samedi 23 janvier 2010

Les chausses trappes de la recherche astrologique

par Jacques HalBronn

On ne peut chercher à vérifier n'importe quoi n'importe comment. La question n'est pas tant de savoir si l'astrologie est une science, est ou non vérifiable mais ce qui l'est et ce qui ne l'est pas. On n'est pas dans le tout ou rien! Or, certains chercheurs, comme Suzel Fuzeau-Braesch ont ambitionné de prendre l'astrologie comme un tout indivisible.
Nous avons, pour notre part, insisté sur le distinguo épistémologique qu'il fallait effectuer entre ce qui était fondamental et ce qui était accessoire en astrologie (voir les différents niveaux du NOA). L'astrologue conditionaliste Didier Doré (voir une table ronde de 1987, lors du Colloque "La lune au clair", enregistrée en audio et reprise sur la télévision astrologique) signalait, il y a près de 23 ans, que certains pans de l'astrologie -comme les domiciles des planètes - se situaient dans une zone qui ne relevait pas de l'approche scientifique. Il nous semble sain, en effet, non pas d'évacuer de l'astrologie certaines notions mais de les situer dans un espace que l'on pourrait qualifier de méta-astrologique, comme d'ailleurs l'on peut parler de méta-astronomie à propos de la division zodiacale de l'écliptique. Traduisons: il est inutile et vain de mener des "vérifications" dans ce domaine du "méta", qui est celui d'une certaine minutie. Autrement dit, l'on ne peut plus prendre l'astrologie en vrac et faire des statistiques pour voir ce qui "marche", ce qui ressort sur un groupe donné. Il importe préalablement de déterminer quels facteurs l'on considère, sans en oublier d'essentiels et sans en intégrer qui ne le seraient point. C'est le travail du théoricien de faire l'inventaire (du niveau 1 du NOA).
Mais, il y a une autre obligation à respecter: celle des limites mêmes que l'on octroie à l'astrologie. On ne fait pas des statistiques astrologiques à propos de n'importe quoi ni de n'importe qui. Pour notre part, nous avons posé comme principe que l'astrologie doit privilégier les décideurs, ceux qui sont au sommet de la hiérarchie sociale, en ses multiples manifestations, intellectuelles, culturelles, religieuses comme économiques, politiques, scientifiques etc. C'est dans ce sens que vont d'ailleurs les travaux de Gauquelin consacrés à des populations de personnages ayant brillé dans leurs professions respectives. Là encore, plus l'on s'intéresse à ce qui est petit et moins l'astrologie se qualifie. Nous ne suivrons donc pas un Bernard Blanchet ou une Irène Andrieu (lors du Colloque de 1987) quand ils déclarent préférer travailler sur le thème du premier venu que sur celui d'une personnalité. C'est d'ailleurs en cela que le chercheur se distingue du praticien qui reçoit indistinctement ses clients dont, au départ, il ne sait rien, si ce n'est ce qu'en dit, à plus ou moins bon escient, leur thème. D'une façon générale, tout travail qui ne peut être recoupé par des données objectives, ce qui est le cas d'un personnage connu, est hypothéqué par des conditions de travail que nous jugerons insuffisantes, ce qui ne signifie pas pour autant que l'astrologue doive à tout prix confirmer tout ce qui est remarquable dans la vie du dit personnage. Son rôle est de mettre en évidence le processus vital récurrent de la personne et non les accidents de parcours qui, eux, échappent à l'astrologie, sauf si précisément ce ne sont pas des accidents de parcours, en dépit des apparences, tout dépendant du modèle utilisé englobant ou non certains points et pas d'autres. Une vie qui ne s'inscrirait dans aucun modèle simple échapperait à l'astrologie telle que nous la concevons et relèverait davantage de l'astromancie, dont la complexité structurelle même lui permet d'appréhender ce qui est discontinu, d'où l'importance dans ce cas de la méta-astrologie.
