par Jacques HalBronn
Nous avons déjà signalé et souligné le lien existant, numériquement, entre la Lune et le Soleil. Nous mêmes avons consacré des travaux aux almanachs astrologiques du XVIe siècle, et notamment à ceux de Nostradamus. Une semaine fait sept jours, un mois lunaire correspond, année pour jour, à une "année" saturnienne. Ce qui permet de découper le cycle lunaire est la conjonction (vieille/nouvelle Lunes), les deux carrés et l'opposition (pleine lune). Une demi-semaine sera donc de 3 jours 1/2. En allemand, on marque le milieu de la semaine( Mittwoch), ce qui correspond à notre mercredi (antérieurement, c'était le jeudi qui était chômé dans les écoles, d'où "la semaine des 4 jeudis", quand on voulait ironiser). 3 jours et demi correspondent à un huitième du cycle soli-lunaire tout comme trois ans et demi en tant que huitième du cycle saturnien. Le 8 est très important comme l'a rappelé à Toulouse Patrice Guinard (voir son "dominion" sur le site CURA..free.fr)
Le cycle soli-lunaire est le fondement du zodiaque et de son symbolisme comme l'atteste l'iconographie des almanachs (que l'on retrouve sur les cathédrales et dans les Livres d'Heures) mais ces 12 "images" ont été conservées de façon très corrompue par les astronomes et à leur suite par les astrologues. Cette division du temps s'est imposée aux sociétés humaines en tant que découpage "naturel" tout comme l'est le "découpage" de Saturne en quatre phases, du fait des conjonctions de cette planète avec les quatre étoiles fixes royales, lesquelles forment un quadrilatère naturel et non pas un dodécagone comme le font les 12 rencontres du soleil et de la lune, chaque année. Mais l'on ne saurait oublier que ces divisions n'ont pas de valeur astronomiquement, elles sont contingentes et ne revêtent quelque importance que du point de vue humain. Rappelons que la lune et le soleil, bien qu'appartenant au système solaire, ont des statuts bien différents, la lune n'étant au demeurant que le satellite de la Terre alors que Saturne est une planète à part entière.
On nous a parfois reproché (par exemple Gilles Roy) de ne pas nous en tenir au seul système solaire pour constituer "notre" astrologie mais au niveau sémiologique qui est le nôtre, il n'y a aucune raison de nous en tenir à un seul ensemble et il nous semble tout à fait possible de connecter deux ensembles formant, en l'occurrence, notre "ciel" depuis la nuit des temps. Dans le cas de Pluton, d'ailleurs, les astrologues n'ont pas tort de maintenir cet astre, quand bien même ne serait-il plus considéré comme planète. Pluton est en fait une sorte d'étoile fixe, tout comme Eris, du moins au regard de sa "fixité" relative.(voir exposé de Christophe de Céne, au prochain colloque de Rennes, du 23 avril 2010)
De même, il est évident que la notion même d'aspect est purement visuelle, c'est un effet de perspective. Les astres ainsi reliés étant fort éloignés les uns des autres, même en conjonction, et même ne se situant pas forcément à la même latitude. Nous sommes là dans des stratégies de transposition qui n'impliquent aucune réalité autre que celle d'un minimum de visibilité et de repérage. En ce sens, l'astrologie ne serait pas "scientifique" du moins au premier degré mais elle le redevient du fait de l'alchimie humaine qui a vocation à transmuter le réel.
Etrangement, si certains astrologues entendent s'en tenir au seul système solaire (comme l'astrologie conditionaliste) encore que la prise en compte du cycle saisonnier constitue déjà une forme de dualité, le dit cycle constituant une structure a priori sans rapport avec le dit système solaire, ils ne se montrent pas moins très peu à l'aise pour dessiner les frontières de l'astrologie, au niveau humain comme si nos sociétés n'offraient pas elles aussi certaines structures. Pour nous, précisément, l'astrologie se doit de circonscrire rigoureusement son champ et ne pas s'intéresser, du moins au niveau de son modèle, à ce qui lui est extérieur.
L'astrologie n'a pas à s'embarquer dans une quelconque course à la modernité, qui la ferait intégrer des données nouvelles comme les planètes transsaturniennes, elle n'a pas à se faire l'écho des hantises apocalyptiques de nos contemporains qui ne relèvent pas de son périmètre. Elle doit un peu à la façon d'un Président de la République - par opposition au Premier Ministre- être le gardien des institutions et de leur fonctionnement normal. En cela elle a un devoir de réserve et de distance. Grâce à l'astrologie, il sera possible à l'Humanité de raison garder, assumant ainsi une certaine rationalité, se situant au delà de l'anecdote, de l'opportunité, de l'occasion qui se présente. Paradoxalement, l'astrologie assure une pérennité, une fixité en dépit même de la cyclicité qui est sienne, dès lors que toute véritable cyclicité est homéostatique et revient à son point de départ, par un processus de régulation. Seule la cyclicité garantit que les choses suivent leur cours, par un processus d'absorption et d'élimination, de veille et de sommeil. Certains astrologues, d'assez mauvaise foi, n'hésitent pas à détourner le mot changement du sens que nous lui conférons ici en affirmant que l'Astrologie "va de l'avant" en oubliant qu'elle revient aussi, périodiquement, en arrière, ce qui semble effrayer plus d'un en ce que cela implique d' élagage, de nettoyage, de décantation.
