lundi 8 mars 2010

Le peuple juif est-il saturnien?

par Jacques HalBronn

Dans notre ouvrage, Le Monde Juif et l'astrologie, histoire d'un vieux couple (Milan, Ed. Arché, 1985), nous avions abordé la question de l'attribution de Saturne aux Juifs, ce qui n'était pas forcément un compliment, vu la représentation que l'on se faisait au Moyen Age du type saturnien dans les traités d'astrologie (voir notre édition de deux traités d'Abraham Ibn Ezra, Paris, Ed. Retz, 1977, préface de Georges Vajda).
Nous voudrions ici reprendra la question à la lumière de nos travaux les plus récents, notamment ceux liés à la cosmocratique.
La cosmocratique, comme on l'aura compris à la lecture de certains de nos textes (et notamment dans ceux figurant dans la présente livraison du JBA), divise l'humanité en deux populations, deux castes en quelque sorte. L'une qui se situe dans une logique que l'on pourrait qualifier de verticaliste et l'autre d'horizontaliste.
De même que nous avons distingué le tempérament équinoxial du tempérament solsticial, renouvelant ainsi la typologie astrologique, nous proposons ici un autre clivage - encore que les deux puissent se recouper- entre la population restreinte qui capte directement les signaux cosmiques décrétés par l'astrologie dans sa phase prescriptive (précédant sa phase descriptive) et un "peuple" plus ample qui ne les capte pas directement mais indirectement au travers des chefs qu'elle suit.
Voilà qui change radicalement le comportement social. Dans un cas, nous avons affaire à des personnes qui sentent qu'ils dépendent des astres, du Ciel mais en fait tout simplement d'eux-mêmes, d'une énergie qui circule en eux selon une certaine périodicité, ce qui occasionne des variations dans leur rapport avec autrui, selon qu'ils sont ou non en pleine possession de leurs moyens. Dans l'autre, nous sommes en présence de personnes qui sentent de qui elles doivent se rapprocher, se cherchant en quelque sorte un mentor, un protecteur, un guide, un maitre, un gourou.
On imagine assez bien les différences qui se manifesteront dans la façon dont ces deux populations conduiront leurs existences et carrières respectives.
Si l'on aborde à présent la question juive et que l'on assigne au "peuple" juif, considéré comme entité- le tempérament horizontaliste, c'est à dire plus enclin à se concentrer sur lui-même qu'à se concilier les populations environnantes, il nous semble que cela nous donne quelque clés utiles.
Une telle proposition est évidemment consolidée par la lecture de la littérature religieuse juive : l'idée notamment d'une alliance entre Israël et Dieu, mais Dieu, c'est aussi le Ciel et le Ciel les astres...(en hébreu, le Mazal)
Si l'on définit le saturnien - ce que nous appelons aussi le conjonctionaliste- par le fait qu'il se fie avant tout à lui-même ou à Dieu, ou à quelque force transcendentale - ce qui, somme toute, revient au même- et si l'on admet que ce personnage n'attachera qu'une attention relativement distraite à son prochain ou plus exactement à ce qu'il peut en attendre pour résoudre ses problèmes et progresser socialement - ce qui à la longue peut lui créer des inimitiés du fait qu'il ne doit rien à personne. Il risque parfois de se retrouver bien seul, du fait qu'il n'aura pas capitalisé des soutiens, des amitiés pouvant intervenir en sa faveur et en tout cas pas avec la même ferveur que le type horizontaliste qui sait instinctivement toute l'importance du "piston" et du soutien, n''ayant pas, lui, la chance de pouvoir recourir à quelque énergie sublime, venue d'en haut.
Déjà, en 1965 - nous venions de célébrer nos 18 ans - il y a donc 44 ans - dans une conférence(non enregistrée) donnée dans un amphithéâtre de l'Université Paris II Assas, au cours de Sociologie politique, nous avions traité de l'ouvrage de Jean-Paul Sartre, "Réflexions sur la Question Juive." et nous avions esquissé la thèse d'une explication psychologique de la question juive, mettant en parallèle le sort de certains individus persécutés et celui des Juifs.
Nous pensons désormais conforter cette intuition de jeunesse en expliquant que celui qui est "inspiré" d'en haut l'est moins par rapport à ce qui se passe en bas, commettra donc des imprudences, ne saura pas sceller les bonnes alliances avec ses congénères. Cela ne l'empêchera pas de faire preuve de générosité à leur égard en leur faisant part de ses travaux qui sont souvent très personnels et marqués par une grande indépendance d'esprit, puisqu'il ne dépend pas des autres. En ce sens, il se met quelque peu en marge et en fait ne cherche pas vraiment à les comprendre puisqu'il n'en attend pas grand chose..Instinctivement, il sent que son avenir ne dépend pas tant d'eux que de quelque inspiration intérieure.
Or, si l'on transpose un tel schéma au niveau du peuple juif, les analogies sont assez frappantes et l'on sait jusqu'à quel point les Juifs ont pu se retrouver en marge, en décalage, victimes d'une certaine indifférence quand ce n'était pas d'une franche hostilité (Shoah, antisémitisme). Les Juifs qui ne cessent dans leur théologie de parler d'alliances manquent souvent dramatiquement d'attache.
On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre: Nous dirons que ceux qui savent trop bien se faire aider, se créer des réseaux, risquent fort de sacrifier une certaine qualité de réflexion, d'être limités dans leur faculté à repenser en profondeur les problèmes. Ce qui les rendra justement dépendants de ceux qui en sont capables lesquels une fois qu'ils auront délivré quelques nouvelles données seront au bout d'un certain temps de progresser encore, reprenant chaque fois l'avantage et faisant ainsi sentir leur supériorité. D'où des relations complexes et ambigües entre ces deux populations.
Une fois encore, si l'on passe au niveau de la question juive, le parallèle reste largement valable. Ce peuple, au regard de notre idée de l'astrologie - est plus apte à mener sa barque en surfant sur les cycles célestes, en repérant les signes célestes, ce qui n'est pas sans évoquer le prophète- figure centrale de l'Ancien/ Premier Testament.(titre qui est déjà tout un programme et qui indique une certaine préséance, en tout cas une présence antérieure). En revanche, on l'aura compris, le dit peuple juif risque fort de se trouver parfois en mauvaise position par rapport aux autres peuples qui partagent entre eux un type de fonctionnement semblable, fondé sur une certaine sociabilité horizontale.
Nous pensons ainsi avoir résolu un certain nombre de difficultés:
- le rapport aux astres se manifeste d'abord par une certaine introspection en ce sens que l'individu concerné n'est pas conscient d'entretenir un rapport avec le cosmos, à moins qu'il ne parvienne à un certain stade à une telle conclusion, ce qui pourrait le conduire à l'étude de l'astrologie, dès lors qu'il a compris qu'il n'y a pas grand chose à attendre au niveau horizontal.
- ce rapport aux astres a pour contrepartie un certain aveuglement à l'égard de son prochain qu'il ne cherche pas suffisamment à s'attacher, il lui manque en quelque sorte un certain sens social et il ne ménage pas assez autrui, n'en attendant pas grand chose d'essentiel.
- ce rapport aux astres, enfin, confère aux intéressés une forte indépendance d'esprit ainsi que tout au long de son existence, même à un âge avancé, une aptitude à rebondir et à se renouveler, dès lors qu'il dépend de cycles qui offrent périodiquement de nouvelles énergies..
Certes, tous les Juifs ne sont pas des "génies" mais reconnaissons-aussi que nombre d'entre eux ont su faire parler d'eux en toutes sortes de domaines, hors de proportion avec la démographie juive, qu'ils aient été, d'ailleurs, élevés ou non dans le judaïsme.
Quant à l'Etat d'Israël, l'on sait à quel point il est en délicatesse avec de nombreux Etats, notamment dans le monde arabe qui l'environne et ce, alors que les Juifs ont reçu le "Foyer Juif" depuis bientôt un siècle. On fêtera bientôt, en 2017, le centième anniversaire de la Déclaration Balfour. Pour notre part, nous avons exprimé l'idée selon laquelle les Juifs ne sauraient être liés à un territoire donné du fait même de leur dimension "cosmique". Le territoire juif c'est un certain balisage du Ciel l plutôt qu'un coin de la planète Terre. Nous pensons que les Juifs sont liés fortement avec l'astrologie et vice versa. Mais pas n'importe quelle astrologie! Rappelons cependant quelques allusions à l'astrologie dans les Ecritures: des douze tribus d'Israël aux quatre "vivants'" d'Ezéchiel (Lion, Aigle, Homme, Taureau/Boeuf) en passant par le songe des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, correspondant à autant d'années, sans parler évidemment du calendrier qui fait commencer chaque mois avec la conjonction soleil-lune.
Il est bon en tout cas que l'astrologie prenne en compte une certaine élite qui correspond à son champ plutôt que de s'intéresser au vulgum pecus.. Que d'aucuns aient voulu élargir au monde entier le nombre de ceux qui relevaient de l'astrologie est tout aussi abusif que le processus qui a conduit à passer de l'Ancien au Nouveau Testament. Il est donc fâcheux que l'astrologie ait été fréquemment et notamment depuis Maimonide rejetée par le judaïsme (voir Le Monde Juif et l'astrologie, op. cit) sous le prétexte souvent invoqué qu'elle ferait écran avec Dieu. Mais cette pseudo-opposition entre Dieu et l'astrologie doit être reconsidérée. L'astrologie n'est pas l'astronomie, elle est une certaine lecture de la réalité astronomique qui transcende le plan de la nature, tout comme les hommes marqués par les astres ont une certaine lecture de ce qui se passe, par delà la réalité intrinsèque. En ce sens, on est dans la transcendance, dans le dépassement. En fait, ce que l'on appelle Dieu, serait précisément cette relecture du monde mais aussi ce lien entre des hommes et des astres (et non les hommes et les astres) qui fait que la dynamique issue du ciel prévaut sur celle qui se présente ici-bas. Croire en l'astrologie serait donc croire à cette intervention céleste dans les affaires humaines, qui n'existerait pas sans l'alliance qui confère pouvoir aux astres sur les hommes, directement et/ou indirectement.. . L'astrologie, c'est le Deus ex machina, un Dieu né d'une mécanique céleste revisitée.
Le peuple juif a un destin. Entendons par là qu'il rebondit régulièrement; renouvelé dans son élan.


