par Jacques HalBronn
Apprendre l'astrologie suffit-il à devenir un "bon" astrologue? Force est de constater que la fable d'Andersen sur "le roi est nu" vaut pour l'astrologue privé de ses habits d'astrologue, c'est à dire de cette "partition" qu'est le thème natal, d'où le surinvestissement d'un tel dispositif.
A la limite, ne serait-il pas plus sain de dire que grâce au thème qu'il dresse, à partir des données de naissance de son client, l'astrologue va être en mesure de répondre à ses questions plutôt que d'affirmer que le dit thème est la "carte" représentant le dit client? Dès lors, le thème horaire ferait aussi bien l'affaire tout comme celui de révolution solaire (RS).Ce dont l'astrologue a besoin, c'est d'un thème qui lui sert de support et peu importe de quel thème il s'agit du moment qu'une connexion quelconque existe, quelque part, entre le client et le dit thème, comme c'est le cas dans les diverses formes de divination.
Il est d'ailleurs possible que l'on doive un tel glissement, dans les années trente du siècle dernier, de statut du thème natal à Dan Rudhyar lequel aurait transformé le thème support de "voyance" en un thème support du "moi" du client. C''est peut-être cela qui aura conduit à l'astropsychologie à partir des outils de l'astromancie.
On ne saurait, en effet, oublier que le thème natal est d'abord l'outil dont l'astrologue a besoin pour travailler, pour communiquer avant que d'affirmer que le thème est le "miroir" du client. Ce serait -pour rester dans des images optiques- la "boule de cristal" de l'astrologue.
Or l'enseignement en vigueur de l'astrologie semble précisément tenir à cette approche psychologique plutôt que divinatoire de l'astrologie, qui serait plus celle de la consultation.
Pour notre part, le thème natal -et ce depuis 1976 et la parution de Clefs pour l'Astrologie, voilà donc 34 ans -est dans notre collimateur et nous avons pensé très vite que l'astrologie aurait tout intérêt à se constituer en dehors du thème astral, quel qu'il soit, d'où d'ailleurs une méfiance tant à l'égard de l'astromancie que de l'astropsychologie, notamment dans le cadre de la formation d'astrologues, puisque nous avons travaillé sur ce créneau, depuis 1975, dans le cadre de la Faculté Libre d'Astrologie de Paris (FLAP) dont Daniel Giraud, reparu à l'occasion du Colloque de Toulouse, assura un certain temps les cours par correspondance (d'où un livre de "Leçons" parut). Non pas que cet exercice de lecture du thème ne soit sans intérêt mais il importe d'en circonscrire l'usage et d'en déterminer la place pour l'image de l'Astrologie.
Que l'astropsychologie puisse constituer une astrothérapie, dans le cadre d'un enseignement suivi, c'est une chose et dans ce cas, elle doit être limitée à un certain profil de personnes, en manque de repères. Quant à l'astromancie, elle correspond à des moments spécifiques de vie. Là encore, on est dans l'exceptionnel et non dans la norme.
En revanche, il existerait une autre Astrologie, la "vraie", qui, elle, serait d'intérêt général et qui serait plutôt une astro-sociologie, sans recours à un quelconque "thème", si par là on entend la carte du ciel dressée pour un moment donné, regroupant, en vrac, tout ce qui s'y passe, ce qui n'est pas sans rappeler les présages fondés sur l'observation du ciel, et qui impliquaient alors un regard direct de l'astrologue sur le cosmos et non par le truchement des éphémérides : une sorte d'astronomie divinatoire en quelque sorte, ce dont la plupart des astrologues actuels seraient bien incapables. Dans ce cadre on incluait autrefois divers phénomènes atmosphériques, le passage de comètes (étoiles filantes)
L'astrologie que nous préconisons n'est nullement une étude du ciel dans sa globalité, comme c'est le cas des trois catégories signalées. Elle se présente, avant tout, comme un degré supérieur de temporalité sociale, les trois degrés inférieurs étant le mouvement diurne, le cycle mensuel (soleil-lune) et le cycle annuel. (Saisons). Or, on notera que ces trois degrés se situent dans une perspective collective, d'un vécu en commun, ensemble sans considération des spécificités individuelles. Bien entendu, si telle personne souffre d'insomnie, par exemple, elle vivra mal le passage nocturne du cycle quotidien, de même, si elle est malade ou blessée, elle ne pourra assurer certaines activités sociales, elle sera peu ou prou déphasée.
D'aucuns ont cru que le niveau "supérieur" de l'astrologie était celui de l'astrologie individuelle! C'est là une grossière erreur qui semble avoir marqué l'astrologie du XXe siècle. Selon nous, historiquement, l'astrologie, à son plus haut niveau, correspond à l'établissement d'une temporalité plus ample que celle des trois niveaux décrits plus haut; à savoir le passage du rythme annuel à un rythme pluriannuel, d'une dualité de six mois en six mois à une dualité de trois ans et demi en trois ans et demi, donc septuplée, tout comme la semaine est la septuplation de la journée. Cette "septuplation" du temps social est le socle de cette astrologie de quatrième niveau, historiquement ou si l'on préfère, hiérarchiquement et sociologiquement, de premier niveau.
Double processus de septuplation donc avec d'une part le passage du jour à la semaine soli-lunaire et d'autre part de l'année à la "semaine" saturno-stellaire.
En réalité, seul le jour et l'année correspondent à des phénomènes "scientifiques", au premier degré. La prise en compte du cycle lunaire constitue déjà une innovation d'ordre culturel, quand bien même se fondrait-elle sur un repérage céleste, à savoir les figures formées par la lune dans son rapport avec le soleil, à commencer par la nouvelle lune et la pleine lune. L'unité de temps n'est pas tant le mois que la semaine, d'où le Shabbat, qui marque le passage d'une semaine à la suivante, ce qui lui confère une valeur d'équinoxialité, selon la terminologie que nous employons. De fait, ce jour chômé (chez les Chrétiens le dimanche, soit le lendemain du Shabbat) correspond bien à cet état de transition et d'indétermination. Très longtemps, les salaires furent versés sur la base hebdomadaire, la semaine constituant une unité de temps déjà en progrès par rapport à la journée, permettant d'engager des travaux de plus longue haleine, de par cette première septuplation. En fait, le mois est une structure astrologiquement moins intéressante et qui a pris en astrologie une place excessive. On parle du "signe" du mois, dans les almanachs, dans les "horoscopes". La preuve de l'importance de la semaine est que chacun des sept jours est désigné par une "planète" ou en tout cas par un dieu et que la série se reproduit d'une semaine sur l'autre, à l'identique. Certes, le zodiaque a servi à différencier chacun des douze mois, le mois quadruplant la semaine, grosso modo. Mais, s'il faut effectivement un "mois" pour que la Lune rejoigne à nouveau le soleil, il nous semble que c'est la septuplation du jour qui était le principal enjeu.
Et c'est à une nouvelle septuplation que nous assisterons, au regard de l'Histoire de l'Astrologie, quand on prit en compte Saturne dont le cycle est en analogie, en quelque sorte- et cela tient au pur hasard - avec celui de la Lune: 7 jours pour 7 ans, 28 jours pour 28 ans. Cette fois, comme on l'a dit, c'est l'unité annuelle qui se voit septuplée selon le même principe que pour la lune, à savoir la division en 4 du cycle pour parvenir à quatre périodes "7". On retrouve dans le songe de Pharaon interprété par l'Hébreu Joseph, l'évocation d'une série de phases de 7 ans, avec les 7 vaches grasses dévorées par les 7 vaches maigres. On pourrait parler d'une hebdo-astrologie. (en grec, hepta signifie sept, la consonne h correspondant en latin au s comme hexa (hexagone) et six)
Ik semblerait que le septénaire des dieux ait pris son origine non pas des planètes mais d'une volonté de subdiviser en une série de phase des cycles articulés sur le soleil et/ou la lune, que l'on divisait en sept secteurs. Cette subdivision laissera ensuite la place à celle des 12 signes, mais laissera des traces au niveau de la semaine difficilement extensible à 12!
L'astrologie aura donc permis à deux reprises à l'Humanité à septupler son temps social. C'est son apport principal et en comparaison les "avancées" de l'astrologie au niveau de l'étude de l'individu nous semblent assez dérisoires et il est bien fâcheux que ce soit ce que les astrologues mettent le plus souvent en avant.
On aura compris que cette astrologie de la septuplation des données astronomiques n'est pas une donnée "naturelle", qu'elle n'est pas le fait d'une quelconque "observation", si ce n'est d'ordre astronomique. Il est évident que si les astronomes n'avaient pas appris à distinguer entre planètes (à la luminosité fixe) et étoiles (se caractérisant par un scintillement), l'astrologie n'aurait pu accéder au plan des planètes (en grec, astres errants). Un autre problème vient du fait que les astrologues modernes ne se servent plus guère des étoiles fixes, ce qui les empêche de constituer des périodes de 7 ans, ce qui n'est possible que par le passage de Saturne sur 4 points fixes formant entre eux une sorte de quadrilatère. L'erreur ici serait de considérer un cycle entier de Saturne (30 ans environ) tout comme de considérer un mois entier (30 jours), le cycle complet, dans les deux cas, devant être impérativement subdivisé, faute de quoi l'on accéderait à une temporalité surdimensionnée, ce que ne se privent pas d'ailleurs de faire nos modernes astrologues avec le recours "brut" aux planètes transsaturniennes passant d'un signe zodiacal à l'autre, sans parler du cycle précessionnel de plus de 25000 ans, qui a donné lieu au "mythe" de l'ère du Verseau (voir notre ouvrage "Aquarius ou la Nouvelle Ere du Verseau, Paris, Albatros-Autre Monde, 1979, paru il y a 30 ans).
Une conséquence fâcheuse du non respect du 7 en astrologie, est d'avoir conféré à chaque phase du cycle "complet" des significations différentes. C'est ainsi que Rudhyar (voir "Le cycle de la Lunaison") commente les différentes configurations de la lune et du soleil, sans comprendre que chaque phase de sept jours constitue déjà en soi un cycle plein. En fait, chaque période de 7 ans - comme de 7 jours, doit être elle-même subdivisée en deux, avec des phases de transition (dans un sens, puis dans l'autre) permettant chaque fois de basculer du yin vers le yang, pour recourir à l'approche du Tao. Là encore, il s'agit au départ d'une pure convention, d'une transposition d'un phénomène astronomiquement marquant (le cycle soli-lunaire avec toute son imagerie) à une autre échelle, soit plus fine, la semaine lunaire, soit plus ample, la semaine saturnienne. C'est dire que l'astrologie ne saurait se réduire à la seule observation du ciel mais qu'elle émane de celle-ci au prix d'une certaine alchimie que l'Homme opère en lui-même, en son "athanor", comme nous le disait récemment Daniel Giraud (interview à paraitre sur la Télévision Astrologique). On ne peut comprendre en effet le devenir de l'astrologie sans la percevoir comme une alchimie, au sens où l'entendait un Armand Barbault.(alias Rumelius). Le fait que les astrologues soient le plus souvent ignorants de la philosophie alchimique explique pourquoi ils rechignent tant à conférer à l'Homme un rôle créateur dans la structuration et l'élaboration de l'Astrologie. De même, la prise en compte de l'autre pôle ésotérique qu'est la Magie permettrait-il aux astrologues de restituer à l'Homme sa centralité quant à l'existence même de l'astrologie, l'homme parvenant à transfigurer le Ciel et par là à se transcender lui-même;
Cela n'empêche pas - comme nous l'avons récemment expliqué à la réunion de Campuac (voir la Télévision Astrologique- que de nos jours, pour retrouver le vrai visage de l'astrologie telle qu'elle fut pensée par nos lointains prédécesseurs, il importe d'observer comment tourne le monde, comment il fonctionne. Daniel Giraud, à Toulouse, nous reprocha d'aligner le "haut" sur le "bas". en prenant pour modèle la réalité sociologique. Mais depuis longtemps, le "bas" est l'expression du "haut", il porte son empreinte et faute d'une littérature astrologique qui nous soit parvenue intacte et non corrompue, nous sommes bien obligés de restituer l'arbre à partir de ses fruits. Or, si l'astrologie existe, elle ne peut que se manifester dans le monde ici bas lequel monde, dès lors, peut nous servir à remonter vers la matrice. Laisser entendre, avec Dan Giraud (bien qu'alchimiste) et bien d'autres que le nec plus ultra de l'astrologie serait la définition de l'individu est une imposture et un contre-sens. Certes, au sein même du cycle astrologique, l'individu n'est nullement oublié, puisqu'il est des phases initiales (yang) qui impliquent une sorte de "big bang" qui part un peu dans tous les sens mais il est en dialectique avec les phases terminales (yin) qui conduisent à une unification sociale autour du nouveau modèle, du nouveau "leader" émergeants. Mais ce processus d'individuation s'il est inclus dans la cyclicité ne saurait, pour autant, faire l'objet d'une modélisation au cas par cas, comme prétend l'opérer l'étude du thème natal personnel. Que parallélement puisse exister cet ensemble constitué par l'astromancie, l'astropsychologie et l'astronomie divinatoire, ne saurait conférer à ces voies que le statut de para-astrologies, dont l'usage doit être contrôlé déontologiquement. Mais tel n'est pas, au final, l'enjeu central de l'Astrologie:(voir l'opposition et l'articulation au sein du NOA entre ces différents niveaux, Colloque de Paris, février 2010, sur la Télévision Astrologique)
Il importe de préciser que le mois zodiacal fait problème, il ne coïncide nullement sinon exceptionnellement avec la nouvelle lune ou avec la pleine lune ou une demi-lune. Il ne se superpose ni au mois lunaire ni au mois civil. Il est calculé à partir des axes équinoxe-solstice et se trouve dès lors en porte à faux par rapport à toute cyclicité planétaire. Le cycle saisonnier n'a qu'une fonction en astrologie, celle de fournir du contenu sémantique aux phases successives. Mais en tant que structure objective, sise dans un espace(-temps précis, il n'est d'aucune utilité à la pensée astrologique et la parasite. Certes, pour des raisons historiques, le zodiaque sert-il à situer les astres dans le ciel - avec en plus l'inconvénient de la précession des équinoxes - et son symbolisme semble, bien à tort, indissociable du langage de l'astrologie. Que les almanachs populaires aient tenté iconographiquement d'articuler les saisons, les activités humaines en douze "scènes" -qui ont inspiré également le tarot notamment- est une chose, que ces mêmes almanachs, comme ceux publiés par Nostradamus, étaient subdivisés, pour chaque mois, selon les périodes lunaires en est une autre. On est bien là face à un syncrétisme qui est en outre décalé par rapport au début des saisons. Nostradamus publiait en effet, parallèlement à ses almanachs (allant de janvier à décembre), des Pronostications annuelles, qui allaient du printemps à l'hiver, faisant cette fois le thème des quatre "ingrés", c'est à dire de chaque début de saison. No comment!
En ce qui concerne l'unité de temps astrologique qui selon nous s'articule exclusivement sur le 7 (sept jours et sept ans), il serait d'ailleurs vivement souhaitable que le cycle hebdomadaire soit ajusté sur les quatre temps du cycle lunaire, au risque de générer là encore du porte à faux bancal. Soulignons le fait que l'on peut tout à fait parler de six semaines lunaires en négligeant totalement et le mois et même la conjonction soleil-lune, qui n'est qu'un repère parmi d'autres , tout comme l'on peut parler de six semaines saturniennes, sans se référer à une conjonction plutôt qu'à une autre. De même que la période de 7 ans est divisible en 4 fois 22°30', celle de 7 jours le serait pareillement, étant entendu que la lune va plus vite que Saturne pour couvrir un tel espace. On pourrait certes imaginer attribuer chaque année d'une période de 7 ans au "dieu" du jour de la semaine correspondant. Mais il nous semble plus intéressant, à titre expérimental, de parler de relais: tel jour de la semaine relayant telle année du cycle saturnien, l'équinoxe de printemps faisant le relais d'un passage équivalent du cycle saturnien, dans la mesure où l'ambiance à ces différents niveaux est comparable. Plutôt donc que de faire se chevaucher les cycles, nous recommandons, tant qu'à faire, de les ajuster les uns aux autres, de façon harmonieuse et non dissonante. Or, actuellement, l'astrologie est excessivement et exagérément dans la dissonance des sons et des couleurs, du fond et de la forme.. Ce qui explique que l'astrologie a perduré, c'est qu'elle correspond à une réalité qui ne relève pas de la mode ni de la modernité.
JHB
24. 03. 10
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