Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
mardi 25 novembre 2025
jacques halbronn La Solution Finale au prisme de l'Astrologie Septénale
jacques halbronn La Solution Finale au prisme de l'Astrologie Septénale
Pour que l'on parle de trouver une solution, il faut bien qu'un probléme se pose. Astrologiquement, quel peut donc avoir été celui-ci? Selon notre Astrologie Septénale, la période concernée correspond à une phase 45 de Saturne, que nous avons représenté par une exigence égalitaire, à la différence de l'autre phase, conjonctionelle (Zéro), capable de gérer et d'assumer les différences tout en leur conférant du sens et de la fonctionnalité. Le texte ci-dessous décrit mais n'explique pas ce qui a pu conduire à un moment bien précis à une telle entreprise systématique d'extermination.
sur le web
Cette politique de génocide organisée et systématique débutant dans l'Europe sous domination nazie, déjà amorcée à l'Est avec l'Opération Barbarossa par l'action des Einsatzgruppen, qui ont ordre de tuer les juifs, est formulée en termes procéduraux et géopolitiques par les dirigeants nazis en janvier 1942 lors de la conférence de Wannsee, tenue près de Berlin et présidée par Reinhard Heydrich. Elle donne notamment lieu à la mise en place d'une infrastructure déployée dans toute l'Europe occupée permettant l'arrestation, le transport et l'extermination en masse de ses victimes, ainsi que la collecte de leurs biens, et aboutit à la mort de 90 % des Juifs polonais et des deux tiers de la population juive de l'Europe occupée par les nazis.
Les nazis recourent en effet à tout un langage codé spécifique qui leur servira à dissimuler leurs crimes dans les années suivantes : jusqu'à la fin, la déportation-extermination des Juifs sera ainsi désignée par l'euphémisme de « réinstallation à l'Est » ou d’« évacuation », le gazage massif comme un « traitement spécial » (en allemand : Sonderbehandlung), les détenus livrés à l'extermination par le travail comme des « pièces » (en allemand : Stück.
Un article conclut:
" Ainsi, de 1941 à 1945, la Grande-Bretagne, pourtant détentrice d'informations capitales sur la « Solution finale », allait se fondre dans le silence général du monde occidental, conduisant à l'abandon des Juifs européens".
Selon nous, cela tient à l'obsession égaliariise de la phase 45 (Hessed) qui va s'en prendre à une population jugée inassimalable, irrécupérable. Mais selon nous, la grande question est bien le retard dans les réactions en dépit d'informations concluantes. Autrement dit, selon nous, il aura fallu attendre la fin de la phase 45 pour que les camps de concentration soient "libérés" par les Alliés. On peut donc parler de facto d'une complicité, d'une complaisance en quête de prétextes pour ne pas intervenir jusqu'à ce que Saturne donne son feu vert en 1944. Il aura donc fallu que Saturne sorte du signe mutable des Gémeaux pour qu'ait lieu un véritable processus pour mettre fin à la situation. Mais l'on peut se demander si ce n'est pas même le Débarquement de juin 1944 qui aura été motivé par ce changement de mentalité.
Selon nous, on a là une véritable leçon d'astrologie articulée sur la question juive en tant que déclencheur. Et inversement, cette question aura été vécue globalement comme l'expression d'un ressentiment général à l'encontre du plan divin et l'on peut donc parler d'une atmosphère diabolique qui n'épargna nullement les Anglo Saxons et les mit à l'unisson des Germains. Inversement, en phase Zéro tout le monde était d'accord, dans les deux camps pour trouver une solution à cette "solution", ce qui conduira la Grande Bretagne à se retirer de la Palestine, étant donné qu'elle n'avait pas tout fait pour accueillir les Juifs dans ce territoire qui lui avait été confié, ce qui vient encore aggraver son cas:
JHB 25 11 25
jacques halbronn LE MANUSCRIT LATIN 7321A (2-3) DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE (PARIS) ET LES TRADUCTIONS FRANÇAISES PTOLÉMAÏQUES ET HIPPOCRATIQUES
LE MANUSCRIT LATIN 7321A (2-3) DE LA BIBLIOTHÈQUE
NATIONALE DE FRANCE (PARIS) ET LES TRADUCTIONS
FRANÇAISES PTOLÉMAÏQUES ET HIPPOCRATIQUES
À la fin du XVe siècle, un recueil de facture flamande ayant appartenu
à Louis de Bruges1 entre à la Bibliothèque du Roi2. On efface maladroitement
la devise, on recouvre le blason qui laisse ses traces sur la page en
vis-à-vis ; on ajoute des licornes et des fleurs de lys. C’est le manuscrit
latin BNF VIIMCCCXXIA.
C’est dans le fonds latin en effet que l’on trouve un recueil factice
constitué de trois volets astrologiques dont le deuxième (fol. LUI) et le
troisième (fol. CLXXIII) sont rédigés en langue française tandis que le
premier — Alchabitii isagoge — est en latin, ce qui justifie probablement
la place du recueil dans le fonds latin. En fait, les trois volets font partie
d’un même ensemble comme il apparaît par la parenté entre les
frontispices qui ouvrent chacun d’entre eux.
Il n’est pas question ici de décrire les pièces composant ces trois volets
ni même de décrire par le menu l’un ou l’autre de ces volets. Deux pièces
retiendront notre attention, — ainsi désignées au catalogue3 des
manuscrits de la Bibliothèque nationale, « 2. Le quadripartit de Ptolémée,
avec la glose de Haly, traduit en français » et « 3. Traité d’astrologie
judiciaire, en français » — celle qui ouvre le deuxième volet et celle qui
ouvre le troisième, tous deux constitués uniquement de pièces
astrologiques traduites sinon rédigées en français. On désignera par
7321A (2) le second volet et par 7321A (3) le troisième.
