samedi 28 novembre 2009

La notion d'évolution en astrologie

par Jacques HalBronn

Chaque mot devrait avoir son mode d'emploi. Il fait partie d'un certain champ sémantique, tant au niveau des signifiants que des signifiés. Or, tant de gens emploient des mots dont ils maitrisent mal l'usage. C'est le cas du mot "évolution" que l'on entend souvent prononcer par les astrologues, parfois à tort et à travers et parfois non sans profiter plus ou moins sciemment d'une certaine ambiguité relative à ce mot.
¨Prenons le cas du cycle de la digestion. On peut dire que cela suit une "évolution", l'aliment passant par des stades successifs. Mais le cycle lui-même, en temps normal, n'évolue pas, puisque le cycle est immuable. On peut aussi parler de l'évolution propre aux phases de la lune mais c'est aussi une "progression" cyclique, prévisible et qui s'autorégule.
A contrario, imaginons qu'une personne soit atteinte d'une pathologie, par exemple une appendicite, une intoxication, l'on pourra aussi parler d'évolution et dans ce cas, soit il y aura à terme retour à la normale, soit il pourra se manifester une aggravation, des complications qui interdiront une reprise "naturelle" du cycle digestif.
On notera que la moyenne d'âge de nos jours est considérablement plus élevée qu'autrefois mais il y a toujours eu des octogénaires voire des centenaires. Ils étaient simplement moins nombreux qu'aujourd'hui du fait des pathologies que l'on ne savait traiter. Une grande part de ce qu'on appelle évolution tient au seul fait de mieux traiter les carences, les infirmités de tous ordres, c'est un nivellement par le bas bien plus que par le haut, ce n'est pas la normalité qui évolue mais l'anormalité qui se résorbe en recourant d'ailleurs à toutes sortes de prothèses tant physiques que psychiques.
On aura compris que l'évolution d'un mal n'est pas du même ordre que celle d'un "bien" au sens d'un processus qui fonctionne comme il est censé le faire. Mais il est aussi des "biens" qui sortent de l'ordinaire, comme de gagner à la loterie et qui viennent perturber le cycle habituel des choses qui implique un état intermédiaire, en équilibre plus ou moins stable.
Quel usage peut-on donc faire du mot "évolution" en astrologie? C'est ainsi que l'on nous parle de l'évolution nécessaire de l'Astrologie. Or, n''abuse-t-on pas de ce mot, en la circonstance?
Il semblerait en effet que le mot évolution devrait être réservé à une problématique de dérégulation et de régulation. On parle d'alors de "l'évolution du mal". Mais on ne dira pas, en général, qu'il y a évolution quand un cycle se déroule normalement.
Donc parler, notamment, de l'évolution de l'astrologie peut tout à fait signifier, annoncer, une certaine perturbation qu'aurait subie la dite astrologie.
Car l'évolution, au sens où nous venons de la définir, n'est pas une nécessité "normale". et il ne faudrait pas s'"ingénier à amalgamer l'évolution d'un mal avec celle par laquelle passe un cycle, selon des stades successifs qui ne sont pas du même ordre que les stades d'une maladie qui peut empirer, comme la grippe H1 N1.
Pour ce qui est essentiel, nous dirons qu'il n'y a que des évolutions/involutions ordinaires et récurrentes tandis que pour le contingent, nous dirons qu'il y a des "changements" qui ne sont pas nécessairement récurrents..
Au niveau de la consultation astrologique, peut-on prévoir des évolutions concernant l'existence des clients? Est-ce que soudainement, en milieu de vie, par exemple, la personne va changer de comportement du tout au tout? Nous dirons que d'un point de vue purement astrologique, c'est peu probable et que les cyclicités que traversera la dite personne devront produire chaque fois peu ou prou les mêmes effets, tout au long de sa vie et chez d'autres personnes ayant un profil semblable, et cela, qui plus est, au cours des mêmes périodes pour toutes celles concernées par le cycle considéré.
Cela dit, d'autres paramètres qu'astrologiques peuvent bel et bien perturber un cycle astrologique mais cela ne tiendra pas aux relations de tel astre avec tel astre - ce qui serai de l'ordre de la récurrence normale - mais aux interférences tenant à d'autres domaines que l'astrologie. Par exemple, un meilleur habitat corrigera l'effet des intempéries mais ce qui est propre à l'habitat et ce qui l'est aux intempéries sont deux choses distinctes scientifiquement et il est chimérique de vouloir tout intégrer au sein d'un seul et unique schéma.
Autrement dit, l'astrologie est ce qu'elle est et elle n'a pas à inclure ce qu'elle n'est pas au sein d'une seule et même structure.
Un cas sensible concerne les rapports entre astrologie et astronomie. Certains astrologues - c'est la majorité - déclarent que l'astrologie doit "évoluer" en intégrant de nouvelles planètes. Nous ne voyons pas en quoi il est "logique" que l'astrologie ait à passer par des stades où le nombre de planètes serait susceptible de varier. L'astrologie n'"est pas dans l'aller simple mais dans l'aller retour. Elle ne pourra intégrer à l'avenir que ce qu'elle a su et pu intégrer dans le passé.
Maintenant force est de constater, de facto, que l'Astrologie a bel et bien été perturbée par une certaine évolution liée à la prise en compte de nouveaux astres (dont le nombre commence, littéralement,à devenir sidérant). On peut espérer qu'il y aura retour à la normale et que l'on en revienne au cycle normal des choses tel qu'il s'est manifesté sur la longue durée dans l'Histoire de l'Humanité. D'ailleurs, on notera que ces nouveaux astres sont le plus souvent affectés d'office à signifier des perturbations. Ce n'est pas fortuit!
Il en est ainsi de bien des choses que l'on présente sous le nom de progrès et qui sont en fait des errances. Or l'avenir qui intéresse l'astrologie est celui qui perpétue une certaine cyclicité et une certaine dualité, non celui qui vient les perturber. Mais bien entendu, l'astrologue est bien placé pour signaler de telles perturbations non pas de par son modèle mais par ce qui vient le troubler. La question des "mauvais" aspects est l'expression précisément de l'intégration regrettable au sein du modèle astrologique de facteurs externes à l'astrologie. Quant à prévoir que tel cycle sera perturbé, cela ne tient pas à la dynamique propre au dit cycle mais à la prise en compte d'autres facteurs. On n'est pas là, pour autant, dans la multifactorialité car l'astrologue doit rester centré sur ce qu'il connait, à savoir son domaine, expurgé certes de diverses déviances.
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JHB
08. 10. 09

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