne nous "parle" que si nous nous sommes programmés pour le décrypter. De même au niveau diététique, on doit juger l'arbre à ses fruits et ne pas avoir de préjugés : il faut juger par soi-même, c'est à dire au niveau du ressenti de son corps et non de son "mental". Nous recommandons de préférer les mains aux couverts quand nous mangeons, de manger des fruits plutôt que de boire dans des verres.
La pratique du sport est un test essentiel, notamment en athlétisme. Celui qui ne pratique aucun exercice peut tout à fait s'illusionner quant à son véritable état de santé puisqu'il vit déjà au ralenti. Celui qui ne fait aucun effort pour discuter, débattre et se contente de lire des textes, qui n'est à son aise que dans le monologue, dans des textes qu'il récite, n'est pas non plus vraiment en bonne position pour évaluer l'état de son mental. Il y a là beaucoup de faux semblants, de faux fuyants, de refus de se rapporter aux bons critères.
Quant à l'astrologie, que penser de cet "outil" qu'est notamment le thème natal? On peut être sceptique quant au "bien" apporté par un objet externe censé représenter, peu ou prou, ce qui se joue en nous en interne. Apprendre à "lire" un thème ne remplacera pas la lecture que nous avons à entreprendre de nous -même!
Mais plus généralement, nous nous trouvons là, selon nous, au cœur de la dialectique Yin Yang. Le Yang est en amont et leYin en aval. Le Yang est notre corps, le yin ses prolongements, le yang et le centre, le tronc, le yin est le feuillage, l'environnement, l'enrobement. Le yang, c'est la bouche, le yin, les mains... En d'autres termes, le yin, c'est la machine, sous ses multiples aspects et cela depuis des millénaires, et la charrue est un outil au même titre qu'une fusée supersonique....
Notre civilisation est marquée par un certain équilibre instable entre le yin et le yang mais avec un poids croissant, du moins au niveau idéologique, du yin. Dans la pratique cependant, chacun sait que le monde yin a besoin périodiquement d'être "rechargé" par le monde-bien plus restreint- du Yang. Mais en fait, le rêve du yin n'est-il pas d'absorber le yang, de le contenir tout comme la femme hétérosexuelle laisse entrer en elle le sexe de l'homme? Si le yang est le contenu, le yin est le contenant et le contenu, donc elle s'approprie le yang. Mais ce yang n'a pas une durée infinie et elle doit en changer. Ce n'est que durant ce court moment où le yin se recharge que la dualité est manifeste, c'est le bref temps du coït, de l'accouplement.
Il est clair que les astrologues sont très fortement du côté du yin ou plutôt, ils s'efforcent assez vainement de yanguiser le yin en laissant croire que chacun d'entre nous est "porteur" d'un thème natal - on parle aussi de mères porteuses - et après l'on nous dit que chacun de nous est un mélange de yin et de yang, sous prétexte que les deux pôles sont en interaction et s'articulent l'un par rapport à l'autre. Mais si l'Humanité est bien Yin Yang tout à la fois, chacun de nous doit déterminer si individuellement il est du côté yin ou du côté yang, en ne s'appropriant ce qui est à l'autre.("Tu ne voleras point", dit un des Dix Commandements,). Il y a un temps pour le Yang et un temps pour le Ying et ils alternent cycliquement, tout comme les parures de l'Eté doivent tomber à l'arrivée de l'Hiver, c'est à dire dès l'automne (en anglais "Fall", tomber), qui est un monde réduit à des troncs, quitte, à repousser d'abord timidement et presque subrepticement au sortir de l'Hiver, tout comme à l'automne, ce n'est d'abord qu'un subtil changement chromatique.
Ce monde yin qui nous domine préférera un produit raffiné, fermenté, retraité à un produit "brut". On préférera ainsi un jus de pamplemousse au fait de manger un pomelo, on préféra un gâteau à une banane, on préférera des plats en sauce à des cotelettes grillées....;Comme si il était plus "civilisé" de consommer des produits avec une forte valeur ajoutée! Au nom de la "cuisine", l'on tendra à se préoccuper assez peu de l'origine des produits, le cuisinier étant tout fier de procéder à une savante alchimie, dans son "athanor" (four en arabe et en hébreu). C'est, ce faisant, ne pas apprécier le travail de l'agriculteur, de l'éleveur qui améliore ses produits. C'est la ville qui fait un pied de nez à la campagne! Or, notre corps n'a que faire de tels raffinements qui l'égarent, où une sauce (la ketchup, par exemple) peut recouvrir et marquer de son goût les produits les plus différents,. Ecoutons d'ailleurs ce corps quand on le remplit de légumes - si chers aux "végétariens" produire des gaz malodorants; Sachons aussi que tout le monde n'a pas à être logé à la même enseigne, que ce sont les gens du yang qui doivent exiger des choses qui sont à la source et que les gens du yin peuvent tout à fait se prélasser dans une certaine forme de décadence, c'est à dire de ce qui se situe en bas. Le Yang est dans l'être, le Yin, dans l'avoir et nous entrons dans un monde où ce qui nous distinguera les uns des autres ce sera l'avoir et non l'être -on va vers une individuation par l'avoir (y compris le thème natal), par la possession de tel ou tel objet, de tel ou tel outil.