Ce n’est que depuis peu avec l’excellente étude de Thérèse
Charmasson4 que ce manuscrit a commencé à prendre la place qu’il
mérite chez les historiens de l’astrologie française et notamment en ce qui
1 J. VAN PEAET, Recherches sur Louis de Bruges, seigneur de la Gruthuyse, Paris,
1831.
2 Nous devons ces renseignements à Marie-Hélène Ténière du Département des
manuscrits occidentaux de la BNF.
3 Catalogus Mss. Bibl. Reg., tom. IV. Codd. latini 7226-8822, p. 340.
4 G. Matteo ROCCATI, « À propos de la tradition manuscrite de l’oeuvre poétique latine
de Gerson : les mss Paris, lat. 3624 et 3638 », in Revue d’histoire des textes, X (1980),
CNRS, 1981, p. 280, in fine. A.D. MENUT, « A provisional bibliography of Oresme’s
writings », in Mediaeval studies, 28 (1966), pp. 297-298 (note 8). L. THORNDIKE, A
History of Science, II, 1924, p. 924. Ces informations nous sont fournies par les fiches
bibliographiques du Cabinet des manuscrits occidentaux de la Bibliothèque nationale.
24 Jacques Halbronn
concerne les traductions de la Tétrabible5. Il est vrai que la Tétrabible est
clairement signalée dans le catalogue des manuscrits, ce qui n’est pas le
cas du traité pseudo-hippocratique désigné, sans attribution d’auteur,
comme « traité d’astrologie judiciaire ». Encore en 1977, Pearl Kibre ne
signalait pas de traductions françaises médiévales de YAstronomie
d’Hippocrate6.
Quel peut être l’apport de ces deux nouveaux documents ? D’une part,
l’existence d’un texte français permet de mieux comprendre comment un
texte donné était reçu à la fin du moyen âge. D’autre part, la comparaison
entre diverses traductions nous invite à réfléchir sur ce qui fait la
spécificité d’une traduction. Nous insisterons ici surtout sur les
enseignements de la pièce hippocratique.
Première partie. La pièce hippocratique
Il convient de distinguer une médecine zodiacale qui s’appuie
essentiellement sur la position de la Lune en signe et une médecine des
jours critiques, dont notamment un bref traité d’Abraham Ibn Ezra qui ne
fait pas référence au Zodiaque. Les deux catégories figureront notamment
à la suite dans YAmicus medicorum de Ganivet. Le manuscrit qui nous
occupe est d’ailleurs richement illustré de douze vignettes zodiacales et on
s’intéressera ici aux seuls traités construits autour des douze signes dont
on sait qu’il existe une corrélation avec les parties du corps, ce qui est
illustré par ce qu’on nomme habituellement l’Homme Zodiaque.
Lynn Thorndike s’est efforcé de distinguer un certain nombre de
versions de ce que l’on appelle souvent l’Astronomie d’Hippocrate. En fait,
le dispositif constitué autour de la position de la Lune dans les douze
signes, considérant sa position lors du commencement de la maladie et
déterminant autant de scénarios, eux-mêmes subdivisés en divers cas de
figure, embrasse non seulement les textes portant spécifiquement le nom
d’Hippocrate mais aussi ceux qui se réfèrent à Galien, Hermès
5 Thérèse CHARMASSON, L’astronomie, la cosmologie, l’astrologie et les sciences
divinatoires, chap. XVI, 2. De la littérature française aux XIVe et XVe siècles, dir. Daniel
POIRION (Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, Band VIII/1),
Heidelberg, 1988, p. 326, notes 29 et 30. Encore en 1983, Max Lejbowicz ne le signalait pas
dans son article « Guillaume Oresme, traducteur de la Tétrabible de Claude Ptolémée »,
in P allas, revue des études anciennes, XXX (1983). Pour notre part, nous avions, dès 1975,
fait reproduire une partie du manuscrit pour notre Bibliothèque. Nous avions signalé son
existence à M. Lejbowicz en 1985.
6 En 1978, P. Kibre cite parmi les versions vernaculaires un manuscrit français de
Claude Lenfant, de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, cote 3151, mais elle ne cite
pas notre manuscrit 7321A. Voir «Astronomia or Astrologia Ypocratis », in Science and
History, Studies in Honor of Edward Rosen, The Polish Academy of Sciences Press, 1978,
pp. 155 sqq. ; reproduit in « Astrologia medicorum (astronomia, de prognosticationibus
egritudinum secundum motum Lune, etc. », in Hippocrates Latinus, Repertorium of
Hippocratic Writings in the Latin Middle Ages, New York, 1985, pp. 94 sqq.
ift
c 3 « |
La Lune en Verseau, Paris, BNF, lat. 7321A (2), f. 180r.
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 27
Trismégiste7. Il s’agit donc d’un genre astrologique attribué à divers
personnages plus ou moins mythiques et qui vise à déterminer à l’avance
la durée de la maladie et si celle-ci se terminera par la guérison ou par la
mort du malade. Il conviendrait donc d’étudier les variantes non
seulement entre textes « hippocratiques » mais avec des textes structurés
de façon similaire. Au XVIIe siècle, Jean Baptiste Damascène8 qui s’était
mis en tête de publier en français tous ces textes9 en concluait déjà vers
166010 qu’ils se ressemblaient et se recoupaient énormément et de façon
assez fastidieuse :
L’interprète avait dessein de faire imprimer des livres qui traitent de mesme
matière de tous les Illustres Médecins, Arabes, Caldéens, Egyptiens et Grecs.
Mais comme seront toujours redites les mêmes choses. Il n’a voulu choisir que
ces trois fameux médecins pour témoins irréprochables afin qu’avec ces
preuves il puisse doctement montrer la vérité au public11.
