lundi 12 avril 2010

La nécessité d'un point fixe en cyclologie astrologique

par Jacques HalBronn

L'on commence à se rendre compte qu'une cyclogie astrologique - comme celle que propose Yves Lenoble dans son traité des cycles (1992)- doit être repensée car elle comporte certains défauts que l'on pourrait juger rédhibitoires, notamment en l'absence d'un point fixe de référence.
En effet, si l'on prend un cycle de deux planètes, l'on peut certes étudier les aspects entre elles mais aucune des deux ne constituera un repère absolument fixe, ce qui contraindra d'ailleurs la planéte la plus rapide à parcourir un espace sensiblement supérieur à celui qui lui est nécessaire pour accomplir une révolution sidérale. Ainsi 20 ans au lieu de 12 pour la conjonction Jupiter- Saturne, la durée variant selon le partenaire planétaire, ce qui fait que la planète la plus rapide connaitra des durées cycliques diverses, sauf dans le cas du retour sur la position natale. (cf. notre entretien avec Hélène Radomslki, pour la Télévision Astrologique). Même dans le cas de la relation lune-soleil, le temps nécessaire à la Lune pour rejoindre le soleil sera supérieur au temps qu'il faut à la dite Lune pour se retrouver en un même point du ciel et donc chaque cycle incluant la Lune et une autre planète diffèrera, ne serait-ce que de très peu, vu la vitesse de la Lune. Or, il est clair que le thème natal en tant que référentiel fixe est une notion assez étrange astronomiquement, en raison du décalage temporel (date de naissance et moment de la configuration, c'est tout le "charme" des transits). Le problème avec un tel repérage est qu'il varie d'un thème de naissance à un autre, ce qui ne permet guère, au final, de le qualifier de fixe!
Que dire, par ailleurs, du repérage zodiacal habituellement pratiqué et dont le point de départ est, chez les astrologues tropicalistes, l'équinoxe de printemps (dans l'hémisphère Nord) et chez les sidéralistes une certaine étoile de la constellation du Bélier, quand bien même cela ne coïnciderait plus, depuis belle lurette, avec le dit axe des équinoxes (le décalage se nomme Ayanamsa)?
L'idée d'un référentiel stellaire est certes tout à fait la bienvenue mais à condition de greffer dessus une planète qui sera périodiquement en conjonction avec l'étoile choisie. Dans ce cas, l'on étudierait les aspects entre la dite planète et la dite étoile, laquelle planète verrait alors son cycle sidéral respecter puisque l'étoile, comme son nom l'indique, est fixe. On pourrait alors combiner le passage dans le zodiaque avec chaque aspect et dire que lorsque la planète passe à tel endroit du zodiaque elle est en tel aspect et vice versa, sans que le changement de signe ne soit pour autant déterminant puisque ce qui compte avant tout ici est la nature de l'aspect. Nous ne suivrons donc pas les astrologues qui attachent de l'importance au changement de signe, comme par exemple actuellement l'entrée de Pluton en Capricorne (en tropique).
Pour nous, on l'aura compris, un cycle doit se référer à une étoile fixe -et non à un axe équinoxial ou à un axe solsticial et l'on peut d'ailleurs difficilement parler d'une conjonction d'une planéte avec de tels axes (si ce n'est, sur un autre plan, en mouvement diurne, Ascendant, Milieu du Ciel)
Donc nous observons que les cycles en circulation se référent tantôt à un certain thème natal, à une certaine planète plus lente que celle qui "tourne" autour d'elle, à une certaine étoile ayant coincidé,à une certaine époque, avec l'équinoxe de printemps, ou à un axe correspondant au cycle saisonnier dans l'un des deux hémisphères.
On notera qu'une cyclicité fondée sur le zodiaque tropique est fondée ipso facto sur un découpage en 12 secteurs, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les autres cycles. Autre inconvénient du découpage zodiacal, le rôle encombrant de la symbolique zodiacale dont il est bien difficile de se détacher et qui constitue une série bien plus hétérogéne que le processus des aspects successifs. Dire que deux astres passent de tel aspect à tel aspect est plus cohérent que de dire qu'une planète passe de la balance au scorpion sans parler du peu de pertinence de la division en 12 en tant que telle (voir nos études à ce sujet sur le JBA), moins intéressante que la division en 4, 8 et 16 secteurs et qui n'existe que pour des raisons non pas numériques mais historiques, à savoir le nombre de conjonctions soleil-lune par an, en moyenne.. La numérologie n'échappe pas aux aléas du compartimentage: on passe ainsi de la fin d'un mois au début d'un autre mois, ce qui implique un saut numérique, sans parler du changement de millésime, lors du passage de décembre à janvier, ainsi qu'un autre saut en passant du 12 au 1.
Si l'on admet donc que le repère sidéral est le plus probant, cela implique que l'on choisisse au moins une étoile comme point de départ d'un cycle et une planète pour déterminer une durée du cycle. Pour notre part, nous avons choisi Saturne comme planète et les quatre étoiles fixes royales comme points de départ successifs, le fait qu'une étoile fixe ait coincidé à un certain moment avec l'axe équinoxial- ce n'est plus le cas du fait de la précession des équinoxes - ne nous semblant pas déterminant. On notera que Saturne est un dieu qui n'appartient pas stricto sensu à l'Olympe, il est seul face à la diversité des dieux, dont il est en quelque sorte l'ancêtre dont tous descendent par ses trois fils, Jupiter, Neptune et Pluton, qui sont les " trois grands dieux", ce qui montre bien que l' astre qui lui est attribué, aux confins des planètes et des étoiles, était doté d'un statut spécial, en ce qu'il coiffait les autres planètes et les autres dieux, il est en quelque sorte le super- Dieu et le super astre- donc le super-cycle- dont tout le reste dépend; on retrouve là une logique monothéiste, les astrologues médiévaux soumettant les planètes-dieux à un plan divin supérieur..
En tout état de cause, ce qui nous intéressera, ce seront les aspects de la planète choisie par rapport à l'étoile de référence et non le découpage en 12, quel qu'il soit. Mais surtout, nous sommes hostiles à toute multiplication des cycles car on introduit alors un nouveau découpage, des plus aléatoires, qui sera fonction de toutes les interférences entre cycles, ce qui casse complètement toute structuration cohérente et régulière du cycle considéré.
En conclusion, nous dirons que la cacologie astrologique se trouve de nos jours à la croisée des chemins. Soit elle opte pour un découpage aléatoire, qu'il soit constitué par une série de symboles dont il semble hors de question de démonter un quelconque suivi viable, avec un découpage en 12 qui est numériquement peu défendable ou pour une très complexe intercyclicité qui ne permet aucune récurrence véritable. Soit elle opte pour une cyclicité planétaro-stellaire fondée sur une succession d'aspects déterminant des périodes respectant un découpage en 2, 4, 8, 16. Actuellement, l'école "sidéraliste" se sert d'une certaine étoile de la constellation du bélier et découpe le cycle en 12 (divisions égales ou tenant compte de la taille de constellations zodiacales inégales). En fait, cette façon de faire dérive de l'astrologie tropicaliste, d'où la division en 12 qu'elle transpose au niveau des constellations, le décalage étant involontaire. On ne peut comprendre un tel sidéralisme que par référence au tropicalisme et au cycle saisonnier. Or, à la base, une telle cyclologie, on ne peut que le constater, est de nature soli-lunaire- d'où le découpage en 12- et est antérieure à une astrologie planétaire stricto sensu qui divise l'espace en quatre et en huit secteurs, voire en 16 et certainement pas en 12. Au fond, nous avons là une division significative que celle du 12 et du 8.. L'astrologie soli-lunaire est à base 12, l'astrologie planétaro-stellaire est à base 8.
Certes, le syncrétisme est passé par là et les pistes ont été quelque peu brouillées. Mais l'historien et le penseur de l'Astrologie se doit de ne pas mélanger les fils. Deux astrologies cohabitent, l'ancienne soli-lunaire et la nouvelle planétaro-stellaire. L'une et l'autre étaient à l'origine fondées sur un seul cycle. Mais par la suite, l'on aura considéré que chaque planète pouvait faire partie de la cyclologie astrologique, en se modelant sur les données astronomiques, ce qui a abouti, comme on l'a vu, à brouiller le profil de la dite cyclologie.





JHB
11. 02. 10

Aucun commentaire: