samedi 23 janvier 2010

L'astrologie et le couple

par Jacques HalBronn

La question du couple fait partie des compétences habituellement reconnues aux astrologues par les astrologues eux-mêmes. Une des formules les plus en vogue se nomme synastrie, elle consiste en une comparaison de thèmes, voire à l'établissement d'un thème "composite" résultante des deux thèmes considérés, celui de l'homme et celui de la femme, en règle générale.
Mais cette synastrie va surtout étudier deux personnalités, deux individualités plutôt qu'à proprement parler un couple avec tout ce que cela implique astrologiquement.
En effet, la notion de couple traverse toute la pensée astrologique, autour de la problématique cyclique. Le couple humain devrait logiquement être en phase avec le couple cosmique. Or, l'on sait que la question du couple cosmique est celle de la conjonction de deux facteurs et que l'astrologie traverse actuellement - du moins est-ce notre diagnostic- une crise à propos de la nature de la conjonction idéale et centrale.
Le couple cyclique habituel est celui de deux planètes, dont forcément l'une sera plus rapide que l'autre. Mais il y a aussi le couple formé par une planète avec le thème natal, sous la forme notamment des transits, terme qui, astronomiquement, désigne tout passage (transit) d'un astre sur un autre, à partir d'un certain point de vue, d'une certaine perspective. Le troisième type de couple, beaucoup moins à la mode, est celui du rapport planète/étoile fixe et notre propos-depuis déjà un certain temps- est de revaloriser une telle configuration, un tel couple.
Or, de telles considérations astronomico-astrologiques ne sont pas sans incidence sur l'idée du couple humain, à commencer par la dialectique soleil-Lune, la conjonction de ces deux "luminaires" renvoyant explicitement à celle de l'homme et de la femme (voir notre récent entretien avec Didier Blau, sur teleprovidence). Cela dit, est-ce le soleil qui vraiment est masculin et la lune féminine? Cela se discute...Il semblerait plutôt que le facteur qui se déplace, qui circule le plus serait masculin et ce serait donc la Lune (au masculin, en allemand, voir aussi le dieu Sin, en Mésopotamie). On sait que pour nous, la conjonction cyclique s'accompagne d'une augmentation, d'un accroissement des rencontres et que le tempérament conjonctionnel est marqué par le goût des voyages de toutes sortes, ce qui contribue à abolir les frontières.
En vérité, il ne nous semble pas que l'astrologie actuelle accorde toute l'importance souhaitée à la question du couple, bien plutôt, tout se passe comme si elle tendait à tout brouiller, à tout noyer comme si la dualité était un enjeu pénible pour ceux qui se vouent à l'Astrologie. Nous avons, d'ailleurs, il y a déjà quelque temps, développé la thèse selon laquelle l'on viendrait à l'astrologie non pas pour rencontrer le couple mais pour l'éviter, le contourner, parce qu'on l'assume mal.
Cela peut sembler paradoxal au regard de certains pans de l'astrologie qui militent au contraire en faveur de toute forme d'accouplement, de conjonction (l'époux est un conjoint) mais sous d'autres angles, le couple semble bel et bien absent des priorités astrologiques. Il y a là contradiction et il ne suffit pas/plus de mettre en avant certains points pour que l'on renonce à un tel constat. On ne sera pas non plus dupe face à ceux qui nous disent que l'astrologie ne parle que des cycles pour nier le fait que la notion de cycle -et donc de couple - est en crise.
Il faut rappeler que tout un courant de l'astrologie prône une sorte d'égalitarisme, dans la différence. L'astrologie affirmerait que personne n'est supérieur à l'autre. C'est là une contre-vérité évidente qui se fonde sur le thème natal "pour tous" : l'astrologie suppose, bien au contraire, une hiérarchie, une centralité. Le nier relève de l'hérésie! Oui, à entendre nos astrologues modernes, tout le monde a "droit" à un thème et nous serions tous logés à une seule et même enseigne! C'est même une des convictions les plus fortement ancrés dans l'esprit de la grande majorité des astrologues. "Tout le monde" ferait peu ou prou la même chose, au nom d'un principe d'analogie: nous prendrions tous des décisions, par exemple, comme si toutes les décisions se valaient et avaient des effets comparables en intensité. L'aveuglement de tant d'astrologues face aux réalités du pouvoir est confondant et tendrait à les disqualifier en tant que conseillers. Et nous disions, il y a peu (voir notre discussion à Lyon avec Serge Bret-Morel, Frank Nguyen et Louis Mazuir, sur teleprovidence) que le milieu astrologique tendait être un repaire d'anarchistes et que ce serait même là son identité profonde au niveau psychosociologique. Rappelons que selon nous un milieu se définit par un but affiché -en l'occurrence l'astrologie- et un but occulté - en l'occurrence l'anarchie et que c'est le but occulté qui sous-tend véritablement la survie du dit milieu. (Voir notre étude sur les milieux juifs laïcs et l'importance qu'y joue le judaïsme d'origine polonaise en tant qu'élément d'homogénéité sous jacent)
Si l'on applique nos théories conjonctionnelles au couple, l'être humain est certainement programmé pour former un ou des couples mais il est censé le faire dans une certaine dynamique de rapprochement et de séparation périodiques. La notion de retour nous semble essentielle mais elle implique que l'on quitte son partenaire pour un temps, à l'instar du couple cyclique cosmique, à commencer par celui formé par le soleil et la lune. L'astrologie ne prônerait donc pas l'idée d'un couple statique qui ne passerait pas par des phases. Pas plus d'ailleurs qu'elle ne favorise nécessairement la monogamie si l'on admet une succession de conjonctions entre Saturne et quatre étoiles fixes royales, formant une sorte de harem. Le patriarche Jacob, petit-fils d'Abraham et père des 12 tribus d'Israël, eut ainsi des enfants de quatre femmes : Léa, Rachel, Zilpah et Bilhah. On notera d'ailleurs le "progrès" lors du passage d'une astrologie monogamique (soleil-lune) à une astrologie polygamique (Saturne/Etoiles fixes royales). Quant au soleil, on notera, qu'il traverse 4 saisons qui sont en quelque sorte assimilables à quatre épouses si ce n'est que dans ce cas le soleil est le facteur masculin face aux saisons qui sont assimilables d'ailleurs aux 4 étoiles fixes, puisque c'est le soleil qui traverse le zodiaque. Ainsi, le soleil, selon le contexte, sera tantôt masculin (avec les saisons et le zodiaque), tantôt féminin, avec la Lune, d'où un certain flottement à son propos.
L'astrologie a vocation à polariser, donc à faire ressortir, au prix certes d'une certaine simplification, ce qui s'inscrit le plus fortement dans une dialectique et non à souligner ce qui lui échappe. Que d'autres disciplines aient pour tâche de complexifier est une autre affaire et qu'elles le fassent, de façon interdisciplinaire, en liaison avec l'astrologie est une autre affaire (voir niveaux inférieurs du NOA).
La question du masculin et du féminin n'est nullement secondaire pour l'astrologie du fait même de sa matricialité au rapport du concept même de cyclicité. En phase de conjonction, le pôle masculin domine, dans le registre de l'être, tandis qu'en phase dite de disjonction, c'est plutôt le pôle féminin lequel est dans l'avoir. Le langage de l'être est bien plus restreint et minimal que celui de l'avoir et nous militons en faveur d'une astrologie qui pratique la parole de l'être, réduite à un seul et unique axe, et en ce sens, l'on pourrait parler d'une astrologie martienne, celle du rationnement exigeant de fixer des priorités face à une astrologie vénusienne marquée par l'abondance, ce qui évite de faire des choix.(il y en aura pour tout le monde, il faut de tout pour faire un monde...)
Nous dirons que la cyclicité est indissociable au niveau des humains, du moins ceux qui sont astro-sensibles, de la question du couple. La polarité conjonction/disjonction impulse le processus du couple représenté au niveau cosmique par le rapport planète/étoile fixe (lune/soleil). L'homme doit se choisir une étoile vers laquelle revenir périodiquement, tout au long de son existence, ce qui implique, par voie de conséquence, qu'il s'en sépare et s'en éloigne, faute de quoi il n'y aurait pas cyclicité.



JHB
19.12. 09

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