par Jacques HalBronn
Chacun a entendu dire d'un ami astrologue qu'il a "vérifié" que Chiron ou Pluton jouaient tel ou tel rôle "dans le thème". On peut cependant sérieusement se demander comment le dit astrologue a pu en arriver à une telle conclusion, quand on connait la diversité des données qui se combinent habituellement dans un thème de naissance.....
Si l'on demande davantage de précision sur le protocole expérimental suivi, l'on doit s'attendre à ce que l'on nous explique que l'on a placé le facteur en question dans le thème et que cela constitue un "plus" et comment n'en serait-il pas ainsi, d'ailleurs?
Dans le cas des transits, cela fait plus de transits, donc cela permet de trouver des dates qui manquaient. Mais nous répondrons que face à un système lacunaire, tout nouvel apport ne peut qu'être le bienvenu! Et toute recherche qui ignore ses limites ne peut que se ressentir lacunaire....
Il nous semble assez évident que le thème natal est un creuset, il en est de même pour la tradition astrologique en tant que corpus intégrant un grand nombre de données aux origines les plus diverses et s'étant agglutinées au cours des siècles et continuant à le faire. L'individu est, d'ailleurs, lui-même un creuset.
Mais il faut quand même savoir que quand on met quelque chose dans un creuset -le fameux melting pot des Américains pour désigner l'intégration de émigrés - il sera par la suite bien improbable de pouvoir isoler les différents facteurs ainsi entremêlés et en quelque sorte fondus. Le creuset est en fait une sorte de trou noir qui aspire tout ce qui passe à proximité suffisante.
Il importe de réfléchir sur l'emploi du mot "intégration" qui est assez proche de celui de "reconnaissance" souvent revendiqué par le milieu astrologique. Mais intégration, reconnaissance, à quel prix et dans quel cadre?
Il y a certes quelque vraisemblance de la part des astrologues professionnels à rêver d'une pratique qui soit admise et appréciée tout autant que celle de toutes sortes de "consultations", en toutes sortes de "cabinets", puisque ces mots sont aussi revendiqués par les dits astrologues. On irait chez l'astrologue comme on irait chez le "psy"....ce serait une démarche tout aussi banale et vice versa, on irait chez le psy ....comme on irait chez l'astrologue.
Ah qu'il serait doux, pourvu d'adopter la "bonne" déontologie, de voir figurer l'astrologie dans le "bouquet" des services psy comme on parle de programmes de télévision! S'il suffisait d'adopter la bonne "charte"!
L'autre option, plus courante, est évidemment de placer l'astrologie dans un bouquet 'divinatoire" incluant numérologie, tarologie, et pourquoi pas voyance ou angéologie! C'est ce que l'on observe sur Internet et finalement bien des astrologues ne font pas trop la fine bouche et ne refusent pas une telle "promiscuité". Il faut bien se positionner quelque part et on ne peut tout le temps faire cavalier seule. Les graphologues ont d'ailleurs le même problème mais semblent mieux admis sur le créneau "psy" que les astrologues. Mais il y a bel et bien des astro-graphologues (cf. notre entretien avec Sylvie Chermet-Carroy, sur teleprovidence).
Ce qui nous chagrine, en vérité, chez ces praticiens de l'astrologie, ce n'est pas tant ce qu'ils font que ce qu'ils prétendent faire (accountability, ce que l'on "raconte" sur ce que l'on fait, voir notre article sur astrologie et ethnométhodologie, dans cette même livraison du journal de bord).
Nous avons déjà dénoncé le fait que les enseignants en astrologie ont largement détourné le débat médiatique autour de la seule question qui leur importe, à savoir former des éléves qui ont bien appris leur leçon et en face il y aurait de mauvais élèves qui ne l'auraient pas apprise et qui mériteraient un mauvais point.
Les praticiens de l'astrologie ou faudrait-il dire l'astrologue quand il met sa casquette de praticien, si rares étant les astrologues n'ayant pas tâté à la pratique ordinaire de l'astrlogie autour du sacro-saint thème natal- ont, en effet, des revendications exorbitantes, à savoir que c'est par l'exercice de cette "profession" qu'ils prouveraient l'astrologie et la valideraient en chacun de ses points, en l'expérimentant.
Quand on en entend un, cela passe, quand on entend cent usant du même argument à partir d'astrologies sensiblement différentes, cela passe moins bien et c'est pourquoi, entre astrologues, l'on affiche souvent une unanimité de façade ou l'on essaie de relativiser les différences, en dépit d'évidentes divergences. (voir notre entretien avec Elisabeth et Nathalie d'Astrolys sur teleprovidence)
.Encore une fois, nous ne reprochons pas aux astrologues de faire ce qu'ils font, comme ils le font mais ce qui ne va pas c'est ce qu'ils disent de ce qu'est et doit être l'astrologie, non pas tant à leurs clients - ce qui est somme toute assez secondaire - mais quand il s'agit de réformer l'astrologie et d'en discuter avec leurs "pairs", ce que nous appelons la communication horizontale en l'opposant à la communication "verticale" qui s'adresse à des profanes en demande d'aide.
Comme on dit, les astrologues praticiens n'ont que le mot "expérimenter" à la bouche et par là semblent entendre qu'ils ont le droit de décider de ce qui "va" ou de ce qui "ne va pas" en astrologie. Il est vrai que certains théoriciens de l'astrologie ont commis l'erreur de déclarer que leur système était le bon puisqu'il marchait. On ouvrait ainsi la boîte à Pandore!
