mardi 1 juin 2010

Astrologie et Histoire: une alliance problématique.

par Jacques HalBronn

En cette période de fin d'hiver et aux approches du printemps, il nous semble que le moment est approprié pour appréhender le concept d'indétermination cyclique. En effet, si l'on n'était pas informé, l'on pourrait se demander si l'on sort de l'hiver ou si l'on entre en Hiver.
Certes, nous savons pertinemment ce qu'il en est, intellectuellement mais il n'est nullement certain que notre corps le sache, que certaine parties de nous-mêmes en soient intimement persuadées....C'est bien là tout le problème des équinoxes qui ne se pose point pour les solstices, on en conviendra, où il n'y a pas "photo".
Nous avons récemment insisté sur le respect de ce moment équinoxial qu'il convient de jauger comme il le mérite car il est bien au cœur des crises que nous traversons à différents niveaux. C'est pourquoi, nous avons mis en garde contre le syndrome du Bélier qui perturbe l'idée que l'on se fait de l'équinoxe de printemps en le présentant sous un jour impropre.
Le début du printemps nous apparait tout au contraire de ce qu'on lit si couramment sur le bélier, comme un moment difficile à cerner, voire insaisissable, où l'on se demande quel est le "sens" que revêtent mais aussi que prennent les choses, c'est à dire la direction. Cette évidence du parcours saisonnier que nous évoquions plus haut, nous ne l'avons pas nécessairement dans tous les domaines et d'ailleurs, ne dit-on pas parfois qu'il n'y a plus de saison, pour dire que même aux saisons l'on ne peut plus se fier?
On irait donc voir l'astrologue pour savoir dans quelle "saison" l'humanité se trouve et donc soi-même en son sein. Et cette question était au cœur du Congrès organisé par Source, début mars 2010. Or, il ne semble pas que la question y ait été bien posée ou en tout cas, ce qui est lié, qu'on y ait bien répondu. Probablement, faute de moyens, de méthode.
D'emblée, en effet, l'approche spatiale se sera substituée à une approche diachronique. On nous parle plus volontiers des aspects entre planètes (le fameux triangle entre trois signes cardinaux, (bélier, capricorne, balance) occupés par des planètes lentes s'aspectant mutuellement que du stade où tel cycle se trouve à un moment donné. (Voir notre texte dans le présent JBA sur astrologie conditionnée ou conditionante?).
Certes, Yves Lenoble, lors du Congrès Source 2010, a-t-il pris la peine de revenir à la conjonction Uranus-Pluton qui précède le carré actuel entre ces deux astres. On était alors en 1965. On serait donc au carré ascendant, celui qui conduit à l'opposition. Mais qui ne voit que le carré tient ici une position équinoxiale, précisément, comme une sorte de demi-lune entre une nouvelle lune et une pleine lune? Ajoutons que la plupart des astrologues modernes ne distinguent pas entre les deux carrés alors même qu'ils opposent le bélier et la balance, deux signes équinoxiaux correspondant l'un et l'autre au carré, c'est à dire au mi-point entre les deux solstices? Mais là encore, ne donne-t-on pas en astrologue une image trop "dure" du carré? Qu'il soit dissonant, pourquoi pas, puisqu'il marie des facteurs contradictoires à l'instar du printemps et de l'automne. Mais qu'implique-t-il avant tout ce carré sinon un passage, une transition, sujet bien étudié au dit congrès Source par Samuel Djian Gutenberg.
Carré ascendant, c'est à dire pour nous passage, articulation de l'hiver à l"Eté et non comme l'autre carré symétrique, de l'Eté à l'Hiver. N'est-ce pas là la première chose à signaler à condition de savoir traduite les saisons en un langage plus ciblé et notamment selon une dialectique du Yin et du Yang. (Voir nos études à ce sujet)
Cela dit, il ne suffit pas de disposer d'un discours cohérent sur la cyclicité, encore faut-il ne pas considérer n'importe quel cycle! Et à ce propos, nous avons quelque doute sur l'intérêt du cycle Uranus-Pluton dont d'ailleurs Lenoble nous précise qu'il implique pour la première fois, depuis leur découverte, deux planètes transsaturniennes en une conjonction. Nous ne partageons nullement une telle fascination pour ces catégories de planètes (T dans le système RET de Nicola).
On nous objectera que les observations de Lenoble s'avèrent pertinentes et que des ressemblances sont bel et bien à observer entre les années soixante et l'époque actuelle. Autrement dit, le carré Uranus-Pluton ne serait que l'avatar de la conjonction Uranus-Pluton, à 45 ans de distance.
Si encore, l'on avait combiné Saturne avec une transsaturnienne - comme pour Saturne- Neptune qui aura permis à André Barbault d'annoncer 1989 sans préciser en quoi que ce soit d'ailleurs ce que cela pourrait signifier- l'on pourrait dire que Saturne "tourne" autour d'une planète plus lente que lui, ce qui dans le cas de Pluton équivaut quasiment à une étoile fixe, Pluton étant presque dix fois plus lent que Saturne. Dans ce cas, le carré, la conjonction et l'opposition de Saturne à Pluton - ou à Neptune - se rapprocherait assez d'une révolution sidérale de Saturne laquelle, selon nous, est le fondement même de toute cyclicité planétaire. Mais Uranus qui est trois fois plus lent que Saturne dépasse par trop les bornes d’un tel cadre.
Oui, mais peut-on nier les faits historiques avancés par Yves Lenoble et qui relient la conjonction et le carré séparant d'Uranus avec Pluton?. Or, considérons un autre exposé, au même Congrès Source, celui de Fanchon Pradalier-Roy, à partir cette fois d'un autre cycle, Neptune -Pluton, encore plus lent et qui met près de 500 ans d'une conjonction à l'autre? On notera qu'il nous est quand même signalé qu'en une occurrence, la conjonction, à la fin du XIXe siècle, eut lieu sur l'étoile fixe Aldébaran, donc au début des Gémeaux. Là encore, les comparaisons peuvent se révéler intéressantes entre des conjonctions successives de 500 ans en 500 ans et non plus de 50 ans en 50 ans comme dans le cas de Lenoble, lequel s'en tient au découpage d'un seul cycle et non à une série de conjonctions.. En fait, la grande question est celle-ci: quelle est la périodicité de l'astrologie et donc comment la déterminer? En cela s'opposent d'ailleurs ceux qui étudient les aspects entre deux planètes et ceux qui -comme Fabrice Pascaud (Pluton en Capricorne) ou Lynn Bell- s'intéressent au changement de signe d'une planète dans son rapport au zodiaque. Et Lynn Bell, également, trouve des choses qui se ressemblent chaque fois qu'Uranus entre en bélier.....tous les 84 ans. C'est vraiment la pèche miraculeuse, tout le monde y trouve son bonheur, quelle que soit la martingale utilisée! On s'étonnera après que les historiens aient été exclus de l'Académie des Sciences à l'instar des Astrologues, à la fin du XVIIe siècle. Car le couple historien-astrologue est assez problématique! C'est un peu l'auberge espagnole! Tout comme d'ailleurs, au niveau individuel, l'histoire d'une personne qui trouve toujours moyen de se refléter, de se retrouver, dans le thème natal de la dite personne!
Notre longue expérience au niveau de la recherche historique ne nous permet pas de partager un tel crédo en faveur de l'Histoire, un domaine épistémologiquement bien fragile si bien qu'une telle alliance Astrologie et Histoire n'est pas sans évoquer le couple formé par un aveugle et par un paralytique. Rappelons que la Nouvelle Histoire, dans les années Trente du siècle dernier, avait jugé bon de conférer à l'Histoire un socle qui lui serait fourni par les sciences sociales; notamment. Croire- avec un Charles Ridoux- que l'astrologie actuelle pourrait constituer un tel socle pour la science historique nous semble bien chimérique d'autant qu'ici c'est plutôt l'Histoire qui semble servir de socle à l'Astrologie!
