samedi 28 novembre 2009

Pour un recentrage socioculturel de l'Astrologie

par Jacques HalBronn

Le génie masculin implique un certain sens de l'économie.de moyens. Il confère le sens d'une efficacité ponctuelle et récurrente plutôt que celui d'une continuité, à l'image du processus de procréation. Il serait bon que l'Astrologie en prenne de la graine, elle qui, de nos jours, s'épuise assez vainement dans le cas par cas..
Nous avons déjà, à maintes reprises, affirmé que sans la grille du masculin et du féminin, l'on ne comprendrait pas le discours de nombre d'astrologues. A l'évidence, beaucoup d'entre eux pratiquent une stratégie que nous qualifierons de féminine. La femme est vouée à mener un suivi, d'un bout à l'autre. Elle ne peut se disperser, au regard de la procréation, entre plusieurs partenaires simultanément. Ce sera l'un après l'autre, avec chaque fois cette contrainte des 9 mois, au lieu des 9 secondes nécessaires à l'homme (les 9 secondes ne sont ici qu'une image, on l'aura compris, pour donner un ordre de grandeur et même si cela prenait une minute voire une heure, cela ne changerait rien à l'affaire vu que l'homme a besoin d'un certain intervalle entre chaque éjaculation, les femmes, elles-mêmes, ne tombant pas à nouveau enceintes au lendemain de leur accouchement).
Nous observons bien de vains combats du côté de l'astrologie, laquelle s'épuise dans des stratégies dépassées et éculées, à contre temps et à contre emploi.
Il est grand temps, en effet, que l'astrologie reconquière son véritable emploi qui se situe tout en haut et non tout en bas de l'échelle sociale. D'une façon générale, d'ailleurs, notre civilisation devra cesser de se profiler en se plaçant au niveau des handicapés, des infirmes et des estropiés tant physiques que psychiques. En voulant être omniprésente et omnisciente et bonne à tout faire, l'astrologie finit par n'être nulle part.
Le véritable métier de l'astrologie est la prévision mais elle a besoin pour ce faire de classer les gens selon un certain nombre de catégories et c'est là que l'on peut parler d'astro-psychologie non pas tant comme fin en soi mais comme moyen de recourir à l'astrologie stricto sensu, laquelle est intrinsèquement un outil prévisionnel dont il importe de circonscrire le champ d'action.
Mais il est un travers qu'il faut urgentement dénoncer et corriger qui consiste à croire que pour savoir à quelle configuration une personne est sensible, il n'est que de regarder son thème natal! C'est ainsi que si dans un thème, il y a telle conjonction, la personne réagira, au cours de sa vie, à la dite conjonction plutôt qu'à celles non formées à la naissance.
L'idée est assez judicieuse - elle est notamment développée par Yves Lenoble (voir émission FR3, Prise directe, Lyon, 2000, reprise sur teleprovidence). Pour notre part, dès 1976, nous avions refusé d'entrer dans cette logique et proposé une batterie de tests pour déterminer la réceptivité de quelqu'un à telle ou telle planéte (voir 'L'astrologie sensorielle", cahier inséré in mensuel Cosmopolitan, numéro de décembre).sans passer par le verdict du thème natal.
Rappelons que pour Gauquelin, la planète dominante est angulaire mais dans le cas où plusieurs planètes sont angulaires, la lecture s'en trouve brouillée. De même en cas d'accouchement provoqué. Mais il existe un autre cas de figure, celui de personnes non astro-sensibles et dont le thème ne fait donc pas sens, puisque pour Gauquelin, seules les naissances de personnes ayant un haut degré de réussite ont des thèmes significatifs.
A propos de dominante, il n'est rien de plus ridicule, à notre sens, que ce que l'on pourrait appeler l'idée de dominante relative, c'est à dire de l'astre le plus puissant du thème, selon toute une série de critères (domicile, aspects, maison etc). Nous n'adhérons nullement, en effet, à l'idée d'une solidarité du thème comme ne faisant qu'un pas plus d'ailleurs qu'à celle d'une solidarité du système solaire -(à la différence du RET de Jean-Pierre Nicola)
