samedi 28 novembre 2009

La galère des doubles domiciles mercurien et vénusien

par Jacques HalBronn

En écoutant des entretiens liés au Colloque de l'ARRC consacré en 1991, à Vénus, voilà donc 18 ans, nous avons pu constater, chez Philippe Granger et Guy Launay, qui tous deux nous ont quitté voilà déjà quelque temps, et chez Catherine Aubier que la question des domiciles planétaires n'avait nullement disparu de l'univers intellectuel de l'astrologie contemporaine. Et d'ailleurs, cela reste le cas vingt ans après...On nous parle d'une Vénus du Taureau et d'une Vénus de la Balance... Guy Launay refuse d'ailleurs cette dualité et évoque la question des transplutoniennes qui devraient y mettre fin, un beau jour. C'était la seconde édition des colloques de l'ARRC, après celui consacré à Mercure l'année précédente. Les autres planètes suivraient tout au long de la décennie
A nos débuts, en astrologie, nous nous étions passionné pour cette question des "Dignités planétaires" au point de penser qu'elle était la clef de voute de tout l'édifice astrologique (voir Clefs pour l'Astrologie, Paris, Seghers, 1976) Quarante ans plus tard - car c'est justement en 1969 que nous avions abouti à une restructuration qui nous avait réjoui- nous serions plutôt tenté de partager l'avis de Raoul Mélo (voir son entretien qu'il nous avait accordé en cette même année 1991,
Comment d'ailleurs définir un signe sans les astres qui lui sont attribués par la tradition astrologique, aurait-on pu demander...Mais l'idée du signe ne tenait-elle pas aussi aux Elements, aux maisons, aux saisons mais aussi à son nom même (voir notre ouvrage Le Grand Livre du Sagittaire, Ed. Tchou-Sand, 1981)?
En revanche, nous étions persuadés qu'il fallait corriger un tel dispositif, le compléter, le revoir car il ne donnait pas, structurellement, entière satisfaction. Déjà à cette époque, nous n'imaginions pas passer à la pratique avant de nous être assuré que le système était acceptable au niveau théorique. Et c'est d'ailleurs à cette occasion que nous commençâmes à éprouver quelque révulsion contre toute pratique justifiant, sans le moindre état d'âme, un système visiblement bancal. Mais de là à rejeter globalement le dit système, il n'en était pas encore question.
On aura compris que déjà en 1969, l'idée de continuer à attribuer deux domiciles à Vénus ne faisait plus sens et que, même en dépit de l'absence de transplutoniennes reconnues, ce n'était pas une raison pour s'en tenir à l'ancien système ou si l'on préfère, alors, il fallait renoncer à intégrer les transsaturniennes au sein du dit dispositif et en rester au régime général des doubles domiciles, sauf, évidemment, pour les luminaires. Nos préoccupations, au début des années soixante-dix rejoignaient, dans les grandes lignes, celles de l'italienne Lisa Morpurgo que nous rencontrâmes à Aalen, en Allemagne, en 1971, lors du congrès de l'ISAR organisé par l'australienne Julienne Sturm (Mullette)
En fait, la principale raison qui rendait compte de notre attachement aux "maîtrises" comme on les appelait souvent, c'était qu'elles apparaissaient comme "la" contribution majeure de l'astrologie à ce qui par ailleurs n'aurait relevé que de l'astronomie. Il fallait bien qu'il y ait eu un apport spécifique de l'astrologie.! Et cet apport n'était-ce point le dispositif des "dignités" et des "débilités" planétaires?
Il nous fallut du temps pour placer la question de l'apport, de la valeur ajoutée, à un autre niveau, à savoir le choix même des configurations planétaires et éventuellement stellaires. A partir du moment où l'astrologie déterminait les configurations astronomiques pertinentes pour elle, ne réussissait-elle pas, ce faisant, à remplir sa part du contrat par d'autres voies que celle des Domiciles?
.Deux voies s'ouvrent donc aux astrologues concernant l'apport et donc le rapport de l'astrologie à l'astronomie. Soit, comme c'est le cas le plus souvent, l'on adopte la totalité du système solaire passé, présent et à venir et on articule cet ensemble sur le Zodiaque, soit, comme nous le proposons pour notre part, l'on ne met l'accent que sur un nombre très limité de configurations et donc d'astres et l'on n'a que faire de l'affaire des domiciles.
Alors que dire de ces réflexions sus mentionnées sur les deux domiciles de Vénus (comme d'ailleurs de Vénus) alors que Mars, Jupiter ou Saturne, planètes dites extérieures, n'en ont déjà plus qu'un ayant respectivement cédé l'un d'eux à Pluton, Neptune et Uranus?
Parmi les choses qui nous gênent avec un tel dispositif, notons la question des aspects. Entre les deux domiciles de Mercure, n'est ce pas un carré dont il s'agit (Gémeaux-Vierge) et qui plus est la Vierge n'accueille-t-elle pas d'ores et déjà l'exaltation du même Mercure.? Idem pour Jupiter, avec le sagittaire et les poissons. Comment deux signes dominés par une même planète seraient-ils virtuellement en quadrature? Et quant aux deux signes de Vénus (tout comme ceux de Mars), ils sont en quinconce, ce qui n'est pas un aspect majeur pas plus d'ailleurs que le semi-sextile entre les deux domiciles de Saturne....
D'ailleurs, comment discourir des deux signes (on disait autrefois maisons) de Vénus sans considérer les deux signes de Mars, son vis à vis, pourtant débarrassé du scorpion, comme on vient de le noter? Il semble en fait que les astrologues soient fascinés par toute forme de polyvalence : une Vénus qui englobe à la fois le taureau et la balance, cela donne lieu à un riche potentiel sémantique sinon symbolique; à la fois tiré vers l'Elément Terre et l'Elément Air.
Au vrai, à quoi devait servir un tel ensemble planètes/signes? A déterminer la force d'une planète à la naissance ou plutôt, comme nous penchâmes un certain temps, à apprécier la dite force tout au long de sa course cyclique? En tout état de cause, il nous semble bien qu'il s'agisse là d'un outil prévisionnel.
Nous avons montré dans un autre texte qui parait en même temps (Journal de bord octobre 2009) qu'il convenait de se servir des thématiques "transsaturniennes" en les "déplanétisant", ce qui revient à la même démarche que les domiciles qui eux, non plus, ne renvoient pas à une réalité planétaire mais plutôt à des "valeurs".
Au demeurant, nous pensons que les domiciles servent à ponctuer un cycle. Il importe donc qu'ils comportent une symétrie et ne soient pas linéaires comme c'est le cas de nos jours, avec l'introduction d'Uranus, de Neptune et de Pluton, ce qui casse la symétrie..
Il est en effet flagrant que le système était initialement calqué sur la symétrie du cycle lunaire. On passait de la Nouvelle Lune (Lune et Soleil se côtoient, en cancer et lion) à la Pleine Lune (Saturne, qui incarne ici l'opposition des luminaires). Entre ces deux pôles, l'on voit défiler les valeurs planétaires dans un sens puis en sens inverse: Mercure-Vénus-Mars-Jupiter puis Jupiter-Mars-Vénus-Mercure, tout comme la Lune avec sa phase croissante et sa phase décroissante, la croissance étant liée à celle des vitesses de révolution. Il va de soi, dès lors, que si l'on place Uranus en verseau, Neptune en poissons, Pluton en scorpion, le processus d'aller retour n'est plus respecté. Si, en plus, le cas de Mercure et de Vénus n'est pas réglé, on a quelque chose qui ne rime plus à rien. Il est vrai que les astrologues d'aujourd'hui vivent dans la discontinuité : on passe d'un signe à l'autre, sans chercher une quelconque cohérence quant à la succession. L'astrologie s'est déclycisée tout en entretenant l'illusion que ce n'est pas le cas puisqu'elle continue à se servir d'astres qui sont bel et bien dotés d'un cycle mais la façon dont ces cycles sont gérés conduit à brouiller toute idée de cyclicité, et l'on passe ainsi d'une vision cyclique à une vision linéaire.



JHB
11. 10.09

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