Or, un système n'est pas "bon" parce qu'il "marche" à moins de prendre le mot "bon" dans le sens de "bon pour le service", de "bonne à tout faire", ce qui ne veut vraiment pas dire grand chose.
Un système doit être apprécié sur ses fondements, sur sa logique et à partir du moment où un dispositif se révèle logiquement aberrant, il n'est pas question de l'expérimenter. Il devrait être interdit à l'expérimentation. Non pas qu'il ne marcherait pas - car tout marche dans les mains d'un praticien habile et d'un client en demande - mais il ne ferait qu'encombrer l'arène de tous ces savoirs qui ne tiennent pas debout et qui hantent les officines des praticiens de tous acabits et qui placés dans le creuset de la consultation deviennent méconnaissables donc ne pouvant être 'reconnus".
Comment a fortiori isoler, au sein de la dite consultation, tel facteur astrologique parmi d'autres, astrologiques ou non, quand une poule n'y retrouverait pas ses petits? Quid donc de ces astrologues qui dissertent sur le domicile d'Uranus ou de Neptune alors que tout prouve désormais que le dispositif des domiciles exige une symétrie (voir notre propos, recueilli par Mireille Petit, sur teleprovidence)? Ce que nous voudrions, c'est qu'à partir du moment où ce qu'il faudrait appeler une "académie' a décidé d'exclure ou de suspendre tel usage, les praticiens cessent d'y recourir, du moins jusqu'à nouvel ordre tout comme les médecins cessent de prescrire tel médicament retiré du marché et ce sans discuter et sans arguer des résultats obtenus. Nombreux sont les astrologues qui, cyniquement, répliqueront que vu qu'une telle académie n'existe pas ou n'est pas reconnue, chacun continuera à n'en faire qu'à sa tête!
Le vrai rôle des colloques d'astrologie serait de statuer annuellement sur le sort de certaines techniques, de certains dispositifs à laisser ou à retirer du "marché" et de se donner les moyens de contrôler la bonne application des directives. Mais en réalité, les colloques astrologiques ne servent à rien de la sorte et c'est bien là le drame.
Allons plus loin, il importe que les personnes appelées à statuer sur ces questions soient sélectionnées pour leur rigueur intellectuelle et qu'elles l'aient prouvé par des travaux conduits dans diverses disciplines. Le cas de la regrettée Suzel Fuzeau-Braesch reste pour nous une énigme (voir ses prises de position à la télévision, reprises sur teleprovidence). Docteur es sciences, auteur d'un grand nombre de travaux parus dans des revues scientifiques, elle a développé un type d'argumentation qui ne cesse de nous surprendre et qui d'ailleurs est toujours le même, ce qui est encore plus surprenant de par son intangibilité! Le point de vue qui semble être le sien, c'est que la pratique de l'astrologie, même sous sa forme informatisée, est la voie royale de la démonstration du bien fondé de l'astrologie, prise comme un tout indivisible et par astrologie, elle entend tout ce qui porte le nom d'astrologie et par astrologue toute personne qui s'affuble d'un tel titre! Sans droit d'inventaire! En fait, l'explication pour un tel décalage entre le travail scientifique de SFB et son apport à l'astrologie tient, selon nous, à un problème d'encadrement. Dans le premier cas, SFB profitait de la dynamique d'une "Cité scientifique", qui constituait un garde-fou, avec un balisage qui interdisait les fantaisies méthodologiques tandis que dans le second cas, elle était en quelque sorte laissée à elle-même, en raison de la faiblesse de l'encadrement épistémologique. La femme a besoin d'un axe autour duquel tourner (rappelons que le phallus est un axe) On a d'ailleurs eu le même problème avec Françoise Gauquelin -elles se retrouvèrent d'ailleurs au sein du RAMS - quand celle-ci divorça avec son mari, puis après sa disparition en 1991.(voir ses prestations dans les colloques repris sur teleprovidence.com) et plus généralement avec tant de femmes qui, sortis d'un milieu intellectuellement favorable, s'expriment sur des sujets différents (le cas de Joëlle de Gravelaine, directrice de collection chez Robert Laffont et astrologue, spécialiste de Lilith; mériterait aussi quelque considération, voir sa prestation sur FR3 en 1992, reprise sur teleprovidence). Il faut s'attendre chez la gent féminine à des distorsions assez marquantes quand elles se déplacent d'un champ balisé et encadré à un autre qui l'est sensiblement moins mais où, quelque part, elles se sentiront moins bridées voire plus performantes. Qu'on le veuille ou non, l'astrologie - d'où l'affluence féminine dans les réunions astrologiques - apparait comme une revanche féminine sur l'Homme dans un domaine essentiel qu'il aurait négligé. De fait, il semble bien que c'est sur le terrain de l'astrologie que d'importants enjeux quant à l'avenir du statut de la femme se disputeront. Soit l'astrologie sera confirmée à la façon d'une SFB et ce sera alors une victoire féminine, soit elle sera, sous la forme traitée par SFB, définitivement abandonnée et l'on retrouve la fable de La Fontaine, Pierrette et le pot au lait ou celle dont la morale est qu'il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Dans ce second cas de figure, et notamment si l'astrologie se redresse, après avoir rejeté certaines voies douteuses sur le plan méthodologique pronées par les femmes astrologues, alors le dernier refuge de la "science féminine" aura été emporté. C'est quitte ou double!.
JHB
17. 10. 09
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