mardi 1 juin 2010

Mise en perspective de l'Astrologie contemporaine

par Jacques HalBronn

Depuis la fin du XVIIIe siècle, nous sommes témoins d'une nouvelle ère de l'Astrologie, marquée par l'adoption de cyclicités d'une toute autre ampleur que précédemment. En fait, l'Astrologie est née d'une volonté d'expansé le temps humain, en recourant au cosmos, matrice du temps-Chronos.(voir notre récent entretien avec Didier Lustig, mars 2010, pour la Télévision Astrologique)
Quand on comprend la révolution qui a consisté septupler (voir notre étude à ce sujet dans le présent JBA de mars 2010) successivement le jour et l'année, en mettant en place des semaines de sept jours et de sept ans, l'on saisit mieux ce qui a pu conduire l'Humanité à poursuivre sur sa lancée en prenant en compte des astres aux durées encore plus longues, en une sorte de surenchère.
C'est ainsi qu'à partir du XVIIIe siècle, le temps astrologique fut atteint d'une sorte de folie des grandeurs, ce qui allait culminer avec Pluton (1930), dont le temps de révolution (248 ans) atteint quasiment dix fois celui de Saturne! Déjà Uranus était le triple de Saturne et Neptune cinq fois le temps du dit Saturne, environ sans oublier les ères précessionnelles relevant d'un cycle de 25920 ans, soit 100 fois environ celui de Pluton!
Mais qui ne voit qu'un tel "gain" de temps n'est d'aucune utilité pour appréhender le futur, alors que cette nouvelle échelle permet en effet de couvrir le passé, ce qui fascine un Charles Ridoux et bien d'autres. A contrario, d'ailleurs, cette "nouvelle" astrologie mondiale laisse indifférents nombre d'astrologues de cabinet et on les comprend, même si bizarrement, les praticiens de la consultation individuelle n'hésitent pas à intégrer les dites transsaturniennes dans leur "outil de travail".
Nous avouons notre profond scepticisme pour ce nouveau stade de l'Astrologie. Alors que le précédent stade nous apparait comme très positif - avec ce septuplement des unités de temps- en revanche, face à ces récents développements, on éprouve une certaine perplexité!
Certes, en observant nos astrologues contemporains, nous comprenons mieux comment ont précédé les artisans de la phase précédente. Dans les deux cas, ils ont accordé la plus grande attention aux avancées de l'astronomie. Au stade précédent, ils s'intéressèrent au distinguo établi entre planètes et étoiles fixes, ce qui permit de conférer à Saturne le statut d'une octave supérieure de la Lune, certaines étoile fixes jouant le rôle des aspects de la Lune au Soleil. Au stade actuel, ce sont les télescopes qui ont ouvert un nouveau boulevard à l'astrologie, avec la découverte successive d'Uranus, Neptune et Pluton, voire Eris. En ce début de XXIe siècle, une nouvelle astrologie peut en effet envisager de se mettre en place. André Barbault a ainsi élaboré un "indice" accordant la plus grande importance au trio Uranus, Neptune et Pluton, non plus tant en s'intéressant au cycle de chacune des dites planètes mais en considérant en quelque sorte un cycle global à commencer par les moments de rapprochement relatifs de ces trois transsaturniennes. On n'est plus dans une cyclicité régulière et récurrente, sinon sur le très long terme, mais dans une série de "moments" correspondant à des "concentrations" planétaires. Rappelons que l'Ere du Verseau, à la différences des ères précessionnelles précédentes - où un certain symbole zodiacal aurait été délibérément adopté - a été dotée de vertus prévisionnelles voire prophétiques, qui ne situe plus autour de la seule adoption d'un symbole (qui serait lié au Verseau) mais bien de l'annonce d'une nouvelle civilisation, bien au delà de simples considérations religieuses.
On touche là à un problème essentiel: le passage du plan culturel, lié aux pratiques d'une communauté donnée, à un plan "universel" s'imposant à l'ensemble de l'Humanité, y compris chez ceux qui ne souscrivent pas aux valeurs et aux repères de telle ou telle société.
Dans le cas de la phase précédente, le scénario est plausible selon lequel, en effet, telle société, telle caste, aurait développé des pratiques liées à une certaine matrice céleste, constituant ainsi un progrès de civilisation remarquable, étant entendu que le temps nécessaire pour que ce qui au départ était le propre d'une population limitée s'étendît à toute l'Humanité. (cf. le processus dit des "100 singes", évoqué par Jacky Alaïz, dans sa plus récente conférence, sur la Télévision Astrologique). Ajoutons que les planètes concernées sont toutes visibles à l'œil nu et donc peuvent faire l'objet d'un spectacle collectif.
Que dire en revanche du retour d'un tel scénario que nous propose l'astrologie contemporaine, avec de nouvelles données astronomiques? En tout état de cause, cette "nouvelle" astrologie" est pratiquée par une certaine communauté qui est celle des astrologues eux-mêmes, qui en général ne transmettent pas leur "croyance " à leur progéniture, de façon contraignante. Or, nous pensons que sans une discipline rigoureuse, on ne peut envisager une intégration d'une nouvelle strate astrologique dans le psychisme collectif, outre le fait que ce sont des astres "téléscopiques", comme on les appelait au XIXe siècle, ce qui fait écran entre l'organisme humain et le cosmos, ce qui n'est pas le cas des étoiles fixes, visibles à l'œil nu, pour plusieurs centaines d'entre elles.
Bien entendu -et c'est de "bonne guerre" - certains astrologues nous soutiendront que ces nouvelles planètes n'ont pas besoin du truchement humain pour agir sur nous et qu'elles sont inscrites de toute éternité dans notre Inconscient Collectif ou bien encore que leur émergence dans notre conscience collective, lors de leur découverte, est le reflet d'une évolution de l'Humanité. C'est vrai à la rigueur quand un processus est ancien et s'est perpétue massivement dans les populations humaines, sur une longue période. C'est bien plus douteux pour cette nouvelle astrologie, aussi mimétique soit-elle par rapport à la précédente astrologie qu'elle voudrait en quelque sorte détrôner, bien que mythologiquement, ce serait le père (Uranus) qui détrônerait le fils (Saturne).
En tout état de cause, cette nouvelle astrologie ne saurait faire oublier les précédentes ni même se combiner avec elles. Elle correspond éventuellement à un prochain stade de l'Astrologie qui en est encore dans ses balbutiements. Qui sait si un jour les hommes ne vivront pas incomparablement plus longtemps et considéreront une décennie voire un demi-siècle comme une période relativement brève. A notre connaissance, ce n'est pas encore pour demain et il faut bien parler ici d'utopie ou d'uchronie! Pour l'heure, il nous semble raisonnable de mettre cette nouvelle astrologie de côté car elle compromet sérieusement les chances de reconnaissance des astrologies antérieures.






JHB
26 03. 10

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