Encore faudrait-il remarquer que pour le praticien, les différences
notamment de chiffre entre ces textes de même style ne pouvaient que
déconcerter. On ne sait si ce qui fait le plus problème est la similitude des
textes ou certaines variantes troublantes. C’est ainsi que les trois versions
(Hippocrate, Galien, Hermès Trismégiste) suivent le même plan et
présentent la même redondance à savoir que la position de la Lune dans le
signe est rappelée à peu près au milieu du texte, alors qu’a priori il va de
soi que l’on parle toujours de la Lune placée dans le même signe.
7 Le texte d’Hermès est censé être adressé à Amon. Le latin s’y caractérise par des
hellénismes tels que tétragone au lieu de quadrat., diamètre au lieu d’opposition.
8 La Médecine de Claude Galien... avec la connoissance des causes des maladies,
leur prognostique & le facile moyen de les traiter par le cours de la Lune, Paris, 1661.
L’oeuvre de Jean Baptiste Damascène est conservée à la Bibliothèque nationale.
Signalons aussi Culpeper qui, vers 1650, traduit en anglais le texte d’Abraham Ibn Ezra :
Culpeper’s Astrological Judgment of Diseases, 1655. J. HALBRONN, « La fortune de
l’Introductio de Claude Dariot », postface à l’Introduction au Jugement des astres de
Claude Dariot, Puiseaux (45), Pardès, 1991; ID., «Claude Dariot et les recueils
trismosiniens », in Chrysopeia (Milan, Arché), 5 (1997).
9 Une première traduction française du texte de Galien était déjà parue dans le
Traicté pour la conservation de la santé de Laigneau, Paris, Mathurin Henault, 1650, 3e
éd., BNF Te 1045.
10 Quant au texte attribué à Hermès Trismégiste, qui figurait en latin dans le traité de
Boderius de 1555, il apparaît en français dans le Courrier Astral de Baulgite.
11 Damascène part de la traduction de Gulideolus Mordicus pour le texte pseudohippocratique.
Gulideolus Mordicus pourrait être une corruption de Guilelmus de
Moerbeeck, cf. R. J. DURLING, A Catalogue of Sixteenth-Century Printed Books in the
National Library ofMedicine, Bethesda, 1967, n° 2527. Sur les similitudes entre les textes
pseudo-hippocratiques et ceux de Galien sur la Lune dans les signes, voir KIBRE,
Hippocrates Latinus, op. cit., p. 95. On notera qu’il n’est pas précisé de quel zodiaque l’on
se sert, celui des constellations ou celui établi sur une base tropique ?
28 Jacques Halbronn
Selon la typologie des seules variantes pseudo-hippocratiques,
esquissée par Thorndike12, le texte du manuscrit 7321A serait, d’après
notre analyse, issu de la traduction latine à partir du grec de Guillaume
de Moerbeeck (Bibl. nat. de France, manuscrit latin 7337, ff. 78-84)13 :
Hippocratis liber de prognosticationïbus aegritudinum secundum rnotum
lunae interprète Guillelmo de Morbercha (selon le titre du manuscrit
latin BNF 7337 (16) et cela notamment en raison, dans son Prologue, du
recours à l’image de l’aveugle qui serait caractéristique de cette version,
la plus connue qui sera imprimée, étant celle de Pietro d’Abano14.
Voici le prologue du manuscrit BNF 7321A comportant la parabole de
l’aveugle moerbeeckienne :
Hypocras le très saige et le plus esprouvé de tous les médecins dist ainsi.
Quiconcques est médecin & rien ne scet dastronomie que nul homme malade
ne se doit mettre en sa main car il n’est pas parfait et ung tel nest ne doit pas
estre nommé médecin ains est reprouvé comme ung homme aveugle et
certainement tel médecin est ainsi comme ung homme qui a perdu la veue et à
qui il convient aller par voye et prend son baston se tient tout coy et ne ose pas
aller autre voye que celle quil taste de son haston quil tient et telz aveugle taste
la voye souvent de son baston & soigneusement & toutes voyes après le
tastement du bâton sur la terre il n’est pas bien asseuré et ne ose a paine passer
et se il va cremeteusement car toujours il doubte soy blechier autrui.
Certes le médecin qui ne scet riens dastronome est comparé en toutte manière à
un tel aveugle dont je scait bien que à la perfection de la science de touttes
maladies et de la curacion dicelle il est nécessité à médecin de savoir la
science dastronomie ainsi que par usaige je en lisoie es livres de Ypocras qui
fut le moindre des médecins et y trouvai ce petit livre qui porte grand proufït et
qui est moult necessaire à tous médecins dont se aucun médecin laura bien sceu
il pourra fermement annuncier la santé ou la mort ou le amendement aucun
malade.
De même, l’on retrouve, comme l’avait annoncé Thorndike15, à la fin
du dernier chapitre consacré aux Poissons des références aux étoiles
fixes : Luna cum stellis fixis (BNF, ms. lat. 7337) :
et aussi les étoilles fixes qui sont de la nature de Vénus, de Jupiter ou de la Lune
[...] et les estoiles fixes qui sont de la nature de Mars ou Saturne16.
12 « The Three Latin Translations of the Pseudo-Hippoeratic Tract on Astrological
Medecine », in Janus, 49 (1960), pp. 104-129 ; « Pseudo-Hippocrates, Astrological
Medicine », in Bulletin of the History of Medicine, 15 (1944), p. 218.
13 La traduction française du manuscrit 7321A n’est donc pas très éloignée, dans le
catalogue, du texte latin correspondant au manuscrit 7337.
14 Par ailleurs traducteur du texte médical d’Abraham Ibn Ezra.
15 « The Supplementary Passage on the Fixed Stars », in « Pseudo-Hippocrates,
Astrological Medicine », art. cit. ci-dessus note 11, p. 109.
16 Ce passage ajouté est d’ailleurs assez confus quant à la théorie des aspects et semble
esquisser un rapport aspect/jour.
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 29
Thorndike, on peut le regretter, ne fournit pas de traduction anglaise
du texte hippocratique et se contente de relever des variantes latines sans
chercher à établir un texte de base.
Or dans le cas d’un texte que l’on peut qualifier de scientifique ou en
tout cas obéissant à un certain nombre de contraintes objectives, il semble
tout de même envisageable de rechercher une certaine cohérence initiale.
De fait, le texte latin n’est pas sans ambiguïtés dues à des termes
sous-entendus, il est volontiers elliptique. Et cela concerne précisément
les données les plus importantes, en l’occurrence, les chiffres, qui
permettent de cerner le raisonnement proposé au praticien.
Quand il est question de « quarto », de « septimo », d’« octavo », de
quoi, en effet, parle-t-on ? S’agit il des aspects (aspectus) ou des maisons
(locus, domus) que l’on peut désigner par des chiffres ? Il y a, par
exemple, l’aspect de quadrature ou la maison VIII et il est possible que
pour faire court, l’on ne garde que l’essentiel, le chiffre, quitte à ce que le
lecteur complète d’après le contexte. Mais il existe encore une autre
donnée qui se prête à une telle formulation et qui n’est pas, elle,
spécifiquement astrologique, il s’agit du jour, du dies.
Pour situer en effet le calendrier de la maladie, dans le cadre de la
position zodiacale de la Lune, l’on se sert des aspects servant à préciser le
diagnostic (le bon aspect étant le trigone, le tiers aspect, le tiers du cercle,
120°, le mauvais aspect étant la quadrature, le quart aspect, le quart du
cercle, 90° ainsi que l’opposition de 180°) étant précisé que l’aspect
s’examine généralement par rapport à la position initiale de la Lune au
début de la maladie mais il importe de fixer les échéances en jours17. Il se
peut aussi que l’on considère l’hypothèse où tel aspect aurait lieu tant de
jours après que le malade se soit alité.
En bonne logique, il n’existe que trois aspects pouvant créer la
confusion avec les jours, le tiers, le quart et le septième, c’est-à-dire
l’opposition, de même qu’il n’existe que douze maisons alors que le
nombre de jours est a priori illimité. Si par exemple, il est question de
quatorze, cela ne peut renvoyer qu’à des jours. Or Thorndike ne semble
pas mettre en avant de tels critères et signale des variantes pour les
aspects qui sont irrecevables parce que ne correspondant pas à un cas de
figure concevable. Certes, il ne fait là que rendre compte d’un texte
corrompu — ce qui est un type particulier de variante — mais encore
faudrait-il le signaler, faute de quoi l’on peut se demander si l’on
comprend le fond du texte. On observera que la préposition peut être d’un
certain secours : si le nombre est introduit par ex, c’est un aspect, s’il est
introduit par in, c’est un jour.
17 II y a notamment chez Ibn Ezra la notion de « jours critiques ».
30 Jacques Halbronn
Il apparaît ainsi que la traduction attribuée à Pietro d’Abano comporte
ce type d’aberration, faut-il pour autant laisser entendre que le Conciliator
ait pu commettre de telles erreurs de traduction18 ou bien cela ne peut-il
indiquer que l’on ne connaît que des moutures défectueuses ? C’est ainsi
que pour la Lune en Taureau, l’on peut lire « Si fuerit luna addens sui
lumine et gradibus et aspexerit eam Mars ex septimo vel octavo... » au
lieu de « vel quarto » car il n’y a pas d’aspect à base 819. Et la même erreur
revient pour la Lune dans les Gémeaux, puis l’erreur disparaît pour les
autres signes et l’on retrouve l’expression juste « ex quarto vel septimo ».
En outre, en s’appuyant sur une traduction française, Thorndike
aurait pu distinguer quand il s’agissait d’aspects et quand il s’agissait de
jours. En effet, le français est ici moins elliptique et précise volontiers à
quoi un nombre s’accorde.
Les impressions italiennes
Le texte pseudo-hippocratique consacré aux positions de la Lune dans
le zodiaque, dans ses rapports avec les planètes dites maléfiques, se
retrouve dans un recueil paru, chez Octavius Scott (imprimeur Bonetus
Locatellus), en 1497, à Venise (Bibl. nat. de France, Rés. 4° T22 5), placé à
la suite du Liber Rasis (Razès) ad Almansorem, sous le titre liber
pronosticationis secundum lunam in signis & aspectu planetarum
Yfpocratis), avec un bref prologus Haly (fol. 151 recto-153 recto)20.
La lecture du texte ne laisse ici plus aucun doute : c’est la forme
« quadratus » qui convient, parfois abrégée en qdratus, ce qui a pu aboutir
à quartus. Pour chacun des douze cas de figures, nous retrouvons la
même situation à savoir des aspects de quadrature et d’opposition, avec
des formulations pouvant varier : ex qdrato vel septimo, ex quadrato vel
oppositione21, ex quarto vel septimo. La formule « ex quarto vel septimo »
n’a de sens que dans le cas où les douze maisons seraient constituées à
partir de la position de la Lune, dans ce cas, intervalles d’aspects
(qu a d ra tu s , oppositio) et de maisons (maison IV, maison VII)
coïncideraient.
18 J. HALBRONN, « Réshit Hokhmah d’Abraham Ibn Ezra. Problèmes de traduction
au Moyen Age », in Eleventh World Congress of Jewish Studies, Division C, vol. II,
Jewish Thought, Kabbalah and Hasidism, Jerusalem, World Union of Jewish Studies,
1994. ID., «Le diptyque astrologique d’Abraham Ibn Ezra», in Revue des études juives
(Paris), CLV (1997) ; ID., Le monde ju if et l’astrologie, Milan, Arché, 1985.
13 Cf. HIPPOCRATES, Libellus de medicorum astrologia, Vérone, 1595, à la suite du
Melampigo de Z. Thomasio Bovio, p. 88.
20 G. MALONEY et B. SAVOIE, Cinq cents ans de bibliographie hippocratique, Québec,
Éd. du Sphinx, 1982.
