samedi 28 novembre 2009

Astrologie et épistémologie sélective

par Jacques HalBronn

Par épistémologie sélective, nous entendons qu'il importe de distinguer entre les sciences qui doivent intégrer un choix et celles qui n'ont pas à le faire. Le drame de l'astrologie du XXe siècle, qui aura plombé les tentatives de réforme de certains, aura été de ne pas déterminer correctement de quelle épistémologie relevait l'astrologie.
Ce qu'on appelle généralement des sciences "dures" dépendent d'une épistémologie non sélective tandis que les sciences dites "molles" relèvent d'une épistémologie que nous qualifions de sélective.
L'astronomie serait, selon nous, tributaire d'une épistémologie non sélective à la différence de l'astrologie du moins telle que nous la concevons. Mais précisément nombreux les astrologues qui ne partagent pas notre point de vue, ce qui conduit parfois à un dialogue de sourds.
Pour ces astrologues auxquels nous nous opposons, tout ce qui constitue le système solaire doit faire sens au regard de l'Astrologie, ce qui les fait s'aligner sur la position des astronomes pour qui le système solaire constitue un tout interdépendant, articulé notamment autour de la loi de Titius Bode, chère au père de l'astrologie conditionaliste, Jean-Pierre Nicola (né en 1929).
.Certes, quand on considère le nom des constellations, il est clair que l'on bascule dans une épistémologie sélective et donc arbitraire mais ce pan de l'astronomie reléve du méta-langage et n'offre au regard des astronomes aucun caractère proprement scientifique. Et il en est évidemment de même du nom conféré aux planètes....
On nous fera certes observer que le fait d'accorder à chaque planète une fonction spécifique est sélectif mais une chose est de conserver toutes les planètes quitte à leur donner des significations distinctes et une autre de ne garder que quelques unes d'entre elles, comme nous le faisons et comme Gauquelin, avant nous, l'a fait; il y a un peu plus de 50 ans de cela. Il y aurait donc les astrologues qui ne jetteraient rien et ceux; comme nous, qui ne retiennent que certaines planètes tout comme ils ne recourent qu'à certaines étoiles fixes et non pas à la totalité du firmament. L'épistémologie non sélective est adepte du tout ou rien. Pas de demi-mesures!
On ne contestera pas que l'on peut désigner comme sciences "sélectives" les sciences dites molles et même que notre appellation en vaut d'autres. De même les sciences dures ne pourraient-elles avantageusement être désignées sous le nom de "non sélectives"?
Le champ du "sélectif" est fort vaste et recouvre évidemment l'ensemble des sciences humaines à tel point que l'on peut penser que l'homme est voué et doué pour opérer des choix, pour filtrer. S'il n'en avait pas été capable, il n'en serait certainement pas arrivé là où il en est.
Si l'on fixe un jour pour une élection, l'on renonce ipso facto à tenir celle-ci un autre jour. Un choix a été opéré parmi tous les choix possibles. Celui qui ne sait pas choisir sera condamné à des actions confuses, incertaines, contradictoires. Il faut savoir éliminer, se délester, renoncer, abandonner...
Si l'on prend le cas du langage, il est clair qu'aucune langue ne pourrait être qualifiée de non sélective. Mais en même temps, à partir d'un rationnement des ressources exploitées, les langues ont appris à se démultiplier par l'invention des flexions (préfixes, suffixes, conjugaisons, déclinaisons, dérivations).
Pour nous l'astrologie doit suivre la même voie: à partir d'un substrat astronomique limité, elle peut le diversifier en recourant à divers découpages (phases successives d'un cycle, choix de certains astres totémiques). Chaque fois, il importe de souligner un refus d'exhaustivité comme s'il fallait toujours délibérément rester en deçà de ce qui existe. Car l'approche sélective se caractérise par ce dont elle ne se sert pas.
A contrario, pour l'approche non sélective, une telle attitude ne saurait faire sens. On adopte une approche objective et non subjective. On ne veut pas que le monde soit au service des besoins des hommes mais que les hommes se soumettent au monde tel qu'il est intrinsèquement, dans sa totalité, dans toute son intégrité/intégralité. En fait, cette notion de besoin est essentielle. Le besoin doit venir de l'intérieur, il ne saurait être dicté par l'extérieur sans basculer vers l'aliénation, dans tous les sens du terme.
Au premier abord, l'astrologie semblerait largement faire appel à l'extérieur dans la mesure même où de facto les astres sont en dehors nous et même fort éloignés de nous. Il serait donc logique que l'astrologie s'ouvre à tout ce que le monde est voué à enseigner aux hommes. Mais; en réalité, le scénario qui est à la naissance de l'astrologie n'aura pas été celui-ci, selon nous : les hommes n'ont adopté que ce dont ils avaient besoin. S'ils avaient besoin d'un marqueur de temps -forcément cyclique- ils n'en avaient pas besoin de trente-six sous prétexte qu'ils auraient pu en effet en avoir 36! Débat sur l'être et l'avoir, l'un se développe selon une logique interne (plutôt masculine), l'autre selon une logique externe.(plutôt féminine), l'un maintient une certaine homogénéite, une certaine cohérence de l'ensemble, au cours de son évolution alors que l'autre bascule, du fait d'emprunts incontrôlés dans une certaine hybridité (que l'on compare l'évolution de l'anglais et du français sur un millénaire, l'anglais a cessé d'être la langue germanique qu'il était à l'origine alors que le français a poussé la latinité jusqu'à ses sommets, accroissant considérablement l'empire de la dite latinité y compris au travers de la mondialisation de l'anglais(voire l'ouvrage de M. Treps).
La grande erreur de la majorité des astrologues et de ses maitres à penser aurait donc été de ne pas s'en tenir à une approche sélective et de calquer leurs comportements sur les impératifs du non sélectif, d'où cette obligation vécue par tant d'astrologues d'intégrer d'office tout ce que les astronomes découvrent dans le cadre du système solaire (les transsaturniennes, les astéroïdes, Chiron, les plutonides)
Malheureusement, ces astrologues qui se veulent à la fois des savants et des conseillers, sont conduits, paradoxalement, à aider ceux qui viennent à eux dans leurs choix de vie, dans leur besoin de se fixer quelque part, tout cela exigeant de savoir opérer des choix (voir notre colloque de Marseille "Le choix de l'astrologie")
Le cas des couleurs des yeux (pas de rouge) et de cheveux (noir, blond, roux) est emblématique: l'Humanité n'a pas adopté toutes les couleurs existantes, loin de là. Et ces choix se perpétuent bien ainsi depuis des millénaires et n'ont pu à ce jour être corrigés, si ce n'est pas des teintures qui ne se transmettent pas héréditairement. S'il y avait une seule couleur, comme pour le sang, le problème serait autre mais qu'en est-il quand il y a diversité sans pour autant que celle-ci soit exhaustive de toutes les possibilités disponibles? On pourrait comparer les cinq types (Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, Lune) mis en évidence par Gauquelin à des couleurs et noter que l'Humanité ne s'est pas servie de Mercure ni du Soleil pour s'autodéterminer. Tout tourne autour des questions héréditaires, de ce qui est ou non transmissible génétiquement.


JHB
14. 10. 09

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