Etudes de Critique biblique, astrologique nostradamiquej et linguistique.
lundi 7 juin 2021
Jacques Halbronn Commentaire sur un texte de Patrice Guinard consacré à la critique nostradmique
Commentaire sur un texte de Patrice Guinard consacré à la critique nostradmique
par Jacques Halbronn
Nous revenons sur un texte datant du printemps 2007 et dont nous reprenons
le passage ci-dessous;
CORPUS NOSTRADAMUS 59 -- par Patrice Guinard
Misère de la recherche académique et universitaire sur Nostradamus
Chagrin de la Recherche Académique et Universitaire sur Nostradamus de Salon de CRAU : hormis les études du CURA, il faut chercher péniblement dans les revues, comptes-rendus et actes de colloques spécialisés, ou douteusement prétendus tels pour les études nostradamiennes, de rarissimes articles susceptibles de contenir quelque information substantielle concernant Nostradamus. Quatre siècles après les ouvrages de Chavigny, secrétaire de Nostradamus entre 1561 et 1566 sous le nom de Jean de Chevigny, la situation n'a guère évolué. Mis à part les essais de Pierre Brind'Amour, décédé en janvier 1995, et qui a obtenu une aide au Canada pour entreprendre son ouvrage de 1993, la recherche vivante se développe principalement chez des passionnés, à l'écart des institutions culturelles. Force est de constater qu'elle continue de proliférer en dehors des cercles académiques, dans l'édition dite populaire et maintenant sur internet. De pseudo-spécialistes et des fonctionnaires patentés et rétribués par les institutions culturelles étatiques, que ce soit en France ou à l'étranger, sont parfois commandités par des éditeurs et responsables de collection pour couvrir un sujet pour lequel ils n'ont pas la connaissance requise. C'est ainsi qu'on découvre avec une certaine stupéfaction des erreurs, des contre-vérités, des problématiques et des propos désuets dans les articles les plus récents. J'en étudierai quelques uns pour la période 2001-2006 (plus un article de 2012 rajouté et analysé le 29 Septembre 2013).
G. Morisse observe que Nostradamus "ne commence que bien timidement à être toléré dans certains magasins de bibliothèques universitaires, sans doute exaspérées [qui ? les bibliothèques ? et l'herméneutique du texte n'est-elle pas le dessein final des études nostradamiennes ?] par les diverses interprétations des Prophéties." (in Revue Française d'Histoire du Livre, n.122-125, Bordeaux, 2004, p.293). Il reste effectivement d'immenses rattrapages à effectuer, et il n'existe par exemple aucune édition des Prophéties à l'université toulousaine (la quatrième ville universitaire de l'hexagone après Paris-Versailles-Créteil, Lille et Lyon), pas plus que dans le Réseau des bibliothèques universitaires de Toulouse et de Midi-Pyrénées, ni ancienne, ni récente, alors que la médiathèque municipale d'Albi possède le seul exemplaire connu de la toute première édition des Prophéties ! La dite "exaspération" et les états d'âme des spécialistes ne datent pas d'hier, et la raison invoquée semble bien insuffisante pour expliquer ces lacunes et ces tares. En réalité la politique d'acquisition des bibliothèques universitaires françaises en ce qui concerne Nostradamus et dans des domaines proches comme l'astrologie ou l'histoire de l'astrologie (cf. ma thèse de 1993) relève d'hostilités viscérales, de présupposés idéologiques, et d'un obscurantisme maladif, issus des idéologies positivistes et pseudo-rationnelles des XVIIIe et XIXe siècles.