21 On trouve même « ex III vel VII » dans le Regimen Sanitatis de Magninus (fol. 89
verso), BNF, Rés. Te10 45.
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 31
Face à un dispositif aussi répétitif et systématique, il importe de
corriger le texte dans un sens de plus grande homogénéité. Quand un
doute existe quant à la signification d’un terme technique, il est
souhaitable de rechercher d’autres versions usant d’une formulation plus
rigoureuse et plus descriptive.
Observations sur le texte français22
Si le texte français permet parfois de résoudre certaines obscurités,
encore convient-il de ne pas èn introduire de nouvelles en ne se
familiarisant pas avec le système de notation numérique.
L’on notera que les chiffres sont désignés par un ancien système de
notation et notamment le 7 et le 4 dont la forme a considérablement évolué
depuis. Vient compliquer la lecture le recours éventuel aux chiffres
romains mais celui-ci est réservé précisément pour les jours alors que
pour les aspects, c’est la série arabe.
Mais dans une série où l’on utilise les chiffres arabes, il importera de
ne pas mélanger les deux modes. C’est ainsi que dans le chapitre
consacré au « torel », il faut lire « Quant la maladie premièrement prent
au malade se la lune est adioustant à sa lumière et aux degrez & Mars le
regarde du 7e ou du 4e et la lune sera venue à Saturne et Mercure avecq,
la maladie sera de fleume et sera le malade fleumatique ».
Une lecture distraite aurait pu faire lire au lieu de septième — c’est-àdire
opposition — un V voire un X en chiffre romain, qui n’aurait eu ici
aucune signification. À d’autres endroits, les chiffres sont exprimés en
toutes lettres :
Se la Lune est en la vierge et Saturne le regarde du quart ou de l’opposition au
commencement de la maladie le malade aura douleur en lestomac ou ventre...
et se fortune le regarde il éschappera après long temps et se elle est infortunée il
se mourra au XLe jour.
Ainsi, dans le manuscrit BNF, lat. 7321A que nous étudions, une
erreur s’est glissée à l’évidence pour la Lune en Verseau :
Quant la lune est en laquaire [...] se Mars le regarde du quart ou du Ve (sic) la
maladie sera de trop grand traveil etc.
On peut en effet raisonnablement penser que le texte initial devait
comporter VII. Ce mélange de chiffres écrits en toutes lettres et en
chiffres romains aboutit à fragiliser la transmission des données : la
disparition de la fin du II en chiffres romains est d’autant plus
problématique qu’on ne voit pas très bien ce qu’est un aspect « V », ce qui
entraîne le lecteur à toutes sortes de spéculations pour parvenir à une
pratique qui soit en accord avec la littéralité du texte ainsi parvenu.
22 Nous avions déjà en 1977 publié le texte roman de 1273 du Commencement de la
Sapience des Signes d’Abraham Ibn Ezra, Paris, Retz, 1977. Préface de G. VAJDA.
32 Jacques Halbronn
On notera la correspondance entre signes zodiacaux et parties du
corps encore que celle-ci ne soit pas toujours aussi avérée.
Quant la lune sera en le scorpion et Mars avecq lui ou Saturne, le malade aura
première fièvre chaude et faulse flume cruelle ainsi qu’il affert se fortune lont
regardé es jours médicinaux le jugement sera bien, se mal cest le contraire se
au quart jour & au quint ou au Xéme ou au XlIIIe et elle sera fortunée, il
eschappera.
Mais la règle n’est pas toujours rigoureusement respectée.
Comme la Lune sera au Sagittaire et Mars le regardera du quart ou du Vile
ou bien pour le Capricorne,
se fortune ne le regarde, il morra au 30é jour
et non au XXXe jour.
Il convient aussi de faire attention aux abréviations du français tel que
« io » pour jour.
Si aura le cours de ventre se fortune le regardent ou ou Vlleme ou ou Xeme ou ou
XlIIIe jour il eschappera23.
La formule est délicate : il est question d’aspect — en français
« regard » mais il ne s’agit pas ici d’une énumération des types d’aspects
mais des jours où un aspect a lieu. Or le « ou » français ici est répété,
dans le premier cas, il s’agit du choix « ou... ou », dans le second, c’est
une préposition de lieu « au jour » mais qui se lit, si l’on n’y prend garde,
« du », ce qui induirait à comprendre qu’il s’agit d’un aspect.
On trouve enfin à la fin du chapitre consacré au signe des poissons,
un passage difficile à comprendre dans le texte français et qui fait partie
du supplément moerbeeckien sur les étoiles fixes, mais qui, dans le texte
latin, est plus compréhensible. Cet appendice offre un traitement des
aspects qui ne suit pas les mêmes formulations que les textes
spécifiquement liés aux positions. Cette observation s’avère utile car, par
comparaison, elle met en évidence l’homogénéité des divers textes
signalés qu’ils soient attribués à Hippocrate, Galien ou Hermès
Trismégiste, articulés les uns et les autres autour des mêmes aspects.
A contrario, l’appendice sur les étoiles fixes de la version
moerbeeckienne, fait apparaître des aspects nouveaux comme le sextile
dont il n’avait pas été question jusqu’à présent, c’est à dire un « bon »
aspect à l’instar du trigone, dont il est en quelque sorte la moitié : 60
degrés, un sixième de cercle. L’on y parle aussi d’un « second » aspect, ce
qui est l’équivalent de l’opposition de 180°. Ces particularités
23 Version Abano : « nisi fortunae aspexerint ipsam in quarto vel septimo, vel decimo,
vel undecimo et 24 die, evadet. Cum autem hina fuerit in octavo cum Iove et Venere erit
infirmitas ex reumate et patietur [...] et evadet cum venerit ad quartum aspectum erit eu
medicina mollificativa necessaria ».
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 33
terminologiques non signalées par Thorndike contribuent ainsi, nous
l’avons dit, par comparaison, à renforcer la cohérence du corpus étudié.
Le manuscrit se prolonge notamment avec une vignette représentant
un dragon et une étude des noeuds de la Lune ou Tête et Queue du Dragon,
texte qui ne figure pas dans la version latine de Guillaume de Moerbeeck.
Les textes non hippocratiques
De la même façon, il aurait été judicieux de comparer le texte
hippocratique avec ceux attribués à d’autres auteurs car il ne faut pas être
dupe de ces diverses paternités. C’est ce que fait Jean Baptiste Damascène
dont L. Thorndike ou P. Kibre ne semblent pas connaître l’oeuvre et qui
nous apparaît comme un des premiers à avoir fait apparaître, par ses
traductions mêmes, les convergences entre des textes qui se rattachent
tout à fait à la tradition hippocratique. Thorndike cite en revanche, pour le
XVIIe siècle, au tome VIII de son History of Magic and Experimental
Science, pp. 103-104, Claude Saumaise. François Bayle (ibid., pp. 292-293),
aurait mis en pièces cette médecine lunaire.
Comparons le texte français de Damascène pour Galien et Hermès
Trismégiste24
Lune en Bélier :
Galien
Si le malade s’est alité quand la Lune est
dans Aries & en configuration avec
Mars et le Soleil, la maladie proviendra
de la tête [...]. Il aura des douleurs de
temples, des fièvres continuelles.
Hermès Trismégiste
Si quelqu’un tombe malade lors que la
Lune est dans Aries en configuration
avec Mars & le Soleil, la maladie
proviendra de la tête, ce qu’on pourra
connaître parce qu’il semblera que les
temples... de la douleur, il aura des
fièvres continues.
La comparaison des deux textes fait apparaître des variantes intéres
santés.
Lune en Gémeaux :
Galien Hermès Trismégiste
Le mal se cache peu à peu & commence de La maladie parait peu à peu & commence
s’augmenter depuis le troisième jusqu’au de s’augmenter depuis le troisième jour
vingtième. Il aura de petites fièvres, son jusques au trentième, il aura de petites
corps sera tout exténué. fièvres, son corps sera tout exténué.
On est frappé à la fois par les similitudes de la traduction française et
par les divergences considérables au niveau technique, «jusqu’au
vingtième » pour le pseudo-Galien et « jusqu’au trentième » pour le
pseudo-Hermès Trismégiste.
24 La traduction de Damascène — rappelons que le texte est bilingue, ce qui facilite les
rapprochements — se fait à partir d’un texte déjà utilisé par Thomas Bodier. Une autre
version est celle de Jean Stade et a été traduite en français par Alexandre Baulgite.
34 Jacques Halbronn
Si l’on considère les textes latins respectifs, l’on note que dans un cas
l’on a, chez Galien : « Et paulatim se retegit morbus & a tertio die incipit
augeri usque ad vigesimum » et chez Hermès Trismégiste : « paulatimque
morbus apparet aut etiam a tertio die augeri incipit in trigesimum
usque diem ».
De même qu’il y a de bons et de mauvais aspects, il y a de bonnes
(Jupiter et Vénus) et de mauvaises (Mars et Saturne) planètes. Ce
dualisme apparaît comme essentiel dans le cas de la médecine
astrologique.
Deuxième partie. La pièce ptolémaïque
En ce qui concerne l’autre pièce, ptolémaïque, nous avons le loisir de
comparer plusieurs moutures françaises, puisque la Bibliothèque
nationale comporte dans le fonds français deux autres pièces décrites par
Max Lejbowicz25, lequel s’efforce d’apporter de nouveaux arguments en
faveur d’une traduction de la Tétrabible attribuée à un certain Guillaume
Oresme, à partir d’une mention au début du manuscrit 1348 nettement
antérieur au manuscrit latin 7321A, lequel ne comporte pas de telle
mention, malgré une grande similitude de langue en ce qui concerne le
Prologue du traducteur latin, Gilles de Tébalde.
L’apport d’une pièce supplémentaire — le 7321A — en ce qui
concerne la Tétrabible, permet de raisonner évidemment avec plus
d’éléments d’appréciation.
Dès lors, que penser du prologue signé G. Oresme ? Pourquoi ne
figure-t-il pas pour les deux autres cas ? Est-ce que ce Prologue fait partie
intégrante de la traduction française de la Tétrabible laquelle débute avec
le propre Prologue du traducteur vers le latin ?
Le prologue « oresmien » se contente de souligner l’intérêt des
traductions vers le français. C’est là un thème cher à Nicole Oresme et
que l’on retrouve en tête du Livre maistre Nichole Oresme de
divinations26, placé (fol. 39) en deuxième partie du manuscrit français
1350 — lequel fait suite aux manuscrits 1348 et 1349 étudiés par
M. Lejbowicz.
25 Th. Charmasson signale aussi un manuscrit ayant appartenu à Philippe Le Bon,
Bibliothèque Royale de Belgique (Bruxelles), 1967, ff. 146-171. Sur les analyses de
M. Lejbowicz, voir J. HALBRONN, « Études sur les éditions ptolémaïques dè Nicolas
Bourdin », postface au Commentaire du Centiloque de N. Bourdin, Paris, Éd. Trédaniel,
1993.
26 G.W. COOPLAND, Nicole Oresme and the Astrologers. A Study of his Livre de
Divinacions, Liverpool, 1952, p. 50 ; M. LEJBOWICZ, « Chronologie des écrits antiastrologiques
de Nicole Oresme, étude sur un cas de scepticisme dans la deuxième moitié
du XIVe s. », in Autour de Nicole Oresme, dir. J. QUILLET, Paris, Vrin, 1990.
Ptolémée, Frontispice, Paris, BNF, lat. 7321A (2), f. 53r.
36 Jacques Halbronn
Certes, Nicole Oresme dit surtout utiliser le français pour être lu27 de
ceux qui se seraient entichés d’astrologie :
et pour ce ay ja composé ce livret en francois affin que gens lays le puissent
entendre desquels sicomme j’ay entendu plusieurs sont trop enclins atelez
fatuitez. •
Il reste que les coïncidences sont assez nombreuses entre le début des
deux pièces : même sujet, tout de même, l’astrologie, même
problématique du latin au français et bien entendu même patronyme,
Oresme28.
L’on peut se demander si l’on n’a pas trouvé heureux d’utiliser un tel
plaidoyer en faveur du français, et de le placer en tête d’une traduction
française dont on ignore au demeurant peut-être l’auteur. Dans ce cas, ce
serait bien, comme l’ont soutenu plusieurs chercheurs, Nicole Oresme
qu’il faudrait lire et non G. Oresme ou du moins il y aurait eu
initialement le nom de Nicole Oresme, quelle que soit la portée de la
correction ultérieure qui semble avoir introduit l’initiale G.
Certes, l’on peut imaginer que ce prologue ait pu être supprimé
ultérieurement mais l’on doit plus raisonnablement considérer qu’il a été
ajouté. La comparaison entre le manuscrit français 1348 et le manuscrit
français 1350 — texte que ne signale pas M. Lejbowicz — fait donc
apparaître une similitude entre le texte introductif de Nicole Oresme et
celui de G. Oresme. Abus certes du nom d’Oresme d’autant que celui-ci
est un adversaire déclaré mais averti de l’astrologie !
Dès lors, le fait qu’un prologue dû à Nicole Oresme puisse figurer en
tête d’une médiocre traduction de la Tétrabible, comme le met en avant
M. Lejbowicz, ne devrait guère surprendre l’historien des textes et des
traductions dès lors qu’il s’agit vraisemblablement d’une simple greffe
sur une traduction/adaptation qui n’a de fait probablement de lien ni avec
Nicole Oresme, ni avec G. Oresme — simple affaire de patronage — pas
plus qu’Hippocrate n’était au demeurant l’auteur du texte qui lui fut ainsi
assigné29.
De même qu’il ne faut pas, selon nous, hésiter à rapprocher des
traductions ne se distinguant que superficiellement, ou par des gloses
surajoutées, de même, il ne faut pas ignorer l’éventualité de recyclage de
textes, au prix de légers changements. Gossner30 explique assez
27 Comme le dira également Calvin, dans son Advertissement contre l’Astrologie
Judiciaire, Paris, 1549.
28 II faudrait ajouter subsidiairement la présence d’un même réseau de feuilles de
vigne entourant les deux textes.
29 Notre position ne revient donc pas à affirmer que Nicole Oresme est le traducteur
mais implique qu’on ait voulu le faire passer pour tel.
30 J.W. GOSSNER, Le Quadripartit Ptholomée, Université de Syracuse (États-Unis),
1951.
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 37
laborieusement les différences entre les manuscrits 1348 et 1349.
Qu’aurait-il proposé s’il avait connu le manuscrit 7321A ? Un nombre trop
faible de manuscrits conduit, il est vrai, souvent, à exagérer les
différences31. Faute de quoi, l’on a tendance à tout distinguer32, à
multiplier les auteurs et les traducteurs.
Le rôle des variantes apparaît précisément au bout du compte comme
une tentative de différenciation à partir d’un même texte.
On donnera un exemple pris au début du chapitre IV du Livre I de la
Tétrabible. L’on trouve trois épithètes différentes dans une phrase qui est
au demeurant la même : notoire, cognue, seue, seicheté, sécheresse.
C’est chose notoire que l’oeuvre de la substance du Soleil est échauffée et... un
peu de seicheté... (ms 7321A).
C’est chose cognue que l’oeuvre et le fait de la substance du soleil est échauffer...
sécheresse (ms 1348).
C’est chose sue que l’oeuvre de la substance du Soleil est échauffer et donner un
peu de seicheté (ms 1349).
Même l’autre traduction, celle de Plato de Tivoli, nous apparaît très
proche :
Manifestum est quam substantie Solis opus est calefacere.
Certes, l’on nous objectera que Tébalde et Tivoli traduisirent à partir
d’un même texte grec et que les recoupements sont inévitables sans que
l’on puisse conclure qu’un traducteur se soit inspiré de l’autre. Il n’en
reste pas moins que cette question est fort épineuse car les variantes
peuvent avoir été le fait non pas d’un autre processus de traduction mais
d’une réécriture ou d’une interpolation. À partir de quand la différence
est-elle telle qu’elle exclut toute relation entre deux traductions ? On
connaît le mythe de la Bible des Septante : autant de traducteurs furent
isolés les uns des autres et ils restituèrent le même texte grec.
Max Lejbowicz33 a montré que l’édition vénitienne de 1519, parue chez
Octavien Scott, avait placé les versions de Platon de Tivoli et de Gilles de
Tébalde l’une au-dessus de l’autre. Il y a là un jeu de miroirs assez
31 II semble d’ailleurs que l’étude des recensions des bibliothèques de Charles V et
Charles VI pouvait amener à la conclusion qu’il devait exister trois manuscrits de la
Tétrabible avec la glose d’Haly Ibn Rodoan, en français (cf. P. CHACORNAC, « Bibliographie
», in Centiloque, Paris, 1938, p. 44).
32 Dans une autre étude, nous nous sommes intéressés à l’apport de Pietro d’Abano aux
traductions déjà existantes, notamment à celle d’Henri Bâtes de Malines :
J. HALBRONN, « L’itinéraire astrologique de trois italiens du XIIIe siècle : Pietro
d’Abano, Guido Bonatti, Thomas d’Aquin », in L’homme et son univers au moyen âge,
Actes du septième congrès international de philosophie médiévale, édités par
Chr. WENIN. Louvain-la-Neuve, Editions de l’Institut supérieur de Philosophie, 1986,
pp. 668-674. Cf. infra, note 17.
