par Jacques HalBonn
On ne cesse de nous parler d'une modernisation du religieux, de son ajustement à la modernité, de sa revalorisation du féminin, mais quid des interdits alimentaires?
Laurent Chevalier - dans un de ses ouvrages consacré aux fausses conceptions alimentaires - explique avec justesse que les interdits concernant les animaux visaient - notamment dans le judaïsme- les animaux jugés imparfaits ou hybrides, se faisant remarquer par quelque particularité.
C'est ainsi que le porc aurait été mis à l'index du fait qu'il n'est pas strictement herbivore comme la plupart de nos animaux domestiques, d'élevage. Le porc aurait le tort de se nourrir également de viande encore que dans l'iconographie des almanachs, on le voit surtout se nourrir de glands que l'on fait tomber des chênes. Il serait donc omnivore à l'instar de l'Homme. Quant aux fruits de mer, ils se distingueraient fâcheusement de la "norme" poisson, n'ayant pas de nageoires....
En ce qui concerne le porc, il est le seul animal que nous consommons qui n'ait pas un autre usage (lait, fromage, laine, transport, trait, somme), en le mangeant, nous ne détournons donc pas son usage initial.
Selon nous, l'ordre idéal voudrait que nous mangions des animaux herbivores. Ce qui impliquerait, par voie de conséquence, que l'on ne mangeât pas de l'herbe et plus largement de légumes, nourriture réservée à nos bêtes. Ou si l'on préfère, nous sommes végétariens par procuration, par les animaux que nous consommons. Au fond, tout se passe comme si nous nous servions des animaux comme d'un four, d'un athanor pour transmuter les végétaux. Ceux qui veulent consommer les végétaux sans passer par les animaux doivent se servir de fours faits de terre, de minéraux, de métaux, donc peu écologiques.
Si les interdits ne concernent que la viande, cela montre qu'elle était un élément central et que les végétaux étaient un ersatz, utile en cas de maladie des animaux et de pénurie. Rappelons aussi que la consommation de légumes et de céréales exige des adjonctions de toutes sortes (sel, poivre, sauces diverses) et alourdit sérieusement le transit intestinal, augmente sensiblement le volume de défécation et de gaz, conduit l'homme à adopter une position féminine, accroupie, pour évacuer alors que la consommation de fruits (à l'exception des bananes mais en incluant les tomates), de viandes et poissons, produit surtout de l'urine qui, elle, du moins chez l'homme, peut s'évacuer en position debout. A plus d'un titre, le végétarisme est une imitation des régimes carnivore et frugivore. Les pommes frites ressemblent à des petits poissons, la sauce tomate remplace la viande rouge, les boulettes de légumes (fallafel) à des boulettes de viande, la tranche de pain à un steak, le boulanger est un simulacre de boucher et offre des miches de pain au lieu de carrés de viande à découper! Mais comme on l'a déjà dit (cf. nos textes sur le JBA), ce qui était l'exception, l'urgence, tend à devenir la règle, non seulement dans le domaine alimentaire mais dans tout le champ de la culture et de la vie sociale.
En ce qui concerne le fait de consommer du porc -animal parfaitement intégré dans l'univers médiéval, comme l'attestent les almanachs et leur iconographie (voir les Très Riches Heures du Duc de Berry)- on peut certes signaler une telle anomalie s son régime, mais est-ce une raison suffisante pour s'en priver? Ajoutons qu'il ne donne pas de lait à la différence des ovins et des bovins. Or, il existe une interdiction à propos du mélange de lait et de viande, précisément chez les animaux à lait, ce qui vient singulièrement compliquer la pratique juive de la vaisselle. Le porc ne fournissant point de lait ne pose pas de tels problèmes! De plus le porc produit moins de gaz que les bovins accusés de polluer lourdement notre atmosphère (et dont les hamburgers de bœuf sont si largement vendus dans les McDonald’s). Il pose moins de problèmes écologiques. La charcuterie de porc est, toutefois, la plus prisée en Occident, ce qui lui donne de plus grands débouchés et sur une plus longue durée.
Nous prônons pour notre part un régime frugivore et carnivore, où les légumes ne jouent qu'un rôle supplétif, du fait du caractère fragile de la viande et des fruits, lesquels s'abiment, ne se conservent pas. Le statut des légumes est assez particulier: il faut les faire cuire à la différence des fruits (notamment les pommes de terre, les céréales) et, si on les consomme froids (crudités) il faut les assaisonner (crudités) pour leur donner un peu de goût. (vinaigrette, sel, etc.). Les légumes, en ce sens, correspondent à des valeurs yin alors que la viande et les fruits sont yang. Apprendre à manger de la viande et des fruits, c'est apprendre à séparer ce qui est mangeable et ce qui ne l'est pas: si dans un hamburger, tout se mange, en revanche, ce n'est pas le cas d'une côtelette ou d'une mangue.
Ajoutons qu'il convient de distinguer nettement entre la consommation d'animaux élevés par l'homme, ceux que l'on nomme domestiques et ceux qui sont chassés ou péchés par lui, notamment en ce qui concerne les poissons et les crustacés, dont nous déconseillons la consommation.
Force, en tout cas, est de constater que les interdits alimentaires ont la vie dure et il est vrai que les animaux ne sont pas là pour protester de leur condition, et la discrimination, à la différence des femmes. Rappelons aussi que dans certaines sociétés (comme au Brésil) certains aliments sont considérés comme convenant aux hommes et d'autres réservés aux femmes.
JHB
03. 03. 10
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