samedi 28 novembre 2009

La surprévoyance des astrologues et autres populations

par Jacques HalBronn


Les astrologues sont gens prévoyants. Non pas tant, en vérité, en ce qui concerne l'usage qu'ils font de l'astrologie dans leurs vies personnelles - et qui est souvent plus limité qu'on le croit et ce y compris entre eux - qu'au regard de leur activité professionnelle.
L'astrologue est quelqu'un qui a des choses à dire. Et c'est ce qui constitue d'ailleurs, pour beaucoup d'apprentis astrologues, la motivation de leur engagement.
En l'espace de quelques semaines, de quelques mois, les voilà qui seront dotés d'un substantiel bagage de caractère polyvalent puisqu'il couvre aussi bien la sociologie que la psychologie, l'astronomie que l'Histoire. C'est dire l'attrait de cette "culture" astrologique pour ceux notamment qui ressentaient quelque déficit quant à la qualité de leur discours tant au niveau du global que du particulier.
Nous dirons que l'astrologie donne à certaines recrues le sentiment de pouvoir dires des choses intelligentes. Il y a 50 ans, on entendait souvent s'exclamer "mais arrête de faire l'idiot!" . De nos jours, il faudrait plutôt s'esclaffer "arrête donc de faire ton intelligent!». Les temps changent. La mode est aux faux semblants, notamment ceux fournis complaisamment par la technique. Le problème, c'est que l'astrologie est un cadeau empoisonné en ce qu'il faut être vraiment intelligent pour la défendre avec pertinence, quand on n'est plus en face d'un client mais d'un confrère qui ne pense pas comme vous ou d'un sceptique qui pose des questions embarrassantes. On tombe parfois de haut! (voir l'émission tournée à Lyon en 1992, par FR3 que nous reproduisons en partie sur teleprovidence)
Que l'astrologie puisse pallier un certain manque de confiance en soi chez l'astrologue nous amène à déclarer qu'il est finalement plus intéressant d'étudier l'ensemble des astrologues que celui de leurs clients qui; au bout du compte, seraient moindre, en besoin d'astrologie que leurs "conseils" es qualités.
Par surprévoyance, nous entendons que par rapport à la moyenne des gens, les astrologues- ceux qui actuellement se présentent comme tels, faut-il le préciser - ont voulu se doter des moyens d'assurer leur relationnel, de ne pas être pris au dépourvu.
Mais, pour reprendre le propos d'une de nos interlocutrices - non pas une cliente mais une astrologue - l'astrologie serait une panacée universelle permettant de pouvoir traiter de tout ce qui se présente. C'est magique!
Grâce à l'outil astrologique, l'astrologue acquiert une compétence polyvalente. Du moment que vous lui fournissez une date, il en tire, dans la foulée, une information sur ce qui correspond à la dite date : qu'il s'agisse d'une personne, d'un événement. Dans tous les cas de figure, cet astrologue aura quelque chose de pertinent à dire.
L'astrologue aura deux options:
-soit il s'appropriera sans se référer à l'astrologie l'information - après avoir obtenu les données de naissance par quelque biais, c'est le cas de certains thérapeutes, de certains conseillers en toutes sortes de domaines qui se gardent bien de prononcer le mot Astrologie,
- soit il se revendiquera haut et fort comme astrologue et quand il dira quelque chose, ce sera au nom de l'astrologie. Ce qui conduira certains à dire '"l'astrologie marche à 100%" ou "l'astrologie ne marche pas à 100%", signifiant par là; en réalité que leurs propos sont toujours ou pas toujours confirmés à un degré ou à un autre. Ainsi, leurs déconvenues seraient à mettre sur e compte de l'astrologie. On perçoit là une certaine tendance à l'irresponsabilité : "c'est pas moi qui me suis trompé, c'est l'astro!"
Il serait plus honnête de dire que "ma pratique de l'astrologie, telle que je l'aménage, marche ou ne marche pas....".à moins que cela aille de soi que c'est de cela qu'il s'agit mais cela irait mieux en le disant! On observe d'ailleurs, chez ceux qui tiennent de tels propos excessifs des rapports dents de scie avec une astrologie idéalisée dont ils attendent trop: ils alternent les périodes d'exaltation et de dépression, de fascination et de rejet, passant du ton du fanatique à celui du sceptique et chaque fois pour de mauvaises raisons dues à une définition mal dosée de ce que peut apporter l'astrologie. Le A majuscule et le singulier du mot Astrologie indiquant et trahissant cette dimension fantasmatique qu'ils assignent à l'outil astrologique, trait que ces astrologues partagent avec les anti-astrologues..
Il se trouve que nous fréquentons, de temps à autre, des cercles de poètes. Et il s'agit là d'une population aux mœurs assez étranges où l'on n'ouvre la bouche que pour lire ou réciter un texte déjà rédigé. Aucune improvisation mais quelque chose qui a déjà eu le temps de "sécher" et qui aura subi un certain filtrage. La sécheresse se manifeste par la répétition inlassable des mêmes propos, comme sur un disque. On est entre gens de bonne compagnie, l'on ne va quand même pas dire ce qui nous passe dans la tête, ici et maintenant....
On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine similitude entre ces deux "communautés" (villages, diraient les ethnologues) où l'on trouve des "membres" dotés de tout un appareillage dont on peut dire qu'ils relèvent d'une surprévoyance. On y assure ses arrières. La seule "panne" serait celle de la mémoire mais pas de l'inspiration. On arrive dans ces réunions de poésie avec des textes tout prêts et donc on ne tient pas compte de ce que disent les autres. Chacun est dans sa sphère. A nos yeux, il s'agit là d'un simulacre de sociabilité qui consolide les cloisonnements même si tout le monde y pratique le même art. Quant aux consultations astrologiques, elles s'articulent souvent sur des "lecture" de thèmes. Certes, tout le monde ne sait pas lire un thème mais au bout du compte quand on a appris, dans une école d'astrologie, à "lire" des éphémérides, des cartes du ciel, on est un peu dans la situation de quelqu'un lisant un poème en y mettant le ton. Tel est finalement le but de ces cours d'astrologie que d'apprendre à lire. Les enfants aussi accordent la plus grande importance à la lecture car une fois qu'ils ont appris à lire, ils éprouvent un sentiment de puissance, ils ont en effet accès à toute la connaissance du monde qu'ils peuvent s'approprier en la "lisant", de préférence à voix haute, ce qui parfait l'illusion d'appropriation. Quelque part, apprendre l'astrologie est une expérience vécue aussi fortement que l'apprentissage de la lecture "ordinaire". Et les poètes qui récitent '"par cœur" ou qui lisent "sans faute" un texte, souvent en présence d'un maitre des céans qui les appellent successivement, par leur prénom ou par leur patronyme, "au tableau" nous apparaissent comme de grands enfants attendant avec excitation leur tour..





JHB
05. 10. 09

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