par Jacques HalBronn
Au regard de l'astronomie, les aspects astrologiques sont une pure fiction. Non pas qu'on ne puisse les calculer à partir de données astronomiques, non pas qu'il n'y ait point tel angle entre deux planètes mais bien parce que l'intervalle entre deux planètes ne correspond à aucune loi astronomique.
Si bien que lorsque des astrologues se réunissent en congrès, comme ils l'ont fait début mars, pour discourir sur les confiations se formant en 2010 entre Sature, Uranus et Pluton, l'ensemble formant un triangle, une telle représentation n'est épistémologiquement pas recevable.
Il y aurait donc quelque abus à mettre sur le même pied astronomique les vitesses de révolution des planètes, l'ordre des planètes au sein du système solaire qui en est d'ailleurs le corollaire et..... les aspects (et autres transits et directions), conjonction comprise. Et cette objection vaut pour l'astrologie mondiale tout aussi bien. Pour Yves Lenoble, toutes les planétes forment nécessairement entre elles le même type d'aspect, y compris les transsaturniennes. Un carré est un carré entre n'importe quelle planète du système solaire. C'est là un postulat!
Notre position sur ce sujet est nuancée: nous n'excluons pas que l'on puise justifier l'impact de certains aspects entre certains corps célestes, dès lors que certaines sociétés en ont tiré quelque loi à laquelle elles se sont astreints, des siècles durant. Les dites sociétés, il faut le souligner, n'avaient nul besoin de multiplier le nombre d'aspects et le nombre de corps célestes concernés. Et bien entendu, il n'était pas question des aspects avec ou entre des planètes qui ne seraient connues qu'à partir de la fi du XVIIIe siècle puisque nous parlons de sociétés antiques. Cela ne fait donc aucun sens de s'intéresser à quelque cycle de Neptune avec Pluton sur des millénaires, comme l'a proposé Fanchon Pradalier Roy au dit Congrès. Mais cela ne fait pas davantage sens de considérer un tel aspect de nos jours puisque nous ne nous trouvons plus dans les conditions fondatrices. A notre connaissance, aucune société - à part celle des astrologues - n'a accordé à un tel aspect - ou à d'autres du même acabit - une quelconque importance au niveau juridique.
Maintenant, l'on nous dit que ces aspects ont fait leurs preuves, qu'ils "marchent", que c'est vérifié par la "pratique", par l'expérience....Nous répondrons d'abord qu'au niveau de l'astrologie mondiale, l'indice de concentration planétaire d'André Barbault n'a pas été validée dans les prévisions qui en avaient été tirées par les "événements" observables tout au long des années Quatre Vingt du siècle dernier, comme on nous y invitait. Ensuite, on nous parle d'aspects dans le thème ou au thème natal alors que le thème est une entité qui n'est pas davantage reconnue par l'astronomie même s'il se fonde sur des données astronomiques car les dites données ne sont pas pertinentes au regard de la science astronomique. Ajoutons que le nom des planètes ou des signes n'est pas non plus scientifique même si un tel (méta) langage est compréhensible par un astronome.
Quand on propose aux astrologues de ne s'en tenir qu'à un très petit nombre de configurations, il y a levée de boucliers. On nous dit alors que c'est tout le système solaire d'hier, d'aujourd'hui et de demain)) ou rien, qui est à configurer, à baliser.
Il conviendrait de poser le problème par un autre bout: quelle est la périodicité la plus appropriée pour organiser les activités humaines? Quelles sont les périodicités et les alternances les plus flagrantes? Et ensuite, l'on se demandera - mais ensuite seulement- quelles sont les configurations célestes qui correspondent en termes de durée aux dites périodicités?
Il ne s'agit pas là d'ajuster l'astrologie sur de vagues souvenirs scolaires mais bien de se servir d'une documentation beaucoup plus pointue et qui échappe en très grande partie à la "mémoire" populaire, il s'agit de travailler sur des séries de quelques années et non de plusieurs siècles! Le paradoxe est que les gens connaissent mieux la macro-histoire que la macro-histoire.
L'on nous reprochera peut être de soutenir que les astres soient responsables, en quoi que ce soit, d'événements qui, avec le recul, peuvent sembler dérisoires, en quelque sorte indignes de l'astrologie mondiale (sinon individuelle). Mais ces multiples manifestations, à une échelle de temps modeste, ne concernent l'astrologie qu'en tant que variations sur des thématiques et des problématiques très simples. Ce qui nous intéresse, ce sont les récurrences cycliques et non ce qui différencie. Mais cela n'exclue aucunement un travail de grande précision au niveau chronologique, avec un décorticage sur un très petit nombre d'années. L'astrologie aura plus à gagner à couvrir, année par année, un processus que de survoler les siècles comme on l'a vu trop vu lors du dit Congrès.
Encore faudrait-il que les astrologues s'en tiennent à un nombre très limité de planètes et idéalement n'en considèrent qu'une, quitte à la configurer avec certains repères sidéraux (étoiles fixes) que l'on pourrait à une sorte de gril sur lequel on fait "cuire" la planète et donc, ce faisant, on l'a fait évoluer comme le soleil fait murir les fruits. Une planète qui progresse dans son cycle est considérée comme "murissante". A un certain moment, le fruit tombe de l'arbre.
Le monde n'offre pas une transparence immanente car si c'était le cas on n'aurait pas besoin d'astrologie mais en même temps si c'est le cas, le monde ne peut valider l'astrologie puisque pour cela il faudrait que l'on puisse avoir recours à une autre information sur le monde que celle proposée par l'astrologie ou par une observation "empirique" du dit monde. L'Histoire peut-elle jouer ce rôle? Difficilement, en raison de la médiocrité et de la précarité des traces qui subsistent de notre passé. Il nous faut donc passer par une transparence non pas immanente mais transcendentale, c'est à dire en recourant à des modèles. dont l'esthétique soit aussi satisfaisante que possible. Depuis quarante ans, nous tenons la position selon laquelle il n'y a pas d'astrologie viable qui véhiculerait des structures incohérentes, mal maitrisées, mal explicitées. il faut être schizophrène pour pouvoir affirmer que quelque chose marche mais que cela ne devrait logiquement pas marcher:!
Par là nous ne sommes pas en train d'exiger une astrologie dont toutes les données seraient validées scientifiquement. Comme nous ne pouvons remonter le temps pour assister à la naissance de l'astrologie, nous en sommes réduits à partir du principe qu'une certaine astrologie existe et qu'elle aura laissé quelques traces en nos comportements. Cette astrologie n'est nullement 'naturelle", c'est l'astronomie qui est naturelle, pas l'astrologie. Cela signifie, pour aller dans le sens de Claude Lévi-Strauss, qu'elle s'est constituée à partir de structures offrant une certaine rigueur et qu'il importe de faire ressortir, des millénaires plus tard. Véritable travail d'archéologue du savoir qui s'inscrit, selon nous, dans une histoire de la philosophie du Droit, mettant en évidence le stade d'un cosmojuridisme.
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JHB
13. 03.10
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