samedi 28 novembre 2009

Le difficile renoncement aux acquis pédagogiques en astrologie

par Jacques HalBronn

Pour ceux qui ont mis du temps à apprendre à dresser un thème et à l'interpréter, il est bien difficile d'admettre que cette méthode de travail est caduque.
C'est comme si l'on devait renoncer à une langue "étrangère" que l'on a fait effort pour apprendre.
A cela vient s'ajouter le "fait" que l'on a "vérifié" la validité de ce que l'on a ainsi appris. Encore moins de raison d'y renoncer "puisque cela marche". Combien de fois n'avons-nous du entendre un tel refrain, repris quasiment mot pour mot d'un interlocuteur à l'autre?
Mais est-il bien raisonnable d'adopter une posture aussi conservatrice dans un domaine qui se veut peu ou prou scientifique?
Certes, il n'y a aucun problème, pour ces personnes, à ajouter de nouveaux facteurs. Le problème, c'est d'en soustraire.
Ce qui est sacré, ce sont les bases et toute la gymnastique à laquelle on s'est longuement exercé consistant à combiner planètes, maitrises, maisons, signes, aspects, transits, révolutions, Eléments et j'en passe, le tout mis dans une sorte de creuset, de shaker, dont il doit émaner un discours, travail de traduction réalisé par l'astrologue à l'attention de son client, cocktail qu'il ne lui reste plus qu'à ingurgiter.
Chaque barman a ses secrets, ses ingrédients dont il doit savoir se servir avec art et qu'il place à peu près systématiquement dans toutes ses compositions parce que '"ça plait", ce qui est peut être plus vrai, finalement, que le 'ça marche". Car en astrologie, n'est-on pas -aussi et peut être surtout - dans la sphère de la séduction?
On peut en vérité se demander si l'astrologie ne souffre pas d'un problème de recrutement. On a l'impression que le milieu astrologique se renouvelle finalement assez peu depuis une vingtaine d'années, qu'il n'y a pas de sang neuf, c'est à dire de personnes ayant eu l'occasion d'apprendre l'astrologie autrement...
Car après tout, on pourrait admettre qu'il y ait la "vieille" école et de nouveaux courants. Mais tout semble indiquer que cette "vieille" école occupe le haut du pavé et ne laisse guère de place pour l'émergence de nouvelles astrologies qui ne se serviraient pas des mêmes outils.
Milieu décidément paradoxal que celui des astrologues qui assume si mal l'idée de cyclicité tout en mettant celle-ci en avant, tout comme celle de rationalité alors que par certains côtés (voir notre entretien avec Mireille Petit, sur téléprovidence) elle la revendique fortement au point de déclarer qu'il n'y a pas de hasard!
Une telle habitude de travail peut conduire à une forme de surdité. Telle personne à qui nous envoyons depuis longtemps des textes sur les étoiles fixes en astrologie mondiale nous demande où celles-ci se trouvent dans son thème, n'ayant pas encore compris que leur position ne varie qu'en maison mais pas dans le zodiaque, du moins entre personnes vivant dans le même siècle.....
Il est impératif que périodiquement l'on distingue le bon grain de l'ivraie, l'essentiel du superflu, du contingent. Par exemple, en France, on élit un président, on constitue un ministère qui n'est pas censé durer éternellement, le choix des ministres est contingent par rapport à la nécessité de former un ministère, à une certaine date en tenant compte des résultats des dernières élections. Le rôle de l'historien de l'astrologie est de signaler le passage de l'essentiel au secondaire au sein du savoir astrologique, ce qui permet ainsi de libérer un certain espace de liberté pour opérer de nouveaux choix qui seront tout aussi ponctuels. Il semble que les astrologues ne soient plus aptes à se renouveler du fait qu'ils ne soient en mesurer d'opérer de tels distinguos. Ce qui a été admis à un moment donné n'a pas à le demeurer pour toujours. On nous objectera que si telle chose a été vérifiée et validée, il n'y a aucune raison de changer.... Nous répondrons, en gardant la comparaison avec la politique, que les temps changent et que ce qui pouvait convenir dans un contexte donné ne fait plus l'affaire dans un autre contexte. Par autre contexte, il importe de prendre en compte toutes sortes de paramètres, il ne suffit pas que tel ministre ait donné satisfaction, si la majorité a changé, si les objectifs, les priorités ne sont plus les mêmes. Il en est de même en astrologie : l'on peut avoir une autre vision des outils dont l'astrologie doit se doter, des applications à en attendre. Ce qu'on attend de l'astrologue, ce que déontologiquement on accepte ou non est susceptible de changer. Croire que chaque astrologue peut agir seul dans son coin, sans tenir compte de l'évolution des idées au sein du milieu astrologique est un leurre et ne peut que le marginaliser voire, à terme, l'exclure. C'est ainsi que certaines recherches en histoire de l'astrologie peuvent conduire à des prises de conscience qui ne rendent plus envisageables certaines pratiques. C'est le cas, notamment, du problème des positions planétaires dans le zodiaque : de plus en plus d'astrologues ne positionnent, par exemple, les transsaturniennes qu'en maisons car en maisons elles peuvent se trouver dans 12 secteurs différents contre un seul dans le zodiaque.....(voir l'exposé de Jean-Marie Lepeltier, lors du colloque de Rennes de 2009, sur teleprovidence). En quoi, demandera-t-on, de telles considérations devraient-elles absolument mettre fin à certaines pratiques? Nous répondrons d'une part que l'on peut montrer que les résultats obtenus auraient pu l'être par d'autres voies....C'est le point faible de toute pratique, c'est que quand ça marche, cela aurait pu aussi marché autrement, avec des outils plus viables sur le plan théorique, sur le plan scientifique. Et dans ce cas là, entre des résultats obtenus avec une astrologie qui ne tient pas la route sur le plan logique et une autre qui tient la route, à résultats égaux, on préférera la première car les résultats affichés par la première se révéleront illusoires car les mêmes résultats auraient pu être obtenus avec des outils plus valables sur le plan des fondements scientifiques (que ce soit au regard des sciences dures ou des sciences molles). Quand Suzel Fuzeau Braesch se déclare émerveillée des adéquations entre les textes sortis de l'ordinateur et ce qu'elle connait des personnes concernées (voir émission télévisée à Lyon, en 2000), elle ne se demande pas si d'autres textes mieux fondés scientifiquement n'auraient pu donner des résultats comparables....A cela, d'aucuns objecteront probablement que du moment que les résultats sont là, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse? Nous pensons, tout au contraire, que le flacon est très important!
Si l'on parle d'un point de vue alimentaire, il y a 36 manières de calmer la faim de quelqu'un mais chacun sait que certains produits sont meilleurs que d'autres, que certains peuvent empoisonner l'organisme, peuvent le détraquer, quand bien même sur le moment auraient-ils pu paraitre donner satisfaction.... Il est aussi des produits dont la culture fait problème. Il en est de même en astrologie, il n'est pas sain pour l'Humanité de véhiculer un savoir irrationnel et incohérent, par delà la satisfaction individuelle. Cela aussi constitue un changement de contexte, de prise de conscience dont le praticien de l'astrologie ne saurait s'abstraire..



JHB
11. 10. 09

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