samedi 28 novembre 2009

Le grand malentendu du débat médiatique autour de l'astrologie

par Jacques HalBronn

A réécouter d' anciennes vidéos d'émissions télévisées (1992 et 2000, à voir des extraits sur teleprovidence), et notamment les propos de la regrettée Joelle de Gravelaine voire de Suzel Fuzeau-Braesch, nous avons pris conscience de l'existence persistante d'un malentendu tant de la part des astrologues que de leurs adversaires, comme si l'on avait déplacé le débat dans une direction quelque peu stérile, ce qui ressort d'ailleurs du dernier Que Sais-je sur L'Astrologie de Philippe Zarka, paru en 2005.
.Tout se passe, en effet, comme si l'enjeu était pour les astrologues de faire connaitre ce qu'est cette astrologie qu'ils pratiquent, ,non pas tant au niveau de ses fondements mais de ses régles, de ses techniques, de ses objectifs.
Autrement dit, par définition, les astrologues savent de quoi il retourne dès lors que le débat consisterait à décrire en quoi consiste cette astrologie qu'ils revendiquent.
Automatiquement, les astrologues ont les réponses puisqu'il s'agirait finalement d'un enseignement. Ils peuvent donc répondre que tel propos sur l'astrologie est faux, tout simplement parce qu'il ne correspond pas à ce que les astrologues disent et pensent de l'astrologie. Comme si telle était véritablement la question
En fait, on a nettement l'impression que les astrologues qui ont pris la parole dans les débats autour de l'astrologie, notamment ceux organisés pour les fins d'année, sont avant tout des enseignants. Que l'on songe à des professeurs de physique de lycée qui seraient persuadés qu'apprendre la physique, c’est prendre connaissance de ce qui est écrit dans les manuels de physique tels qu'étudiés dans les classes! Pour ces enseignants, la question n'est pas de savoir ce qu'est en soi la Physique mais en quoi consiste son enseignement tel que pratiqué par les professeurs.
Alors, nous voyons des astrologues ironiser sur les contre-sens qui seraient commis par tel ou tel "sceptique" sur ce qui est enseigné par les dits astrologues. On connait l'argument sans réplique : mais vous n'avez pas une assez bonne connaissance de l'astrologie pour en traiter! Comme si toute la question tenait au fait d'apprendre l'astrologie. Ce mot "apprendre" devient un leit motiv! L'astrologie existe, il n'est que d'en prendre connaissance. Depuis la fin des années 80, le milieu astrologique est tombé sous le contrôle des enseignants en astrologie et de leurs troupes d'élèves qui constituent la masse du public de certains congrès.
On aura compris qu'une telle façon de procéder révèle une certaine candeur. Certes, les astrologues savent ce qu'est l'astrologie, si par là on entend comment elle est enseignée et pratiquée. Mais ici l'arbre cache la forêt car, en vérité, les dits astrologues ne savent pas grand chose de ce qu'est l'astrologie en tant que réalité intrinsèque; par delà sa dimension sociale actuelle . A moins que pour ces gens là, les deux plans ne fassent qu'un!
Quelle naïveté, en effet, que de croire que tous les problèmes relatifs au statut de l'astrologie viendraient du fait que l'on "mentirait" sur ce qu'est l'astrologie, sur ce font les astrologues lesquels ont beau jeu de déclarer qu'on ne les comprend pas, que l'on se fait de fausses idées sur ce qu'ils en pensent et surtout sur ce qu'ils en enseignent. Ces astrologues semblent sincèrement croire qu'ils savent ce qu'est l'astrologie et ils sont tout prêts à l'enseigner à qui le demandera et d'en faire les applications à tous ceux qui le voudront. Bien entendu, quand les sceptiques auront pris connaissance du corpus traditionnel et ordinaire de l'astrologie et qu'ils l'auront étudié comme il se doit, ils ne diront plus de bêtises à son sujet.
Le mot "vérité' est d'ailleurs fort peu approprié en ce qui concerne la question astrologique. Michel Gauquelin l'a selon nous malencontreusement utilisé pour baptiser l'un de ses livres. Quand on dit "vous n'avez pas dit la vérité", cela suppose que quelqu'un la connaisse. En science, il n'y a pas quelqu'un qui a les réponses définitives et ultimes. On n'imaginerait pas un scientifique dire "dites moi (toute) la vérité! On trouve aussi le mot "vérité" dans des débats (sur Internet, actuellement): "l'astrologie, vérité ou charlatanisme?" Certes, s'il ne s'agissait que de révéler des faits avérés que l'on nous cache, par exemple si l'on ignore les travaux de tel ou tel, l'on pourrait soutenir qu'on n'a pas dit la vérité puisque l'on a dissimulé ou ignoré des données. C'est peut-être ce que sous entendait subconsciemment Gauquelin quand il a opté pour cette formule, souffrant peut être que l'on ait déformé ou dévoyé ses résultats.
Il reste que ce mot "vérité" est des plus ambigus et induit en erreur. La défense de l'astrologie ne saurait, en aucune façon, se réduire à expliquer ce que pensent et ce que font les astrologues tout comme d'ailleurs le but de l'astrologue n'est pas de dire la "vérité" à son client, en lui demandant à la fin "est ce que je vous ai dit est vrai?" Prendre à témoin et à preuve le dit client relève là encore d'une certaine ingénuité.... C'est dire que tant que la cause de l'astrologie sera défendue par des profs d'astro et par des astrologues de cabinet, on en restera à cette idée de "vérité" détenue soit par les dits profs, soit par les clients de l'astrologue, les uns et les autres étant en position de confirmer ou d'infirmer si ce qui est dit est "vrai".
Il est donc grand temps que l'on change de registre et que l'on quitte ce terrain du "vrai" pour celui du "réel" car paradoxalement, si je dis qu'Un Tel a dit cela et que c'est vrai, cela ne prouvera en rien que ce qui a été dit est juste s'il n'y a pas quelqu'un qui sait pour le valider! Il est grand temps que l'astrologie soit défendue par des chercheurs parlant à d'autres chercheurs et non par de "savants astrologues" pérorant à propos de leur savoir et vérifiant que l'on ne s'est pas trompé à son sujet, ce qu'ils se feront une joie de corriger.
Mais le plus étrange, c'est qu'il n'est pas rare que les anti-astrologues tombent dans le piège que leur tendent les dits astrologues imbus de leur savoir et tout disposés à le partager. Souvent ces anti-astrologues cherchent à montrer qu'ils ont bien appris leur leçon, comme c'est le cas de Philippe Zarka qui consacre près de la moitié du Que Sais-je à exposer les bases de l'astrologie. Or, quand bien même l'on montrerait que le savoir astrologique en vigueur serait aberrant, qu'est ce que cela prouverait contre la réalité de l'Astrologie? A force de rencontrer des astrologues qui ne veulent connaitre de l'astrologie que ce qu'ils en ont appris, les anti-astrologues tendent à procéder symétriquement. Et l'on finit par débattre de ce qui est écrit dans les traités d'astrologie comme si tel était le fin mot de l'affaire!
En fait, il nous semble que l'on passe ainsi totalement à côté du débat qui s'impose et qui est celui non pas des bases mais des principes de l'astrologie, de ses fondements et non de ses régles du jeu voire des recettes telles qu'on les enseigne dans les écoles d'astrologie.
D'ailleurs, il est toutes sortes de questions auxquels les astrologues seraient bien en peine de répondre si tant est que les anti-astrologues sachent distinguer entre ce qui est central et ce qui est marginal et contingent en astrologie. En mettant tout dans le même sac, ces adversaires s'égarent comme par exemple de discuter du Zodiaque comme s'il s'agissait d'une réalité astronomique, comme si la précession des équinoxes si elle était respectée par tous les astrologues changerait quoi que ce soit ( ce que pensait naïvement le sidéraliste Raoul Mélo, voir son interview sur teleprovidence) au statut scientifique de l'astrologie. Et tout est à l'avenant quand on suit les arguments développés par les anti-astrologues de service à la télévision. (Gérard Miller, Daniel Kunth, Philippe Zarka etc). C'est là confondre science et métascience, astronomie et métaastronomie. Aucun anti-astrologue ne s'est demandé s'il ne serait pas plus cohérent de considérer les aspects entre planètes et étoiles plutôt que de tenir compte du changement de signe qu'opére telle planéte. Cette fois, ce sont les astronomes qui se présentent comme titulaires d'un savoir qui serait ignoré des astrologues et les astrologues ont beau jeu de répondre qu'ils sont parfaitement au courant de la précession des équinoxes mais qu'ils se servent, quant à eux, d'un zodiaque tropique comme si un tel zodiaque saisonnier projeté sur l'écliptique avait un quelconque fondement scientifique. au regard d'autres astres que le soleil. Voilà donc nos astrologues tout guillerets, signalant à leurs adversaires qu'ils se "trompent" puisque ce n'est pas ce que dit l'Astrologie! Ce mot singulier "Astrologie" dit bien ce qu'il veut dire, il renvoie à un "canon" dont toute personne qui prétend débattre de l'astrologie doit connaitre. Est-ce que c'est "marqué" dans les livres d'astro ou non? Comme s'il fallait s'en tenir là. Les historiens de l'astrologie sont tout contents alors de pouvoir servir d'arbitres. Mais, au bout du compte; l'astrologie ne dépend ni de ses historiens, ni de ses enseignants, ni de ses praticiens ordinaires....
Dépend-elle d'ailleurs de ce que le public imagine et attend de l'astrologie? A entendre certains astrologues, c'est finalement cette demande d'astrologie qui fait foi. Ils ne font que souscrire à la "vérité" de cette demande.
En conclusion, nous dirons qu'il importe de recentrer le débat et de mettre de côté la clique de ceux qui croient qu'ils savent ce qu'est l'Astrologie et qu'il suffit d'ouvrir un livre d'astrologie pour s'en informer! Ce serait un peu trop simple!
Ce qui caractérise la vérité, c'est qu'elle existe quelque part, qu'il faut tout au plus la dévoiler. On est comme dans un roman policier: il y a au moins une personne qui connait la vérité, c'est le criminel. Mais il faudra parfois la lui arracher, la lui faire "cracher", avouer, par tous les moyens, On se doute que telle n'est pas la démarche du scientifique qui n'a pas la candeur de croire que tel maitre est détenteur la vérité. Mais celui qui se met en situation de servitude est conduit à se référer à la "voix de son maître" : qu'a vraiment dit le maître? Ce mot vérité est tellement fort que les anglais l'utilisent pour marquer l'intensité : very. Very good, vraiment bon. Même le mot "découvrir" est ambigu et somme toute peu approprié en science car il indique que l'on été voir ce qui était "couvert".... Dans le domaine scientifique, on n'est jamais parvenu au bout de ses peines et c'est le domaine étudié qui s'ouvre au chercheur, non on ne sait quel médiateur qui aurait les réponses. D'ailleurs, le client de l'astrologue ou du voyant suppose bel et bien que son interlocuteur a la vérité et qu'il n'y a qu'à la lui demander si ce n'est que par une sorte de renversement étrange, le dit client se pense aussi détenteur d'une vérité, de sa vérité. La consultation serait ainsi la confrontation entre deux vérités en vue de n'en plus faire qu'une qui soit intermédiaire entre les deux, une vérité moyenne, en quelque sorte.
Quand, dans une des émissions que nous avons visionnées, tel astrologue lyonnais se hasarde à déclarer que les hommes sont consubstantiels à l'univers, il est aisé de lui répondre que tout cela est bien beau mais que cela n'explique comment un tel "savoir" s'est constitué, comment des choix ont été opérés. Mais les astronomes sont bien mal placés pour aborder ces questions car pour eux l'univers ne fait pas de choix, il est ce qu'il est, tout entier. Et il est un fait que beaucoup d'astrologues sont très mal à l'"aise par rapport à la question des choix et en cela ils sont proches des astronomes. Ces astrologues n'ont pas vraie formation en linguistique, en anthropologie. D'ailleurs, c'est souvent en raison d'une difficulté à assumer la subjectivité et la créativité de l'Humanité que bien des astrologues ont choisi la voie de l'astrologie. En cela, ils ressemblent plus qu'on ne pourrait le croire aux astronomes et c'est pourquoi les astronomes ne posent pas les bonnes questions aux astrologues et que les astrologues se défaussent en parlant d'une tradition astrologique, sortie d'on ne sait trop où. En commun, les deux camps cultivent un certain antihumanisme assez viscéral..
A priori, la question des choix relèverait du féminin plutôt que du masculin. C''est déjà le cas avec l'ovulation. Les femmes, selon nos travaux, sont des êtres qui font des choix, ce qui les place dans une logique d'acquisition, d'appropriation. Il est d'autant plus étonnant, dès lors, que le public astrologique, majoritairement féminin, ait un blocage par rapport aux choix qui auraient présidé à la mise en place du systéme astrologique. Mais quand on y réfléchit bien, un tel blocage ne saurait tellement surprendre dans la mesure où les femmes ne sont pas forcément à l'aise avec cette idée de choix (qui s'opére souvent de façon subconsciente, comme dans le cas de l'ovulation si dans le subconscient on inclut les automatismes corporels). Toujours est-il que chaque nouveau cycle est l'occasion de nouveaux choix, tout aussi ponctuels et donc a vocation à rendre caducs les précédents choix. Et c'est alors justement que l'on rencontre quelque résistance comme si les choix opérés étaient définitifs et d'ailleurs ne s'avouaient pas comme choix. Dire qu'un choix n'est pas un choix permet de maintenir le dit choix en lui conférant une sorte d'objectivité irréversible. Mais l'on peut aussi tenir le raisonnement selon lequel l'idée que le choix de la planète unique (Saturne) ne saurait être ni reconsidéré ni complété par d'autres planétes, peut se révéler frustrant au niveau du psychisme féminin. On observe que les femmes astrologues ont du mal à résister à la tentation de récupérer de nouveaux astres, de "faire leur marché" cosmique.



JHB
15. 10. 09

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