par Jacques HalBronn
Pour nous il n'existe que deux catégories de personnes, ceux qui "viennent" - pour imiter John Gray auteur de '"Les hommes viennent de Mars e les femmes de Vénus"- de la Lune et ceux qui "viennent" de Saturne. A l'astrologue d'apprendre à déterminer qui est qui parmi ceux qui viennent le consulter.
Et disons le, d'entrée de jeu, ce n'est pas l'examen du thème natal qui fournira la réponse, contrairement au credo en vigueur. Et cela, pour la raison très simple, que tout le monde ne dépend pas directement des planètes, selon l'approche dualiste (ce qui numérologiquement convient bien depuis que nous avons passé l'An 2000) qui est la nôtre.
Le lunaire, comme son nom l'indique, est marqué par le cycle que la lune réalise avec le soleil, celle-ci rejoignant et se conjoignant à celui-ci, une fois par mois, dans un signe zodiacal différent. Pour nous le lunaire n'est pas directement concerné par l'astrologie planétaire. Il relève d'une certaine grégarité et les événements majeurs de sa vie sont ceux qu'ils partagent avec d'autres, à une grande échelle et sur des durées relativement limitées. Catastrophes naturelles, guerres, révolutions, décès de personnalités emblématiques, matchs de sport, célébrations nationales, modes, progrès technologiques, événements artistiques, élections politiques, etc). Le lunaire n'est puissant qu'en s'alliant à d'autres. Il est donc dans l'horizontalité et dans une cyclicité brève, ce qui lui permet de se recharger fréquemment. Rappelons que les femmes sont censées dépendre du cycle lunaire (menstruation)
Le saturnien comme son nom l'indique, est marqué par le cycle de Saturne, qui offre des similitudes numériques avec le cycle de la Lune, le nombre d'années de l'une correspondant peu ou prou au nombre de jours de l'autre. Rappelons que l'axe solsticial Cancer-Capricorne oppose la Lune à Saturne, selon le dispositif des domiciles. Le Saturnien est quelqu'un qui ne peut se recharger qu'à des intervalles distants, comme un bateau partant pour des destinations lointaines, sans escales; au bout d'un certain temps, son énergie fléchit et il perd quelque peu de son aura, c'est le dieu qui redevient homme, en quelque sorte.. En cela, le saturnien est un demi-dieu, ce qui lui confère une dimension christique, duelle. Lunaire et Saturnien n'auront donc pas les mêmes embarcations. La vie du Saturnien s'organise autour de ces conjonctions ayant lieu tous les 7 ans (avec l'une des quatre étoiles fixes royales), c'est à ces moments là que tous les yeux sont fixés sur lui du fait qu'il dispose alors d'une énergie singulière qui alimentera, de proche en proche, la masse des lunaires, à la façon d'un soleil. Le Saturnien est dans la verticalité en ce qu'il ne tire pas sa force de ses congénères, pour faire masse, mais de son lien avec le Ciel.. Ce qui lui confère une autonomie qui le singularise et l'isole psychiquement, tout en le plaçant au centre socialement, d'où quelques tiraillements.
Paradoxalement, le lunaire du fait même de sa grégarité, de son émulation collective, et d'un certain conformisme sera à l'affut, de façon assez obsessionnelle, de ce qui peut le différencier ne serait-ce que de façon minime, alors que le saturnien de par sa spécificité soulignera tout ce qui converge. En ce sens, leurs programmations fonctionnent en sens inverse et en cela sont complémentaires. En ce sens, le lunaire a un rapport particulier à la maladie (voir notre entretien avec Christine Badier et Mireille Petit, sur la télévision astrologique) en ce sens que la maladie l'individualise, le distingue, le fait sortir du rang, mais non pas par le haut, mais par le bas, non pas comme le coureur qui arrive en tête mais comme celui qui décroche du peloton et tient la lanterne rouge. En tombant malade ou en étant victime de quelque handicap, le lunaire acquiert, de facto, certains attributs que l'on pourrait confondre avec ceux du saturnien. Sa faiblesse devient une force, à la façon de l'enfant qui vient au monde ou du malade que l'on vient visiter.
C'est alors que le lunaire, en situation de crise personnelle, physique ou psychique, sera conduit à rencontrer l'astrologue du fait même de son apparente saturnisation, qui peut faire illusion. D'où la dimension thérapeutique revendiquée par nombre de praticiens de l'astrologie. Mais que peut faire l'astrologie saturnienne face au Lunaire? Epistémologiquement, une telle thérapie ne traite aucunement de ce que l'Astrologie est en mesure d'apporter. On a donc affaire à un leurre, à un fantasme d'individuation nourri par la maladie. Cela nous renvoie à la dialectique du Bien et du Mal, deux forces qui apportent, chacune à leur manière, une certaine spécificité. On peut être remarquable par l'un comme par l'autre, par son génie ou par ses tourments. Le Lunaire peut ainsi être tenté de dérailler, de commettre des actes proscrits, interdits, pour revendiquer son individualité. On voit que le Mal et la Maladie font bon ménage, c'est l'autre voie, celle qui s'offre au lunaire, comme d'assassiner un grand personnage, on est le grain de sable. Certes, une certaine astrologie - et notamment la karmique - peut s'efforcer d'accompagner cette "descente aux enfers" (voir notre entretien avec Alain Gauthier) mais on recourt alors à un ciel largement fictif, d'où l'importance des nœuds lunaires, de la lune noire, des maîtrises planétaires etc. Cette fiction astronomique est significative d'un certain jeu de miroir du Lunaire saisi par le Mal par rapport au Saturnien, en rapport vrai avec le cosmos planétaro-stellaire. La Lune est ici le reflet de Saturne, comme le Mal l'est du Bien, qu'il singe, qu'il simule. D'où souvent le parallèle entre le fou et le génie.
En pratique, le lunaire est à son aise quand Saturne s'éclipse et vice versa. Saturne est puissant, dans notre modèle, quand il se trouve à 22°30' avant et après la conjonction avec l'une des 4 étoiles fixes et la Lune, par défaut, est puissante - un peu comme c'est le cas durant la nuit- l'autre moitié du temps. Le moment de passage du monde saturnien au monde lunaire (qui n'existe que par l'absence saturnienne) sera qualifié d'équinoxial, il se caractérise par un moment de battement relativement bref. C'est bien à tort, que l'on aura attribué un quart du cycle annuel tant au printemps qu’à l'automne et l'astrologie ne saurait s'aligner sur une telle présentation des choses. La vraie structure est binaire et non quaternaire. On passe du 1 au 2 et du 2 au 4 mais cela n'est jamais qu'une déclinaison du 1.
L'alternance Lune/Saturne n'est pas sans évoquer le couple Pluton-Proserpine(avec la dialectique des six mois en haut et des six mois en bas). Saturne est hivernal, la Lune est estivale. En ce sens, Saturne fait penser aux vampires qui craignent la lumière du jour lequel les coupe du rapport au Ciel, lequel n'est lisible que la nuit. Analogiquement, le Saturnien s'épanouit à la nouvelle lune (conjonction avec le soleil) et le Lunaire à la pleine Lune (opposition au soleil). Il faut évidemment savoir "jongler" avec ces différents plans, formant un système analogique assez rigoureux et qui est en bien piètre état dans la présentation actuelle de l'Astrologie.
Il revient à l'astrologue du XXIe siècle de savoir distinguer entre ces deux types de "patients" car ses outils ne seront pas les mêmes dans les deux cas. Tout comme ces astrologues qui commencent par corriger ou vérifier préalablement l'heure de naissance, nous suggérons que l'astrologue tel que nous nous le représentons soit en mesure de déterminer si son client est saturnien ou lunaire. C'est un tel enseignement que nous entendons développer et transmettre dans le cadre de séminaires lors des prochains mois, dans le cadre de la réouverture de la Faculté Libre d'Astrologie de Paris.(FLAP, fondée en 1975 et en sommeil depuis quinze ans). Nous y dispenserons des diplômes qui seront absolument nécessaires pour exercer selon notre méthode.
JHB
03. 02. 10
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