samedi 28 novembre 2009

Les astrologues et le "savoir" astrologique

par Jacques HalBronn


A l'écoute de deux émissions de télévision déjà anciennes (1992 sur TF1 et 2000 sur FR3), qui ont été le théâtre de confrontations entre partisans et adversaires de l'astrologie, il est apparu que l'argument favori des astrologues est celui du "savoir", ce qui fait allusion, implicitement, à un dialogue plus ou moins imaginaire où il était répondu "j'ai étudié la question, pas vous!" (Entre Newton et Edmund Halley)
Il convient d'analyser la portée d'un tel argument défensif. Tout se passe comme si l'on insistait sur le fait que celui qui met en question l'astrologue ne savait pas de quoi il retournait, n'ayant jamais assez étudié la question, s'en prenant à une astrologie qui n'est pas la "bonne" ou qui n'est pas celle que telle école d'astrologie a adoptée;
Ces avocats de l'astrologie semblent être d'abord des pédagogues de l'astrologie. Ils veulent parler de ce qu'ils enseignent et placer ceux qui les interpellent en position d'élèves, refusant d'établir une relation "horizontale", entre personnes qui discutent entre elles d'un certain sujet. D'où des propos récurrents sur le fait que l'astro-sceptique n'a jamais assez "travaillé" la question, qu'il va écoper d'une "mauvaise note" en quelque sorte.
Il est vrai qu'à ce jeu du chat et de la souris, l'astrologue a le sentiment d'être invulnérable dans la mesure où son adversaire n'est jamais "à la hauteur", qu'inévitablement, il sera amené à tenir des propos qui ne correspondent pas aux positions de l'astrologue auquel il s'adresse, positions qui varient d'un astrologue à l'autre. Le point aveugle, c'est que toutes ces positions ne convergent que sur un point: l’adhésion à une certaine forme d'astrologie face à des gens qui eux rejetteraient toute forme d'astrologie. Et c'est d'ailleurs là que le bât blesse en ce qui concerne les astrosceptiques, c'est qu'ils ne font pas dans le détail, qu'ils n'ont pas établi une ligne qui leur permettrait d'admettre au moins certains points de l'Astrologie si ce n'est que nous sommes tous, de toute façon, immergés dans le cosmos.
Mais revenons à cette stratégie du "savoir" astrologique dont les astrologues seraient les détenteurs, les gardiens (du seuil). On est passé d'une astrologie-science à une astrologie-savoir, ce qui est plus commode. La question ne semble même plus être de décider si l'astrologie est une science mais qu'elle est à coup sûr un savoir. Or il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ou pas assez.
Sémantiquement, il y a là, en français, un glissement sémantique et étymologique remarquable car le "savant" est-il celui qui est doté d'une science ou d'un savoir? il semble que l'astrologue se contente désormais de défendre son "savoir", faute de défendre sa "science". L'astrologue se voudrait plus "savant, "sachant" que scientifique.....comme si tout de toute façon se réduisait à un savoir, que l'on soit astrophysicien ou astrologue!
Il est vrai que selon une certaine approche phénoménologique, il n'y a jamais que des "savoirs", - des "ethno--savoirs" diront les ethno-méthodologues - ce qui a l'avantage de protéger tout détenteur de savoir, quel qu'il soit, des critiques émanant de l'extérieur du groupe. D'où l'insistance de nos astrologues à déclarer que leurs critiques ne connaissent pas assez bien le dossier et surtout qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent quand ils considérent qu'ils savent ce que pense tel ou tel astrologue. Seule une attaque frontale, tous azimuts, prenant en compte l'ensemble des savoirs astrologiques, toutes formes confondues, pourrait être couronnée de succès mais il ne semble pas que nos anti-astrologues aient l'envergure pour y parvenir.
Autrement dit, il semble, en pratique, que nos astrologues se contentent d'une fin de non recevoir face à des gens qui sont vraiment trop "ignorants" et qui vont devoir "revoir leurs copies".
Les astrologues sont passés maitres dans l'esquive : soit ils affirment que l'astrologie n'est qu'un conditionnement parmi d'autres, qu'il y a multifactorialité, au niveau de la consultation, et dans ce cas l'astrologie devient insaisissable comme un fugitif se perdant dans la foule, soit ils rejettent telle ou telle forme d'astrologie dont ils tiennent à se démarquer en soutenant une position qui n'est jamais celle que leur adversaire a dans son collimateur....Ils affirment ne pas se reconnaitre dans l'astrologie qui leur est ainsi présentée, ils sont dans le déni, ce qui est un exercice assez excitant consistant à soutenir que ce qui est dit par l'autre ne correspond jamais vraiment. Cette stratégie du déni est utilisée notamment par certaines populations plus ou moins stigmatisées (femmes, immigrés etc) et consiste à refuser toute étiquette problématique sans pouvoir pour autant totalement nier une certaine appartenance à un groupe donné. On est astrologue, certes, mais à notre manière....pas comme l'astrologue d'à côté, pas comme les "autres" astrologues, ceux qui notamment ne sont pas sur le plateau de télévision concerné où les astrologues s'efforcent, assez vainement d'ailleurs, de se montrer solidaires.....
En réalité, il existe bel et bien des clivages entre astrologues : il y a ceux qui ont un bagage théorique faible et qui vont chercher à compenser par leur pratique, par leur ressenti et il y a ceux qui ont un fort bagage théorique et qui vont minimiser l'impact démonstratif de la dite pratique en présentant l'astrologie comme un "conditionnement parmi d'autres", ce qui enlève à celle-ci toute importance stratégique. Ce qui est assez insolite, c'est de voir que des adeptes (épigones) de ce second courant arguer de la valeur intrinsèque de la dite pratique alors même que les concepteurs du dit courant l'ont peu ou prou désinvestie, considérant que tout se joue en amont, au niveau des fondements et non des applications. On passe du "ça marche" à du "ça doit marcher". C'est ainsi que tel astrologue affirme que 'l'homme est consubstantiel au cosmos" mais il lui est répliqué que cela ne suffit pas à justifier la tradition astrologique dans tous ses méandres. Mais alors on nous parle de l'ancienneté de l'astrologie qui peut laisser supposer qu'il y avait quelque chose.....
On nous reproche notre misogynie en ce qui concerne les femmes astrologues mais il faut avouer que lorsque l'on a entendu pour la nième fois la regrettée Suzel Fuzeau-Braesch répéter qu'en 1970, aux débuts d'Astroflash, elle a eu son "chemin de Damas" en consultant des textes émanant d'un ordinateur et que cela collait magnifiquement avec ce qu'elle savait des intéressés, on est quand même très perplexe sur le bien fondé d'une telle ligne de défense. Cette "docteur es sciences" met ainsi en avant deux points:
1 le texte n'a pas tenu compte, évidemment, des personnes puisque c'est un ordinateur. Il ne peut avoir été influencé par la rencontre des dites personnes. On est donc en pleine objectivité.
2 les informations connues de SFB sont parfaitement recoupées par le dit texte et donc SFB est en position de valider celui-ci.
Sur le second point, on est à nouveau entré dans le champ du savoir mais cette fois c'est le savoir que le client a de ce dont lui parle l'Astrologie, un savoir qui au demeurant est difficile à partager puisqu'il concerne des personnes dont on ignore tout. Ce qui confère à nouveau à l'astrologue-qui est ici aussi en position de client censé savoir- un avantage stratégique incontestable. L'habileté tient ici pour l'astrologue à se placer de l'autre côté de la barrière; devenant ainsi juge et partie.



JHB
07. 10. 09

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