par Jacques HalBronn
Le Zodiaque est un savoir traditionnel dont il semble bien que l'on ait perdu le sens, notamment au regard des saisons. Le cas du signe du bélier est emblématique à ce propos dans la mesure où ce signe est un de ceux que l'on articule le plus volontiers, dans la littérature astrologique, avec le processus saisonnier. C'est nous dit-on le premier signe du zodiaque, en rapport avec le début du printemps, marqué par l'axe équinoxial.
Mais nous nous demanderons, le printemps est-il au cœur de la phase évolutive ou de la phase involutive du cycle saisonnier?
Pour nous à partir du solstice d'hiver, on passe de l'involution à l'évolution, ce solstice correspondant à la conjonction. Inversement, le signe opposé de la balance serait au mi-point de la phase d'involution démarrée au solstice d'Eté. En ce sens la balance accentuerait le dépouillement à l'instar de l'automne tandis que le bélier correspondrait à une phase d'habillement.
En d'autres termes, la balance ne serait guère vénusienne, si l'on admet que Vénus aime à s'habiller, à se parer et l'attribution d'un des deux domiciles de Vénus à ce signe marqué par l'équinoxe d'automne semble assez peu concevable, si l'on ne s'en tient pas à des considérations purement astronomiques. D'ailleurs, l'on voit mal comment deux signes successifs et appartenant à une même saison pourraient dépendre de deux dieux aussi différents que Mars et Vénus : bélier-taureau, balance-scorpion! Il y a là visiblement un contresens!
Mars, qui n'est pas sans rapport avec la mort- plus en tout cas que Vénus -n'est pas davantage à sa place, en tant que dieu sinon en tant qu'astre, au printemps qui est tout le contraire d'un processus de retour vers le squelette mais au contraire apporte de la chair sur les os!
Il nous apparait donc essentiel de ne pas mêler la mythologie au dispositif des domiciles planétaires qui est avant tout d'essence astronomique.
Bien sûr, on nous objectera que l'astrologie, l'astronomie, la mythologie sont indissociables mais c'est là un credo, un postulat qui ne tient pas en la circonstance.(voir notre entretien avec Mireille Petit, à l'Eglise Saint Marcel, sur teleprovidence). Nous avons accordé énormément de temps à la question des domiciles (voir dès 1976, Clefs pour l'Astrologie, Ed. Seghers et Mathématiques Divinatoires, Paris, Grande Conjonction-Trédaniel, 1983) et nous avons enfin compris qu'un tel système devait se lire au niveau astronomique comme indiquant les phases d'un cycle : évolution/évolution, croissance/décroissance sans qu'il faille y chercher davantage. Et il en serait d'ailleurs de même pour le zodiaque qui, sorti de sa problématique saisonnière, ne fait que signifier une progression par analogie. Ainsi les domiciles marqueraient-ils de deux façons parallèles une certaine cyclicité en se servant à la fois du modèle des positions astronomiques et de celui des mois de l'année, sans qu'il y ait à épiloguer sur les noms des planètes et des signes. Rappelons que de nos jours, les astronomes procèdent bien ainsi et que pour eux ces noms sont purement indicatifs.
Pour conclure au regard de la dialectique Mars-Vénus qui, traditionnellement, est celle du masculin et du féminin (voir notre étude sur le couple dans la présente livraison), la conjonction/convergence - ce qui exige un certain dépouillement martien de toutes sortes de signes extérieurs, d'un "feuillage" cachant le tronc- correspond au solstice d'hiver et la disjonction au solstice d'Eté, avec ce que cela implique de dispersion, de diversification, de "ramification" (à partir de rameau (d'olivier), branche d'arbre) vénusienne. On ne saurait donc se fier au dispositif des domiciles pour fonder un rapport dieux-saisons, comme semble le proposer quelqu'un comme Luc Bigé. A moins de se situer sur un axe taureau-scorpion et non pas bélier-balance. Or, cet axe taureau-scorpion est historiquement antérieur à l'axe bélier-balance, il accueille notamment Aldébaran et Antarés, respectivement, Antarés dont le nom même renvoie à Arés, le nom grec de Mars.
Comment, en vérité, associerait-on le signe du bélier avec des valeurs d'impulsion et de décision alors que l'équinoxe est au contraire marqué par une forme de dualité comparée avec le caractère beaucoup plus radical du solstice? Les équinoxes sont en correspondance avec l'aube, l'aurore et le crépuscule, soit un état intermédiaire, ce que les Anglais appellent "twilight" (nom d'un film récent), faisant ainsi ressortir la dualité (two). Le nom de la balance (signe de l'équinoxe d'automne), avec ses deux plateaux, décrit bien cette situation double (le "ba" de la balance correspond au "bi"(comme dans binaire). Ajoutons que les phases équinoxiales sont des temps intermédiaires entre les solstices, on pourrait même dire que le cycle saisonnier est bipolaire (axe cancer-capricorne) et que le passage du 2 au 4 est subsidiaire.
Dès lors, si l'on s'en tient à la définition astrolopsychologique du signe du bélier, elle ne saurait s'appuyer sur une quelconque réalité cosmique. Que les gens nés sous ce signe s'identifient avec un certain portrait du bélier serait alors un fait purement culturel, déterminé par le discours même de l'astrologie!(voir notre étude dans ce journal de bord consacré aux temps intermédiaires entre conjonction et disjonction). Ce qui caractérise l'équinoxe, c'est que celui du printemps ressemble fort à celui de l'automne, alors que le solstice d'Eté ne saurait se confondre avec celui d'Hiver. L'équinoxe correspond au carré, à la demi-lune (tant croissante que décroissante), c'est un temps de demi-mesure, de doute (qui renvoie à dualité), d'une certaine dissimulation vénusienne : on se cache sous des habits, on est dans l'avoir, c'est la feuille de vigne cache sexe, le tronc étant le phallus. Cette attitude correspond à une crise de confiance : on s'avancera désormais masqué, maquillé. L'impulsion est au solstice d'hiver, l'équinoxe correspondant à un passage à vide du processus évolutif de rayonnement à partir de la source conjonctionnelle.
JHB
20.12. 09
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