par Jacques HalBronn
Comme nous le soupçonnions, l'après midi que nous avons passée avec Samuel Djian Gutenberg et Catherine Bazot, tous deux recommandés par Anne Placier dans son Guide et tous deux se référant fortement à l'enseignement de Dan Rudhyar(sur la Télévision Astrologique) nous a confirmé que l'astrologie humaniste pouvait se voir reprocher d'être surdimensionnée en ce qu'elle voudrait que chacun passe du yin au yang, de l'anonymat collectif et quantitatif à l'individuation qualitative.
Le cas de Rudhyar voire celui de Samuel Djian est paradoxal. Il s'agit d'hommes ayant une certaine créativité et donc désireux de faire école et qui nous affirment, par la même occasion, que chaque personne doit s'individuer, affirmer son moi, se différencier. Que serait une armée dans laquelle il n'y aurait que des généraux? Qu'est ce que comprend du monde un astrologue qui se plait à ignorer que le monde a besoin à la fois d'une élite et d'un public, et que ce sont là deux entités complémentaires et toutes deux respectables mais dans des registres bien différents; dans un cas on doit se différencier, dans l'autre s'unir et avancer "comme un seul homme".
Selon nous Rudhyar a projeté sur le monde sa propre problématique créatrice. C'est certes fort généreux mais laisser entendre que chaque individu doit se réaliser en tant qu'individu renvoie à ce mal du siècle diagnostiqué par Alain Ehrenberg ("La fatigue de soi", Paris, Ed; Odile Jacob);
Les gens du yang ont besoin périodiquement de se ressourcer en se connectant avec des énergies cosmiques ou astrales, alors que les gens du yin ont besoin de rencontrer périodiquement les gens du yang.. A un certain moment, les gens du yang et les gens du yin vont donc se rapprocher, l'un pour donner l'autre pour recevoir si ce n'est que l'un est singulier et l'autre est pluriel.
Il revient à l'astrologue de déterminer qui est du Yin et qui est du Yang parmi ceux qui s'adressent à lui, qui s'épanouit dans une sorte de consensus collectif (Jacky Alaiz parle du "centième singe", dans sa dernière conférence sur La Télévision Astrologique). Il y a une mystérieuse vie du collective qu'il faut respecter. Or, il semble que l'on veuille, de nos jours, désinvestir le collectif en affirmant que nous avons tous "droit" au singulier. C'est là une migration fâcheuse, une ruée vers le "moi" alors même que les sondages d'opinion constituent une force importante qui ne fait sens que si elle fait masse.., que si elle atteint un certain seuil critique.
Samuel Djian Gutenberg accorde une grande importance au passage de l'ère des poissons à celle du Verseau, ce qui est une autre forme de surdimensionnement quand on sait que chaque ère précessionnelle couvre près de 22 siècles. On irait donc vers le Verseau et donc vers une accélération de l'individuation qui serait, à terme, la chose la mieux répandue du monde comme s'il s'agissait là d'un idéal à atteindre. Mais c'est oublier que l'Humanité a besoin de cette dualité du singulier et du collectif pour fonctionner et qu'il n'y a aucune raison pour que cela change et pourquoi, d'ailleurs, au nom de quoi cela devrait-il changer?.
Que l'astrologie humaniste puisse aider certaines personnes à s'épanouir, cela se conçoit mais elle n'est pas à appliquer systématiquement, elle ne devrait concerner qu'une élite mais il est vrai que la vanité de chacun le pousse à croire qu'il est voué à en faire partie. L'astrologie serait alors un nivellement par le haut qui n'est guère préférable à un nivellement par le bas dont nous avons pu observer les effets (cf notre étude sur "handicap et privilège", dans le JBA de ce même mois)
Dès lors que l'astrologue a vocation à donner du sens, un sens, il est souhaitable qu'il ne se trompe pas. Il est des faux prophètes qui annoncent que tout le monde va s'individuer, que personne n'aura à subir le pouvoir d'autrui, à se soumettre à sa supériorité. On peut en effet rêver d'un monde où chacun pourra produite sa propre musique, par exemple et ne pas se contenter d'interpréter celle de quelque compositeur en chef. Déjà chacun n'apprend-il pas à parler, à lire avec toutes les illusions que cela peut entretenir. Qui ne sait pas composer un petit poème ou en tout cas le réciter avec application? Ce faisant, l'on risque fort de mettre sur le même pied des génies et des tout petits talents, ce qui aboutirait à une incapacité à laisser les meilleurs nous diriger! Les démocraties n'ont pourtant comme fondement que la croyance en une volonté populaire, donc en une dynamique collective capable de se choisir les meilleurs représentants. Y a-t-il un pilote dans l'avion?
Nous défendons donc l'idée d'une créativité collective, ce qui va avec un destin, un karma collectif et ces gens là ne doivent pas être induits en erreur par l'astrologue qui leur laisserait croire qu'ils font partie des heureux élus, d'autant que la vie d'un créateur, d'un leader exige une résistance qui n'est pas donnée à tout le monde. Dans bien des cas, le client n'a pas mieux à faire que de s'assurer les services d'un personnage d'exception (on a le cas, il est vrai controversé, de ces "traders" ou des ces "grand patrons" qui s'arrachent à prix d'or).
En cette année 2010, l'on est dans une phase de passage du yang vers le yin. (Avec le semi-octile de Saturne à Regulus), ce qui signifie que les gens du yin sont très en demande d'un apport yang car ils sont en chômage technique, ils sont "en chasse" de fortes personnalités qui pourront les féconder en une sorte de sexualité psychique, mentale. Cela tombe bien car la dynamique yang tend à s'essouffler, elle en devient donc moins déroutante pour le yin, à la façon d'un astre qui ralentirait, ferait quasiment du surplace; en apparence, comme dans le cas du passage du sens "direct" au sens "rétrograde" ou inversement):. Rappelons que la situation inverse qui se déroule en alternance, trois ans et demi plus tôt ou trois ans et de mi plus tard (soit un huitième d'une révolution saturnienne); et qui correspond au passage, cette fois, du yin vers le yang, implique que les gens du yin accordent au yang les meilleurs conditions pour étudier, pour se ressourcer, pour méditer, en se cotisant pour leur assurer des conditions de vie décentes. Il n'y a pas de véritable symétrie, on l'aura compris entre le yin et le yang : les énergies dont a besoin le yang ne viennent pas du yin mais il revient au yang de puiser son énergie et son inspiration en lui-même. et la conjonction est au cœur du temps yang comme l'opposition (ou son équivalent, le semi-carré, en Astrologie 4 Etoiles) est au cœur du temps yin. La force du yang est un voyage à l'intérieur de soi-même alors que la force yin passe par une prise de conscience collective qui ne fait sens que par le choix qu'elle opère au sein du yang, qu'elle fait littéralement exister, passer de la puissance à l'acte.
Nous résumerons notre pensée de la façon suivante : il y a des phases "yang" qui favorisent l'individuation et des phases yin qui favorisent le collectif. Au cours de la phase yang, chacun est invité à affirmer sa spécificité, avec plus ou moins de bonheur. Puis, au sortir de cette phase, il va falloir que l'on choisisse, au sein de ce foisonnement yang, ceux - peu nombreux(beaucoup d'appelés et peu d'élus) - qui féconderont le yin, pris en tant que collectif.
Nous sortons d'une phase yang qui aura notamment été marquée, dans le milieu astrologique, par le phénomène Teleprovidence, lequel aura donné à un grand nombre l'opportunité de se languier, dans le cadre d'entretiens, d'interviews. Il semble que cette phase yang doive désormais laisser la place à une phase yin, non plus centrifuge mais centripète, en conférant au yang une valeur yin, ce qui signifie que le collectif va s'organiser autour d'un pôle yang unificateur, ce qui implique bien entendu de choisir parmi toutes les expressions yang de la phase précédente yang celles qui prédomineront au cours de la phase yin.
En d'autres termes, en fin de phase yang, va s'opérer un tri draconien qui ne conservera qu'un très faible pourcentage de tout ce qui s'est manifesté en phase yang et en fin de phase yin, il y aura résurgence des processus de différenciation yang refoulés, inhibés en phase yin.
On aura compris que la phase yin qui commence pour trois ans environ, favorise l'émergence de nouveaux consensus qui donneront l'image d'une certaine unité par delà les différences tandis que la phase suivante yang, dans trois-quatre ans remettra en cause une telle façade, ce qui conduira à un certain cloisonnement et multipliera considérablement les clivages. C'est précisément un tel modèle que nous proposons au milieu astrologique pour sous tendre la nouvelle phase yin, à présent que les expressions yang ont eu tout loisir de s'exprimer, notamment par le biais de la Télévision Astrologique.
Force est de constater que la question du dosage yin yang n'est généralement pas appréciée correctement, notamment dans le milieu astrologique. La phase dans laquelle nous entrons pour quelques années ne se prête nullement à l'affirmation individuelle, sauf pour quelques personnages d'exception qui rassembleront les suffrages du plus grand nombre. Cette phase, tout au contraire, va conduire les gens à remettre en question un processus de yanguisation pour basculer vers un processus de yinisation, plus fusionnel. Sur le plan analogique, contrairement à ce que l'on peut lire souvent, l'Eté est plus yin que yang, à l'image de ces arbres qui sont recouverts de milliers de feuilles qui font un tout alors que l'Hiver, en revenant au tronc, privilégiera l'unité yanguienne. Deux unités à ne pas confondre, en effet, celle du groupe et celle de l'individu, presque chaque mot étant ambivalent, ce qui, soit dit en passant, est source de bien des malentendus, de fausses convergences comme de fausses divergences.
JHB
11.03. 10
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