par Jacques HalBronn
Il nous semble que l'une des "mauvaises" raisons qui conduisent à s'intéresser à l'Astrologie pourrait se résumer en un mot: la cristallisation. On ne se contente pas d'abstractions, d'archétypes, il faut que l'on puisse carrément visualiser (voir notre texte sur les astrologues philosophes, dans le présent JBA) : on a pour cela les planètes, le thème natal, l'astronomie est instrumentalisée pour ce faire. L'astrologue ne se contente pas, tel un prophète ordinaire, de brandir des menaces, de porter des jugements, il les étaie à coup de configurations cosmiques, dument observables et quantifiables. La symbolique astrologique relève d'une forme de matérialisme qui va s'ancrer dans une chronologie cyclique, chaque symbole, zodiacal ou mythologique, étant localisable, repérable, calculable, dans le temps et dans l'espace;
Nos impressions, à l'issue du Congrès 2010 de Source, viennent confirmer qu'une fausse dualité tend à se substituer à une vraie dualité.(sur ce sujet, voir divers textes du JBA) Au lieu d'assumer pleinement la dualité du Yin et du Yang, l'on préfère, visiblement, diaboliser certaines planètes et notamment les planètes les plus lentes, de Saturne à Pluton, les trois transsaturniennes apparaissant de plus en plus comme les avatars de Saturne, l'ensemble constituant les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse, en quelque sorte.
L'année 2010, à cet égard, nous est annoncée comme devant être celle où ces forces redoutables pourront se donner libre cours et agir de concert ou au contraire s'affronter, ce qui d'ailleurs revient à peu près au même, en termes de perturbations de toutes sortes. Irrésistiblement, à chaque décennie, le prophétisme astrologique se donne ainsi du grain à moudre (voir notre thèse d'Etat, Le texte prophétique en France, formation et fortune, Université Paris X Nanterre, 1999). 2010 succède ainsi à l'An 2000!
On nous objectera certes que les configurations sont bien là, qu'on ne les a pas inventées! Les signes cardinaux ne sont-ils point investis par Saturne, Uranus, Pluton, Mars et ne forment-ils pas de ce fait carrés, oppositions et/ou conjonctions? Tout cela n'est-il pas un indicateur de changements majeurs comme il s'en est produit dans l'Histoire de l'Humanité? Yves Lenoble, Fanchon Pradalier-Roy, Lynn Bell, Fabrice Pascaud notamment, ont ainsi prospecté le passé pour nous confirmer qu'il y avait lieu de s'alarmer ou en tout cas de tirer la sonnette d'alarme? Mais qu'est-ce que l'astrologue a à dire que l'on ne sache pas déjà? L'astrologie, en l'occurrence, ne cherche-t-elle pas surtout à se crédibiliser en venant confirmer ce que tout le monde pense? Le problème, c'est que les avis sont partagés chez les non-astrologues sur ce qui se présente à nous au cours des deux prochaines années, puisque les interventions couvrent les années 2010-2012. Il nous semble qu'à cette occasion une certaine astrologie joue son va-tout. C'est quitte ou double! Et comme elle n'a plus grand chose à perdre, autant faire le pari de transformations radicales et mémorables!
C'est dire que les choses ne vont pas beaucoup mieux en Astrologie Mondiale qu'en astrologie individuelle. Si cette dernière est à la merci des démons divinatoires, de la "bonne aventure", de la "prédiction" à la petite semaine, la première jongle avec les décennies voire les siècles, -on va de 500 ans en 500 ans avec Fanchon Pradalier Roy et l'on remonte aux années soixante avec Yves Lenoble et quant Lynn Bell, elle suit Uranus de 84 ans en 84 ans, à chaque fois qu'il entre en bélier. Cela nous fait songer au petit livre de Maryse Lévy sur Pluton et ses effets dans chaque signe. On est dans la démesure et la faute en est évidemment aux transsaturniennes qui génèrent du surdimensionnement événementiel tout comme d'ailleurs le thème natal surdimensionne l'égo des adeptes de l'astrologie.
Pour notre part, l'on sait que nous sommes en faveur d'un juste milieu, d'une astrologie plus sociologique qu'historique, plus anthropologique qu'entrainée dans une spirale astronomique qui fait du cosmos non plus la référence de l'ordre (sens du mot grec) mais du désordre. Bref d'une astrologie en phase avec la réalité sociopolitique, socioculturelle, à savoir qu'il y a quelques leaders et qu'il y a une masse qui consomme, qui décide des produits "best seller «dans tous les domaines, y compris dans le champ du politique, que les choses se jouent sur quelques années et non sur des décennies et encore moins des siècles. Tout se passe, en fait, comme si l'on venait à l'astrologie pour se voir autrement que l'on est, ou plutôt pour ne pas voir que nos constructions psychiques sont précaires et vouées précisément à être balayées par le "changement". Or qu'est-ce qu'un thème natal sinon un barrage pour tenter de se protéger du changement, pour cristalliser un certain "être"?
On nous parle donc de ces épouvantails que sont les 4 "cavaliers" et qui chacun sont annonciateurs de "plaies" aussi diverses que variées mais seul Samuel Djian Gutenberg prononcera des mots essentiels, ceux de passage, de transition, de traversée, qui convient, d'ailleurs, fort bien, à l'équinoxialité de l'axe Bélier-Balance. Et si le problème n'était pas le refus de transmettre le relais à l'autre, d'un certain divorce entre le Yin et le Yang, lié à une mauvaise gestion de la dualité? Et si ces valeurs attribuées aux nouvelles planètes devaient être considérées en dehors du référentiel astronomique, comme un processus de projection, ce qu'elles ont toujours été? Entendons que si le passage se passe mal, alors, on aura, en effet, de l'Uranus, du Neptune, du Pluton, ces vieux démons se réveillant, se déchainant, comme on dit de Satan dans le Nouveau Testament. C'est la prophétie de Jonas, évoquée par Catherine Gestas, en début du Congrès Source. Mais de là à faire entrer en lice l'astre Pluton, l'astre Uranus, l'astre Neptune, il y aurait abus! Que ces dieux soient représentés comme une épée de Damoclès, pourquoi pas mais de là à leur conférer une présence astronomique avec tout ce que cela implique.... Evitons, encore une fois, cet écueil de l'astrologie tendant à tout cristalliser!
Il est vrai que les gens qui s'intéressent à l'astrologie - les astrophiles comme ils aiment à s'appeler- apprécient particulièrement l'avantage qu'offre celle-ci de permettre d'étayer ce qui se dit, évite de parler "dans le vide", permet de ne rien avancer "sans preuve", de montrer que l'on n'a rien "inventé" sur soi-même, sur les autres, sur le monde. On est d'ailleurs là dans un processus d'inhibition où la parole a été bridée, où on ne l'a pas laissé s'exprimer librement, où le Surmoi de la parole est puissant et trouve en l'astrologie comme un relais.
JHB
08. 03. 10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire