mardi 1 juin 2010

L'astrologie, entre le handicap et le privilège

par Jacques HalBronn


Toute société est confrontée à deux forces contraires, celle du handicap et celle du privilège, que l'on tend parfois à confondre car l'une et l'autre sortent de la norme et en même temps pèsent sur elle. Dans les deux cas, le mimétisme est à l'œuvre qui tend à brouiller les lignes.
L'astrologie se trouve écartelée entre ces deux dimensions antagonistes, l'une qui va vers le bas (handicap), l'autre vers le haut (privilège). D'où deux astrologies qui se chevauchent et qui souvent interfèrent l'une avec l'autre, mais ce n'est là que le reflet d'un malaise qui dépasse largement le monde de l'astrologie et d'ailleurs, ce n'est pas par hasard que l'on en vient à l'astrologie, dans la mesure où l'on se projette inévitablement sur elle à partir d'un point qui n'est généralement pas en elle, d'où l'importance notamment qu'il y a à étudier le milieu astrologique et ses particularités qui ne sont pas neutres comme l'invasion d'une certaine classe d'âge et d'un certain sexe dans les réunions astrologiques. Cela dit, il est assez évident que les gens qui vont vers l'astrologie y cherchent un moyen de se différencier, ce qui est d'ailleurs le symptôme qu'ils sont conscients du poids du collectif sur leur identité et qu'ils ne veulent pas se laisser aspirer par lui.
En l'occurrence, tant le handicap que le privilège permettent de se démarquer du collectif. L'extension des privilèges produit un nivellement par le haut et celle des handicaps un nivellement par le bas. Deux causes inverses de confusion qui concernent la population "normale", c'est à dire celle qui, en principe, ne relève ni du handicap ni du privilège..
Le programme " un thème natal pour chacun" illustre une telle dérive alors que le thème devrait être réservé aux personnalités exceptionnelles. Par une sorte de sophisme, tout se passe comme si l'on disait que du moment que vous avez un thème, vous devenez ipso facto un être remarquable! C'est un peu sur cette corde que nous semble avoir joué un Dan Rudhyar et à sa suite tout le courant de l'astrologie humaniste.
Rappelons que cette nivellement par le bas de la société n'est nullement propre à l'astrologie, il concerne plus généralement toute forme d'outil, l'outil correspondant au départ à une déficience qu’il faut pallier. C'est ainsi que certains moyens de locomotion furent initialement conçus pour aider les personnes présentant certains troubles dans ce domaine. Par la suite, le recours à un "moyen" de transport s''est étendu à tous, est devenu un "droit", sinon parfois un devoir.
Dans certains cas, d'ailleurs, le handicap semble être devenu un privilège, comme de posséder de grosses cylindrées.
En ce qui concerne l'astrologie des cycles, elle est selon nous, réservée à une élite qui '"surfe" et "rebondit" par rapport à leur dynamique. A la différence du thème natal qui est personnel, les cycles sont à vivre collectivement, synchroniquement mais seulement par les leaders, les créateurs, les initiateurs (sinon les initiés).qui entraineront à terme le public dans leur sillage.
Certes, on ne peut cloisonner rigoureusement ces diverses catégories. Tout le monde, par exemple, peut tomber malade, être victime d'un accident et la liste des personnes capables d'accéder à une certaine excellence n'est évidemment jamais clos et ne cesse de se renouveler. Mais de là à utiliser l'astrologie dans des cas qui ne la concernent pas, il y a un pas que l'on ne saurait franchir. Déontologiquement, l'astrologue devrait s'assurer qu'il applique l'astrologie à bon escient et non pas de façon systématique. D'où la nécessité d'une étude préalable qui peut tout à fait se solder par une fin de non recevoir. Cela évitera bien des déconvenues tant à l'astrologie qu'à ceux qui y recourent à tort.


JHB
11. 03. 10

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