mardi 1 juin 2010

Astrologie: aspects internes et externes

par Jacques HalBronn


Il nous semble qu'il faille distinguer les aspects en astronomie et ceux qui intéressent l'astrologue. Pour un astronome, il est probablement utile de situer une planète par rapport à une autre, cela permet un certain repérage spatial. Mais en ce qui concerne l'astrologue, le repérage serait plutôt temporel puisqu'il s'inscrit dans une problématique cyclique.
On qualifiera d'aspects externes ceux qui relient les cycles de deux planètes ou plus entre elles et d'aspects internes ceux qui concernent les phases d'un seul et même cycle.
Si la notion d'aspect externe est assez simple à saisir pour un astrologue - par exemple le cycle Saturne-Neptune (conjonction, carré, opposition etc) mais aussi les aspects au sein d'un thème natal, les transits- en revanche, celle d'aspect interne peut sembler moins évidente, ce qui est déjà en soi révélateur d'une crise épistémologique.
En effet, l'astrologie s'est tellement spatialisée, extravertie, que la pensée astrologique peine à revenir à des fondamentaux et se complaire à toutes sortes de fioritures qui cachent mal un certain vide central, un peu comme un homme atteint de calvitie, ramènerait les mèches qui lui restent sur les tempes vers le haut du crâne, à grand renfort de laque.
Le passage d'une planète à travers les 12 signes du zodiaque pourrait, au demeurant être considéré comme une succession d'aspects internes, dès lors que l'on calculerait les aspects séparant la planète, prise à un certain point de son parcours, d'un point gamma origine, qui pourrait être le 0° bélier tropique ou celui qui se situe dans la constellation du Bélier, pour les sidéralistes (Ayanamsa).
Au lieu de dire que telle planète est dans tel signe, tel secteur, l'on dirait qu'elle est à tant de degrés du dit point origine, ce qui est d'ailleurs indiqué ainsi dans certaines éphémérides (voir Gabriel, Les Grandes Ephémérides, Paris, Trédaniel en 2 volumes) où l'on se contente d'indiquer la longitude de la planète sans la situer explicitement dans tel ou tel signe.
L'intérêt d'une telle présentation serait de ne pas être encombré par un symbolisme zodiacal pesant lourdement et qui compartimente à l'excès le travail de l'astrologue, en accordant une importance excessive au changement de signe, à une minute d'arc près, ce qui est aussi le cas de l'Ascendant qui peut changer d'une minute à l'autre, ce qui confère à la précision de l'heure de naissance un caractère exorbitant.
Mais qu'est ce qu'un aspect entre une planète et un référentiel saisonnier? En quoi une planète devrait-elle être tributaire de l'équinoxe de printemps de l'hémisphère nord, du "point vernal»? En quoi serait-ce pertinent-même projeté sur le plan stellaire pour appréhender son cycle? C'est bien la question que nous posons à ces astrologues qui s'interrogent (au Colloque Source de mars 2010, non enregistré) sur l'entrée de Pluton en capricorne ou de Jupiter et Uranus en bélier et notamment pour ce qui est des planètes transsaturniennes (Uranus et Pluton, ici). Même Jean-Pierre Nicola en est resté à ce rapport planète-signe et à ce rapport planète-planète (cf. supra).
On nous fera peut être remarqué que l'on voit mal comment procéder autrement. Ce n'est certes pas en étudiant les aspects d'une planète à sa position dans le thème natal de telle ou telle personne que l'on résoudra -comme d'aucuns le croient-un tel problème. Car, cette fois, c'est accorder bien du poids à chaque naissance et cela ne résout rien au niveau de l'astrologie mondiale, à moins de ne se contenter que de dresser les thèmes de tel ou tel Etat, ce qui est une cause flagrante de compartimentage n'ayant pas grand chose à voir avec le cosmos.
Ceux qui suivent nos recherches savent que, pour notre part, nous nous servons des relations entre Saturne et les quatre étoiles fixes royales (Aldébaran, Regulus, Antarès, Fomalhaut), c" qui est la base de ce que nous appelons les aspects internes. Cela peut sembler, au premier abord, paradoxal que de qualifier d'interne un aspect entre une planète du système solaire et une étoile fixe par définition extérieure, étrangère, au dit système, ce qui explique d'ailleurs que l'astrologie contemporaine n'ait pas jugé bon de s'en embarrasser, de Nicola à André Barbault.
Cette évacuation des étoiles fixes que d'aucuns ont cru bon de saluer comme ayant été une bonne chose aura, selon nous, durablement déséquilibré et déstabilisé l'Astrologie Moderne et constitue présentement un véritable obstacle épistémologique.
Nous avons déjà, en d'autres textes, traité un tel dossier en mettant notamment en avant le fait que la révolution d'une planète est perçue d'un point de vue sidéral, c'est à dire quant à son retour face à une même étoile. Aucun cycle entre deux planètes ne correspond à une telle définition et ne permet de déterminer correctement la révolution d'une planète donnée. On en arrive à des nombres intermédiaires comme dans le cas classique du couple Jupiter-Saturne qui met 20 ans pour se conjoindre à nouveau.
Rappelons tout de même que l'astrologie telle que nous la connaissons est née du distinguo qui aura fini par s'opérer entre planètes et étoiles fixes, bien longtemps après que l'on ait pu décrire le cycle des saisons ou celui des luminaires. La dualité planète/étoile nous apparait donc comme fondatrice de toute la pensée astrologique, se constituant par delà les dits cycles déjà connus. En ce sens, l'ensemble planètes/étoiles constitue un tout un peu à la façon d'une horloge où une planète serait l'aiguille principale et les étoiles les chiffres.(la comparaison vaudrait, transposée, pour un cadran solaire, l'ombre portée valant pour une aiguille)
D'ailleurs, n'est-ce pas précisément l'intérêt accordé aux étoiles fixes qui conditionne l'importance conférée au Zodiaque? Certes, à force d'essayer de déconnecter les signes des constellations - pour des raisons qui seraient d'ailleurs à explorer- l'on aura fini par oublier que le zodiaque est indissociable des étoiles et en cela les sidéralistes ont raison (de Dorothée Kœchlin de Bizemont à Denis Labouré, de Marie Delclos au regretté Jacques Dorsan, de Raoul Mélo à Jo Cohen, voir nos entretiens et colloques sur la Télévision Astrologique).
On nous objectera que nous avons rejeté un peu plus haut tout recours au cycle saisonnier pour baliser la course des planètes et voilà que nous nous raccrochons au Zodiaque! Ce sont là les aléas de l'Histoire : le fait est que l'on aura projeté le cycle saisonnier sur l'écliptique et ce d'autant plus aisément que les planètes suivent la même voie stellaire que les luminaires, d'où l'amalgame qui aura conduit à découper 12 constellations, sans tenir compte des lents effets de la précession des équinoxes..
Mais, selon nous, les quatre étoiles fixes royales n'ont que faire du Zodiaque et tout autre système de repérage des dites étoiles ferait l'affaire. Bien plus, les dites étoiles auront marqué le Zodiaque et l'auront corrompu : on pense notamment à la constellation du Lion qui n'a rien à voir symboliquement avec le zodiaque des saisons, lié à la vie domestique et rurale;
Il n'en reste pas moins que selon nous le fait que Saturne avance dans le Zodiaque soit signifiant, à la différence des astrologues qui ne considèrent que le cycle entre deux planètes. C'est ainsi que pour Barbault, peu importe dans quel signe la conjonction Saturne-Neptune a lieu. Pour nous, en revanche, la progression de Saturne dans le Zodiaque est déterminante puisqu'elle nous renseigne sur l'aspect que cette planète entretient avec les deux étoiles fixes qui l'encadrent, intervalle que nous subdivisons en quatre secteurs d'environ 22° à 25°, les intervalles entre étoiles fixes royales n'étant pas exactement de 90° et comment en serait-il autrement puisqu'il s'agit d'un quadrilatère naturel, choisi certes pour sa conformité approximative avec un carré, et non d'une pure construction géométrique.
On aura compris que par aspect "interne", nous entendons les aspects que forme une planète au cours de son propre cycle et ce, sans interférence avec celui d'autres planètes et que par aspect externe, nous entendons les interférences entre cycles qui parasitent la démarche astrologique actuelle..


JHB
04. 03. 10

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