La tentation, chez bien des chercheurs, est de faire précisément appel à la méta-astrologie, sous prétexte de parvenir à un surcroit de précision, l'enfer étant pavé de bonnes intentions et le diable résidant dans les détails. On entend celui-ci nous expliquer que telle configuration a tel effet puis se dépêcher d'ajouter que cela dépendra de tel ou tel aspect qui viendraient complexifier la dite configuration. Or, au lieu de mettre cette complexification sur le compte de facteurs non astrologiques, on entend le dit personnage nous expliquer que l'astrologie "peut le faire", c'est à dire qu'elle peut entrer dans la dite complexification! Il y a des gardes fous à respecter. Et c'est pourquoi il nous faut impérativement exclure la méta ou la para-astrologie du modèle de la recherche astrologique du moins sur le plan fondamental.
Certains objecteront que l'on ne peut ainsi isoler l'essentiel de l'accessoire dans la réalité. S'il en était ainsi, l'on se demanderait comment l'astrologie a pu se constituer ou se reconstituer (du moins partiellement avec Gauquelin). Tout se passe, en vérité, comme si précisément certains personnages, certains faits ou certains traits étaient suffisamment marquants, saillants; pour s'imposer à notre attention. A nous astrologues de savoir les reconnaitre et il ne s'agit pas de tomber dans une astrologie d'état civil (naissance, mariage, divorce, décès, ce qui est le lot archivé de tout un chacun). Quand on y pense, les résultats Gauquelin étaient inespérés car, après tout, n'y-a-t-il pas 36 façons de se choisir telle ou telle carrière, pourquoi dans ce cas ceux qui ont opté pour la même profession présenteraient des points communs si ce n'est par hasard? Il semble bien qu'il faille distinguer le squelette de la chair, le tronc de son feuillage, le corps de son habit, bref admettre une certaine dualité, une part qui est relativement rigide et une part qui est sensiblement plus flexible et seule la première part relèverait de l'astrologie scientifique, la seconde dépendant de l'astromancie. Et il en est ainsi pour tout: quand on achète une voiture, on n'achète pas un modèle unique et même s'il y a des millions de conducteurs, il n'y a pas, loin de là, un nombre illimité de types de voitures! Nous vivons en permanence dans une tension entre le général et le particulier et il est sage de faire la part de l'un et de l'autre en Astrologie. Ce qui apparemment n'est pas donné à tous les astrologues.
Plus on descend dans la hiérarchie sociale et plus le décalage est grand entre le moment d'une configuration et ses effets, si bien qu'aucune synchronicité ne peut réellement s'établir, si ce n'est en se donnant une certaine marge, une certaine orbe, dirait-on en astrologie du thème natal. En revanche, il peut alors s'observer des phénomènes quantitativement remarquables au niveau de la psychologie des foules. Si en haut de l'échelle, on a affaire à des personnalités très affirmées et qui agissent de leur propre chef (si ce n'est qu'elles dépendent de certaines configurations astrales), en bas de l'échelle, on assiste à des phénomènes d'ordre collectif et qui ne font sens que par leur masse critique. Tant que de tels phénomènes à grande échelle n'ont pas lieu, on n'est pas encore passé à la phase de disjonction, précédée d'une phase intermédiaire (en quelque sorte équinoxiale, comme entre deux solstices, celui d'hiver conjonctionnel et celui d'Eté disjonctionnel). C'est dire qu'au niveau de cette population quelque peu panurgienne, on est loin de la doctrine du thème natal individuel, et en fait, l'on ne se situe pas stricto sensu dans le champ de l'astrologie mais de ses retombés. à moins que l'on n'ait régressé à un stade pré-astrologique (voir nos études sur ce sujet). L'Histoire nous enseigne -et les grecs l'avaient déjà remarqué- qu'à un régime collectif de démocratie directe, voire d'anarchie (au sens littéral du mot), d'autogestion, succède un régime dictatorial et vice versa. Ce qui caractérise, en effet, la phase conjonctionnelle, c'est qu'elle repose sur l'initiative d'un petit nombre de personnages dispersés, chacun œuvrant sur son territoire, les populations se pliant assez passivement à leurs initiatives et à leurs entreprises. Mais cela n'a qu'un temps et peu à peu, comme se réveillant de quelque sommeil hypnotique, les dites populations se ressaisissent, mais cela aussi n'a qu'un temps.








JHB
27. 12. 09

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