mardi 1 juin 2010

L'astrologie et la Table d'Emeraude

par Jacques Halbronn


Lors du Colloque de Toulouse (19-20 mars 2010(en ligne sur la Télévision Astrologique), axé sur la notion de "passage", d'équinoxe, nous avons été interpellé par Daniel Giraud (auteur, entre autres, d'une "Métaphysique de l'Astrologie", lequel nous faisait remarquer que nous voulions ajuster le Haut au Bas et non pas l'inverse, comme le prône la Table d'Emeraude, attribuée à Hermès Trismégiste.
Ce qui avait conduit le dit Dan Giraud (Ariège) à nous adresser une telle remarque tient au fait que nous accordons la plus grande importance au fonctionnement des sociétés tant anciennes que contemporaines pour mieux ancrer l'approche astrologique.
S'il nous faut essayer de décrypter son propos, qui restait assez lapidaire, nous dirons que tout se passe comme si pour Giraud, l'astrologie superposait des structures émanant du cosmos sur celles qui étaient le fait des hommes. Au fond, il nous reprochait de désenchanter le monde, de le dé-cosmiser puisque nous affirmions une certaine unité conceptuelle entre l'astrologie et le monde '"d'en bas", ce qui est assez paradoxal de la part de quelqu'un qui, à l'instar de Dan Giraud, s'en prend si souvent à la dualité comme d'un mal dont souffrirait notre civilisation.
On pourrait aussi formuler le débat en disant que pour Dan Giraud -et probablement pour Dan Rudhyar, dont il porte le même prénom- la dimension individuelles des êtres humains viendrait du Ciel alors que le fonctionnement global de l'Humanité serait "terrestre". Pilar Lebrun Grandié, lors de notre Colloque NOA de Toulouse, n'a pas hésité à parler de ce que l'on pourrait appeler une "norme individuelle" (voir sur la Télévision Astrologique).Or, il y a là une sorte de contradiction dans les termes, qui nous fait basculer dans une forme d'utopie qui ne fait sens que pour des personnes qui sont en crise identitaire.(maladie physique, psychique, hiatus social).
C'est ainsi que lorsque nous soulignons (voir notre intervention à Campuac (Aveyron), le 21 mars (voir sur la Télévision Astrologique), que les rythmes cosmiques s'imposent à nous collectivement et synchroniquement, depuis le mouvement diurne jusqu'au rythme mensuel, depuis le rythme annuel jusqu'à tel ou tel cycle planétaire (ou mieux planétaro-stellaire), nous plaquerions du "bas" vers le "haut". Or, il nous semble que c'est l'inverse dont il s'agit et que c'est la dimension individuelle qui relève du "bas" et la dimension collective qui est agencée par le haut. Si les astres ne marquaient pas le temps commun, l'Humanité se décomposerait en une myriade d'individus. Mais cela ne s'est jamais produit puisque de tout temps, le cosmos aura imposé sa Loi ne serait-ce que par l'alternance du jour et de la nuit et pas seulement aux humains ou aux pré-humains!
Ce qui distingue toutefois l'astrologie du phénomène diurne, c'est qu'elle met en avant des structures qui ne sont pas "naturelles". Certes, ce que fait la Lune avec le soleil est-il observable et peut être étudié "scientifiquement" mais on peut tout étudier "scientifiquement, la question étant : est-ce que cela fait sens épistémologiquement? C'est ainsi que Claire Henrion, tout comme Gilles Roy, nous informent que certains écarts angulaires (60°, 120°) sont attestés astronomiquement. Et alors? A ce compte là, on nous dira que le semi-sextile de 30° est attesté par les rencontres successives de la lune avec le soleil! On peut ainsi, en effet, constituer toute un numérologie cosmique qui n'a rien à voir avec la véritable science astronomique d'un Kepler (bien qu'astrologue à ses heures) qui se sert des nombres d'une toute autre façon.
Certes, l'on pourrait aisément nous adresser la même objection, à cela près que nous ne prétendons aucunement que ce soit le Ciel qui nous impose de telles structures puisque nous soutenons que ce sont les hommes qui auront décidé de privilégier telle ou telle donnée comme pouvant servir de matrice, à prendre telle quelle ou au figuré, par transposition. Pour nous, en effet, les hommes ont été nécessairement conduits à opérer des choix arbitraires qui n'ont fait sens que parce qu'ils s'y sont tenus, en ont fait une coutume, une habitude qui ont fini par avoir force de loi, stricto sensu/ C'est la problématique de la "seconde nature".
De fait, les humains ont-ils jugé bon, à un certain stade de leur évolution, de constituer par dessus les structures déjà intégrées du jour et de la nuit, du cycle mensuel, du cycle annuel un "super cycle" comportant un rythme plus lent, ce qui permettait des "prévisions" à long terme, le mot "prévisions" étant à prendre ici au sens que l'on adopte pour un plan (voir le plan quinquennal de la Russie Communiste ou le Commissariat au Plan, en France).
Or, ce nouvel "étage" temporel, constitué par Kronos-Saturne (en grec chronos est le temps) - un cosmos de Kronos - doit être appréhendé comme les précédents comme ayant avant tout une vertu collective. Même les plus inividualistes des humains consultent les horaires des trains ou des cars, Daniel Giraud y compris et tout ce qui relève du Temps vient d'en haut et non pas d'en bas. Autrement dit, le temps est d'abord un temps social, collectif, tout comme la dialectique jour/nuit, comme les travaux saisonniers, comme les fêtes annuelles du calendrier (comme Pâque). Il nous semble, justement, que les astrologues trahissent leur mission en introduisant une dimension de différenciation individuelle qui n'a pas ici lieu d'être, à coups de transits, de révolution solaires, de progressions, de retours sur le radix natal, de théorie des Ages, dont les points de départ changent d'une personne à l'autre! Certains astrologues, comme Gilles Roy, se sont d'ailleurs engagé -en une sorte de fuite en avant, dans un processus d'hyperdifférenciation du thème natal dont un Daniel Giraud semble nous dire qu'il est dicté et déterminé par le Ciel, par le Haut alors qu'à l'évidence il revient à l'astrologie d'unifier le monde, par un processus complexe de sélection, permettant de dégager des leaders, des chefs, lesquels sont les intermédiaires, les interfaces entre le haut et le bas. Nous avons largement abordé à Toulouse une telle problématique de passage du haut vers le bas, d'une phase à une autre, d'un ensemble à un autre. Ce sont ces points d'articulation qui sont névralgiques et stratégiques, ce sont les maillons faibles de l'Humanité mais aussi ce qui permet à la dite Humanité d'être devenue ce qu'elle est.



JHH
23. 03. 10

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