En fait, la sagesse commande d'inverser la méthodologie: est marqué par une configuration astrale celui dont la vie en témoigne, ce qui bien évidemment ne saurait se déterminer au vu du seul thème natal. Que dans certains cas il puisse y avoir coïncidence entre la configuration marquante dans la vie et celle qui figure dans le thème, cela va de soi mais ne porte point à conséquence. D'une façon générale, l'on ne partira pas du thème et tout au plus y reviendra-t-on, dans un deuxième temps, pour voir si la configuration repérée dans le ciel se retrouve ou non dans le thème, sans qu’il n’y ait aucunement obligation d'une quelconque correspondance.
On rappellera que nous avons mis en garde, dans d'autres textes, sur l'utilisation des positions planétaires natales mais aussi des aspects, étant entendu que c'est la position en maison qui est la plus probante parce que la plus probable. Le thème radix est d'abord articulé sur le mouvement diurne alors que les aspects et les positions en signes se placent au niveau dynamique, prévisionnel. En définitive, et en dépit d'une certaine curiosité pour le dit thème à tout hasard, il n'y a sérieusement aucune raison de rechercher dans le thème natal ce qui reléve de la cyclicité.
En fait, nous avons affaire, selon nous, à deux astrologies totalement distinctes et nullement articulées l'une par rapport à l'autre, contrairement à ce que pratiquent et pensent tant d'astrologues. Croire que l'un peut renseigner sur l'autre est un leurre!
C'est dans ce sens qu'il conviendra d'appréhender les résultats Gauquelin. Ce n'est pas parce que telle personne sera "saturnienne" selon Gauquelin qu'elle sera ipso facto sensible au cycle de Saturne, même si la tentation syncrétique peut être grande d'établir un lien entre ces deux plans. Certes, il s'agit bien d'une seule et même planète mais dans des cadres parfaitement distincts. Certes, il y a une division en 12 maisons d'un côté et en 12 signes de l'autre mais ce n'est pas suffisant pour les associer. Ce sont d'ailleurs ces rapprochements qui expliquent l'existence même du thème natal sous sa forme sophistiquée en vigueur, bien distincte de celle découlant des travaux de Gauquelin.
Comme on dit; c'est en marchant que l'on montre la marche. Nous dirons que celui qui est sensible à tel cycle le prouve en réagissant au dit cycle. Il n'est pas d'autre preuve que celle la si ce n'est effectivement des processus de dépistage préalable qui, pour l'heure, semblent devoir rester assez aléatoires.
On ne va pas analyser le groupe sanguin ou l'activité cérébrale; en permanence ou à tel moment, de tous les habitants d'une ville, d'un pays.... voire de la planète. Pas pour l'heure en tout cas....Quant à définir des traits psychologiques caractéristiques, cela peut sembler aussi assez laborieux. Evidemment, s'il suffisait de mettre dans un programme des millions voire des milliards de données de naissance, cela serait idéal mais nous avons dit plus haut à quel point cette solution nous semblait fortement hypothéquée. Rappelons la fable de celui qui cherche non pas où les choses se passent mais où l'on peut voir, ce qui a fait privilégier le moment de la naissance sur celui de la conception encore que dans le cas Gauquelin, il soit clair que le rôle du fœtus dans le processus d'accouchement exige que le dit fœtus ait atteint un certain âge.
Selon nous, la meilleure solution, présentement, consiste à restreindre considérablement le nombre d’éléments à exploiter tant au niveau du "matériel" céleste qu'à celui du "matériel" humain. C'est en cela que nous parlerons de repli stratégique sur le noyau dur de l'astrologie, ce qui correspond, toutes proportions gardées, à un processus de décolonisation comme celui opéré par les empires conscients du boulet que finissent par représenter leurs "colonies" et autres satellites (France, Turquie, Russie etc). Certes, l'historien de l'astrologie peut-il s'intéresser à recenser tous les domaines où l'on a pu croire bon de recourir à l'astrologie mais l'Astrologie doit-elle s'identifier à toutes ces incursions qui peuvent avoir flatté son "égo"? Le temps de la pérestroïka de l'Astrologie est advenu...
