lundi 8 janvier 2024

Jean Abecassis La question de la Vierge dans les Ecritures

LE MOT BIBLIQUE DU JOUR ALMA Ce terme traduit faussement par "vierge" dans la septante grecque a créé ensuite une confusion, devenue historique, dans sa référence à Isaïe. Le terme grec imprécis et réducteur, a amalgamé les deux termes hébreux, pourtant bien différents que sont « ALMA » et « BÉTOULA », les indifférenciant, par le vocable unique de " vierge " , en grec parthènos ( παρθένος ) De là vient la scission entre catholiques et protestants sur le concept de la virginité que ces derniers excluent. Examinons les textes sous le seul angle hébreu, biblique et historique. Il existe dans la Bible trois substantifs pour désigner la position sociale d'une femme au regard de sa sexualité et sa maternité: soit « BÉTOULA », soit « ALMA », soit .« ICHA » I – Seul le terme de BETOULA y désigne, sans nulle équivoque, une jeune fille vierge (Genèse 24:16 ) « Cette jeune fille était extrêmement belle; vierge, ( bétoula ) nul homme n'avait encore « approché d'elle. Elle descendit à la fontaine, emplit sa cruche et remonta. ( Exode 22:16 ) « Si un homme séduit une vierge ( bétoula ) non encore fiancée et cohabite avec elle, il devra « l'acquérir pour épouse. ( Lévitique 21:3 ) « pour sa sœur aussi, si elle est vierge ( bétoula ), habitant près de lui, et n'a pas encore « appartenu à un homme, pour elle il peut se souiller. ( Lévitique 21:13 ) « De plus, il devra épouser une femme qui soit vierge ( bétoula ). ( Lévitique 21:14 ) « Une veuve, une femme répudiée ou déshonorée, une courtisane, il ne l'épousera point: il ne « peut prendre pour femme qu'une vierge ( bétoula ) d'entre son peuple (Deutéronome 22:14) « Une veuve, une femme répudiée ou déshonorée, une courtisane, il ne l'épousera point: il ne « peut prendre pour femme qu'une vierge ( bétoula ) d'entre son peuple ( Deutéronome 22:19 ) « et ils le condamneront à payer cent sicles d'argent, qu'ils remettront au père de la jeune « femme, parce qu'il a émis un bruit calomnieux sur une vierge ( bétoula ) d'Israël; de plus, « elle restera sa femme, il ne pourra la répudier de sa vie. ( Deutéronome 22:20 ) « Mais si cette accusation était vraie, si la jeune femme n'a pas été trouvée vierge ( bétoula ) II – A l'autre extrême, le terme de ICHA désigne une femme, une mère, une épouse, ou une concubine ( Genèse 16:3 ) "Sarah donna Agar à son époux Abram pour qu'elle lui servît de femme. ( icha ) ( 1 Samuel 1:23 ) La femme ( icha ) resta donc et allaita son fils, jusqu'à ce qu'elle l'eût sevré. 1/2 II – Entre les deux, le terme de ALMA désigne toute femme qui n'est pas encore mère Que celle-ci soit vierge ou non, ou qu'elle soit femme mariée mais jusque là stérile. Dans le jargon médical nous disons "nullipare". III – Une double correction, tant de forme sémantique que de fond, s'impose donc : Dans les évangiles, c'est l'apôtre Lévi ( surnommé Matthieu) qui prétend s'appuyer sur un passage de Isaïe pour justifier la naissance de Jésus . Il s'agit là d'une double manipulation du texte originel de Isaïe qui me parait objectivement évidente, tant sémantique que totalement anachronique: 1°) Une manipulation sémantique: En premier, le mot Alma, traduit en grec par le vocable univoque de parthénos ne relève pas cette différence hébraïque d'entre une vierge et une femme autre, célibataire ou non, d'entre ALMA et BETOULA ( Matthieu 1:22-23) « Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que l'Eternel avait annoncé par l’intermédiaire « de son prophète : “La vierge* ( parthénos ) sera enceinte et donnera naissance à un fils, et « on l’appellera Emmanuel”, (ἰδοὺ ἡ παρθένος ἐν γαστρὶ ἕξει καὶ τέξεται υἱόν, καὶ καλέσεις τὸ « ὄνομα αὐτοῦ Εμμανουηλ· ) ce qui signifie “Dieu est avec nous” » (Matthieu 1:22, 23). Or seul le terme Bétoula aurait trouvé sa juste équivalence avec Parthénos. Tel n'est ici le cas: 2°) Un total anachronisme de surcroît S'il est effectivement bien dit dans ( Isaïe 7:14 ) que : « Ah certes! Le Seigneur vous donne de lui-même un signe: Voici, la jeune femme ( Alma et « non Bétoula ) est devenue enceinte, elle va mettre au monde un fils, qu'elle appellera «Immanouel" Par contre le contexte d'époque et du descriptif est bien celui d'Isaïe et se passe au VIIIème siècle avant J.C. Et il porte sur un évènement contemporain d'Achaz. En cetemps là, Ephraïm ( de Samarie) et Ricin ( de Damas) forment une coalition contre Juda et Achaz. Et c'est dans ce contexte contemporain et d'époque qu'il est dit par Isaïe à Achaz que: " Voici, une jeune femme est devenue enceinte, elle va mettre au monde un fils, qu'elle " appellera Immanouel. Il se nourrira de crème et de miel, jusqu'à ce qu'il ait du " discernement pour repousser le mal et choisir le bien. Or, avant même que l'enfant "sache repousser le mal et choisir le bien, la région dont les deux rois te causent des "angoisses sera devenue une solitude, le Seigneur suscitera contre toi, contre ton "peuple et la maison de ton père des jours tels qu'il n'y en a pas eu depuis qu'Ephraïm s'est "séparé de Juda et cela grâce au roi d'Assyrie. Rien donc à voir du tout entre ce texte d'avec sa manipulation

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