JHB
18. 01. 10

1 commentaire:

christoforos a dit…

Le peuple juif est il Saturnien ? En voila une question qu'elle est bonne.

En tant que goyim, j'ai du mal a voir en quoi on peut parler de "peuple". Communauté, peut-être? Serait-ce plus juste? Je ne sais pas.

Attribuer une fonction planétaire à une entité abstraite, voila qui semble un peu cavalier. Saturne fixait les "loin du Soleil", les " transcendant de l'existence" selon la formule R.E..T. .

Mais en admettant que l'on puisse parler de "peuple", ce qui stigmatise, crée une différence. Et donc fait chercher chez tout un chacun qu'elle est cette fameuse différence. Qu'elle est cette différence?

Peut-on parler de peuple "Japonais", "Anglais", voire "français"?

Alors, le peuple Français, puisque j'en suis, est-il Vénusien ( art de vivre, farniente, touristique) tendance Sagittaire pour l'universalisme.

Les Japonais seraient "Vierge" pour l'isolement et les anglais, et bien Lion ( pour l'expansionnisme ).

En quoi, moi en tant qu'individu influencé par un ensemble je peux me différencier?
Et mon thème natal, qui m'indique, que vous le vouliez ou non, selon ma situation géographique, et le temps précis ou je suis né, que j'ai un compte a régler avec le ciel.

Donc, non élu je suis, et non élu je reste. C'est bien dommage...