par Jacques HalBronn
Dans un entretien que nous avons eu avec certains astrologues (comme Jessica Coggio sur la Télévision Astrologique), nous avons exprimé un avis qui pourrait choquer certains, à savoir que l'astrologue ferait bien de ne pas fixer d'échéances par trop éloignées concernant les affaires courantes de la plupart de ses clients. Cela relève du surdimensionnement dont nous pensons que l'Astrologie est affectée.
Nous avons donc reproché à certains astrologues de pratiquer la procrastination, c'est à dire la remise à plus tard (cras, en latin, signifie bientôt) ce qui pourrait être programmé pour une échéance sensiblement plus proche. (voir notre entretien à Berck/mer avec le coach Alain Kostek , sur la télévision astrologique)
Toutefois, dans certains cas, la procrastination se révèle, au contraire, la voie de la sagesse. C'est ainsi que si le client est réellement réceptif aux signaux célestes subtils liés aux planètes (et pas seulement aux luminaires), il ne faudrait pas qu'ii allât plus vite que la musique ni qu'il brûlât les étapes.
Autrement dit, pour certaines personnes, c'est d'abord un problème de volonté et il suffit de se focaliser pour que les choses se fassent. En revanche, pour d'autres, c'est une question de potentialité disponible à un moment donné et il n'est pas heureux de se lancer dans une certaine action prématurément. A l'astrologue de déterminer à quel type de personne il a affaire. Souvent, lors des transitions, c'est à dire des passages d'une phase à l'autre, il peut y avoir un certain flottement.
Il se trouve que l'astrologie a du mal à trouver- ce qui est un comble - le bon rythme. A force de combiner les cycles, elle s'égare et n'est plus en mesure de proposer un modèle qui mérite ce nom. En fait, on se retrouve avec deux sensibilités politico-économiques, l'une qui se veut dirigiste et qui exige de s'en tenir à des structures immuables et dont on ne saurait s'écarter que très ponctuellement et l'autre, plus libérale, plus sauvage, qui pratique un "laisser faire" à base de transits partant dans tous les sens et se succédant dans le plus beau désordre. Actuellement, c'est cette sensibilité ultralibérale qui l'emporte et à laquelle nous nous opposons.
Il convient en l'occurrence de distinguer deux types de clients, ceux qui doivent être traités à partir d'une cyclicité rigoureuse et strictement récurrente et ceux pour lesquels il n'est pas utile de s'en tenir à un code qui serait inutilement rigide.
Pour les premiers, une astrologie cyclique, parfaitement balisée est à utiliser tandis que pour les premiers, une plus grande liberté de manœuvre est souhaitable tant chez l'astrologue que chez son client.
Si le second type de clients est à la fois le plus commun et celui qui correspond à l'état actuel de l'astrologie, le premier type mérite que l'on reconstruise une astrologie qui convienne mieux à son profil de vie.
En fait, cette "autre" astrologie qui mérite bel et bien d'avoir la préséance, tant historiquement
qu'épistémologiquement, est infiniment plus simple à exposer. Elle ne passe pas par le thème natal avec tout ce qui "tourne" autour, à commencer par les transits. Elle est un modèle synchronique, c'est à dire qui reste le même pour tous ceux qui en dépendent. Elle ne comporte aucun imprévu, aucun deus ex machina, comme l'arrivée inopinée -même si astronomiquement prévisible- de telle ou telle planète. Cette astrologie là se déroule imperturbablement et inlassablement, cycle après cycle, à l'instar des jours de la semaine, du lever et du coucher, et de toutes sortes d'habitude qui ne changent pas, quoi qu'il arrive et qui font partie des fondements mêmes de notre vie sociale. En ce sens, nous ne saurions parler d'un conditionnement astrologique, comme le propose J. P. Nicola, du moins en ce qui concerne cette astrologie "première" dont nous traitons ici. Curieusement, d'ailleurs, les deux astrologies que nous confrontons ainsi sont évidemment vouées à se compléter du fait qu'en effet, l'une serait de l'ordre de l'épiphénomène - celle qui est un conditionnement parmi d'autres, alors que l'autre fait partie des assises mêmes de notre civilisation, des "meubles". Autrement dit, pour l'astrologie "première", les conditionnements seraient à chercher ailleurs, dans tout ce qui pourrait venir perturber son modèle. .
Dire avec Nicola que l'astrologie est un conditionnement conduit, ipso facto, à la marginaliser. Ce ne serait qu'un produit qui viendrait s'ajouter à une structure fondamentale qui ne l'inclurait point.
Il importe donc de recentrer l'astrologie, c'est à dire de la placer au centre de notre monde et non à sa périphérie, elle est à placer du côté de ce qui peut être affecté par divers paramètres bien plus qu'elle ne saurait être réduit à l'un de ces paramètres. Certes, un tel phénomène est-il le résultat de la longue durée mais d'un point de vue anthropologique, l'astrologie, en sa dimension la plus élevée, est constitutive de l'architecture de notre civilisation, elle n'est pas ou n'est plus une donnée que l'on peut ou non considérer, elle est indispensable à la bonne marche du monde et en ce sens; elle ne saurait être définie comme un conditionnement (voir notre entretien avec J. P. Nicola, sur la Télévision Astrologique et le Colloque de Montréal, ibidem), en dépit du fait qu'elle se relie au cosmos qui, initialement, est extérieur à notre condition sublunaire. Mais l'on ne saurait confondre le point de départ et le point d'arrivée!
JHB
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire