mardi 29 janvier 2019

Patrice Guinard sur les travaux de Jacques Halbronn sur Nostradamus


Jacques Halbronn Documents inexploités sur le phénomène Nostradamus
Feyzin, Ramkat, 2002, 248 p.
2002 Partant de quelques préjugés triviaux (le texte prophétique est à la solde du politique ; l'homme est incapable de prédire l'avenir), Halbronn a construit une fantasmagorie visant à dessaisir Nostradamus de ses oeuvres, en inventant des éditions inexistantes et des équipes de faussaires des deux camps (réformés et ligueurs), en falsifiant les dates des éditions connues et attestées, et en ignorant les véritables éditions antidatées ou en les faisant passer pour les plus anciennes. m
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Au prétexte d'une étude sur Crespin (cf. CN 142), un attachant écrivaillon qui aura voulu profiter de la veine nostradamienne, le discours halbronnien est une vaste opération de mystification du texte nostradamien, entamée en 1991. Depuis des années, son auteur nie les faits les plus triviaux et la démonstration de l'inanité de sa position (CN 30, Gruber) tout en pratiquant le dénigrement systématique voire la calomnie de ses opposants et en noircissant sur internet d'innombrables billets répétitifs au service de son élucubration, parsemée d'affirmations contradictoires et de références tronquées qui finissent par se retourner contre elle. Il présuppose que pour crédibiliser leurs agissements, les prétendus faussaires devaient produire simultanément une édition contemporaine à une autre antidatée (p.12), mais il s'avère incapable d'en fournir la moindre preuve. Or le meilleur exemple reconnu de cette pratique est l'édition antidatée de 1605, que précisément il ignore. Il s'avère au contraire qu'aucune des éditions les plus anciennes n'a eu d'équivalent plus tardif : que ce soient les éditions de 1555, de 1557 ou de 1568 (cf. CN 31, CN 71 et CN 105 notamment).
Les manipulations et les aberrations sur les dates d'édition ne concernent pas seulement Nostradamus et Crespin, mais s'étendent à d'autres textes et auteurs, comme Pierre Turrel (CN 160) dont Le Periode de 1531 est supposé avoir été imprimé par Jean Patrasson, imprimeur de Crespin en 1574 puis partisan de la Ligue, et dont les ouvrages imprimés connus ne datent que des années 1572-1592, tout en constatant par ailleurs que le traité de Roussat de 1550 s'inspire de celui de Turrel supposé donc avoir été imprimé plus de 20 ans après ! De même mon article de 2001 (CURA puis Atlantis, 404), cité p.165 et p.175 en note, est affublé d'informations inventées et volontairement aberrantes. Un ouvrage fortement déconseillé à un lectorat non averti, mais qui pourra distraire l'autre lectorat pour un temps, gardant à l'esprit que les plus savoureuses sont les plus courtes.