samedi 28 novembre 2009

La théorie des Ages: le contre-sens.

par Jacques HalBronn

Un des dispositifs les plus généralement appréciés est celui de la Théorie des Ages, notamment telle qu'exposé par Jean-Pierre Nicola et les conditionalistes. C'est selon nous, une présentation qui a pu fourvoyer durablement l'Astrologie contemporaine, du fait même précisément, de sa séduction.(Un Colloque SEP Hermés fut consacré il y a quelques années à cette question, voir les actes). Déjà chez Ptolémée est exposée une telle théorie avec des âges de durée égale, et dans ce cas l'on tenait compte de la succession des planètes mais non du nombre d'années de leurs révolutions successives.
Rappelons en succinctement la portée: notre psychogénèse serait réductible - dans la version de Nicola - à la vitesse de révolution des planètes du système solaire; d'un point de vue héliocentrique.(Mercure, 88 jours, Vénus 225 jours et ainsi de suite).
Le péché originel de telles formulations tient au fait que tout part de la naissance de la personne considérée. Nous n'avons évidemment pas tous 30 ans en même temps!
Or, le ciel a son cours qui s'impose à tous, du moins au regard de l'astrologie mondiale. Entre ces deux approches, la contradiction est flagrante.
Certes, il est commode qu'un astrologue se serve d'un tel dispositif qui peut être considéré comme fiable. On ne dit pas la même chose à un adolescent et à une personne "dans la force de l'âge", c'est un conditionnement que l'on ne saurait négliger mais relève-t-il de l'astrologie? C'est une autre affaire.
On nous fera remarquer qu'une telle théorie permet de fonder la diversité des significations planétaires sur du concret, ce qui n'est pas rien!
Notre explication est plus simple: la succession des dieux correspondrait à une logique cyclique, à une sorte de zodiaque, en quelque sorte, si par zodiaque l'on entend un balisage d'un parcours astral et notamment d'un binôme céleste (planète/planète ou, pour nous (en astrologie 4 Etoiles, planète/étoile)
Les astrologues ont en effet pris la peine de découper un cycle en plusieurs secteurs, sur le modèle soleil-lune. On part donc d'un tout premier filet (croissant) de lune pour parvenir à la pleine lune. Il peut être tentant de se servir de l'ordonnancement des astres du système solaire pour illustrer une telle progression. Et pourquoi cela ne recouperait-il pas toute expérience de progression, telle que notre premier cycle de vie, de notre naissance à 30 ans?
La théorie des domiciles illustrera idéalement notre propos puisque justement elle recoupe exactement la théorie des Ages, de Mercure à Saturne, quand un des deux astres parvient au secteur de Saturne, il y a opposition, du moins si l'un des deux astres reste fixe, ce qui ne vaut que pour une étoile fixe. Mais passons!
Nicola ayant évacué les domiciles, il n'a évidemment pas mis en évidence un tel parallèle.
Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'à la période croissante succède une période décroissante dans le dispositif des doubles domiciles. D'où le contre-sens, chez tant de tenants de l'astrologie contemporaine, d'intégrer dans ce dispositif les transsaturniennes, ce qui casse la symétrie.
De même il nous parait évident que le cycle décrit par la théorie des âges doive comporter lui aussi après une phase ascendante une phase descendante, ce qui expliquerait qu'à la fin de la vie, l'on se trouve dans un état de dépendance (retour à Mercure et à la Lune), ce qui couvrirait un ensemble d'une soixantaine d''années, soit deux cycles saturniens.
Bien entendu, il n'est pas question pour nous de valider l'idée que chacune des planètes du système solaire -même en s'arrêtant au septénaire- est dotée d'une cyclicité sidérale signifiante. Nous pensons que seul Saturne, de toutes les planètes, forme une configuration signifiante avec une série d'étoiles fixes. Les noms attribués aux planètes doivent être compris comme les marqueurs balisant le processus cyclique. D'ailleurs, on pourrait en dire autant des transsaturniennes (Uranus, Neptune, Pluton, voir notre texte à ce sujet dans le présent journal de bord).
En définitive, nous acceptons cette théorie des Ages de Nicola à condition qu'elle ne fasse qu'expliquer l'ordre des dieux tels qu'affectés aux planètes en vitesse décroissante, de la Lune à Saturne. Que certains travaux en psychogénèse sous tendent un tel agencement est une chose positive. Et ce devrait être une occasion d'évacuer le zodiaque au niveau de sa symbolique pour remplacer les 12 signes par les planètes en domicile qui leur sont affectés respectivement. On aurait ainsi Mercure ascendant, Vénus ascendante etc pour terminer par Vénus descendant et Mercure descendant..., tout en sachant qu'il ne s'agit là que d'une représentation et que d'autres représentations auraient pu être établies, comme par exemple les quatre saisons, ce qui est probablement à l'origine du zodiaque. Ces deux systèmes de balisage, par les signes et par les dieux-planètes sont aussi valables l'un que l'autre. mais il s'agit là de subdivisions contingentes dont le nombre peut varier d'un système à l'autre. On évitera d'accorder trop d'importance au passage d'un secteur au suivant comme trop d'astrologues ont coutume de le faire, de par un excès de zèle précisionnel. Comme le souligne Louis Cruchet (Ethnoastronomie et traditions astrologiques. Plaidoyer pour le pluri-ethnisme de l'imaginaire astrologique, Paris, Publibook; 2009, http://tradioastro.unblog.fr), le référentiel saisonnier a ses limites (du fait de l'inversion des saisons entre les deux hémisphères), ce qui souligne le poids culturel dans la formation de l'astrologie et donc le rôle des projections, même si, comme nous le pensons, l'astrologie n'est pas née de ce plan saisonnier mais bien en opposition à celui-ci, les planètes extérieures remplaçant les planètes intérieures de façon à accéder à une autre temporalité, plus ample.


JHB
22. 10. 09

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