samedi 28 novembre 2009

De la surqualification du langage astrologique

par Jacques HalBronn

L'introduction de l'euro en a déboussolé plus d'un comme l'avait fait, il y a 50 ans, celle du nouveau franc, sous de Gaulle. Il en est ainsi de tout changement terminologique. C'est ainsi que celui qui s'initie à la scientologie est conduit à adopter un nouveau "jargon". Tout changement de référentiel comporte le risque d'un décalage et cela vaut, certainement, pour l'astrologie.
En effet, les personnes qui apprennent l'astrologie, dans des livres, sur Internet, dans les médias ou avec un professeur, dans une classe, entrent dans un monde qui introduit des distinctions auxquelles elles ne sont nullement accoutumées.
Et cela commence déjà avec la description des 12 types zodiacaux. Mais certains astrologues comme Jean-Pierre Nicola ont élaboré, dans les années soixante, des définitions sophistiquées des types planétaires, ( RET) qui exigent une certaine gymnastique intellectuelle.
Or, un tel apprentissage conduit à un certain décalage entre l'élève en astrologie et le monde "extérieur", qui peut conduire à une incompréhension réciproque du fait d'une surqualification, d'un surdimensionnement..
En fait, la question est de savoir si la Science n'a pas vocation à simplifier et donc à rapprocher ou au contraire à multiplier les distinctions.
Au niveau de ce qu'on appelle la falsifiabilité, le rapprochement entre données perçues au premier abord comme distinctes fait Science. A contrario, si l'on coupe les cheveux en quatre, on amené la personne sur un terrain mouvant, où elle sera vulnérable et mal assurée, où elle ne saura sur quel pied danser.
Prenons donc le cas de cet astrologue novice -ou pas- qui entend se servir de son bagage zodiacal dans son relationnel professionnel ou amateur. Le voilà recourant à des distinctions qui lui sont familières mais qui ne le sont pas pour son interlocuteur....
Si l'on dit à quelqu'un: vous êtes plus ceci que cela, plutôt A que B, le plus souvent il n'en sait fichtre rien. Prenons un exemple plus concret. Imaginons que telle personne ait une connaissance extraordinaire de la couleur bleue, qu'elle en distingue toutes sortes de teintes....A présent, quand elle s'adresse à des gens, elle leur dit que tel objet est plus de la nuance X que de la nuance Y. Imaginons encore qu'elle les prenne à témoin en leur demandant de décider ce qu'il en est vraiment dans toute une série de cas. Si la personne ainsi prise à témoin n'est pas habituée à ce codage, elle sera incapable de trancher. car pour elle, profane qu'elle est, X, Y ou Z, c'est du pareil au même!
Or, pour nous, c'est exactement ce qui se passe lors du dialogue entre l'astrologue et son "consultant". L'astrologue est surqualifié et dès lors décalé; ce qui lui donnera certes un avantage tactique par rapport à son client qui sera "dépassé par les événements". Mais pour ne pas perdre la face, ne pas être ridicule, le client fera souvent semblant d'avoir compris pour éviter qu'on lui dise "mais comment donc vous ne distinguez pas entre ceci et cela!".
On en arrive au paradoxe suivant, c'est que ce langage ne fonctionne qu'entre initiés et qu'il tend à disqualifier l'astrologue pour communiquer avec le monde extérieur et notamment avec ses clients. Mais; en même temps, dès lors que le propos est suffisamment bien tourné, il garde une certaine abstraction qui permettra au client de se projeter. Mais l'on n'est plus là dans le domaine de la validation objective de l'astrologie mais de son intégration subjective
Mais, inversement, l'astrologue peut tomber sur des gens dont le psychisme est tellement compliqué et évolue si vite que là où l'astrologue croit que pour une période donnée, il y a une dominante, en réalité, cette période est, aux yeux du client, perçue comme devant être subdivisée. Tant et si bien que quoi qu'annonce l'astrologue, pour une telle période, on y trouvera tout et son contraire: il ne peut donc se tromper!
On aura compris qu'une des causes de la confirmation de tant de travaux en astrologie serait en fait fondée sur une inadéquation. Le problème, c'est que l'inadéquation n'est pas chose immédiatement perceptible, elle se manifeste au contraire par des recoupements illusoires.

JHB
06.10. 09

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