Qu'est ce donc, à la lumière de ce qui vient d'être dit, qu'une consultation astrologique.? Est-ce qu'on se place, en effet, au niveau de l'être ou de l'avoir (à être)? Les astrologues que nous n'avons cessé d'interroger depuis deux ans préfèrent généralement nous répondre qu'il est question de l'être mais l'on peut se demander s'il ne s'agit pas plutôt de "meubler" l'être comme on aménage un espace vide? On nous dit que les gens "sentent" la justesse de ce qu'on leur dit sur eux, qu'il y a "résonance"..... Mais en vérité, les gens sont un peu comme devant un notaire qui leur annonce quelque héritage. On vous apprend que vous avez "droit" à un thème et que nul ne peut vous en contester la possession. Il ne reste pus qu'à faire au mieux avec et c'est à l'astrologue de vous aider à vous y installer, même s'il ne s'agit que d'une résidence secondaire. Dans un monde où l'avoir est si important, affirmer que le thème nous parle de l'être doit être prise au second degré, ce serait plutôt une prothèse d'être, un palliatif. D'abord, les gens sont d'accord pour s'identifier avec tel ou tel signe, mais en fait avec "leur" signe, celui qui leur est alloué par l'état civil, par leur anniversaire. Et il serait absurde pour eux d'en changer. En même temps, contrairement à ce que semblent croire tant d'astrologues, ils ne cherchent pas nécessairement à être uniques en leur genre, d'être un modèle unique! Il y a là une bien fâcheuse surenchère ontologique qui est le fonds de commerce d'une certaine astrologie de cabinet qui fait miroiter ainsi les mirages d'un être radicalement distinct des autres -qui serait dévolu à tout un chacun - et qui bien entendu ne se prive point de se moquer, voire de caricaturer une astrologie des "horoscopes". Mais cet être là est, selon nous, surdimensionné comme un costume trop grand. Car seuls les gens du Yang ont véritablement accès à l'être. Qui ne voit que l'astrologie s'est "démocratisée" et que l'on a affaire à des légions de nouveaux riches, engoncés dans leurs nouveaux habits? C'est ainsi que les maisons astrologiques ne se comprennent que si on les applique à des personnages ayant une solide assise sociale, qui sont notamment dotés de serviteurs (maison VI), des esclaves, de tout un entourage, d'une "cour", d'une "maison" (maisnie), voire d'un harem? Les maisons astrologiques sont conçues pour des gens influents, qui exercent leur autorité autour d'eux, à la tête d'un collectif qui dépend d'eux juridiquement. On est dans la Cité athénienne avec sa hiérarchie..
Evitons de tomber dans des rhétoriques fondées sur des étymologies, des rapprochements morphologiques et formels (rimes). Il est certes tentant; déjà chez l'enfant, d'argumenter en s'appuyant sur une "logique" inhérente à une langue donnée, qui nous conduit à rapprocher diverses significations parce qu'elles relévent d'une même racine, d'un même signifiant, modulé préfixalement. La philosophie ne saurait être limitée par la langue du locuteur et qui ferait qu'en français, les associations d'idées ne seraient pas les mêmes qu'en allemand, par exemple.(voir les associations de mots, chères à Freud). Traiter notamment de l'être et de l'avoir ne saurait se limiter à un simple exercice grammatical, à une philosophie populaire greffée sur les arcanes d'une certaine langue (quand bien même serait-ce de l'hébreu!). Les langues, si elles peuvent avoir une certaine valeur pédagogique, ne doivent être présentées que comme un jeu, à l'instar de la poésie, quand il s'agit d'opérer des connexions.
C'est ainsi que discourir sur l'être et l'avoir n'est pas chose aisée dans la mesure où les langues sont souvent déficientes et insuffisantes à ce sujet. Si je dis que telle idée est mienne, ce n''est pas la même chose que si je dis que je la fais mienne. Si je compose une pièce de musique, c'est "ma" pièce et je ne l'ai empruntée à personne et n'ai à en partager la paternité avec personne. On dira qu'elle est mienne absolument. En revanche, un objet que je m'approprie ne sera mien que relativement.. Plutôt donc que d'opposer l'être et l'avoir, il serait probablement plus heureux de distinguer entre une possession absolue, celle de mon corps, celle de ce qui émane pleinement de mon être et une possession relative qui me vient de l'extérieur et que l'on peut me dérober, dont on peut me priver. Le Droit distingue très clairement ces deux plans: porter atteinte à l'être de quelqu'un relève du pénal, de la Cour d'Assises, c'est un crime ou une tentative d'homicide, porter atteinte à son avoir est un "délit" -(les anglo-saxons parlent de '"crime" dans ce cas aussi!). Déposséder un peuple de son territoire est une chose - car aucun territoire, aucun bien ne fait essentiellement partie de mon être - l'exterminer en est une autre. Le plagiat est souvent considéré comme une chose détestable en ce qu'il est appropriation de quelque chose qui appartient à l'être de quelqu'un. On aura donc compris que je suis possesseur absolument, radicalement, de mon être et que je ne peux être par l'appropriation de l'être d'autrui si ce n'est sur un mode relatif. On recoupe là la dualité du sujet comme être et de l'objet comme avoir. A partir du moment où je secrète quelque chose, que cela "sort" de moi, je produis de l'objet qui se prête à l'appropriation, à la fétichisation, par autrui, quand bien même cela reléverait de ma part du don.
JHB
18. 02. 10
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