33 « Guillaume Oresme, traducteur... » (voir note 4), ibidem, p. 130, note 45.
38 Jacques Halbronn
fascinant ! Cette diversité dans l’unité n’est-elle pas d’ailleurs propre aux
langues vernaculaires de l’Occident chrétien, issues du latin mais
chacune affirmant sa spécificité ?
Nous nous intéresserons à une glose d’Haly Abenrudian ainsi
introduite au folio CLV : « Cy commence à parler des étoiles fixes et de
leurs natures et lequel fut pris au quadriparti(t) Thollomé. Et est la glose
de Hally Abenradian » et non aux « 44 chapitres du Centiloque », selon le
titre utilisé pour désigner une partie des pièces du 7321A (2).
Ces développements nous paraissent en effet avoir inspiré ce qu’on
appellera à la fin du XVe siècle, le Compost de Ptolémée dont on ne connaît
plus qu’une version en langue anglaise du début du XVIIe siècle, mais qui
est à l’origine d’un classique de la littérature didactique de la fin du XVe
siècle, sous le nom de Kalendrier et Compost des Bergiers34, un des
fleurons avec le Centiloque de la littérature pseudo-ptolémaïque35. Le nom
de Ptolémée y est remplacé par celui de Berger, de façon à conférer au
texte une teneur plus populaire.
Comme pour le texte hippocratique, la présentation est volontiers
organisée autour des douze signes zodiacaux, chacun faisant l’objet d’un
chapitre, ce qui n’existe pas, sinon très sèchement, dans la Tétrabïble
mais qui figure par exemple avec une certaine ampleur chez Abraham
Ibn Ezra.
L’on peut d’ailleurs se demander si cette polarisation sur les signes
zodiacaux, également propre au Livre d’Arcandam, ne pourrait être
considérée comme un trait caractéristique de l’astrologie arabe.
Conclusion
Le monde de la traduction, de la compilation, des attributions
fantaisistes à tel personnage réputé, confère une impression de diversité
qu’il faut considérer sans excès de naïveté. Dans quelle mesure, le même
travail de traduction a-t-il été accompli par différentes personnes ? Nous
croyons à une certaine économie d’efforts qui favorise davantage les
ajouts, les variantes, les substitutions et les recyclages et qu’il importe de
faire apparaître derrière l’apparence de la multiplicité des auteurs et des
traducteurs. Dès lors, l’important consisterait à souligner non pas les
coïncidences et les recoupements mais, bien au contraire, les procédés
permettant de faire apparaître comme nouveau ou différent ce qui est
semblable. Souvent le changement le plus minime suffit à faire illusion.
Le simple processus des traductions successives contribue évidemment
aussi à cette différenciation progressive à partir d’une même source, à
34 Cf. J. HALBRONN, « Études sur les éditions ptolémaïques de Nicolas Bourdin », op.
cit. (voir note 24).
35 Sur cette littérature, signalons les travaux de Charles Burnett, Warburg Institute,
Londres.
Les traductions françaises ptolémaïques et hippocratiques 39
condition bien sûr d’avoir rassemblé toutes les pièces du dossier... Quant
à l’identité des traducteurs, il s’agit là d’une quête qui se révèle
généralement assez illusoire surtout en un temps où le sens de la
propriété intellectuelle n’était peut-être pas très aiguisé.
En ce qui concerne l’histoire de l’astrologie, notre étude met ainsi en
évidence le passage d’un dispositif au départ parfaitement systématique36
vers une pratique qui s’accommode aisément de certaines erreurs de
transmission37 et ne parvient pas à les corriger précisément parce qu’il y
a une interchangeabilité des discours : le médecin astrologue ne guérira
pas plus mal son patient s’il considère telle configuration plutôt que telle
autre. L’échec aura peu de chance d’aboutir à remonter à la pureté
originelle d’un système fondé sur une typologie des intervalles planétaires
qui attribue aux écarts de 90° et 180° et à eux seuls une valeur négative,
infortunée, maléfique qui convient a priori au pronostic de la maladie. Il y
a là un décalage non pas seulement diachronique mais synchronique
entre une structure virtuelle fondée sur une même logique récurrente et
des textes qui s’en éloignent par le hasard d’une transmission qui se
déclare fondée sur un empirisme ne se resourçant plus dans son projet
initial.
Jacques HALBRONN (Bibliotheca Astrologica, Paris)
36 Comme l’a montré A. BOUCHÉ LECLERCQ, Astrologie grecque, Paris, E. Leroux,
1899. J. HALBRONN, « The Revealing Process of Translation and Criticism in the
History of Astrology », in Astrology, Science and Society, dir. P. CURRY, Suffolk, 1987.
ID., « La question des relations astrologie-alchimie en France, au XVIIe siècle », in
Actes du colloque Aspects de l’alchimie au XVIIe siècle, dir. F. GREINER, Université de
Reims. Milan, Arche, 1997.
37 J. HALBRONN, Éloge de l’erreur, Paris, Éd. Le Lierre et le Coudrier, 1990 ; ID., « La
transmission du savoir astrologique », in La Magie et ses langages, Lille, Presses
Universitaires de Lille, 1991 ; ID., Le texte prophétique en France, thèse d’Etat,
Université Paris X, 1997
cf
AstroBibl: History of Western Astrology – Bibliography
by David Juste
Project icon: lavishly furnished initial letter with a painting of Ptolemy using an astrolab.
AstroBibl is the largest bibliography of the history of Western astrology currently available on the web. It includes c. 4 500 titles arranged by period from ancient Mesopotamia to 1800 AD. Previously published on the website of the Warburg Institute (London) from 2001 to 2017, AstroBibl was reinstated on the Ptolemaeus Arabus et Latinus website in October 2019 and is expected to be updated regularly.
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