Pour nous résumer, nous dirons que l'avenir de l'Astrologie, tel que nous le voyons et quelque part l'édictons (à rapprocher de "prédisons") car tout est affaire de volonté, de projet, passe par un recentrage sur ce qui est en tête, ce qui commande au reste, donc ce qui détermine le futur de l'ensemble. Il est une équation que les astrologues ne semblent pas avoir intégrée, à savoir que plus quelqu'un est haut placé, moins il est prévisible et plus il peut prévoir. Le cas extrême est l'idée de Dieu ou tout être qui se veut Dieu ou qui agit à son exemple, à son imitation. On parle aussi de "premier mobile", de cause première.
.Les premiers astrologues étaient probablement des gouvernants. Pour eux, prévoir c'était décider, décréter. Mais par la suite, l'astrologie étant descendue socialement, c'est le concept même d'astrologie qui aura évolué en conséquence. Les nouveaux astrologues étaient plus éloignés du pouvoir et donc plus fatalistes, comme le seraient les esclaves par rapport à leurs maitres.
D'une façon générale, nous dirons que les astrologues seront d'autant plus aptes à penser et à pratiquer l'astrologie qu'ils seront socialement proches de milieux assez élevés dans la hiérarchie sociale, économique, politique, culturelle. A contrario, les voyants peuvent être issus de milieux plus ordinaires, voire plus frustres. C'est aussi en cela que ces deux "mondes" ne pactisent guère comme s'ils sentaient instinctivement qu'ils descendaient de lignées aux statuts fort différents. De nos jours, cette séparation persiste en dépit du fait que les astrologues se sont bien souvent aventurés dans un domaine qui relève largement de la voyance. Cela fait partie de ces conquêtes dont l'astrologie devait se décider à se défaire..Cela tient probablement, d'ailleurs, au fait que le milieu astrologique aura été en partie investi par des personnes qui socialement appartiennent au même milieu que celui dont viennent les voyants et autres devins.
L'astrologie, serait-elle le seul domaine où les hommes n'ont pas encore pris le pouvoir ou en tout cas qu'ils n'auraient pas reconquis?. D'où l’importance, l'enjeu stratégiques que revêt son devenir au XXIe siècle, bien plus grande que ce que l'on pourrait croire au premier abord. Il est assez clair que la proportion croissante de femmes gravitant autour de l'astrologie, notamment depuis le XVIIIe siècle, n'aura pas été sans effet sur l'évolution de l'astrologie, étant donné le statut social des femmes mais aussi leur structure psychique qui les conduit à privilégier ce qui est en fin de parcours plutôt que ce qui est en début de parcours, approche radicalement en contradiction avec le principe de prévision puisque lorsque l'on parvient à un certain stade d'un processus, il est à la fois marqué par un grand nombre de paramètres et largement prévisible, que l'on soit ou non astrologue....
L'astrologie est vouée à traiter de la vie des chefs et elle doit être mise dans les mains de ceux qui émanent de milieux dirigeants ou qui en tout cas en sont proches par leur formation et leur mode de vie. Quelqu'un qui serait toujours le dernier à apprendre ce qui se trame, qui ne prend lui même aucune décision impliquant à terme d'autres que lui, nous semblerait bien mal qualifier pour oeuvrer en tant qu'astrologue au sens où nous l'entendons. On en revient en fait à ce qu'on appelait, il y a quelques siècles, l'astrologue de cour, qui vivait à la Cour et travaillait pour la Cour..
Cela dit, l'on peut penser que le fait de vouloir prévoir pourrait correspondre à une volonté de s'élever socialement dans la mesure où celui qui obéit prévoit moins que celui qui commande.....
Le verbe "croire" n'est pas très prisé chez les astrologues. Ils préfèrent dire qu'ils ont "constaté". Mais croire relève d'un acte de volonté tout comme prévoir. Faire croire, c'est quelque part tout l'art de gouverner. Croire, c'est avoir conscience que les choses n'existent que parce que nous le voulons bien. Qui est doté d'une volonté forte sait à quel point croire, c'est déjà faire, déjà agir. Ne pas vouloir user du verbe croire signifie que l'on vit dans un monde sur lequel on n'a pas prise, qui s'impose à nous. Nous dirons que l'astrologie n'existe que parce que les astrologues l'ont voulu, ont cru à l'idée de tisser des liens entre les hommes et les astres qui n'existaient pas initialement.


JHB
08. 10. 09

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