par Jacques HalBronn
On nous dit souvent qu'un modèle astrologique, cela s'expérimente, ce qui signifie, en fait, qu'il faut demander aux astrologues de l'appliquer dans leur pratique....L'astrologie fonctionnerait ainsi en circuit fermé surtout quand le théoricien et le praticien/expérimentateur ne font qu'un.
En réalité, la validation d'un modèle doit passer par une approche théorique interdisciplinaire et non par une approche pratique interdisciplinaire comme on le soutient volontiers.
En d'autres termes, si l'on veut valider un modèle astrologique, selon nous, il importe de faire appel à d'autres travaux dans d'autres domaines, sinon l'astrologie continuera à vivre sur son île, fort mal reliée au continent.
Il nous semble ainsi évident que les neurosciences peuvent valider certain modèle astrologique infiniment mieux que cent astrologues. De même, des historiens patentés- ce que généralement ne sont pas les astrologues - pourront s'intéresser à tel ou tel modèle astrologique pour le valider. On nous répondra que ces "métiers " ne s''intéressent pas, a priori, à l'astrologie mais chacun sait aussi, parmi les chercheurs que qui ne risque rien n'a rien et qu'il est parfois fécond de se lancer dans des directions nouvelles, à toutes fins utiles... Il revient aux astrologues d'intéresser d'autres métiers à leur activité et pour ce faire, il leur faut présenter des modèles aussi accessibles que possible et non pas des choses alambiquées comme c'est trop souvent le cas. A trop vouloir prouver, on ne prouve rien. D'où l'importance d'une esthétique des modèles proposés au lieu des usines à gaz existantes.
Il ne s'agit surtout pas - comme a cru bon de le faire Suzel Fuzeau-Braesch en son temps - de pratiquer une politique du tout ou rien mais bien de formuler des "lois" simples, ce qui ne signifie pas qu'elles doivent concerner tous les humains. Car un des postulats de l'astrologie moderne, c'est que l'astrologie "marche "pour tout le monde. Nous rejetons vigoureusement une telle position. Quand bien même une infime minorité d'humains dépendrait de l'astrologie et quand bien même l'astrologie ne rendrait compte que d'événements spécifiques et relativement rares, ce serait tout à fait satisfaisant. Selon nous, en effet, l'astrologie est marquée par un point de vue causal et ce qui est causal est forcément élitique. D'où la tendance de tant d'astrologues à refuser le causal au profit du synchronique.
Le causal implique une source unique à partir de laquelle il y a diffusion, dérivation, dans le temps et dans l'espace alors que le synchronique s'accommode de la pluralité et de la diversité et se passe fort bien de centralité. Qui dit cause, en effet, dit source, qui dit cause, dit chef, dit point de départ. Et si l'astrologie était la science du commencement des activités humaines, de celles qui naissent dans de petits cénacles voire dans la tête de quelques "élus"....Un tel positionnement ne poserait pas de problème épistémologique particulier. Pour faire image, quand bien même n'y aurait-il que 20 personnes au monde réagissant à telle configuration astrale, cela prouverait l'astrologie si toutes les données neurologiques venaient le confirmer en termes d'activité cérébrale, surtout si ces 20 personnages se caractérisaient par ailleurs par une certaine activité sociale, intellectuelle remarquable et quantifiable.. Rappelons que les résultats Gauquelin ne valent point pour tout le monde et que faire un thème pour quelqu'un qui n'est pas réceptif aux configurations astrales ne fait pas sens et que ce n'est pas en faisant "son" thème qu'on le saura comme le croient encore ceux qui recherchent quelque "dominante". Il semblerait que l'expression même de supériorité soit fonction d'un lien avec ces instances supérieures que sont les astres. L'idée que l'astrologie serait le fait de tous, qu'elle impliquerait tous les astres et qu'elle rendrait compte à tout instant de ce qui se passe ou nait sur cette terre est à abandonner, tout comme la conviction que tout ce que la tradition astrologique a pu élaborer et stocker serait sacro-saint et à considérer comme un tout indivisible..
Quant à l'interdisciplinarité au niveau de la pratique, par exemple chez les médecins recourant à l'astrologie (voir émission de télévision reprise sur teléprovidence, dans le domaine de la santé, animée par Robert Namias), il ne nous semble pas que l'on puisse y rechercher une quelconque vérification de l'astrologie qui permettrait de passer par dessus les enjeux théoriques en amont, qui sous-tendent telle ou telle pratique.
Nul doute qu'en apparence, des praticiens de divers bords puissent mieux s'entendre que des théoriciens de divers bords mais l'entente des uns n'aura certainement pas le même impact que celle des autres, les praticiens n'ayant pas les mêmes critères d'appréciation que les théoriciens, les uns étant plus dans l'être avec ce que cela a de systémique et les autres dans l'avoir avec ce que cela a de pragmatique, Il ne nous semble donc pas que ce soit au niveau des praticiens, astrologues ou non, que le statut de l'astrologie puisse se désenclaver. Seule une percée théorique pourra faire la différence et pour cela les astrologues doivent parler le langage de la théorie et non celui de la pratique.
Et cela d'autant que le débat entre théoriciens peut conduire à reformuler les modèles des uns et des autres, alors que le débat entre praticiens tend à ajouter une technique à une autre, en la figeant peu ou prou, du fait même que les praticiens ne sont pas nécessairement dotés du bagage intellectuel leur permettant d'intégrer certaines données apportées au débat et tendent à figer leur propre savoir. Il est clair, en effet, qu'un débat entre véritables chercheurs ne saurait réduire un savoir à ce qu'il est devenu mais à ce qu'il pourrait devenir dans le cadre d'une nouvelle synergie. On peut ainsi regretter (voir une émission de télévision tournée à Lyon en 2000 et animée par Michel Field) que certains critiques de l'astrologie s'attaquent à ce qui est contingent et aléatoire dans la tradition astrologique et n'abordent pas le problème plus en profondeur. Il est vrai que les astrologues eux-mêmes sont rarement à même de distinguer entre ce qui est primordial et secondaire dans leur domaine..
JHB
12. 10. 09
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