samedi 23 janvier 2010

Le cycle de la vie astrologique francophone

Le cycle de la vie astrologique francophone
par Jacques HalBronn (auteur du Guide de la Vie astrologique, GVA/GWA)


Il est bon que les astrologues aient conscience de l'organisation du milieu astrologique, au prisme des cinquante dernières années.(1960-2009) Cela ne pourra que légitimer leurs prétentions à discourir sur le cours des choses, en montrant l'exemple. Mais l'on sait que les cordonniers sont les plus mal chaussés...La connaissance du passé n'aide-t-elle pas, par ailleurs, à se préparer à l'avenir? La mise en place du NOA (Nouvel Ordre Astrologique) servira de cadre à nos analyses.
Comme toute société, selon nous, le processus conjonctionnel est socialement récurrent et déterminant. Il consiste en un recentrage périodique, permettant de relativiser voire d'abolir les cloisonnements tant sur le plan relationnel qu'intellectuel, ces deux plans étant étroitement combinés. Il ne saurait, en effet, y avoir de recentrage des personnes sans un certain recentrage des idées.
Au niveau astrologique, c'est bien entendu par rapport à une conjonctionalité céleste qu'il conviendrait de se situer. Malheureusement, comme on l'a assez souligné dans ces pages de notre journal de bord, la cyclicité astrologique est en crise et se présente actuellement de façon bien brouillonne, les cycles ne cessant de se chevaucher et d'interférer les uns par rapport aux autres. Quant au thème natal, il contribue lui aussi, par les diverses techniques prévisionnelles qui s'y greffent et qui en dérivent, à compliquer encore plus les choses...
Qu'en est-il, donc, au niveau de la centralité de la vie astrologique depuis un demi-siècle car une telle réflexion doit se déployer dans le temps et dans l'espace? Il faudrait déjà s'intéresser à toues les processus de rassemblement qui ont pu être offerts aux astrologues: colloques, conférences, revues, associations, guides, sites, télévision, forums, salons (voir notre "Livre Blanc de l'astrologie", à télécharger sur teleprovidence). Force est de constater que les tentatives n'ont pas manqué pour réunir les astrologues sous les formes les plus diverses, ce qui est le propre de toutes les sociétés astrologiques ou non. Force aussi est de noter que généralement ces entreprises ne se sont pas faites au nom d'une quelconque nécessité cyclique consensuelle, ce qui peut surprendre davantage concernant le milieu astrologique. Dans le cadre associatif astrologique, les échéances ont été fixées, comme partout ailleurs, par les statuts de chaque entité, fixant notamment la durée et le renouvellement des mandats. (Loi de 1901 en France). Souvent, d'ailleurs, la pluralité des associations aura eu pour principal résultat de cliver plutôt que d'unifier le milieu astrologique.
Une question plus délicate est celle de la centralité liée au rôle des leaders, toute cyclicité débouchant sur un recentrage et donc sur une élection d'un chef, par un procédé ou par un autre. Si l'on demandait quels ont été les dirigeants de la "communauté" astrologique francophone, depuis cinquante ans, que nous répondrait-on? Y-a-t-il ou y-a-t-il eu un ou des "papes" (et antipapes) de l'Astrologie? Comment le ou les reconnaitre?
Pour notre part (naissance en 1947), nous avons été, à plusieurs reprises, dans une certaine situation de centralité dans le milieu astrologique et notamment, très schématiquement, à cinq moments:
1 les Congrès astrologiques des années 1974-1989 Illustration: fondation du MAU. Collectif "Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau.".
2 Les guides astrologiques des années 1984-1997. Illustration: le "Guide de la Vie astrologique" (GVA)
3 La télévision astrologique (depuis 2007). Illustration: Teleprovidence.com
4 les soutenances universitaires (1979-2007). Illustration : "Le Monde Juif et l'astrologie", le catalogue de l'exposition Astrologie et Prophétie, à la BNF.
5 les exposés généraux d'astrologie (depuis 1976) . Illustration: l'article 'Astrologie" de l'Encyclopaedia Universalis, Clefs pour l'Astrologie

Une telle continuité, attestée depuis 35 ans nous semble significative et illustrer une certaine idée d'une centralité liée à une cyclicité, l'une n'allant pas sans l'autre, elle dépasse toute idée de hasard, de conjoncture spéciale.
Avant cette période du milieu des années Soixante-dix, un nom sort du rang, c'est évidemment celui d'André Barbault (né en 1921, voir le DVD le concernant, sur la base d'un entretien avec Lynn Bell, lien sur teleprovidence.com), d'ailleurs appelé, non sans ironie par .J. P. Nicola, de '"pape de l'astrologie" (dans Astrologie Pratique, vers 1978, voir dans le "Florilège" de la dite revue, paru récemment), à partir des années Cinquante. A son actif, la direction de collectifs (Soleil-Lune, série zodiaque au Seuil), la revue "L'Astrologue", à partir de 1968, la vice-présidence du CIA ( Centre International d'astrologie) mais aussi toute une série d'ouvrages, notamment en astrologie mondiale, dont il est l'auteur, faisant référence aux yeux du milieu astrologique avec en 1989 un succès prévisionnel largement salué, en rapport avec la fin du Mur de Berlin, date annoncée depuis les années Cinquante...
Ce qui nous rapproche d'André Barbault est une certaine précocité dans la carrière de leader, se situant autour de la trentaine encore que dans notre cas, cela se situe un peu plus tôt, la fondation du MAU ayant été réalisée quand nous n'avions que 27 ans. Confrontation assez étonnante avec Barbault ayant alors atteint la cinquantaine et que l'on n'imagine guère de nos jours où les sexagénaires en place ne semblent pas risquer, pour l'heure, d'être débordés par de jeunes recrues d'une autre génération et d'un autre milieu.
A contrario, d'autres leaders astrologiques ne se sont révélé que plus tardivement, à la quarantaine (le lyonnais Maurice Charvet fondant le CEDRA en 1986 et par la suite le forum "La Clé". Yves Lenoble (né au Mans mais installé en Ile de France) inaugurant la série de ses congrès de l'ARRC en 1990, le nantais Alain de Chivré fondant la FDAF en 1995 - du fait d'une scission avec le RAO du lyonnais Robert Jourda (né en 1932)-, tous les trois étant nés en 1946-1947, donc appartenant à la même génération que nous. Aucun de ces trois leaders ne s'est d'ailleurs illustré par une production d'ouvrages astrologiques chez des éditeurs ayant pignon sur rue, à l'instar d'un André Barbault ou de nous-mêmes (entre 1976 et 1997). Un autre leader est Patrice Guinard qui, ayant atteint la quarantaine, crée le CURA, site internet international qui lui sert notamment mais pas seulement à faire connaitre son Manifeste (extrait de sa thèse de doctorat de 1993). En 2006, on voit émerger Didier Castille porteur du projet sur Internet, De Sphaeris, organisateur en mars 2007 d'un colloque à Paris.
Encore faudrait-il citer un personnage qui joua en son temps un rôle important, à savoir Patrice Louaisel, né en 1945 et qui fonda en 1974 le GERAS, dont un des mérites aura été de jouer la carte des régions, avec comme principal point d'ancrage, toutefois, la région Rhône Alpes. En 1986, Louaisel parviendra, après une assez longue absence, à reprendre le contrôle du GERAS ou du moins sa présidence mais il sera confronté à une situation excessivement complexe qui le conduira à se retirer.
Du côté féminin, on ne saurait cependant oublier que dans les années 1980, deux fédérations se constituèrent coup sur coup, l'une (FFA) présidée, à Paris, par Danièle Rousseau, la cinquantaine (née en 1944), et l'autre (FEA) par la bourguignonne Denise Daprey, âgée alors d'une soixantaine d'années (née en 1925). Mais il faudrait aussi citer Solange de Mailly Nesle, fondant en 1989 le GAP, structure d'enseignement (devenu AGAPE), Catherine Gestas, plus récemment, l'association Source et noter qu'au cours des vingt cinq dernières années (1985-2010), qu'Yves Lenoble, notamment, a fait équipe successivement avec Danièle Rousseau (FEA), Solange de Mailly Nesle (AGAPE) et Catherine Gestas (organisation des congrès Source-SEP Hermés). Actuellement, le RAO de Lyon est présidé par Yvette Mollier-Giroud entourée d'une équipe très largement féminine.(nous avions en 1988 consacré un numéro du "Bulletin de la SAF" au féminin dans les structures astrologiques. Dépôt légal à la BNF). Il ne faudrait pas non plus négliger le rôle de Fanchon Pradalier-Roy, fondatrice d'Univers Site et responsable de la collection astrologique aux Editions du Rocher...N'oublions pas non plus Colette Cholet qui tient depuis longtemps les rênes de la SFA (nouveau nom du CIA), accueille des séminaires et des rencontres d’astrologues dans la Drôme, à Dieulefit.
Mais il n'y a pas de centralité s'il n'y a pas de projection tant vers les origines que vers le futur, le présent étant, a priori, voué à la multiplicité. D'où vient-on, où va-t-on? Ces questions exigent des réponses simples et relativement abstraites. Le présent, le passé et le futur immédiats se prêtant mieux au concret et manquant de recul.
Ce qui caractérisera donc le leader impliquera donc une certaine faculté de recentrage des représentations. En fait, la plupart des astrologues restent au milieu du gué, ne pouvant ni revenir en arrière ni progresser, se débrouillant avec tout ce que la Tradition a accumulé.
Le leader astrologique est évidemment un rassembleur mais comment faire communiquer entre eux des personnalités aussi différentes dans leur style, dans leur pratique? Il faut pour cela se placer au-dessus de la mêlée et élever les débats, faire apparaitre les convergences, dès lors que l'on voit les choses de haut, ce qui permet de laisser, d'accorder une certaine liberté et diversité en aval. On retrouve là une dialectique essentielle entre l'un et le multiple.
D'un point de vue astrologique, le leader doit montrer que lui-même est porté par la cyclicité, c'est à dire que périodiquement il invente de nouvelles façons de rassembler autour de lui, ce qui lui permet de rebondir et d'affirmer une fois de plus sa centralité, après s'être mis quelque peu en retrait. Pour apporter la preuve d'un véritable tempérament de chef, le leader doit s'inscrire dans une cyclicité bien définie, c'est à dire être marqué par une configuration dominante. Or, si l'on admet, comme nous le faisons, l'existence d'un cycle unique, cela signifie que tous les leaders réemergent et réémargent quasiment en même temps- soit en moyenne tous les sept ans - quitte à s'affronter en un combat de cerfs. Si tel leader a son apogée décalée par rapport à celle d'un autre, c'est que l'un des deux est un faux leader qui dépend, en fait, de la dynamique de l'autre.
Prenons les échéances depuis une quarantaine d'années:

1971-1973 (Saturne -Aldébaran) Nous participons à plusieurs congrès à l'étranger (Belgique, Allemagne, Angleterre) puisqu'il n'y en a pas, en France, depuis 1954, rencontrant notamment Julienne Sturm et Alex Ruperti, ce qui conduira au Congrès de l'ISAR à Paris, en 1974, première manifestation française d'une très longue série. Nous devenons vice-président du CIA (Centre International d'Astrologie), poste longtemps occupé par André Barbault et succédons à Jacques Berthon à la direction de la revue Trigone, organe du CIA. C'est ainsi que nous co-présidons avec Paul Colombet les réunions, tous les 15 jours, du CIA, rue Las Cases. Nous nous chargeons par ailleurs d'animer et de constituer la bibliothèque de cette association.

Juin 1975: la création du MAU s'effectue en phase disjonctionnelle (au mi-point de deux conjonctions) et non conjonctionnelle. Elle correspond à une remise en question d'une certaine domination du CIA (Centre International d'astrologie) et de sa reprise en main par André Barbault. Organisation du colloque de réponse au Manifeste des 186.

1978-1979 (Saturne-Régulus, comme actuellement): nous rassemblons autour de nous, par nos colloques, tout le gratin astrologique européen, tant à Paris que dans le Midi, tant à Genève - où nous tenons les tout premiers colloques suisses - qu'à Bruxelles. Un procès nous oppose à André Barbault, autour de propos tenus dans la revue L'Astrologue concernant les "Clefs pour l'Astrologie" que nous publions chez Seghers - alors que Barbault avait déjà annoncé ce titre dans sa bibliographie, lequel Barbault trouve un soutien à la SFA (ex CIA) de Colette Cholet laquelle organise des colloques. Nous fondons les Editions de la Grande Conjonction autour du "Traité de l'Heure dans le Monde" de Gabriel (alias Joël Dronsart), ouvrage très demandé, qui sera par la suite coédité avec les éditions Guy Trédaniel.



1981 Congrès de Luxembourg, organisé par Jean-Nicolas Scheuer dans le cadre d'une Fédération Internationale Astrologique de langue française, fondé à notre initiative à Bruxelles, en septembre 1980, réunissant notamment le Mouvement Astrologique de Suisse Romande de Charles Aubert et Francine Mercier, le GERASH de Maurice Charvet, le MAU. On est en phase disjonctionnelle.(Saturne est à 10° Balance). En 1982-1983, de nombreux leaders locaux organiseront pour la première fois des colloques (à Metz, Toulouse, Athènes, Tournai, Toulon, Nantes - on en trouvera la liste dans le guide de la vie astrologique, Paris, Grande Conjonction-Trédaniel, 1984)



1985-1987 (Saturne-Antarés) A notre instigation, ayant pris le contrôle du GERASH, en étant devenu le nouveau président, à la suite du départ de Patrice Louaisel et celui de Maurice Charvet, et ayant coaché la FEA de Denise Daprey, organisatrice d'un colloque-salon de l'astrologie à Orléans (en 1985), préfigurant, ceux des années 90, un ensemble réunissant le GERASH, la FEA et le MAU prenait ainsi forme en juin 1986 et lors du colloque de mars 1987 ("La lune au clair"). La création du CEDRA, en septembre 1986, est au départ des plus modestes et réunit quelques dissidents lyonnais du GERASH, après une tentative de dissolution du dit GERASH sans grand effet. Début 1985, nous avions publié le Guide de la Vie astrologique, en coopération avec Guy Trédaniel.

Observation intéressante : l'émergence d'Yves Lenoble, début 1990, correspond non pas à une phase de conjonction mais de disjonction, c'est à dire qu'il reprend l'idée de colloque à son compte mais sous une forme s'apparentant davantage à des conférences, les débats étant souvent réduits à peu de choses. Reste l'existence d'un programme avec une liste d'intervenants comme nous en faisions depuis quinze ans. Lenoble en fait relance ainsi la dynamique de la FFA de Danièle Rousseau dont la vocation première était déjà de contrebalancer, lors de sa création en 1984, notre activité.

1994-1995 (Saturne-Fomalhaut) Mise en œuvre du nouveau Guide de la Vie astrologique (prévu initialement pour paraitre aux Ed. du Rocher), un travail véritablement collectif (il fera l'objet d'un DESS, à ParisVIII), chaque astrologue nous faisant parvenir des données complémentaires pour sa notice. Fondation du RAO (Rassemblement des Astrologues Occidentaux) du lyonnais Robert Jourda (1994), qui reprend quelque peu la ligne du GERASH, et à la suite, en dissidence, de la FDAF (Fédération des Astrologues Francophones) d'Alain de Chivré (1995) mais la FDAF ne s'imposera qu'en 1998, à la disjonction (cf infra). Parution de notre article 'Astrologie" dans l'Encyclopaedia Universalis.

Observation intéressante: à l'automne 1998 (Saturne, fin bélier) la FDAF réussit l'opération "Astroculture" à l'échelle de diverses régions (cf infra)

2001-2002 (Saturne-Aldébaran). Activités de concert avec Patrice Guinard (Colloque "Frontières de l'astrologie" auquel le RAO participe en produisant les CD), sur le site du CURA. Le CATAF, notre "Catalogue des Textes Astrologiques Français" y fait autorité ainsi que nos travaux sur Nostradamus. Création de l'Encyclopaedia Hermetica, sur Internet (site ramkat.free.fr). Mise au point d'une cyclicité planète/étoile fixe en vue d'élaborer un super-cycle chapeautant tous les autres. Nous sommes auditionnés pour une chaire à l'EPHE (Ecole Pratique des Hautes Etudes, Sorbonne). Nous représentons la FDAF au Colloque international d'Andorre mais sans trouver, par la suite, d'accord avec Alain de Chivré.

Observation intéressante : en novembre 2004, le colloque (27° Capricorne) "L'astrologie et le monde" que nous organisons à Paris rencontre un écho considérable mais est avant tout une remise en question des activités d'Yves Lenoble par toute une partie de la communauté astrologique. Didier Castille poursuivra dans ce sens en 2006-2007, parvenant à coaliser un certain nombre de déçus du leadership de Lenoble, ce qui mettra fin notamment au Salon de l'Astrologue longtemps associé aux congrès organisés par celui-ci. Le parallèle est assez saisissant avec le congrès de l'ARRC de Lenoble du début 1990 qui, lui, visait à faire contrepoids à notre domination(15° Capricorne), Saturne se retrouvant dans les deux cas sur l'axe cancer-capricorne qui est disjonctionnel, au mi-point de deux conjonctions. Mais l'on peut aussi, quinze ans plus tôt, trouver déjà une échéance en juin 1975, comme signalé plus haut, avec la création du MAU (Saturne à 20° capricorne) mais surtout le Colloque du Manifeste des 186 qui fera suite à la dite fondation. Le processus de protestation initié en 2004, autour de notre personne se poursuivra autour de Didier Castille qui, en 2006-2007 occupera le devant de la scène, allant jusqu'à organiser en mars 2007 à Paris, un Salon de l'Astrologue, sans Yves Lenoble.

2008-2009 (Saturne-Régulus). C'est l'entreprise Teleprovidence - la télévision astrologique - que nous mettons en œuvre, amorcée par une expérience avec Roger Héquet (TV Urania) mais plus récemment la mise en chantier du NOA, le Nouvel Ordre Astrologique. Mais une synergie se développera de facto avec la FDAF, dans la mesure où nombre des astrologues y ayant adhéré se retrouveront sur nos vidéos. Le RAO, également, s'inscrira, à sa façon, dans une telle dynamique qui implique également l'Atelier d'Astrologie d'Aquitaine de Josette Bétaillole. Un phénomène qui n'est pas sans évoquer ce qui se produisit en 1986-87 sous Saturne-Antarés, avec le MAU, le GERASH et la FEA.

Que conclure? Qu'il existe une dialectique conjonction/disjonction. Il y a des leaders conjonctionnels et d'autres disjonctionnels mais il est aussi qui relèvent des deux catégories à la fois, aussi bien placés en situation dominante qu'en situation de résistance. En fait, un leader vaut à la fois par ceux qu'il réunit autour de lui et par ceux qu'il coalise contre lui...Mais tout est question de positionnement: en phase de disjonction, il est conseillé de se trouver un ennemi dont on exagère éventuellement l'importance pour apparaitre comme celui qui évitera le pire. Nous dirons que le leader conjonctionnel tend à se vouloir unique, se plaçant au sommet par la hauteur de sa pensée tandis que les leaders disjonctionnels ont des ambitions plus bornées, plus "royales" qu'"impériales". La phase de disjonction qui est marquée par la pluralité des initiatives et des centres de décision fait pendant à la phase de conjonction qui s'organise autour d'un centre de gravité.
La prochaine échéance au niveau du 'contre-leadership" astrologique devrait être pour la période 2011 - 2012, avec le passage de Saturne en Balance, au mi-point de deux conjonctions, soit à partit d'ici un an environ. Que se passera-t-il alors dans le petit monde des astrologues? Probablement la remise en cause d'une certaine domination, d'une certaine centralité - on est en phase paroxystique du cycle - mais de qui et par qui? Cela pourrait être la réédition de l'expérience de 2004 (L'astrologie et le monde), ou celle de 1975 (fondation d'une nouvelle structure, le NOA?) à moins qu'il ne s'agisse - tout dépendra des rapports de force -d'un processus de type 1990, qui verra les astrologues se rassembler pour faire contrepoids à nos entreprises? Peut-être une autre télévision astrologique faisant pendant à Teleprovidence à l'initiative de la FDAF, rééditant l'opération Astroculture? Qui vivra verra!
Mais la véritable échéance reste la conjonction suivante, qui fait réellement progresser le milieu astrologique, à savoir le passage (et d'abord l'approche) de Saturne sur Antarés en 2014-2015. En effet, les disjonctions se révèlent souvent stériles et sans lendemain, elles ne font sens que par rapport au modèle auquel elles s'opposent, aucun travail en profondeur ne s'y effectue vraiment, on est dans un phénomène de miroir, d'imitation, qui ne s'explique que par référence au passé. Selon la date considérée, il nous est loisible de jauger, cycliquement, la signification d'une entreprise, selon qu'elle est plutôt conjonctionnelle ou plutôt disjonctionelle, ce qui ne correspond pas aux mêmes énergies.
Il aurait probablement fallu citer d'autres noms parmi les rassembleurs : il y a le cas, notamment de Jean-Pierre Nicola qui sut attirer à lui des disciples souvent novices au départ plutôt que des personnalités déjà formées, ce que nous appelons une dynamique verticale plutôt qu'horizontale. Or, il n'y a pas de vrai leader sans une faculté à rassembler ses "pairs", quitte à parvenir à trouver un centre de gravité qui lui permette de maintenir une certaine autorité même par rapport à des astrologues plus aguerris, plus âgés. Ce fut une de nos vertus, semble-t-il, surtout à nos débuts, évidemment, que d'être entouré d'astrologue ayant souvent plus de 30 ans de plus que nous et qui, par conséquent, ne pouvaient guère être traités de disciples. C'est d'ailleurs, une telle confusion qui nous semble exister dans certaines associations (RAO, ARRC, Source) où les participants sont, dans leur grande majorité, des élèves. En revanche, dans le cas de la FDAF d'Alain de Chivré, comme dans notre cas, la dynamique reste foncièrement horizontale, même si son président exerce parallèlement une activité de pédagogue. Ce sont d'ailleurs, les deux seuls réseaux, le notre et celui de la FDAF qui publient des annuaires d'astrologues.
Nous dirons qu'astrologiquement parlant, le "vrai" leader suit un parcours plus régulier et plus récurrent en ce que celui-ci est déterminé par un cycle cosmique et non par les hasards des rencontres humaines. Chacun étant tenté de projeter sur l'astrologie sa propre expérience de vie, il faut s'attendre à ce que le leader occasionnel recherche dans l'astrologie autre chose que le "vrai" leader et soit tenté par des formes plus baroques, plus alambiquées de cette science.
Que se passe-t-il au vrai quand un milieu socioprofessionnel ne dispose pas d'un "vrai" leader, ce qui n'est nullement assuré ni même nécessaire? Ce milieu aura du mal à avoir une perception globale de lui-même, chacun se contentant d'œuvrer dans son coin, sans s'engager dans des entreprises d'intérêt général, prisonnier d'une certaine coterie, ce qui aura plombé bien des projets prétendument fédératifs mais qui ne se donnaient pas les moyens de toucher tout le monde, soit par négligence ou ignorance, soit par prévention. Le "vrai" leader se déplace et fait se déplacer, il a l'œil sur tout, est omniprésent, neutralisant ainsi un cloisonnement géographique, désenclavant ce qui reste à l'écart, dans un esprit "conjonctionnel", ce qui provoque ipso facto des résistances chez ceux qui ne veulent pas se trouver sous la coupe d'une structure envahissante. Par sa centralité même, son ouverture qui vient d'un certain relativisme, le leader contribue à unifier le milieu sur lequel il règne. En l'absence d'un 'vrai" leader, un milieu se retrouvera dominé et satellisé par d'autres groupes et perdra son indépendance.
Certes, chaque conjonction se distingue des autres par ses "effets", mais les dits effets n'en présentent pas moins un dénominateur commun remarquable. Si on laisse de côté les "détails", liés à l'évolution notamment de l'environnement technique, l'on s'aperçoit que même sur plusieurs siècles, il y a à chaque conjonction du "supercycle", émergences de situations comparables et nous prenons là le contrepied de ce qu'affirmait en 1937 un Dom Néroman. L'astrologue est davantage censé rapprocher ce qui en surface peut sembler différent que différencier chaque chose l'une de l'autre, chaque individu l'un de l'autre, comme c'est souvent le cas dans une fratrie. Cela suppose chez l'astrologue une certaine faculté d'abstraction, gage de rapprochement. Au fond, l'astrologue doit suivre une logique conjonctionnelle plutôt que disjonctionnelle, en sachant que tôt ou tard la conjonction sera mise en échec par la disjonction, si l'on ne prend pas les devants en répartissant davantage les tâches. En fait, on assiste à un système de balancier, obéissant à une certaine cyclicité. Certains contesteront nos analyses mais un refus de reconnaitre la cyclicité et les effets qu'elle peut avoir sur la vie astrologique est-ce bien raisonnable quand on prétend comprendre le monde?
Terminons par cette formule de Nécoman, en exergue de son Congrès de 1937 (voir notre étude dans la présente livraison
"Nous nous réunissons pour l'inauguration de notre premier congrès. Date importante, date qui peut et qui doit véritablement inaugurer quelque chose, inaugurer une œuvre utile et féconde sans quoi il eut été parfaitement vain de nous réunir" ("Les buts du Collège et du congrès" in "Un congrès, un acte", Paris, Ed. Sous le ciel, p.13). En l'occurrence, ni 1937, ni 1997, séparés par trente ans et donc grosso modo offrant la même position de Saturne, ne sont des années "conjonctionnelles", lequel Saturne est chaque fois en Bélier, comme d'ailleurs, à mi-chemin en 1968. Précisons que 1968 fut l'année de la pomme de discorde de l'interprétation informatique de la carte du ciel (Ordinastral, Astroflash, on en trouve un récit dans l'ouvrage de Fabrice Guérin, Paris, Ed. Soldat Bleu) qui vit André Barbault se heurter à nombre de ses confrères. Dans le cas de 1937, signalons qu'il y eut, comme l'évoque Néroman, deux congrès astrologiques en concurrence, dans le cadre de la même Exposition (celui du CAF et celui de la SAF (Société Astrologique de France) présidé par André Boudineau (voir l'interview sur teleprovidence avec sa fille, Marie-Christine). Néroman regrette qu'ils ne soient même pas parvenus à ce que chaque entité envoie un intervenant à la réunion de l'autre entité mais il rappelle que la pluralité des congrès est attestée dans nombre de professions. Climat donc disjonctionnel. Quant à 1997, qui fut l'année de la fameuse dissolution du Parlement qui permit à Lionel Jospin d'être un premier ministre de cohabitation, pendant cinq ans, sous la présidence de Jacques Chirac, réussissant un scénario qui avait échoué trente ans plus tôt, sous De Gaulle. Nous pensons notamment aux initiatives de la FDAF, en 1998, sous la bannière 'Astroculture" et qui fut probablement un des moments les plus forts - et mémorables - de cette "Fédération", lui permettant de faire entendre sa voix face aux autres entités astrologiques existantes. Mais la conjonction suivante ne permit pas à la FDAF de transformer l'essai en dépit de propositions de rapprochement de notre part. Autrement dit, tant Lenoble que Chivré nous apparaissent comme des leaders "disjonctionnels" et en quelque sorte réactionnels face à un certain establishment qu'ils tentent d'ébranler avec plus ou moins de bonheur. Leurs actions d'éclat nous semblent être portées plus par la disjonction que par la conjonction.
Mais que se passe-t-il dans la tête d'un leader conjonctionnel par rapport à un leader disjonctionnel? Rappelons que selon nous la disjonction n'est pas une énergie cosmique en soi mais une absence, une sorte d'éclipse des forces conjonctionnelles. La disjonction nous apparait comme une sorte d'anti-conjonction ou de contre-conjonction....Elle émane non pas d'en haut mais d'en bas, d'où une certaine initiative de la base. La thèse que nous proposerons est la suivante: la conjonction correspond à une nouvelle logique du pouvoir et la disjonction à une ancienne logique du pouvoir, en quelque sorte proto-astrologique. A partir du moment où le "Nouveau Régime" perd de son autorité, il permet à l'Ancien Régime de relever la tête. Or, nous sommes tous marqués par ces deux ères, la nouvelle n'effaçant pas l'ancienne. Chassez le naturel, il revient au galop! La défaillance, en tout cas un certain flottement de la dynamique conjonctionnelle, à caractère "impérial", focalisée sur un leader central, liée à la notion de cyclicité, permet à un autre fonctionnement social pluraliste, collégial, de s'imposer ponctuellement, voué cependant à être à terme balayé par le retour du conjonctionalisme.(cf. notre étude sur le phénomène Astroland, dans la présente livraison)



JHB
11. 12. 09

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