Quant aux noms attribués aux jours de la semaine, ne s'agit-il pas plutôt de principes que véritablement de planètes? On nous parle d'astronomie "fictive"- comme dans le cas d'ailleurs des domiciles des planètes- puisque l'on mentionne des noms de planètes alors que ces planètes ne sont pas présentes (idem pour les décans et les termes) mais ne vaudrait-il pas mieux de parler de forces (comme on peut le voir chez Manilius) qui peuvent être indifféremment associées à toutes sortes de secteurs, ne s'agirait-il pas plutôt d'une sorte d'alphabet (que l'on retrouve aussi dans la théorie des Ages de J.P. Nicola, qui recourt aux dénominations planétaires pour traiter de la psychogénèse)?
En fait, nous pensons que ce sont les noms de dieux attribués aux jours de la semaine qui furent ensuite attribués aux planètes. On nous objectera que la coïncidence est grande que l'on dispose, comme par hasard, de sept astres, le "Septénaire" mais cette coïncidence vaut dans les deux sens, pourquoi la lune met-elle sept jours pour couvrir le quart de son cycle et pourquoi son cycle équivaut-il 4x7 jours - question qui se pose également pour Saturne - pourquoi le cycle de Saturne est-il divisé en 4 par un quadrilatère stellaire "naturel"? En revanche, on rappellera que le nombre de dieux n'est nullement limité à sept et qu'un choix fut certainement opéré pour choisir les divinités des jours de la semaine. Une autre astrologie à base 8 plutôt que 7 aurait fort bien pu exister et ce d'autant que le nombre 7 n'est pas le plus intéressant en ce qu'il est impair et ne s'inscrit pas comme le 8 dans une structure binaire..
On nous objectera que l'ordre des jours de la semaine (soleil, lune, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne) n'est pas celui des planètes. (Soleil, lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne). Nous avons montré (voir nos Mathématiques Divinatoires, Paris, La Grande Conjonction-Trédaniel, 1983) les liens structurels entre ces deux séries et Néroman avait montré, dès 1940 (Grandeur et Pitié de l'Astrologie, Paris, Sorlot) que l'on passait d'un ordre à l'autre en se servant d'une étoile à cinq branches.
En ce qui concerne les relations planètes-signes, connue sous divers noms (domiciles, trônes, exaltations, chutes, exils, Dignités et débilités), peut-on dire que ces attributions concernent les dieux plutôt que les planètes -(et cela vaut pour les maitres des décans et des termes)? Le doute est permis en tout cas: il est assez vraisemblable, du point de vue de l'Histoire de l'Astrologie, que l'on n'était pas encore à ce stade face à un référentiel planétaire mais bien face à un référentiel mythologique (ce qu'atteste le poète astrologue latin Marcus Manilius, antérieur à l'alexandrin Claude Ptolémée ) et d'ailleurs astronomie et mythologie sont puissamment intriqués en astrologie, tout comme le zodiaque est une structure liée au cycle soli-lunaire avant d'avoir été projeté sur des ensembles d'étoiles placées sur le passage des planètes (écliptique). Certains auteurs, par la suite, inversent le processus en soutenant que l'on a plaqué le nom des planètes sur la semaine et....le nom des constellations sur les mois! L'intention est toujours la même: veiller à déshumaniser l'astrologie au nom d'un certain scientisme et d'un certain positivisme dans l'intérêt prétendu du "crédit" de l'Astrologie!
Le fait que les dispositifs des domiciles et des exaltations soient disposés, l'un comme l'autre autour des luminaires n'est pas négligeable. On aura simplement voulu marquer les différents moments du cycle soli-lunaire en se servant des dieux, lesquels incarnaient chacun une énergie. On retrouve là la semaine avec ses sept secteurs. Dans le système des domiciles, on a d'abord des dieux de la vie privée (Vénus (Taureau-balance), Mercure (Gémeaux-vierge) puis des dieux du pouvoir (Mars (Scorpion-bélier), Jupiter (sagittaire-poissons) (voir notre séminaire de Nice sur la Télévision Astrologique), le dieu Saturne étant considéré ici comme l'opposé des luminaires. On est donc déjà dans un syncrétisme astronomico-mythologique puisqu'il s'agit de se servir de la mythologie pour baliser sémantiquement le parcours des relations des luminaires. Il semble que, pour quelque raison, deux systèmes aient été utilisés avec des ordres différents des dieux. En tout état de cause, le système des maitrises qui prend en compte la position réelle des planètes, dans le thème astral, nous parait correspondre à un certain glissement. Quant au nom des planètes, il ne nous parait pas davantage indiquer que celles-ci doivent être prises en considération en astrologie planétaire, les seuls astres significatifs étant d'une part les luminaires et de l'autre Saturne, tous deux intégrant le Sept.
JHB
26. 03. 10
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