On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas la crise de la dite science historique, au cours des XVIIe-XVIIIe siècles, qui aurait bien plutôt contribué à saper les bases de l'Astrologie....
Car qu'est-ce que l'Histoire sinon la mise en ordre de vestiges, de ruines laissés par les sociétés successives? Tout historien qui se respecte se doit d'être extrêmement prudent sur tout processus de reconstitution qui se contenterait d'articuler, d'arranger quelques bribes ayant surnagé. Cela vaut d'ailleurs pour l'Histoire de l'Astrologie : l'étude de l'acculturation de l'astrologie au sein de diverses sociétés n'est probablement pas ce qui est de plus intéressant à étudier ; il n'y a pas d'approche historique viable sans recourir, à un certain stade, au prisme sociologique, lequel permet de compléter certaines carences de la documentation, ce qui sert de garde fou pour éviter certaines invraisemblances.
Du fait même des carences de ce qui a survécu, bien des romans ont été élaborés à la façon d'un enfant qui fantasme à partir d'informations parcellaires. Nous dirons que la réalité (historique) dépasse la fiction et que le vrai, comme on disait au XVIIe siècle, n'est pas toujours vraisemblable. Le "vrai" historique n'a pour lui que d'exister - c'est mieux que rien, dira-t-on - mais on lui fait dire ce qu'on veut car il lui manque une colonne vertébrale, se prêtant à toutes sortes d'interprétations, de grilles, de "lectures", celle des astrologues y compris.
. On nous fera remarquer que si l'astrologie ne peut s'appuyer sur l'histoire -collective ou individuelle - pour se valider, si la solution est en fait un problème, que faire? Evitons d'abord les grandes fresques à trop grande échelle! Restons en prise sur la récurrence et non pas sur le progrès ou le changement! D'aucuns soutiendront que tout cycle implique un changement mais l'alternance du jour et de la nuit est-elle un "changement"? Arrêtons de jouer sur les mots et rappelons d'ailleurs que si l'Histoire est une base bien douteuse pour l'Astrologie, il en est autant du langage qui est un pseudo-savoir que l'enfant surinvestit et dont il convient qu'il soit sevré, et cela vaut notamment pour toute forme de poésie rimée, souvent instrumentalisée par la publicité. Or là encore, l'astrologie abuse des interstices du langage pour s'affirmer, des coïncidences langagières qui nous amènent à qualifier d'un même mot des réalités différentes ou de mots différents, une seule et même réalité, chaque langue générant ses propres associations d'idées et de mots, au hasard des emprunts et des aléas de son histoire. Prenons le cas du "mi-point", l'équinoxe est au mi-point de deux solstices mais pas de la même façon que le solstice le serait entre deux équinoxes car c'est bien l'équinoxe est un passage et non le solstice. Avec de telles confusions, on peut faire dire n'importe quoi.
Ce que nous préconisons, c'est que l'astrologie (du niveau 1 de NOA), l'astrologie "première", s'occupe de faire ressortir les constantes et cesse d'être fascinée par les différences. Or, selon nous, les femmes sont programmées pour faire ressortir la diversité. Elles ne sont donc pas, dans l'ensemble, compétentes pour recentrer l'Astrologie sur ses fondamentaux. Dès lors, que penser d'un public, pour le Colloque Source 2010 constitué à 95% de femmes (et de femmes d'un certain âge donc ne correspondant pas à la nouvelle génération), comme le fit remarquer Olivier Lockert. Les femmes tirent l'astrologie vers l'anecdotique, vers le cas particulier, vers le détail, vers la coïncidence et il existe de faire une astrologie qui leur correspond, celle que nous avons (dans un autre texte du présent JBA) qualifié d'astrologie hyperlibérale, se complaisant dans le désordre avec la bénédiction des dieux.
