vendredi 14 novembre 2025

jacques halbronn Epistémologie La question de l'Epitre de nostradamus à Henri II. Réponse à Gilles Polizzi

jacques halbronn Epistémologie La question de l'Epitre de nostradamus à Henri II. Réponse à Gilles Polizzi En 1998, Gilles Polizzi avons participé à un même colloque Formes du millénarisme en Europe à l'aube des temps modernes (réédité chez Garnier en 2004), en traitant l'un et l'autre de l'Epitre au Roi. C'était il y a plus d'un quart de siècle et entre temps, notre traitement de la question a sensiblement évolué. En 2002, nous avons fait paraitre nos Documents inexploités sur le phénoméne Nostradamus (Ed Ramkat 2002 avec la première version de l'Epitre datant de 1556 dont Polizzi ne semble pas avoir eu connaissance bien qu'en 1985 Ruzo en donne une reproduction partielle. Cette épitre figurait en tête des Présages Merveilleux pour 1557 et récemment nous avons conclu que la version datée de 1558 ne pouvait avoir suivi d'aussi près celle datée de 1556 et qu'elle devait être bien plus tardive dans sa rédaction, son contenu en diffèrant sensiblement par ailleurs, lequel contenu Polizzi commente longuement. Il observe cependant, évoquant (p. 435) nos travaux (Colloque Prophétes et prophéties, 1997): "Pour qu'il y ait imitation et contrefaçon, il faut bien qu'il y ait eu, au préalable une matière à altérer, et une technique à imiter (..) L'hypothèse d'un faux intégral (..)semble dépourvue de nécessité". Et en effet, il y a eu imitation de la première version datée de 1556 tout comme d'ailleurs la Préface à César en tête des Centuries se calque sur une précédente mouture disparue mais attestée par Antoine Couillard dans son pastiche de 1556 (on peut supposer qu'il s'agit de réagir à un texte récemment paru). Dans les deux cas, les textes concernés ne figuraient pas en tête de Centuries. Les années 1555/ 1556 aurait donc accouché des premières versions des deux préfaces/épitres. L'année 1555 ayant par la suite fixé la date de la première édition des Centuries.(Macé Bonhomme) Polizzi semble également ignorer l'existence d'une troisiéme épitre, dédiée au pape Pie IV par Nostradamus et qui campe la naissance d'un Antéchrist pour 1567. Pourtant, on connait ce texte par ses traductions italiennes contemporaines ainsi que par une réédition française du tout début du XXe siècle. Importante lacune pour le texte de Polizzi expressément consacré au millénarisme!(pp 448-450) et à laquelle fait écho la Centurie VIII (quatrains 76-77) dont la dite epitre au Pape a du être l'introduction avant d'être remplacée par la fausse épitre à Henri II 1558. On peut se demander si Polizzi,entre temps, n'a pas reconnu ses erreurs quand il croit avoir validé les éditions de 1557 (au sujet de la centurie V, ajoutée à la prétendue édition de 1555 à 353 quatrains, à l' opposé de notre invalidation de la première édition reprenant le quatrain IV 46 marqué par le temps de la Ligue (cf notre texte de 1997, référé en note par Polizzi) Se confrontent ici une approche apologétique de Polizzi et notre propre approche critique. (cf CORPUS NOSTRADAMUS 59 -- par Patrice Guinard Misère de la recherche académique et universitaire sur Nostradamus" (site du CURA) En 1994, Gilles Polizzi avait contribué à un collectif Nostradamus ou le Savoir transmis 1997 de Michel Chamorat, Jean Dupede, Gilles Polizzi ainsi décrit: "Nostradamus ou le Savoir Transmis" présente le texte des interventions sur Michel Nostradamus (1503-1566) données lors du Colloque "La Transmission du Savoir au XVIe Siècle", tenu à Salon-de-Provence les 11 et 12 Novembre 1994. A travers leurs communications, les différents orateurs qui se succédèrent, ont tenté d'envisager quelles purent être les lectures et les influences qui décidèrent Nostradamus à publier en 1555, à Lyon la première édition de ses "Prophéties". Ce colloque organisé par le Musée Nostradamus (ouvert à Salon-de-Provence en 1992), dans la maison même où vécut le "médecin astrophile" jusqu'à sa mort, apportait ainsi la preuve, si besoin était, de l'engouement suscité par ce personnage, à travers le monde entier, en cette double fin de siècle et de millénaire. Le Colloque de 1994 et cette publication s'inscrivent dans la perspective de la création en Provence, d'un Centre de documentation et de recherches entièrement consacré à la personne et à l'oeuvre de Nostradamus". Peu après, en 2003, serait célébré le 500e anniversaire de la naissance de Michel de Nostredame qui ne semble guère avoir bénéficié de nos différents apports. Par la suite, nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle le second volet des Centuries pourrait avoir été le premier en raison du fait qu'il comporte un nombre fixe de 3 centuries -on peut situer cette première édition à 1568, au lendemain de la mort de Nostradamus, en 1566 d'où l'abondance d'éditions portant cette date chez Benoit Rigaud (cf l'étude de P. GuinardCORPUS NOSTRADAMUS 39 - Iconographie des éditions Benoist Rigaud, Lyon, 1568) -et non, comme dans le cas du premier volet, des additions successives.(comme décrit dans le Répertoire Chronologique Nostradamique de R. Benazra, 1990 pour les éditions des années 1580) En vérité, le second volet n'est certainement pas paru avant la fin des années 80 d'où son absence dans les bibliographies en 1588-89, comme celle de Robert Benazra) Dans notre communication de 1998, nous avions accordé une certaine importance au lieu de publication des Centuries, durant la période de la Ligue, en montrant que celle qui étaient favorables à la Ligue ne paraissaient pas dans les mêmes villes que celles qui l'étaient au Roi de Navarre, le cas du quatrain IV 46 s'attaquant à Tours montre que ces centuries ont été instrumentalisées par les partis en présence, non pas seulement au prisme de leur interprétation mais à celui de leur fabrication. Les travaux de Liaroutzos (RHR 1986) ont montré les emprunts de quatrains à la Guide des Chemins de France, article que Polizzi ne pouvait ignorer. Nous avons signalé que le passage emprunté à la Guide à propos de la ville de Chastres avait été retouché en Chartres, en l'honneur du couronnement d'Henri de Navarre en sa cathédrale, instauré en 1594. De même le quatrain 77 de la Centurie VIII comporte la mention de 27 ans. Or 1567(année de naissance de l'Antéchrist, selon l'Epitre de Nostradamus à Pie IV) plus 27 donne 1594. C'est dire que 1594 aura été un centre de gravité, comme le montre la parution du Janus Gallicus. La fausse épitre à Henri II évoque les persécutions de l'Eglise Chrétienne, à savoir le camp protestant, la dite épitre se substituant à l'EPitre à Pie IV (cf supra) ayant précédemment introduit les premières Centuries (rénumérotées VIII, IX, X par le camp réformé.) Conclusion: s'il peut être utile de chercher les sources en amont d'un texte, comme le préconisait et l'illustrait le regretté Pierre Brind'amour, il nous apparait les investigations en aval auront été largement négligées en ce qu'elles sont contre-intuitives, sans tomber pour autant dans le piège de l'argument prévisionnel lequel constitue un véritable obstacle épistémologique. Bibliographie: J. Halbronn Astrologie et prophétie; Merveilles sans image. L'appareil iconographique dans la littérature divinatoire au seizième siècle. Ed BNF 1994, Papes et prophéties; Décodages et influence, Ed Axiome,2005. . Une attaque réformée oubliée contre Nostradamus. (1561) RHR 43. 1991 Le texte prophétique en France. Formation et fortune. Presses Universitaires du Septentrion, 1999 Vers une nouvelle approche de la bibliographie centurique. Revue française d'histoire du livre, n° 132, 2011 JHB 14 11 25