par Jacques HalBronn
Au colloque "Source" qui se tiendra dans les prochains jours, nous entendrons Fabrice Pascaud traiter de 'L'entrée de Pluton en Capricorne" et Lynn Bell discourir sur "L'entrée de Jupiter et d'Uranus en Bélier, déclencheur de nouveaux enjeux et d'une nouvelle époque". Par ailleurs, l'on sait que Saturne entre définitivement en Balance, cet Eté, et que ce sera aussi le cas de Mars. C'est dire que les signes cardinaux sont ou seront prochainement touchés par cinq planètes dont quatre sur l'axe équinoxial.(voir aussi notre entretien avec Jacky Alaïz, mars 2010, sur la Télévision Astrologique)
Il est à craindre que les prévisions faites en rapport avec ces "entrées" ne soient fondées sur des critères pour le moins problématiques. D'une part, parce que l'entrée dans un signe relève d'un tropicalisme poussé à l'extrême et de l'autre parce que cela implique deux planètes transsaturniennes, Uranus et Pluton dont on est en droit de se demander si elles ont leur place dans la "tradition" astrologique ou dans tout processus visant à restaurer l'Astrologie à son modèle originel;, comme le pense un Jean-Pierre Nicola (RET) sans parler de la légitimité discutable à combiner plusieurs planètes.
Mais ce qui nous intéresse plus spécialement ici est le cas de l'entrée de deux planètes en bélier, considéré comme le premier signe du zodiaque. Nul doute que pour beaucoup d'astrologues, le bélier ne représente une certaine nouveauté puisque l'on démarre, en quelque sorte, un nouveau cycle. Rappelons tout de même que l'axe équinoxial sous tend également le signe de la balance, également touché par Saturne et Mars. Deux planètes en bélier face à deux planètes en balance et au carré de Pluton en capricorne, telle est bien la configuration triangulaire de l'an 2010.(voir nos entretiens avec Lila Kerlanne, et avec Patricia Lasserre, sur la Télévision Astrologique)
Bien entendu, les astrologues percevront le monde à la lumière de telles configurations car l'enjeu n'est pas mince qui est de valider l'astrologie ou.... de l'invalider, du moins selon ses normes actuelles. Enjeu peut être plus important pour l'astrologie que....pour l'Humanité. Mais faut-il sérieusement s'inquiéter quant aux risques prévisionnels ainsi pris par nos astrologues qui en ont vu d'autres et ont eu d'autres couleuvres à avaler?
D'abord, il est beaucoup question de réformes, de changements et en ce sens les astrologues ne font que se joindre au chœur. On a vu cependant que cela ne leur a pas toujours souri et l'on pense au "pari" que Barbault avait pris, au début des années soixante, en faveur de l'URSS censée rejoindre les Etats Unis en termes de puissance, alors même que cette idée était dans l'air, y compris chez les spécialistes de la science politique (Maurice Duverger, par exemple)
Ensuite, parce qu'il ne leur en faudra pas tant que ça pour se déclarer "validés" par les faits et qu'il faudra du recul pour apprécier réellement ce qui se passera en 2010. Nos travaux sur le prophétisme (voir notre thèse d'Etat Le texte prophétique en France, Paris X, 1999) ont montré que les gens ne cessaient d'échafauder des projets qui ne se concrétisaient pas toujours mais qui semblaient sur le moment être déterminants. Or, il ne suffit pas de crier au changement pour qu'il y ait changement "durable". Sur le moment bien malin celui qui saura distinguer entre les effets d'annonce et les engagements marquants. Ce qui nous renvoie à la lancinante question: qu'étudie l'astrologie?
Ce débat qui s'est à nouveau engagé lors du Colloque NOA de février 2010 (sur la Télévision Astrologique) nous a conduits à distinguer entre prétexte et contexte et surtout à mettre en avant le cycle et le sujet plutôt que l'événement ponctuel et l'objet. Dès lors que l'on ne précise pas ce qui est vraiment en jeu, l'on pourra toujours retomber sur ses pattes et entamer des discussions sémantiques sans fin.
Si l'astrologie actuelle se débrouille pour expliquer le début des choses, elle semble être bien plus en peine pour en déterminer la durée. Avec les outils surdimensionnés qu'elle utilise, le risque est qu'elle voie trop grand et trop large, proposant du XL au lieu du M. Cela tient notamment au recours à des planètes lentes et à l'absence de découpage des cycles. C'est ainsi que nous divisons par quatre le cycle de Saturne pour avoir des "cycles" ne durant que 7 ans environ, eux même subdivisés en périodes de 3 ans 1/2. Avec les outils actuels de beaucoup d'astrologues, l'erreur quant à la durée d’une crise par exemple peut être considérable. Signalons que la vogue de la division en 12 signes zodiacaux d'un cycle est notamment due, selon nous, au fait que cela permet de déterminer des secteurs de temps relativement courts pour des astres particulièrement lents.
Mais, ce que nous voudrions particulièrement souligner est le problème de l'équinoxe de printemps. Certes, le zodiaque débute-t-il traditionnellement au bélier mais est-ce à dire que l'équinoxe de printemps corresponde à des valeurs "bélier" avec les connotations que cela engendre? Pour nous, ce moment printanier n'a rien de commun avec la symbolique de cet animal! Le printemps n'est important que parce qu'il annonce l'Eté mais non par lui-même, il n'est qu’une prémisse, un indice encore bien ténu (voir notre préface à l'ouvrage de Béatrice Crozat, "L'homme et le Temps. Traité d’interprétation. Les différentes configurations, Reed. 2010(Aveyron), il est un pénis plutôt qu'un phallus et ne demande qu'à croitre. En fait, il n'y aurait pas grande différence d'amplitude entre bélier et balance (ce signe étant bien nommé et représentant les valeurs équinoxiales d'hésitation, de compromis qui concernent tout autant le bélier, si ce n'est que le passage s'effectue en sens inverse.
Il est clair en tout cas qu'une opposition sur l'axe équinoxial n'est pas comparable avec une opposition sur l'axe solsticial, laquelle serait beaucoup plus aigue.
JHB
05. 03.10
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