samedi 23 janvier 2010

Préférer le signe ascendant au signe solaire

par Jacques HalBronn


Il y a 40 ans, alors que nous faisions nos débuts publics dans la pratique de l'astrologie, nous accordions une grande importance à l'Ascendant et n'acceptions pas de conférer à quelqu'un un ascendant qui ne lui correspondait pas physiquement, physiognomiquement. L'avantage de l'ascendant, c'est qu'il changeait en l'espace de très peu de temps : à quelques minutes près, on passait d'un signe ascendant au suivant. Or, à l'évidence, une telle souplesse n'existe pas au niveau du signe solaire!
Louis Gastin, dans les années trente-quarante du siècle passé, avait compris à quel point le vrai signe sous lequel nous naissons n'est pas le signe solaire mais bien le signe ascendant, du fait même de sa flexibilité. (Voir son "Almanach astrologique et de la vie mystérieuse pour 1948", paru en 1947, l'année de notre naissance): "Le signe occupé par le soleil (.) est commun à toutes les personnes nées dans la même période mensuelle, en n'importe quelle année, et en n'importe quel lieu, n'importe quel jour et à n'importe quelle heure". Il reste que les gens connaissent de nos jours avant tout leur signe tel qu'il est signalé dans la presse, à savoir celui qui change tous les 30 jours environ et qui est lié à un découpage arbitraire de l'écliptique, ce qui est aussi, d'ailleurs, le cas de l'ascendant tel qu'on le détermine habituellement.
Mais pour que le recours à l'ascendant fasse sens, il importe de se placer dans une perspective que l'on pourrait qualifier de gauquelinienne, à savoir que c'est le fœtus qui s'efforce de naitre à un moment correspondant à sa "nature". Autrement dit, il faut déjà être bélier ou verseau pour avoir envie de naitre "sous" un ascendant bélier ou verseau. On ne devient pas tel ou tel signe juste parce que l'on est né à telle ou telle minute surtout si cela doit affecter notre physique, lequel ne va pas changer au cours de la journée et est largement conditionné par les mois qui ont précédé la naissance.
Inversement, la cote du signe solaire nous semble surévaluée car comment le fœtus choisirait-il de naitre sous tel ou tel signe solaire. Si la conception a eu lieu en mars, il est hors de question d'avoir les poissons ou le bélier comme signe solaire et en fait, l'on est voué à avoir comme signe solaire le sagittaire ou le capricorne....Ce qui nous fait entrer dans une toute autre forme d'astrologie, à savoir que nous serions marqués par le moment de notre naissance et non le contraire, à savoir que notre heure de naissance serait déterminée par ce que nous sommes de par notre constitution. Certes, les travaux statistiques d'un Didier Castille sur le signe solaire ne sont pas contestables mais ils relèvent de cette autre option qui selon nous ne s'inscrit pas dans une optique proprement astrologique. De tels travaux d'ailleurs ne sont pas relatives au caractère des personnes mais seulement à leurs affinités, au regard du choix d'un partenaire.
Cela dit, nous n'avons aucunement l'intention de soutenir que l'ascendant a été confirmé par les travaux de Gauquelin mais qu'il s'inscrit dans une logique qui recoupe peu ou prou le fait qu'une planète succède à une autre, au cours de la journée, en tant que marqueur- c'est à dire indicateur - en quelque sorte génétique. Mais entre deux maux, il faut choisir le moindre et donc, épistémologiquement, nous recommandons aux astrologues d'accorder plus d'importance à l'ascendant qu'au signe solaire pour les raisons exposées ci dessus.
En 1845, dans le premier traité d'astrologie natale publié en France, au XIXe siècle, sous le patronage de Mademoiselle Lenormand, qui venait de décéder (voir La Vie astrologique il y a 100 ans, Paris, Grande Conjonction-Trédaniel, 1992) donc bien avant ceux qui paraitront cinquante ans plus tard, un chapitre est consacré non pas à l'ascendant mais au zénith mais le principe est le même (p. 247): "Dans le cas où, au moment de la naissance, il ne se trouverait pas d'étoile qui occupât le zénith de l'endroit où se passe l''événement, on suivrait sur le planisphère le méridien qui est censé passer par le jour du mois où l'événement a lieu et l'on prendrait la plus proche des étoiles qui se trouverait sur le méridien soit vers le nord, soit vers le midi. Si par exemple, la naissance avait lieu en France le 12 juillet, à onze heures du matin, comme il n'y a pas, dans la zone qui passe sur la France, d'étoile qui réponde à ce jour là, on suivrait le méridien, qui est censé passer sur le 12 juillet (dans le planisphère) et l'on trouverait vers le midi une étoile marquée Béta, ce serait sur les propriétés de cet astre qu'on se réglerait. Il est toujours très avantageux, pour que les influences d'une étoile aient le plus d'énergie que cet astre se trouve au zénith au moment précis de l'événements; mais ces influences conservent une très grande force ou en perdent fort peu tant que l'astre n'est pas éloigné du zénith de plus de 15 à 20 degrés : le soleil, par exemple, est bien plus près de nous en juin qu'en août et cependant il fait ordinairement aussi chaud dans ce dernier mois qu'en juin". Pour pratiquer cette méthode, il importait de disposer d'une "carte urano-géographique" (qui) fait voir tout à la fois les positions respectives des principales contrées du globe et les rapports de ces contrées avec celles des étoiles les plus apparentes qui passent tous les jours directement au-dessus de ces mêmes contrées" (pp. 221 et seq). Le cas d'Henri Lizeray; auteur en 1892, d'une plaquette intitulée "Horoscopes des poètes" témoigne de l'existence d'une tradition sidéraliste au XIXe siècle (voir La vie astrologique il y a cent ans, op. cit.; p. 79)
Le fait est que l'origine de l'ascendant est certainement stellaire avant de se présenter sous la forme d'une succession de secteurs zodiacaux.(voir Robert Gouiran et Francine Mercier, "Traité d'astrologie galactique et mythologie céleste", Genève, SAR, 1992, pp. 59 et seq.) Il y a, comme chacun sait, bien plus d'étoiles que de planètes, ce qui permettait de trouver une étoile pas trop éloignée, se levant au moment de la naissance, comme il est indiqué dans le dit traité de 1845. Le mot horoscope désignant l'ascendant comporte une idée d'observation, de visualisation de l'astre de l'heure, c'est à dire du moment de la naissance. (Voir aussi les heures planétaires (auxquelles Denis Labouré consacra un exposé, lors du dernier colloque du RAO), système qui ne tient pas compte de la réalité astronomique mais s'articule sur l'attribution des planètes aux jours de la semaine). De même que nous avons pu regretter la disparition des étoiles fixes en astrologie mondiale pour la détermination de la conjonction dominante, de même en ce qui concerne l'astrologie natale. Dans les deux cas, le découpage en 12 signes zodiacaux a remplacé le référentiel stellaire, beaucoup plus pointu, même si la pointe/cuspide des maisons peut être aspectée mais c'est là une abstraction. L'idée proposée dans le traité de 1845 de tenir compte d’un orbe montre bien que l'ascendant en tant que cuspide ne se suffit pas à lui-même et doit être conjoint avec une étoile.
On notera que la définition que les astrologues conditionalistes (voir le collectif présenté par Françoise Hardy, "Astrologie Universelle", Paris, Ed. Albin Michel, pp. 21 et seq) donnent du Zodiaque semble relever de l'Ascendant - non pas sous sa forme initiale stellaire mais sous une forme plus tardive et quelque peu artificielle - donc sans rapport avec les saisons, ce qui, à les entendre, en ferait tout l’intérêt, non seulement quant à la question des deux hémisphères aux saisons inversées que parce que cela évite de trop se polariser sur le Soleil quand il s'agit d'étudier le parcours d'autres planètes. Or, il semble que les descriptions zodiacales proposées par les conditionalistes concernent, dans leur esprit, davantage le signe solaire que le signe ascendant... Comment se fait-il d'ailleurs que dans le système RET, le Soleil ne soit plus qu'une "planète" comme une autre, l'astre central étant finalement la Lune, comme il est apparu lors du Colloque de 1987 (voir nos enregistrements sur la télévision astrologique)
A vrai dire, l'on pourrait tout aussi bien nommer autrement les ascendants qu'en se servant des noms des signes zodiacaux. Le cycle des ascendants est un cycle bien différent du cycle des planètes, ne serait-ce qu'en raison de sa vitesse nettement supérieure à celle de la Lune puisqu'il traverse en 24h les 12 signes quand il faut près de 30 fois plus à la Lune pour ne pas parler des autres planètes. L'ascendant relève d'une astrologie de la rotation terrestre et non d'une astrologie de la révolution des astres. Cela dit, tout cycle peut être balisé au moyen de tel ou tel "alphabet" et plusieurs cycles recourir au même alphabet sans qu'il s'agisse de la même chose. Ce n'est pas l'alphabet qui fait la langue, il sert la langue à laquelle il s'applique et il est interchangeable. C'est ainsi que la langue turque a adopté, au XXe siècle, l'alphabet latin et abandonné l'alphabet arabe. Certaines langues slaves s'écrivent selon l'alphabet latin - pour des raisons religieuses (comme en Pologne) alors que d'autres s'en tiennent à l'alphabet cyrillique. Inversement des langues très différentes recourent au même alphabet. Tout cela est très relatif!
Mais que dire quand le zodiaque devient autonome et que le public ne le connecte ni aux planètes ni aux étoiles fixes, en faisant une sorte de calendrier divisé en 12 comme le calendrier ordinaire?
A contrario, l'ascendant, implicitement, nous propulse dans un contexte stellaire, renforçant ainsi l'idée d'une combinatoire planète/étoile qui existait autrefois au niveau du thème natal tout comme en astrologie mondiale avant que ne se produise un phénomène de zodiacalisation, dont il ne faudrait pas oublier qu'il s'origine dans un référentiel stellaire, comme en témoignent les constellations zodiacales, stade antérieur vers un zodiaque tropique, déconnecté par rapport aux étoiles et qui est celui de l'astrologie de la seconde moitié du XXe siècle laquelle se veut avant tout liée au système solaire, détaché de tout partenariat stellaire, ce dont, selon nous, l'astrologie du XXIe siècle, prendra l'exact contrepied, probablement au cours de la prochaine décennie qui marquera vraiment l'entrée de l'astrologie dans le nouveau siècle (et le nouveau millénaire). C'est souvent la seconde décennie qui marque le début d'un siècle, comme il a souvent été remarqué par les historiens (1715, 1815, 1915; soit respectivement, mort de Louis XIV, fin du Premier Empire, Début de la Première Guerre Mondiale)
En ce qui concerne une telle désaffection vis à vis du stellaire, chez un Nicola comme chez un Barbault, et sur bien d'autres, par voie de conséquence - d'où la grande responsabilité qu'ils portent - sur la plupart des astrologues francophones, elle s'explique par l'idée selon laquelle les étoiles appartiendraient à une toute autre dimension que les planètes - ce qui ne ferait pas sérieux aux yeux des astronomes. C'est là une approche anachronique en ce sens qu'elle ne tient pas compte de la façon dont les hommes perçoivent le ciel qui constitue, visuellement, un tout, à l'instar d'une grande horloge avec sa petite (planètes/minutes) et sa grande aiguilles.(étoiles/heures). Le niveau de l'ascendant et du thème natal apparait ici comme correspondant à l'aiguille des secondes.... Inversement, le fait d'accorder une importance extrême, notamment en astrologie mondiale, aux transsaturniennes nous apparait comme tout aussi anachronique, du fait que ces astres ne sont perceptibles que télescopiquement - et cela vaut aussi pour les astéroïdes. Le cas des astéroïdes est déterminant car ils font intégralement partie du système solaire et ont leur place dans la série numérique établie par la "loi" de Titius-Bode. Si les hommes étaient marqués par le système solaire, ils le seraient donc nécessairement par les astéroïdes, restes d'un corps céleste éclaté. Or, il ne semble pas que Nicola tienne compte de ce fait dans son RET, ne serait-ce qu'en tant que facteur manquant, ce qui viendrait déséquilibrer un système axé sur trois groupes de trois planètes (hormis la Lune qui est mise à part) et à éliminer Pluton, mis à mal par les astronomes, ce qui ne serait pas une si mauvaise chose. Cela donnerait un autre RET ainsi disposé et qui marcherait certainement tout aussi bien.
Représentation : Soleil-Mercure-Vénus
Existence : Mars-Astéroïdes-Jupiter
Transcendance : Saturne-Uranus-Neptune
D'ailleurs si Nicola avait été astrologue quarante ans plus tôt, ignorant Pluton, c'est probablement à ce dispositif qu'il s'en serait tenu...Ce qui aurait d'ailleurs mieux valu, en raison du changement de statut de la planète Pluton.
De même, au regard des travaux de Gauquelin, si le système solaire constituait un ensemble astrologiquement pertinent, on aurait des résultats pour Mercure (et pour le soleil), ce qui n'est pas le cas, ce qui montre que l'astrologie est avant tout le regard de l'Hommes sur le cosmos et non l'inverse, même si, avec le temps qui a passé, la recherche astrologique est bien obligée d'interroger le cosmos pour comprendre comment les hommes se sont programmés par rapport à lui.


JHB
03.12. 09

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