Morisse note l'intérêt universel pour Nostradamus via une comparaison établie (en 2003 ?) à l'aide du moteur de recherche Google : 569.000 de pages indexées pour Nostradamus, 184.000 pour Rabelais, et 97.700 pour Ronsard (p.42 de son intoduction à Nostradamus : cf. infra). En mars 2006, j'ai noté 6.000.000 de pages pour Montaigne, 4.500.000 pour Rabelais, 3.000.000 "seulement" pour Nostradamus et 1.000.000 pour Ronsard, mais à la mi-mai 2007 : 8.440.000 de pages pour Nostradamus, 7.250.000 pour Montaigne, 2.660.000 pour Rabelais et 1.030.000 pour Ronsard, à comparer aussi aux 45.700.000 entrées pour Shakespeare, aux 23.400.000 pour Cervantes, aux 20.500.000 pour Erasmus, et aux 10.400.000 pour Descartes. Ainsi Michel de Nostredame serait en passe de devenir d'ici peu l'auteur français le plus présent sur la toile.
Tendance infirmée et même inversée environ dix ans après, puisque Nostradamus est le seul à stagner (relevés de fin mars 2018 et mi fév. 2020) :
2003 2006 2007 2018 2020
Nostradamus 569.000 3.000.000 8.440.000 8 590 000 9 440 000
Rabelais 184.000 4.500.000 2.660.000 6 390 000 8 310 000
Ronsard 97.700 1.000.000 1.030.000 3 110 000 3 690 000
Montaigne 6.000.000 7.250.000 19 200 000 18 700 000
Shakespeare 45.700.000 178 000 000 187 000 000
Cervantes 23.400.000 61 000 000 84 000 000
Descartes 10.400.000 26 400 000 28 700 000
"Nostradamus représente ce qu'il y a de meilleur dans la civilisation provençale de l'époque", note Emmanuel Le Roy Ladurie qui se déclare à raison sceptique sur les interprétations d'un Prévost forçant le sens des quatrains pour l'enserrer dans le carcan de chroniques moyenâgeuses reconstituées : "Nostradamus est un grand poète : l'obscurité même de ses textes fait de lui en quelque mesure le contemporain de nos poètes actuels, qui sont souvent fort obscurs, mais très éloignés d'avoir son talent." (in Le Figaro magazine, n.17055, 1999, p.64). "Nostradamus, en fait, est un grand poète, à l'hermétisme fascinant, qui se situe pour moi quelque part entre Mallarmé et Saint-John Perse." ajoute-t-il en 2001 ("Le roman de la Provence", in Nouvel Observateur, n.1918, 2001). Et c'est bien en effet vers l'analyse poétique que s'orientent la plupart des articles récents. Soulignons cependant que la survie et la renommée de Nostradamus ne proviennent aucunement des recherches académiques, mais des études d'autodidactes passionnés, parfois aux lectures jugées irrecevables pour la petite raison consensuelle, et de son immense influence sur l'inconscient collectif populaire. Et si les recherches académiques, universitaires et para-universitaires amorcent quelque récent intérêt pour l'astrophile salonnais, elles conserveront une dette vis-à-vis des études antérieures, ne leur en déplaise.
Polizzi prend curieusement ses citations de la seconde partie des Prophéties (contenant la préface à Henry et les centuries 8 à 10) dans une édition tardive, à savoir une édition Pierre Rigaud (c.1603, BM Lyon Res 808.163), ignorant le fac-similé d'une édition Benoist Rigaud de "1568" paru en 2000 ainsi que les exemplaires accessibles signalés par Ruzo et les bibliographes ultérieurs, alors même qu'il souligne la nécessité de s'appuyer sur le texte des premières éditions (p.434). A l'occasion il signale les travaux iconoclastes et facétieux de J. Halbronn (p.435), et loue le travail critique de Brind'Amour qui aurait rétabli les "bonnes" graphies "d'après la source" (p.434). Rappelons que pour la première partie des Prophéties, des fac-similés des éditions de 1555 et 1557 sont parus et ont été préfacés par Robert Benazra en 1984 et 1993, et que pour la seconde partie, Brind'Amour ne s'appuie que sur une édition rouennaise du XVIIe
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