samedi 23 janvier 2010

L'astrologie et les "signes particuliers"

par Jacques HalBronn


On emploie, sur les papiers d'identité l'expression "signes particuliers" pour désigner ce qui devrait permettre de reconnaitre la personne visée. Ce sont généralement des infirmités physiques plutôt que psychiques, donc repérables visuellement et non en passant par une langue donnée.
Mais la question que nous voudrions poser aux astrologues est la suivante à savoir qu'est ce qui distingue une personne d'une autre puisque, apparemment, telle est la fonction du thème natal ou plus vaguement du "signe" de naissance (Soleil, ascendant etc.)? Qu'est ce qui nous rend, les uns par rapport aux autres, si "particuliers"? N'est-ce pas le regard qu'autrui porte sur nous, à commencer par les parents, les proches? Et ce serait donc cette "image" que l'astrologue se devrait de confirmer, voire de vérifier...Sommes-nous "timide", "nerveux", "tranquille", "posé", "coléreux", "calculateur" et ainsi de suite, tout à l'avenant? En fait, ces termes que l'on nous "colle" sur notre identité servent-ils à autre chose qu'à nous différencier et il est clair que dans un autre milieu, ils varieraient sensiblement. C'est ainsi que si l'on a dans son entourage quelqu'un encore plus nerveux que nous, le terme "nerveux" aura du mal à nous désigner. Inversement, dans un environnement très calme, on sera taxé de "nervosité" pour des attitudes qui n'auraient pas été ainsi qualifiées ailleurs? Toutes ces étiquettes sont donc très relatives. On comprend donc mal comment l'astrologue pourrait les utiliser sans se référer à un contexte psychosociologique spécifique. D'ailleurs, quand on change de milieu, de couple, nos "qualités" sont à revoir en conséquence. Si l'on épouse quelqu'un de plus timide que nous, nous cessons, ipso facto, d'être le "timide" de service et inversement, si nous vivons avec quelqu'un d'extrêmement entreprenant et communicatif qui, par comparaison, fera de nous quelqu'un d'assez réservés. Quel labyrinthe, quelle galère, dans lequel l'astrologue semble vouloir s'engager sans très bien savoir où il met les pieds!
En fait, l'on sait bien qu'au bout du compte, c'est l'impression du moment qui prévaudra pour juger et jauger le discours de l'astrologue. Même le thème natal ne sera apprécié, du moins sur le plan psychologique, qu'au regard du moment de la consultation, hic et nunc.
La mode du thème interprété par ordinateur aura marqué certaines vocations comme celle de Suzel Fuzeau-Braesch, convaincue de la véracité de l'astrologie, vers 1970, à la lecture des textes correspondant à une série de personnes qu'elle connaissait bien. Depuis - et jusqu'à sa mort récente - elle n'aura cessé, inlassablement, de rapporter cet épisode, comme s'il était déterminant pour la cause de l'astrologie!.(voir ses interventions sur teleprovidence). Il est vrai que nous n'avons pas eu la chance d'apprendre quelles étaient les personnes ayant permis de tester l'ordinateur-astrologue. Probablement ses enfants ou ses parents, son mari, quelques ami(e)s intimes.....dont elle avait les dates précises de naissance en tête - lieu et heure de naissance compris! - puisque cette «révélation" eut lieu à Londres, sur Oxford Street, donc en voyage. Au vrai, pour quelqu'un qui n'est pas astrologue, c'est là une information assez rarement gardée en mémoire si tant est qu'on l'ait jamais eue....On peut donc penser que la progéniture de SFB fut, outre elle-même, la cible privilégiée, puisqu'elle était alors bien placée pour connaitre les informations requises par le dit ordinateur. SFB aura donc, il y a une quarantaine d'années, observé à quel point l'astrologie pouvait tomber juste et ce sans tenir compte de la personne puisque tout se fait par ordinateur. Une astrologie pure et dure!
Ce qui vient compliquer singulièrement les choses, c'est la facilité qu'ont certaines personnes à faire dire aux mots ce qui les arrange. Ce que semble, en effet, avoir oublié SFB, c'est le rôle du client dans la consultation souvent plus important que celui de l'astrologue et ce rôle se maintient face à l'astrologue-ordinateur tout comme il existe dans les horoscopes des journaux, où visiblement un même texte, pour un certain signe, est compris diversement par chaque lecteur. Or, rappelons que dans ces "horoscopes" des médias, le signe zodiacal n'est pas forcément décrit, il ne fait que servir pour choisir tel texte, à la différence de ce qui se passe quand on achète un livre consacré aux 12 signes. Avec les horoscopes de presse, on est dans l'événementiel à la petite semaine.
Mais revenons à l'expérience improvisée par SFB face à l'ordinateur-astrologue copie plus ou moins conforme de celui qui trônait depuis peu aux Champs Elysées, à Paris et a priori en anglais, langue dont nous ignorons le niveau de connaissance de SFB..Expérience comparative, avons-nous dit, c'est à dire fonction de l'interaction au sein du cercle de proches de SFB et c'est d'ailleurs probablement le point le plus saisissant: l'astrologie serait capable de nous dire comment nous sommes perçus subjectivement et contextuellement par autrui et vice versa à moins d'admettre que nous ayons tous une faculté à voir les choses objectivement, ce qui nous semble une gageure sinon une chimère comme on a vu plus haut , d'autant que nous mêmes évoluant dans la perception que nous avons de nous-mêmes et d'autrui, quel miracle que l'astrologie parvienne, en dépit de tant d'obstacles, à toucher juste, à être dans le "mille"! C'est miraculeux! Qui ne voit, en vérité, que tout cela ne peut se produire que parce que nous y mettons du nôtre, nous contentant d'ailleurs d'être dans le ressenti du moment et entendant ce qui nous est dit, qui plus est, au prisme du dit ressenti!
Croire que les mots sont univoques nous semble avoir été au cœur du travail statistique de SFB - pour laquelle nous sommes reconnaissant, par ailleurs d'avoir fait écho, en 1992 (L'astrologie, la preuve par deux, Paris. R. Laffont) à notre ouvrage "L'Etrange Histoire de l'Astrologie" (1986) en ce qui concerne le modèle que nous avions élaboré quant au rapport astres/hommes. Croire que le même mot a le même sens pour tout le monde nous parait asse naïf même si c'était là un présupposé nécessaire pour l'investigation entreprise. Le langage est en réalité marqué par l'intersubjectivité, c'est à dire par un recours aux mêmes mots tout en y projetant des significations variables, ce qui ménage une certaine liberté au bout du compte. Il reste que, selon nous, il n'est pas rare de trouver des personnes - notamment parmi les femmes - qui n'en ont pas moins opté pour un tel réductionnisme selon lequel ce que nous disons- et qui est objet - nous définit en tant que sujet. Il y a comme une sorte de dilemme qui ne trouve sa solution que par la synthèse mais le problème de la synthèse, c'est qu'elle ne se prête pas à la statistique. (Voir notre étude sur les colloques de 1937-1997 dans la présente livraison). Or, l'astrologie est vouée à travailler sur des signaux simples reconnus par un certain nombre de "récepteurs", de "repéreurs". quitte à ce que chacun les interprète à sa façon dès lors qu'est perceptible le fil rouge d'un calendrier rigoureux. C'est le Temps qui fonde l'astrologie bien plus que l'espace et même les travaux de Gauquelin ne font sens que si l'on se met à la place du fœtus attendant son heure pour naitre.

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JHB
16. 12. 09

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