Faut-il donc, en effet, que l'astrologie lie son sort à des savoirs aussi marqués par l'aléatoire que l'Histoire, que la langue qui est plus que toute autre fonction d'une Histoire.(voir nos études linguistiques, notamment à propos de l'anglais, sur le JBA et sur le site grande-conjonction.org, ou sur le site hommes-et-faits.com)? La question n'est pas tant de nier l'existence de l'aléatoire que de se demander si l'astrologie doit en traiter si ce n'est en montrant parfois que ce qui est aléatoire ne l'est pas et vice versa. Selon nous, l'astrologie se doit de relativiser, du fait de son vieil âge, les péripéties que nous traversons car elle se situe du côté du constant et non du changement, aussi paradoxal que cela puisse sembler, puisque le changement astrologique est cyclique. Abandonnons une vision par trop scolaire de l'Histoire qui n'a cessé de parasiter la recherche en astrologie mondiale. de type Moyen Age, Renaissance etc. D'une façon générale, les sociétés n'ont pas changé leur mode de fonctionnement et il est donc vain pour l'astrologie de chercher à se mettre à la traine d'une certaine idée du progrès, comme si ce faisant, elle s'imaginait qu'elle serait ainsi mieux acceptée! Il ne faudrait d'ailleurs pas réduire l'Histoire de l'Astrologie à la façon dont celle-ci s'intègre dans telle ou telle société, à telle ou telle époque. En fait, l'astrologie en tant que discipline doit avant tout nous expliquer comment les sociétés humaines fonctionnent et non comment elles se transforment, à moins que l'on ne joue sur les mots en arguant du fait que tout fonctionnement passe par un certain processus de changement. Or, le changement au sens astrologique du terme se réduit à partir d'un point et à revenir, c'est ce qu'on appelle généralement un aller retour ou un va et vient.
Cela dit, les choix qui ont présidé à la mise en œuvre d'une certaine astrologie relèvent bien quant à eux, du travail de l'historien, de par leur caractère aléatoire. L'arbitraire du signe relève de l'épistémologie de la science historique. Mais une fois le processus mis en route, l'on bascule dans le champ de la sociologie et l'Histoire dès lors n'est plus réduite qu'à capter l'anecdotique.
Si les astrologues du XVIe siècle revenaient de nos jours, ils seraient probablement horrifiés par l'évolution subie par l'Astrologie, et notamment par l'absence d'un cycle central à l'instar du cycle Jupiter-Saturne. Que dire par exemple de cette communication ("L'astrologue face à sa vocation; des premiers prêtres astrologues-astronomes aux astrothérapeutes d'aujourd'hui") au congrès Source 2008 visant à montrer l'importance du "trio" Uranus, Neptune, Pluton, comme s'il s'agissait d'une structure d'un seul tenant alors que chaque planète a son propre rythme? Il est en tout cas remarquable que les astrologues nous annoncent des changements mais qu'ils ne se préparent aucunement à renouveler leur propre "outil"! On entend des "mais on ne peut revenir en arrière, car le mot changement est ambigu, pour les uns, il signifie fuite en avant alors que pour d'autres, il implique un retour au prix d'un élagage de ce qui s'est incrusté. Le temps d'une grande vaisselle a sonné!
Or, la situation de l'astrologie devient de plus en plus intenable : la présence d'une écrasante majorité de femmes dépassant sensiblement la cinquantaine, lors du dernier Congrès Source, devient un problème criant qui ne peut laisser indifférent le sociologue, cela tient à blocage Yin du milieu astrologique, qui trahit une certaine sclérose. On peut imaginer le spectacle dans dix ans! On en arrive à une sorte de spectacle obscène qui frappe et choque les conférenciers non immergés dans le milieu astrologique. Le retour au yang est repoussé indéfiniment par le recours à des cycles longs, sans parler de l'Ere du Verseau (qui relève d'un cycle de près de 26000 ans!). Or, de nombreux exposés donnés, à ce Congrès, traitent de la longue durée et couvrent des décennies voire des siècles. A contrario, d'ailleurs, les conférences d'un Jacky Alaïz (voir sur la télévision astrologique) attirent un public sensiblement plus jeune. Selon nous, il y a une certaine façon de présenter les choses qui fait fuir les jeunes et les hommes et qui n'a rien à voir avec une prétendue plus grande spiritualité chez les femmes du troisième âge!





JHB
08. 03. 10

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