samedi 23 janvier 2010

L'insatiabilité identitaire de la femme

par Jacques HalBronn

Les causes de malentendus entre hommes et femmes tiennent au fait que les uns sont liés au plan de l'être, qui est limité, et les autres au plan de l'avoir, qui est illimité. En ce sens, la femme ne connait pas de limites. Peut-on alors parler de complémentarité entre hommes et femmes du seul fait qu'ils fonctionnent différemment voire à l'opposé si tant est que l'être soit l'opposé de l'avoir alors qu'il n'en est probablement qu'une forme de prolongement?
Quand on est dans l'avoir, quelles sont en effet les limites qui s'imposent? Peu importe ce qu'on est, ce qui compte, c'est ce qu'on a, acquiert, reçoit, s'approprie. Peu importe ce qui est, ce qui compte, c'est ce qu'on (r)ajoute, apporte, intègre. Peu importe ce que l'on peut, ce qui compte, c'est ce que l'on veut.
Pour reprendre notre exemple déjà utilisé des pates, peu importe les pates, ce qui compte, c'est la sauce que l'on ajoute aux pates et qui n'est nullement secrétée par elles. On a là deux modèles de dualité: l'un qui met en présence deux produits distincts - ce qui nous semble 'artificiel" et l'autre qui fait que l'un des produits découle de l'autre, ce qui nous semble plus "naturel".
L'insatiabilité de la femme tient au fait que l'on peut ajouter indéfiniment toutes sortes d'objets, de souvenirs, sans rechercher une autre cohérence que celle du bon vouloir du propriétaire.
Dès lors, le débat sur la parité, sur l'égalité fait évidemment écho chez les femmes dont on a dit qu'elles ne se connaissaient pas de limites, tout étant une question non pas d'être mais d'avoir, l'être étant inaccessible tandis que l'avoir est une question de volonté d'atteindre un but, forcément extérieur.
Débat dès lors faussé, au départ, puisque ne se situant pas sur le même plan: que la femme puisse imiter l'homme, pourquoi pas du moins en apparence? Elle peut se couper les cheveux, mettre un pantalon, fumer le cigare, conduire une voiture et ainsi de suite, participant à une sorte de course d'obstacles. Elle peut se faire passer pour un homme, grâce aux développements technologiques qui pallient toutes sortes de handicaps mais qui faussent le jeu en dissimulant les clivages de temps et d'espace.
Dialogue de sourds entre hommes et femmes du fait que pour les femmes, il n'y a pas d'être, il n'y a que des privilèges dont on profite ou non, qu'il faut savoir mériter en faisant et en disant ce qu'il faut, quand il le faut, avec une bonne dose de pragmatisme.
Et pourtant, en dépit de tout cela, le fossé entre hommes et femmes persiste mais seulement au sommet, dans les accomplissements les plus remarquables. Dès que l'on descend de ces hauteurs, que l'on se cantonne dans une certaine médiocrité, tout redevient possible pour les femmes, à leur portée.
Le langage est souvent source de malentendu et de confusion. Quand une femme parle de puiser en elle-même, il s'agit de l'énergie nécessaire pour obtenir ce qu'elle veut alors que chez l'homme, digne de ce nom, cela signifie exploiter son propre potentiel. En cela, l'homme est foncièrement plus introverti et plus épanoui dans une certaine solitude, et la femme plus extravertie. L'homme a conscience que bien des choses ne s'achètent pas, ne se transmettent pas, n'ont pas de prix : on les a ou non en soi. L'on pourrait dire que l'homme est un aigle qui abat sa proie alors que la femme est un vautour qui s'acharne sur la proie déjà pourrissante.








JHB
24.12.09

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