mardi 1 juin 2010

Cyclicité : la dialectique Introversion-Extraversion

par Jacques HalBronn

Plutôt que de chercher à corréler l'astrologie à divers événements ponctuels, il serait probablement préférable d'ancrer celle-ci sur des fondamentaux cycliques psychosociologiques dont l'astrologie ne saurait s'écarter, soit directement, soit indirectement, à un niveau matriciel.
Prenons l'exemple du cycle veille-sommeil ou vice versa. et surtout du passage d'un état vers un autre et l'on sait à quel point un tel passage peut faire problème, au quotidien.
Nous avons pu observer le passage de la parole extérieure à une parole intérieure. Le matin, quand on se réveille, nos réflexions sont d'abord "internes", nous n'avons aucune difficulté à penser en silence. Inversement, quand nous allons nous coucher, c'est la parole externe qui prédomine et il est d'ailleurs recommandé de parler "à voix haute" pour s'endormir et basculer dans un registre "interne", c''est à dire silencieux pour autrui. Les enfants qui aiment qu'on leur parle, avant de s'endormir, qu'on leur lise quelque chose, mettent en place un tel processus conduisant au sommeil. On se demandera si les femmes ne sont pas plus à l'aise dans la parole externe (voir John Gray, Les hommes viennent de Mars, et les femmes de Vénus), que dans la parole interne et qu'elles sont comme obligées de "penser" tout haut (voir l'expression "on ne s'entend pas penser).
Il nous apparait cependant que ce que nous appelons la parole interne précède la parole externe qui n'en serait que l'extériorisation. Il s'agitait d'évacuer, comme lorsque l'on va aux toilettes quelque chose qui était invisible de l'extérieur et qui, soudain, va se manifester de façon plus "concrète".
Dans le cas de la psychanalyse, l'on est bien dans une situation d'extériorisation de l'interne, comme dans le cas des rêves, des souvenirs.
Le passage de l'interne vers l'externe serait donc celui du nocturne vers le diurne, de l'invisible vers le visible, du personnel vers le collectif, c'est le temps du partage.
Quand les gens dorment -ou se taisent, n'extériorisent rien ni psychiquement, ni physiquement, leur individualité sociale est des plus restreintes. En revanche, à l'état de veille, la diversification sera manifeste et l'on tombe dans une certaine cacophonie, un certain désordre dont on ne se serait guère douté lors de la phase précédente. On se surprend à s'étonner de ce que tout ce qui sort était déjà là.
La nuit va donc relativiser nos différences, le jour va les exacerber. Nous dirons que le yang est nocturne et le yin diurne, l'externe faisant suite à l'interne. Pourtant, on lit souvent que c'est la nuit qui est yin....Nous nous portons en faux contre une telle proposition. L'éjaculation masculine est d'ailleurs emblématique de cette transmutation et du processus d'extériorisation du sperme en direction précisément du vagin de la femme, par le biais du phallus..
Certes, ce qui est intériorisé a été alimenté par une certaine réalité extérieure -à commencer par la nourriture- mais ensuite s'effectue un travail, un (re)traitement qui est d'abord invisible de l''extérieur - comme dans le cas d'un four, d'un athanor d'alchimiste et, enfin, dans un troisième temps, il y a quelque chose qui sera secrété sous diverses formes mais qui sera d'abord un processus d'évacuation, de "soulagement", de "débarras", permettant à terme de se recharger, de s'ouvrir à nouveau après avoir fait le vide en soi.
Autrement dit, le monde nocturne nous ramène à un tronc commun comme le ferait l'automne alors que le monde diurne est celui du feuillage et des branchages, comme avec le printemps. Au moment où nous intégrons l'extérieur, nous l'intériorisons, c'est analogiquement un temps automnal alors que celui où nous évacuons est un temps printanier, vernal.
Ce sont ces moments là de transition qui sont au cœur du travail de l'astrologue et de la cyclologie astrologique. (Voir notre entretien avec Samuel Djian Gutenberg, sur la Télévision Astrologique) et tout comme certaines personnes peinent à s'endormir ou à sortir de chez elle, le matin, de même nos sociétés sont vouées à vivre un certain état de crise à des stades comparables, à une autre échelle de temps évidemment.
Dans la mesure où l'on peut transposer un tel phénomène au niveau de certains cycles célestes, l'on détermine de tels moments de transition qui ne sont pas sans offrir une certaine symétrie ponctuellement, avec une dialectique réception et résorption (au coucher) et émission (au lever). En effet, tout acte de réception implique d'amorcer une assimilation, une digestion: quand nous absorbons quelque chose, cela disparait de la vue: un enfant mange une pomme et tout d'un coup il n'y a plus de pomme, elle a été "avalée".
La force du yang est dans l'absorption, dans la transformation, dans la décantation nécessaire à l'intériorisation et à la "disparition". Le Yin ne serait que le réceptacle final d'un tel mode de fonctionnement, une sorte de poubelle, de site de déchets (comme dans le cas du nucléaire, avec toutes les implications écologiques que cela comporte). C''est pourquoi la cyclologie du Tao commence par un temps yang avant de passer à un temps yin (voir notre entretien avec Annick Perthu, sur la Télévision Astrologique). En ce sens, c'est l'homme qui accoucherait au moment de l'éjaculation, de la conception.
Le silence rapproche et la parole sépare, même dans ses manifestations les plus bénignes, ne serait-ce que parce que nous ne parlons pas tous la même langue et que la langue évolue. Or, si l’on souhaite unifier l'Humanité dans le temps et dans l'espace, la parole devient un obstacle, un cloisonnement.
Cela dit, le passage du jour à la nuit est plus masculin et celui de la nuit au jour plus féminin. L'homme est d'abord polarisé vers la "yanguisisation" du monde, il est une sorte de trou noir qui absorbe et transforme le réel brut alors que la femme n'accède qu'à un réel '"net", déjà "mâché" par l'homme -pélican et qui lui est reversé, dégurgité. Le temps Yin serait le temps où la femme doit être nourrie par l'homme, où à la façon des oisillons, elle est en demande insistante qu'on lui "serve" quelque chose.


JHB
10. 03. 10

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